Les enseignements de notre agenda culturel, social et politique

Six éléments principaux retiennent notre attention dans la période : le sens de la lutte contre la loi El Khomri, la continuation de la poussée de l’extrême droite européenne, la politique anti-sociale du gouvernement grec, le référendum britannique pour ou contre le Brexit, les élections espagnoles, et la campagne présidentielle française.

Approfondissement de la crise sociale en France

La poussée populaire de la manifestation du 14 juin contre la loi El Khomri montre les deux aspects de cette lutte sociale : d’abord la persistance du mécontentement populaire dans la rue et dans l’opinion, dans la volonté de dénoncer ce nouveau palier dans la destruction des conquis sociaux par la gauche néolibérale solférinienne, ensuite le fossé culturel grandissant entre les élites néolibérales et le peuple.
L’acharnement et les mensonges médiatiques ne suffisent plus à décontenancer le mouvement social. Le fait que plusieurs syndicats de policiers (dont un de droite !) aient ouvertement critiqué le gouvernement et la hiérarchie policière pour avoir instrumentalis
é les « casseurs » afin décrédibiliser le mouvement social, les laissant agir sans faire intervenir les forces de l’ordre pour procurer des images au 20 heures télévisé et ensuite les faire intervenir sauvagement sans distinguer les « casseurs » et les manifestants, cela aura largement fait contrepoint à l‘acharnement médiatique des « nouveaux chiens de garde ». Il est donc de plus en plus probable que ce fossé culturel avec le gouvernement ne sera plus comblé d’ici l’élection présidentielle française.

Nouvelle poussée de l’extrême droite en Europe

L’élection présidentielle autrichienne a montré une nouvelle fois la poussée de l’extrême droite en Europe. Nous rappelons ici notre analyse, maintes fois présentée dans ReSPUBLICA : cette poussée est due à la conjonction de la crise économique systémique du capitalisme et des politiques austéritaires (qui en sont la conséquence) de plus en plus massives des gérants du capital que sont les élites néolibérales patronales, nationales et européennes. (suite…)

5 juin 2016 : une nouvelle étape politique

Il est de plus en plus clair que la seule réponse de l’oligarchie capitaliste et de ses gouvernements à toute demande sociale et politique est, d’une part, l’intensification des politiques d’austérité et, d’autre part, la tentative de criminalisation de toutes les contestations : essayons de comprendre les réactions possibles à cette situation.

Comprenons d’abord que le capitalisme n’est plus capable de maintenir des taux de profit élevés grâce aux innovations, à des hausses de productivité, à l’intensification du travail, ou même à la destruction de capital par la guerre. Sa seule survie possible réside donc dans le maintien des taux de profit par la baisse de la masse des salaires et donc par l’intensification des politiques d’austérité. Et que la globalisation financière et les associations régionales (de type Union européenne) ne servent qu’à cela.

Comprenons ensuite que la criminalisation des contestations n’est qu’une suite logique de ce qui précède. Les politiques actuelles de la police et de la justice doivent être mesurées à cette aune-là. On ne rappellera jamais assez qu’une partie des lois scélérates utilisées par le régime de Vichy ont été votées par la Chambre des députés élue au moment du Front populaire. Neuf mois fermes pour les Goodyear, l’utilisation des nouvelles techniques guerrières par la police (les grenades de désengagement entre autres) sont des symboles qui préfigurent malheureusement le régime qui risque de suivre. Si on ajoute – d’après la dernière étude du Cevipof – que les gardiens de la paix sont passés des années 80-90 à aujourd’hui d’une majorité « gauche républicaine » à 70 % de votants pour le FN aux dernières régionales, on voit clairement les dégâts des politiques néolibérales de droite et de gauche au ministère de l’Intérieur dans cette période.

