Janvier 2016 : l’économie mondiale tangue. Les bourses décrochent. La nervosité des marchés est de plus en plus visible. « Les contradictions s’aiguisent entre impérialismes. » Comme nous sommes dans le très court terme, donc dans le très complexe, il faudrait être dedans pour savoir exactement ce qu’il se passe. Ce qui semble clair néanmoins, c’est que la Chine en arrive à ce qui était prévisible : la crise du profit au Nord et le ralentissement de la rente au Sud finissent par peser sur la croissance des ateliers du monde asiatique, eux-mêmes confrontés aux revendications économiques et sociales de leurs ouvriers (salaires, etc.) et de leurs classes moyennes émergentes (pollution, etc.), pendant que les politiques monétaires au Nord se révèlent incapables de soutenir l’activité réelle. On s’aperçoit que, depuis 20 ans, on ne fait qu’alimenter des bulles, avec une forte progression aujourd’hui par injonction massive d’argent due à la Réserve fédérale, à la BCE, au Japon et maintenant à la Chine. Même les économistes « bourgeois » commencent à s’en inquiéter sérieusement, plus lucides qu’une gauche de la gauche qui ne veut voir que des erreurs de gestion du système pour pouvoir proposer ses élucubrations « alter ».
Et que fait notre BCE ?
Elle continue, ce qui est son rôle, de faire le jeu des puissants. Au détriment des intérêts du peuple grec, elle a sauvé les banques françaises et allemandes en leur permettant de se débarrasser de leurs titres grecs, aujourd’hui dans les mains des institutions publiques de l’UE, du FMI et de la BCE. Sa politique d’« assouplissement quantitatif » (QE) poursuit le transfert de richesse au profit de l’oligarchie. Elle a montré que la lutte contre les politiques d’austérité ne peut pas se faire dans la zone euro. La recapitalisation des banques grecques va de pair avec le renforcement du secteur privé, contre les services publics. Et pendant ce temps-là, la gauche de la gauche vibrionne de propositions de modifications restant à l’intérieur du système : monnaie commune, démocratisation de la BCE, possibilité de faire faire à l’Allemagne ce qu’elle ne veut pas faire, etc. alors que le changement ne serait possible qu’au moment d’une crise paroxystique majeure. Mais dans ce cas, il faut s’y préparer et non faire croire à des changements « alter » possibles dans le système.