Le programme de François Fillon tourne le dos à toute transition énergétique et aura pour conséquence d’augmenter fortement les inégalités sociales de toutes natures (de revenus, de santé, scolaire, de logement, etc.). Le patronat ayant engrangé les cadeaux fournis par Hollande, Ayrault, Valls et Macron, change de cheval car Fillon va plus loin. François Fillon souhaite augmenter les seuils sociaux et permettre que des référendums d’entre prise soient organisés sans les syndicats. Il souhaite supprimer la durée légale du travail. Il ne resterait que la limite des 48 heures de la législation européenne ! Car bien sûr, le chantage au licenciement serait alors généralisé ! Et le chômage serait accentué. Il propose dans son programme de permettre au patron de faire des contrats CDI en supprimant toutes les protections du CDI actuel. Celui qui refuserait ne serait pas embauché ! La dégressivité forte des forte des allocations chômage serait instituée. Le passage du départ de la retraite à taux plein serait porté à 65 ans ce qui veut dire que la plupart des salariés le seront jusqu’à 70 ans ce qui fera que le chômage des jeunes serait accentué. Les comptes pénibilité-retraites seraient supprimés. La retraite publique serait désormais à points et le troisième niveau des complémentaires serait institué pour les plus riches. L’encadrement des loyers serait abandonné et les expulsions de locataires facilités : ce serait la victoire totale des propriétaires face aux locataires.
Augmenter de deux points l’impôt le plus injuste (la TVA) et diminuer fortement les impôts des sociétés, les cotisations des employeurs, la taxation des revenus financiers et du capital, supprimer l’impôt sur la fortune. Il veut créer une allocation sociale unique plus basse que les niveaux actuels. Et pour le quotient familial, il s’agit d’augmenter le plafond pour favoriser les familles riches au détriment des familles pauvres.
Pour lutter contre le chômage, il commence par proposer 500 000 emplois en moins dans la fonction publique, ce qui est plus important que le nombre de départs à la retraite dans la mandature. Sans dire où il les enlèvera !
Qui disait que la lutte de classes n’existait plus ?
Fillon et l’accélération de la casse de la Sécurité sociale
Le programme de Fillon promet une accélération de la casse sociale. Il prend comme ligne directrice la pensée de destruction de la Sécurité sociale portée par Claude Reichmann dans le film de « La Sociale » de Gilles Perret. Il annonce l’abolition du tiers payant pour satisfaire les syndicats néolibéraux de la médecine ambulatoire attachés à des décisions de 1927 avec obligation du paiement à l’acte directement au médecin et la totale liberté d’installation des médecins même dans des bassins surdotés en médecins. Ce programme défend les intérêts des médecins relevant du secteur 2 avec droit aux dépassements d’honoraires alors que l’ensemble des dépassements d’honoraires dépassent 12 milliards d’euros et donc bien plus que l’actuel déficit de la Sécurité sociale et participent au fait qu’un assuré sur 5 renoncent aux soins pour causes financières. Il souhaite remplacer petit à petit les médecins hospitaliers par les médecins néolibéraux pour la permanence des soins et les maladies chroniques.
Ce programme souhaite réduire l’aide médicale d’Etat pour les malades étrangers sans ressources. Il souhaite supprimer la PMA en dehors du traitement de l’infertilité.
Mais ce n’est pas tout, il souhaite transférer les soins courants de la Sécurité sociale (frais de gestion 5 à 6 %) aux complémentaires santé (avec frais de gestion de 15 à 20 %). Conséquence : les cotisations des complémentaires ne sont pas proportionnelles au salaire car elles sont forfaitaires et sont donc injustes pour la grande majorité des assurés sociaux. Le remboursement des soins ne sera plus alors fonction des besoins de santé mais du niveau de cotisation.
Cette proposition n’est bénéfique que pour les plus riches et va aggraver les inégalités sociales de santé comme aux Etats-Unis, modèle politique pour François Fillon.
Cerise sur le gâteau du néolibéralisme, François Fillon souhaite instaurer une « franchise médicale universelle fonction des revenus dans les limites d’un seuil et d’un plafond, le reste à payer étant pris en charge par les assurances complémentaires ». Voilà qui va, d’après le professeur Grimaldi, faire en sorte que « les personnes appartenant aux classes moyennes, bien portantes, ayant une bonne hygiène de vie et sans risque génétique connu, en auront assez de payer deux fois pour la santé : une fois la Sécurité sociale au titre de la solidarité avec les personnes ayant une maladie grave et avec les très pauvres, alors que l’Assurance maladie ne leur remboursera plus pratiquement aucun soin, et une deuxième fois leur assurance privée de plus en plus chère pour eux et leur famille. Ils en viendront logiquement à réclamer la fin du monopole de la Sécurité sociale, comme Claude Reichman dont nous vous conseillons l’interview dans le film « La Sociale » de Gilles Perret. Et ce sera la fin du modèle solidaire mis en place en 1945 que beaucoup de pays nous envient. Les assurances privées complémentaires (mutuelles, instituts de prévoyance et compagnies d’assurance) regroupées depuis 2004 dans l’UNOCAM, ayant en charge le financement des soins courants, auront toute latitude pour exiger l’organisation de filières de soins concurrentiels par conventionnement sélectif des médecins. Les médecins y perdront une part de leur indépendance et les patients une part de leur liberté. » Le « libéralisme médical » cédera alors le pas à la liberté des assureurs privés à but lucratif pour les actionnaires.
De plus à la question de savoir « s’il faut encourager financièrement les assurés à adopter une bonne hygiène de vie ? », Fillon répond, comme les assureurs, « Oui, les mesures incitatives sont un levier. » La médecine à plusieurs vitesses en fonction de la richesse des assurés sera donc accentuée.
François Fillon veut faire faire 39 h de travail au personnel hospitalier au lieu de 35 heures sans augmentation de salaire ! Mais bien sûr sans toucher à l’une des causes du mal de l’hôpital : la tarification néolibérale à l’activité qui est inflationniste ! François Fillon voulant favoriser les cliniques privées à but lucratif pour les actionnaires veut introduire la convergence tarifaire entre ces cliniques et l’hôpital alors que les cliniques choisissent les clients rentables et que l’hôpital prend tout le monde ! François Fillon veut détruire l’hôpital public en le transformant en établissement privé à but non lucratif (les ESPIC) pour soumettre les médecins aux managers néolibéraux et pour pouvoir ne choisir que les soins rentables et enfin pouvoir mettre en faillite un hôpital.
François Fillon souhaite mettre dans la Constitution l’impossibilité des déficits sociaux. Il pourrait donc devenir interdit de répondre à des besoins sociaux ou de santé !
Lire aussi l’article de Christian Lehmann, dans ce numéro.