Le spectacle politicien se met en place

La droite néolibérale croit son heure venue. Pour gagner la présidentielle, vu la poussée du FN et l’écroulement actuel du soutien populaire aux solfériniens, il suffit d’être présent au second tour et d’appeler les socialistes à faire ce qu’ils ont fait aux régionales (qui n’auraient été qu’une répétition générale pour la présidentielle) en PACA et dans les Hauts de France, c’est-à-dire voter pour la droite néolibérale. Alors que la droite néolibérale dévoile un programme pire pour les travailleurs que celui du gouvernement Hollande-Valls !
Pour s’en convaincre, il suffit de regarder les amendements votés par le Sénat à la loi El Khomri et les projets des candidats à la primaire de la droite, Bruno Le Maire, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy et François Fillon. La tendance s’affirme dans la période pour chaque gouvernement néolibéral, de droite ou de gauche, de devoir être plus dur que le précédent. (suite…)

La résistance syndicale est de retour contre la loi El Khomri

L’oligarchie capitaliste mène la lutte des classes avec vigueur. Warren Buffett, l’une des plus importantes fortunes du monde, déclarait il y a quelques années : “There’s class warfare, all right, but it’s my class, the rich class, that’s making war, and we’re winning.” (Il y a une lutte des classes, évidemment, mais c’est ma classe, la classe des riches qui mène la lutte. Et nous sommes en train de gagner.)
Pour faire mentir ce membre éminent de l’oligarchie, encore faut-il que la résistance syndicale sans laquelle rien n’est possible soit à la hauteur des enjeux. Déjà, à contre-courant des commentateurs qui répètent la doxa néolibérale, ReSPUBLICA avait noté la rupture opérée lors du congrès de la CGT d’avril 2016 (1)http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/apres-son-congres-2016-ou-en-est-la-cgt/7397986. Une fois passé ce congrès, il est vite apparu aux forces vives de la CGT que les manifestations « saute-mouton » étaient de moins en moins efficaces vu la situation difficile que vivent les travailleurs tant de la classe populaire ouvrière et employée (53 % de la population française) que des couches moyennes intermédiaires (24 % de la population française). A noter que les camarades du privé de Sud-Solidaires sont sur ce point en accord avec leurs camarades de la CGT.
Eh bien, disons-le sans détours : la résistance syndicale est de retour. Et autour d’une partie du secteur privé, ce qui est nouveau sous notre soleil et très intéressant à la fois. Les assemblées salariales ont voté la grève reconductible dans le secteur des raffineries, suivi par le secteur des centrales nucléaires. (suite…)

Comment les gérants du capital préparent-ils la présidentielle de 2017 ?

Les trois partis du système (LR, PS et FN) se préparent activement à la présidentielle de 2017. C’est normal d’abord parce qu’ils sont favorables soit au statu quo institutionnel, soit au renforcement de la puissance présidentielle. Ensuite parce que LR et le PS sont aux affaires pour gérer le capital et parce qu’ils aspirent soit à rester au pouvoir, soit à y accéder avec le même objectif. Jusqu’ici, le mouvement réformateur néolibéral qui a pris le pouvoir politique en 1983 en France jouait de l’alternance sans alternative entre le PS et LR dès que le peuple était mécontent. A chaque alternance depuis 1983, chaque gouvernement a fait pire pour le peuple que le précédent. Mais l’oligarchie capitaliste savait que leurs intérêts seraient toujours promus à chaque alternance. Ils n’écoutaient donc pas trop le contenu des campagnes électorales du PS ou de LR dans la mesure où pour les néolibéraux, la formule de Pasqua s’applique à savoir que « les promesses n’engagent que ceux qui y croient ». Quant au FN, il attend en embuscade comme tous les partis d’extrême droite en période de crise que le patronat donne le feu vert à une alliance entre la droite et l’extrême droite comme au tout début des années 30 dès qu’il estimera que l’alternance centre gauche et centre droit ne permet plus l’intensification des politiques d’austérité, intensification absolument nécessaire à la survie du modèle réformateur néolibéral. Car le problème n’est pas de savoir s’ils sont gentils ou méchants ou s’il faut changer un méchant président par un gentil, mais bien de comprendre que la formation sociale capitaliste a des lois tendancielles qui l’obligent de baisser la masse salariale pour continuer à faire fonctionner le système. Dit de façon analogique, si on veut envoyer une fusée sur la lune et la faire revenir sur terre, il faut tenir compte des lois de la gravitation universelle et de la relativité générale. (suite…)

Nouveau seuil atteint dans le processus de décomposition du PCF

Les résultats du vote en vue du prochain congrès du PCF sur le texte du conseil national et sur les quatre textes alternatifs ont été rendus publics.

