Comme prévu, l’absentéisme des soignants paramédicaux augmente. Faute d’en analyser les causes profondes, la seule proposition « efficace » est de réinstaurer un jour de carence qu’on pourra augmenter si nécessaire à deux ou trois jours, en attendant que le président de la FHF devenu ministre « fluidifie » le statut des personnels en permettant aux hôpitaux publics de se transformer en ESPIC.
Les causes de l’absentéisme sont connues :
1°) Les conditions d’application des 35 heures et des RTT ayant entraîné une fragmentation de la prise en charge des patients. Quand, dans une unité d’hospitalisation de semaine, les infirmières changent tous les 2 ou 3 jours, elles ont bien du mal à connaître les patients. La motivation au travail n’est pas la même.
2°) Le tout T2A qui conduit à toujours plus d’hospitalisations de durée toujours plus courte.
La « productivité hospitalière » a augmenté depuis 2003 de plus de 2 % par an. Jusqu’à il y a 3 ans, l’augmentation du nombre de médecins avait suivi, mais pas celle des soignants non médicaux.
Avec une augmentation de l’ONDAM de 1,75 % pour une augmentation programmée des charges de 3 %, le tout T2A va finir enfin par casser la machine hospitalière ! Fin de « l’hospitalo-centrisme » se réjouiront certains, hélas sans réelle alternative pour les malades.
3°) Dislocation voulue des équipes de soins au profit du taylorisme managérial. Les infirmières « polyvalentes » passent d’un jour à l’autre du 5e (service X) au 3e (service Y).
Les plus modernes ont même supprimé le terme de service pour que chacun et chacune comprenne bien qu’il n’est qu’un élément d’un pool. Le statut de « bouche-trou » ne suscite pas la motivation malgré les discours sur l’enrichissement personnel entraîné par la « polyvalence ».
4°) Au-delà d’un certain seuil, l’absentéisme des uns induit l’absentéisme des autres qui en ont assez de combler l’absentéisme des premiers. Et les cadres doivent se « recentrer sur leur cœur de métier : faire le planning » (sic).
5°) L’accroissement abracadabrantesque des inégalités salariales dans le pays, révélées tous les jours par les médias. En bas de l’échelle, l’idée « j’en fais assez pour ce que je suis payé » se répand.
Et la seule conclusion que tirent les managers et les commentateurs, c’est que l’absentéisme coûte cher à l’hôpital ! Aucun n’ose dire la vérité brutale: L’absentéisme va de pair avec une dégradation de la qualité des soins.
Pour appliquer le slogan publicitaire « mettre le patient au cœur de l’hôpital ! », il faudrait d’abord peut-être se préoccuper des conditions de travail des soignants et arrêter de gérer l’hôpital comme une entreprise.