Habib Kazdaghli, le doyen de Faculté des Lettres de l’Université de la Manouba, à Tunis, est sorti gagnant, hier, du procès qui l’opposait plusieurs mois à deux étudiantes proches de la mouvance salafiste. Accusé par l’une des deux jeunes femmes de l’avoir giflée alors qu’elle mettait son bureau à sac, vêtue de niqab, en mars 2012, le doyen était poursuivi pour « actes de violence commis par un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions ». Bien qu’il ait toujours farouchement nié les accusations dont il faisait l’objet, Habib Kazdaghli encourait une peine de cinq années de prison.
Pierre Galand, le président de la Fédération Humaniste Européenne, s’est rendu à Tunis à plusieurs reprises afin de marquer sa solidarité avec le doyen. Le 25 octobre 2012, il était présent aux côtés de Habib Kazdaghli lors de sa comparution devant le tribunal et le 28 mars 2013, il participait à la conférence de presse de soutien au professeur incriminé organisée à l’occasion du Forum Social Mondial de Tunis.
« Même si ce n’est que justice, la décision d’acquitter Habib Kazdaghli est un grand soulagement pour les nombreux démocrates qui l’ont soutenu, en Tunisie comme à l’étranger, tout au long de son procès », a commenté Pierre Galand, à la lecture du verdict.
Ce procès s’est inscrit dans un contexte continu d’intimidations que le professeur Kazdaghli a subies depuis octobre 2011. Victime d’agressions et de menaces, jusqu’à l’occupation violente de la Faculté de la Manouba par des militants salafistes, le doyen s’est toujours opposé au port du voile intégral sur les bancs de son université, considérée comme l’un des foyers de résistance à la poussée fondamentaliste en Tunisie. Les deux étudiantes ont été respectivement condamnées à quatre et deux mois de prison avec sursis pour «atteinte aux biens d’autrui » et «préjudice à un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions ».
« Je suis ravi du rôle joué par les magistrats qui ont pris le parti de la justice, a déclaré Habib Kazdaghli à la sortie du tribunal. Cela veut dire que la lutte pour l’Etat de droit est encore possible en Tunisie. »