  • 14.942 voix (51,2 % des exprimés) pour le texte du conseil national qui devient la base commune amendable dans la deuxième phase du congrès pour la phase finale début juin. Deux départements ont donné plus de 80 % à ce texte (Corse du Sud et Côtes d’Armor).
  • 6.910 voix (23,68 % des exprimés) pour les partisans du Front de gauche (texte alternatif 1). Ce texte est majoritaire de façon absolue dans 6 départements dont la Vendée avec 67 %.
  • 1.575 voix (5,4 % des exprimés) pour le texte Alternative 2 mené par le groupe trotskiste La Riposte (elle-même filiale d’un petit groupe international Tendance marxiste internationale). Ce courant dépasse 15 % dans 3 départements dont la Côte d’Or avec plus de 21 %.
  • 3.755 voix (12,87 % des exprimés) pour le texte Alternative 3 des bastions municipaux orthodoxes (Pas-de-Calais, Vénissieux, les amis de JJ Karman, etc.). Ce courant dépasse 30 % dans 5 départements avec 45 % dans les Ardennes et plus de 78 % dans le Pas-de-Calais.
  • 2001 voix (6,86 % des exprimés) pour le texte ultra-orthodoxe réuni au tour de Dang Tran. Ce texte fait plus de 20 % dans 8 départements, plus de 30 % dans 5 départements, avec 47 % dans l’Aisne et plus de 75 % en Haute-Saône.

Analyse concrète du scrutin interne du PCF

D’abord sur le plan général, la chute des cotisants officiels est acté (64.000 en 2013, 51.000 en 2016). La chute des votants également (34.600 en 2013, 29.183 en 2016). La chute d’influence du texte du conseil national est manifeste (73 % en 2013, 51,2 % en 2016), d’autant plus que les quatre textes alternatifs sont opposés au texte aujourd’hui base commune. Nous sommes revenus en 2003 avec une configuration à peu près équivalente. Nous y reviendrons plus loin. (suite…)

Après son congrès 2016, où en est la CGT ?

Nouvelle bifurcation pour la CGT. La radicalisation du discours est manifeste. L’unification de la centrale sur le retrait de la loi El Khomri en est le ciment. Le « syndicalisme rassemblé » sur les bases de la CFDT, c’est comme Capri, c’est fini. Le virage par rapport à l’ère Thibault-Le Paon est enfin pris.
Un congrès animé qui a vu suivant les scrutins une abstention d’environ 10 % et des votes contre de 25 à 30 %. La raison principale est la « neutralité » du rapport d’orientation qui n’a pris à bras-le-corps aucun sujet important, en dehors de celui du fonctionnement des structures CGT.
Mais Philippe Martinez et son équipe ont pris la mesure de ce mécontentement par un discours d’ouverture plus « punchy » que le rapport d’orientation. Ils ont tenu compte des débats du congrès, puisque le secrétaire général a appelé dans son discours de conclusion du congrès à des grèves massives le 28 avril, précisant même que la possibilité de la reconduction du mouvement serait soumise aux travailleurs comme cela fut demandé par un nombre significatif de délégués.
Les votes massifs pour la désignation de la direction confédérale montrent que le congrès fut satisfait des inflexions que nous résumons ici et que de nombreux délégués critiques ont apporté leurs mandats à la direction confédérale. Ce fut un congrès vivant, et non un congrès stalinien comme celui de la CFDT, par exemple. (suite…)

De quoi « Nuit debout » est-il le nom ?

La lente décomposition de la gauche de la gauche et de l’ensemble de ses organisations politiques sans exceptions, l’implosion programmée des néolibéraux solfériniens devait bien susciter de nombreuses nouvelles pratiques sociales. Nous avions déjà relaté la poussée de la demande sociale d’éducation populaire par des structures locales des associations, des partis, des syndicats, des collectifs, des universités populaires, des MJC, des écoles, des universités. D’autant que ces demandes vont de moins en moins vers les responsables nationaux de ces organisations mais bien vers des centres de ressources (1)Le Réseau Education Populaire, par exemple, intervient plus de 400 fois par an. ou des intellectuels.

Par ailleurs, une multitude d’initiatives locales voient le jour dans des domaines très différents dans des secteurs très différents comme l’écologie, le féminisme, l’action solidaire, la laïcité, etc.

Sur le plan électoral, la candidature de Jean-Luc Mélenchon est pour l’instant la seule qui à gauche fait son chemin.

Mais voilà, une nouvelle pratique voit le jour : « Nuit debout ». Au commencement fut le verbe de François Ruffin et de Frédéric Lordon. Lors de l’avant-première du film « Merci Patron » réalisé par Ruffin, fondateur du journal Fakir, à la salle Olympe de Gouges à Paris, c’est Lordon, qui fixa un premier rendez-vous à la Bourse du travail le 23 mars pour débattre de ce qui pourrait « faire peur » à l’oligarchie. Plusieurs réunions se sont alors succédé au même endroit. La décision fut alors prise de ne pas se coucher après la manifestation du 31 mars contre la loi El Khomri à Paris. Le mouvement « Nuit debout » sur la place de la République est alors lancé. (suite…)

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 Le Réseau Education Populaire, par exemple, intervient plus de 400 fois par an.

D’Auroux à El Khomri en passant par Aubry, assouplissement des contraintes patronales et inversion de la hiérarchie des normes Une constante depuis plus de 30 ans

Imposée par l’Union européenne ((La dernière injonction en date est l’avis du conseil de l’Union européenne au Plan national de réforme (PNR, document obligatoire depuis la stratégie de Lisbonne et le traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, et notamment en son article 121, paragraphe 2, et son article 148,…

Bruxelles : contre la terreur de masse, des principes et des armes

Après Paris, c’est au tour de Bruxelles de vivre l’épouvante créée par le total-terrorisme islamiste en action. La guerre injuste et ignoble menée par Daech aux prolétariats européens continue.
Non, le djihadisme n’est pas causé par « nos guerres ». Indécence de ce déplacement de responsabilité. Voyageurs de Zaventem, travailleurs coincés dans le métro de Maelbeek, foules de toutes les capitales, nous ne sommes pas responsables de leurs agissements ignobles : nous sommes des victimes, point à la ligne. Les fous de Dieu sont en guerre contre ce que nous sommes, pas contre ce que nous faisons. C’est pourquoi ils tuent partout, là où ils le peuvent, du Moyen-Orient aux villes européennes, et sans aucun égard puisqu’à leurs yeux, nous sommes tous et définitivement coupables.
Cette force immonde est en marche. Elle ne sera pas arrêtée, nous le savons, par des pétitions de principe. Contre elle, il faut des principes et des armes. (suite…)

Point d’étape sur la présidentielle de 2017 : Jean-Luc Mélenchon entre en lice

Le 10 février dernier, Jean-Luc Mélenchon propose sa candidature. Depuis, le débat fait rage autour de cette proposition. Nous proposons aujourd’hui, d’abord d’analyser le réel, puis de mieux comprendre les analyses des protagonistes de ce débat, et enfin, à partir des conditions du soutien populaire, de situer la place de la présidentielle dans le combat général pour l’émancipation.

Quel est le réel populaire aujourd’hui ?

60 % des ouvriers et des employés s’abstiennent, ce qui empêche tout rassemblement populaire propulsif. Dans la minorité qui vote, le FN est largement en tête. La gauche de la gauche est bonne dernière. Normal, elle est en en voie de décomposition avancée après avoir perdu en quelques années, une bonne partie des voix qui se sont portées sur le candidat Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle de 2012. Depuis, le fossé s’est creusé entre cette gauche de la gauche et le peuple. D’abord, parce que les discours, les pratiques et la stratégie de la gauche de la gauche sont plus en phase avec les demandes des couches moyennes radicalisées qu’avec celles des intérêts des ouvriers et des employés. Dommage, les ouvriers et les employés représentent objectivement 53 % de la population et les couches moyennes salariés seulement 39 % (24 % pour les couches intermédiaires et 15 % pour les couches moyennes supérieures).

Par ailleurs, la gauche de la gauche s’est largement vautrée dans le sillage d’une politique visant tout au plus à un gauchissement du communautarisme anglo-saxon contre le principe d’organisation sociale de la République sociale qu’est la laïcité. (suite…)

Le coup de cœur d’Evariste : un nouveau journal, un vrai !

Evariste n’est pas en vacances sur les pistes enneigées, il se repose en rêvant à un projet… et ce n’est pas le sien, c’est celui d’une bande de jeunes. On a assez dit dans le temps que les jeunes étaient dépolitisés ; depuis, des hordes d’abstentionnistes, de déçus ou de transfuges sont apparues dans toutes les tranches d’âge. Pourtant Evariste, dans ses contacts et dans les actions d’éducation populaire dont il est témoin, dans celles du REP dont il est partenaire, assiste à l’éclosion de projets chez des militants qui ont moins de trente ans, mais avec une façon peut-être différente d’aborder le politique dans l’action. ReSPUBLICA tentera de mettre en exergue ces initiatives pour les encourager et les faire partager.

Nous commençons aujourd’hui avec Le Progrès social, un quotidien papier sur abonnement.

Vous pensez que c’est fou de lancer un quotidien national d’opinion engagé et indépendant ? Eux aussi ! Pourtant, ces militants associatifs, syndicaux ou politiques engagés dans la construction du progrès social et dans l’éducation populaire ont décidé de se jeter dans l’aventure.

Nous savons pouvoir leur faire confiance : lire dans ce numéro les articles qu’ils signent sur le travail du dimanche, la réforme Macron du droit du travail, et l’entrevue avec la militante kurde Nursel Kiliç .

Il y a plus, alors que nous sommes un journal électronique parmi tant de publications électroniques en nombre exponentiel et que la crise de la presse imprimée (de sa distribution, de sa crédibilité) s’approfondit, nous partageons le constat selon lequel la lecture sur papier entraîne une meilleure attention, et sans doute un autre engagement du lecteur.

Alors, nous vous proposons cette complémentarité, et tout de suite car, tenez-vous bien, la parution du numéro 1 est prévue pour le 9 mars 2016.

Le modèle économique qui permette la professionnalisation, l’équipe du Progrès Social a dû y réfléchir : un journal sans aucune publicité et financé uniquement par les abonnements. Trois mille abonnements annuels sont nécessaires pour garantir l’équilibre financier du projet. Sur https://fr.ulule.com/le-progres-social/ on trouve des détails et le moyen de rentrer dans le financement participatif du projet. Chaque souscription compte ! (suite…)

Néolibéralisation de l’école

Dans la bataille pour l’hégémonie culturelle indispensable pour se mettre à la hauteur des enjeux de l’émancipation humaine, il est crucial de mettre en lumière les conséquences sur l’école du mouvement réformateur néolibéral. Les citoyens et les familles attachent à l’école une grande importance car la qualité de l’enseignement qui est dispensé et le niveau que l’élève qui la fréquente peut atteindre, déterminent pour une grande part le passage des droits formels aux droits réels dans la vraie vie. Que la gauche de la gauche ne s’en préoccupe pas beaucoup est une des raisons de sa décomposition actuelle.

L’école est l’un des marqueurs de la république. Il y a un lien dialectique entre le niveau émancipateur de la république et le niveau d’autonomie de pensée et de formation critique donné à l’ensemble de la population par l’école. On peut même considérer que l’école n’est pas un simple service public mais un organe central du dispositif républicain. C’est encore plus vrai si on souhaite monter d’un cran et promouvoir la République sociale. Nous en sommes loin aujourd’hui.

Nous savons tous que les républiques populaires n’étaient en rien républicaines et qu’il en est de même aujourd’hui de la République islamique d’Iran. Mais qu’en est-il de notre Ve République ? (suite…)

La laïcité n’existera que refondée dans une République sociale

Vous connaissez l’arbre qui cache la forêt ? Le voici : fabriquez une contradiction Valls-Bianco autour d’un observatoire solférinien et le tour est joué. Vous aurez d’un côté la majorité du camp dit « laïque » qui soutiendra le solférinien Valls soutenu par François Hollande et de l’autre la majorité de la gauche de la gauche qui soutiendra le solférinien Bianco également soutenu par François Hollande mais aussi par les adeptes du communautarisme anglo-saxon. C’est la « société du spectacle » de Guy Debord. Elle n’est pas belle l’histoire ? Eh oui, quand vous interrogez les responsables de la gauche de la gauche à Attac, Copernic, au PCF, à Ensemble, et bien au-delà, les voilà en soutien inconditionnel à Bianco, représentant de la droite du PS et du président Hollande.

Pour comprendre les choses, il suffit effectivement de relire  La société du spectacle  de Debord. Bien évidemment,Valls, qui peut remplacer Bianco par sa simple décision de Premier ministre, ne le fera pas car tout cela permet de cacher la forêt. La forêt, dans un moment de crise, est constituée de politiques d’austérité, de reculs des conquis sociaux d’hier, d’augmentation de la misère, de la pauvreté, de la précarité, des inégalités sociales. Jamais autant d’argent n’a alimenté le communautarisme et l’intégrisme religieux. Même la majorité de la gauche de la gauche feint de ne pas le voir, elle qui croit encore en la possibilité d’une alliance électorale de type clientéliste avec le communautarisme religieux (1)Cette croyance s’exprime dans une partie de la gauche de la gauche par le fait que dans son discours elle remplace le rôle que la théorie marxiste donne à la classe ouvrière exploitée, qui doit devenir consciente et mobilisée, par celui de l’islam censé être la religion des pauvres avec qui il faut s’allier contre l’impérialisme américain et occidental.
Cette triple incohérence (remplacement théorique des « exploités » par les « pauvres », vouloir combattre l’impérialisme en s’associant à l’un de ses alliés, abandon de la classe populaire ouvrière et employée non islamisée qui se réfugie pour l’instant dans l’abstention) en crée une nouvelle, accepter le relativisme culturel du néolibéralisme qui veut que l’obscurantisme soit placé pour le peuple au même niveau que la vérité scientifique et en tout cas prime sur l’émancipation des femmes.
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Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 Cette croyance s’exprime dans une partie de la gauche de la gauche par le fait que dans son discours elle remplace le rôle que la théorie marxiste donne à la classe ouvrière exploitée, qui doit devenir consciente et mobilisée, par celui de l’islam censé être la religion des pauvres avec qui il faut s’allier contre l’impérialisme américain et occidental.
Cette triple incohérence (remplacement théorique des « exploités » par les « pauvres », vouloir combattre l’impérialisme en s’associant à l’un de ses alliés, abandon de la classe populaire ouvrière et employée non islamisée qui se réfugie pour l’instant dans l’abstention) en crée une nouvelle, accepter le relativisme culturel du néolibéralisme qui veut que l’obscurantisme soit placé pour le peuple au même niveau que la vérité scientifique et en tout cas prime sur l’émancipation des femmes.

Les retards de la gauche de la gauche en matière d’analyse et de nouvelles pratiques sociales

Comme déjà indiqué dans une précédente chronique (1)http://www.gaucherepublicaine.org/chronique-devariste/regionales-2015-le-processus-de-decomposition-de-la-gauche-de-la-gauche-est-engage/7397189, la gauche de la gauche voit reculer son influence en milieu populaire (53 % de la population). Elle semble incapable de penser la fracture sociale qui s’est opérée. Mais cela ne suffit pas à comprendre la mutation en cours dans les recompositions politiques. Car la mutation sociale des partis s’accompagne d’une nouvelle ségrégation spatiale. C’est la fracture spatiale. Cet autre phénomène qui accompagne le précédent est le phénomène de gentrification en cours depuis plusieurs décennies largement soutenu par le mouvement réformateur néolibéral. La cécité de la gauche de la gauche a été également encouragée par les élus de toutes les gauches (y compris le PC) et par leurs conseillers, urbanistes et architectes, bureaucrates de la politique de la ville, qui ont accompagné ce mouvement dont la cause principale est la dynamique intrinsèque de la formation sociale capitaliste en crise du profit.

Fractures spatiale et sociale

Ce phénomène montre qu’il y a trois dynamiques principales dont le fil conducteur à l’œuvre est de voir, petit à petit, les couches populaires partir vers la périphérie et les classes bourgeoises reconquérir les villes centre et même certaines banlieues. Bien évidemment, tout cela a été accéléré par la volonté de désindustrialisation de l’oligarchie capitaliste, par la suppression progressive des grandes concentrations ouvrières, et par la dissuasion du marché immobilier en forte hausse lié au fait que les le mouvement réformateur néolibéral a toujours favorisé la rente.

D’abord la dynamique des métropoles, regroupant de plus en plus les gagnants de la mondialisation (ou qui se considèrent comme en faisant partie), soit la majorité des couches moyennes supérieures, une partie des non-salariés aisés et une partie des couches moyennes intermédiaires. C’est l’une des conséquences des actes I, II, III de la décentralisation qui s’est concrétisée récemment avec la loi Notre et la loi Mapam. De ce point de vue, chaque gouvernement a fait pire que le précédent. C’est aussi là que se crée l’emploi. A noter que c’est la première fois dans le capitalisme que la majorité des salariés ne vivent pas là où sont créés les emplois !

Puis, la France périphérique, composée des zones péri-urbaines (regroupant les villes qui ne sont pas des métropoles) et rurales, qui font vivre 60 % de la population française. C’est cette France qui voit augmenter fortement les couches populaires abandonnées par les dirigeants nationaux des partis néolibéraux de droite et de gauche mais aussi de la gauche de la gauche. Malgré beaucoup de publicité, cette France ne crée que peu d’emplois par rapport aux métropoles. Le fait que de nombreux endroits de cette France périphérique sont des zones dortoirs de plus en plus éloignées des métropoles où se trouvent le plus d’emplois, modifie bien plus l’aménagement du territoire que d’autres sujets dont on parle beaucoup plus.

(suite…)

Pour la République sociale poussée jusqu’au bout

Rappelons quelques phrases de Jean Jaurès : « Le socialisme, c’est la république poussée jusqu’au bout » et « La vérité de la république, c’est la République sociale » ou encore « le socialisme proclame que la République politique doit aboutir à la République sociale, c’est parce qu’il veut que la République soit affirmée dans l’atelier comme elle est affirmée ici (il parle à la Chambre des députés, NDLR) ; c’est parce qu’il veut que la nation soit souveraine dans l’ordre économique pour briser les privilèges du capitalisme oisif, comme elle est souveraine dans l’ordre politique, c’est pour cela que le socialisme sort du mouvement républicain. » (suite…)

Combattre efficacement le FN : avec la gauche de gauche… si elle existe !

Ce n’est pas avec le social-libéralisme que le FN sera battu. Car le FN fait son beurre sur les ravages causés par les gestions néo-libérales : insécurités physique, sociale et culturelle, relégations territoriales, dislocation des repères symboliques, absence de perspective politique progressiste. Les promesses économiques du FN sont connues : taxation de 15% des résultats nets des 50 plus fortes capitalisations boursières, nationalisation des banques, création de nouvelles tranches d’impôts sur les hauts revenus, augmentation de 200 euros des salaires inférieurs à 1,4 SMIC, retraite à 60 ans. Ce « programme économique », assorti de l’idée que l’immigration est  l’arme du grand capital  « pour peser à la baisse sur les salaires et les droits sociaux des travailleurs français », ne peut être que populaire. Il a fait partie des munitions dont le FN s’est doté pour récupérer le 6 décembre 2015 des centaines de milliers de votes ouvriers et employés qui allaient naguère à la gauche. Avec sa phraséologie huilée et bien adaptée aux souffrances sociales, il peut aujourd’hui escompter, pour les prochaines échéances électorales, accentuer le passage des couches populaires de la gauche à l’extrême droite, en conquérant les suffrages d’ouvriers et employés qui se sont abstenus le 6 décembre. (1)Voir la chronique d’Evariste dans le n° 798.

C’est pourquoi le premier axe de notre travail d’éducation populaire est de montrer que le programme économique du FN est une immense escroquerie, puisqu’il ignore la réalité de la crise structurelle qui mine le capitalisme et qu’il impute l’austérité aux seuls intérêts du capital et de la finance. Au lieu de proposer une autre politique favorable aux couches populaires, il maintient la croyance fataliste dans la légitimité des possédants.

(suite…)

Notes de bas de page

Régionales 2015 : le processus de décomposition de la gauche de la gauche est engagé

Deux dates ont marqué positivement l’histoire de l’Autre gauche en notre siècle. Les 31,3 % du non de gauche le 29 mai 2005 et les 11,1 % du score de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle de 2012. Dans le premier cas, les pitreries des comités anti-libéraux ont anéanti cette inédite massification, supérieure au non de droite et d’extrême droite, au oui de gauche ou au oui de droite. Dans le deuxième cas, l’anéantissement eut des causes multiples : les pitreries du gauchisme, maladie infantile de la transformation culturelle, sociale et politique, la confusion savamment entretenue entre la nécessité de lutter contre tous les racismes (dont celui qui est anti-musulman) et la soumission idéologique d’une partie de la gauche de la gauche au communautarisme des Indigènes de la république et aux positions réactionnaires des Frères musulmans, la prolifération des projets magiques irrationnels des Yaka et des Faukon censés nous donner les clés du paradis, la schizophrénie d’une partie des élus communistes qui critiquent avec vigueur le gouvernement mais qui acceptent une solidarité de gestion sans faille avec les socialistes tant décriés.

Résultat : toute la « gauche » (y compris les socialistes) représente aujourd’hui autour de 30 % des électeurs inscrits. Le Front de gauche a perdu plus de la moitié des électeurs de 2012. C’est donc une bérézina. La décomposition de la gauche de la gauche est largement engagée. Cette gauche de la gauche ne s’en relèvera pas tant la refondation nécessaire demanderait d’inversions des priorités, de nouvelles stratégies et pratiques sociales. Nous y reviendrons en fin d’article.

(suite…)

Attentats 2015 : la gauche de la gauche à la peine

Paradoxalement, la succession des attentats a fourni des réactions habituelles et prévisibles de la part du gouvernement solférinien, de la droite néolibérale et du FN. Le gouvernement solférinien a été capable en quelques heures de prendre le contre-pied d’une partie de sa ligne stratégique erronée antérieure au 13 novembre (nouvelle alliance avec la Russie après les pitreries françaises en Libye, en Ukraine et en Syrie, début de prise de conscience de la guerre nécessaire au total-terrorisme islamiste, etc.). Mais elle continue à intégrer cette prise de conscience à l’intérieur du mouvement réformateur néolibéral qui va l’empêcher de lutter contre toutes les causes multiples de cette crise globale. On ne le dira jamais assez, nous vivons, au sein de notre formation sociale capitaliste, plusieurs crises siamoises complémentaires dans la crise globale : la crise du profit capitaliste, la crise des impérialismes et la crise du mode d’organisation culturelle, sociale et politique.

La droite néolibérale est sur la même position que le gouvernement solférinien, mais fait de la surenchère. Du classique cousu main. Quant au FN, il bétonne sur son credo anti-républicain, contre l’immigration et contre les musulmans. Tout cela est huilé. Mais le plus triste est que c’est la gauche de la gauche qui est le plus à la peine. Incroyable. Tout simplement parce qu’elle est prise à contre-pied sur son compromis avec les adeptes du gauchissement du communautarisme anglo-saxon (contre le principe de la laïcité comme principe d’organisation sociale) qui sont en son sein. On ne peut pas impunément participer aux initiatives ultra-communautaristes et réactionnaires des Indigènes de la République, en meeting le 6 mars dernier à Saint-Denis ou en manifestation le 31 octobre à Paris, et être capable de faire face sérieusement après les attentats du 13 novembre.

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