Néolibéralisme, géopolitique et dictature de la tactique

Alors que la gauche de la gauche s'épuise d’une part dans le choix entre deux impasses - le plan A de l’Union européenne sociale ou le plan B de sortie de l’euro demain matin à 8 h 30 (voir http://www.gaucherepublicaine.org/chronique-devariste/zone-euro-le-plan-c-entre-dans-le-debat/7396901) - et d’autre part dans des stratégies électorales à géométrie…

PLF, PLFSS, loi Santé, Agirc-Arrco : de pire en pire pour les travailleurs

Les politiques d’austérité se concrétisent dans les lois de financement et les lois relatives aux grands secteurs d’activité. Il est donc de la plus haute importance d’en décliner chaque année la réalité. Il est d’ailleurs étonnant de voir que les partis de l’Autre gauche n’en font même pas une campagne centrale. Sans rentrer dans un détail qui demanderait des séminaires de formation et de réflexion, nous allons en tirer ci-après quelques éléments importants.

Projet de loi des finances (PLF)

Après le cadeau sur trois ans de 41 milliards d’euros aux patrons sans contrepartie (même pas d’augmentation des investissements des entreprises, tout pour les dividendes des actionnaires et pour les financements parallèles ) et un plan d’austérité de 50 milliards d’euros, voilà les coupes pour 16 milliards d’euros du projet de loi des finances (PLF) contre les politiques sociales, contre l’école, contre les services publics, contre les salaires (impactant la consommation des ménages).
Les collectivités territoriales, qui jusqu’ici étaient un amortisseur des politiques d’austérité, viennent d’être largement cisaillées par un effondrement des dotations de l’État avec des conséquences y compris sur le mouvement associatif. Les exportations sont en berne. La dette publique augmente. Très bien, cela avantage la bourgeoisie oligarchique qui « tient l’État par la dette » (Karl Marx).
Mais est-ce pour autant une mauvaise politique. Que nenni ! C’est une excellente politique pour les gérants du capital. Donc, comme on ne change pas une équipe qui gagne, cela continuera de plus belle sans une riposte populaire à la hauteur des enjeux. (suite…)

Zone euro : le plan C entre dans le débat

Le 18 janvier 1957, Pierre Mendès-France déclarait à l’Assemblée nationale : « L’abdication d’une démocratie peut prendre deux formes, soit le recours à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit la délégation de ces pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle, au nom de la technique, exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement  »une politique », au sens le plus large du mot, nationale et internationale. » Sa critique cinglante des traités de Rome montre le caractère prémonitoire de son analyse de ce qui fut la première pierre de l’ordolibéralisme dans la construction européenne.
Quant à ceux qui allaient constituer plus tard « les alters », ils n’ont vu la menace qu’en 1986, lors de la signature de l’Acte unique européen. D’autres membres de l’Autre gauche française actuelle ont même voté oui à Maastricht en 1992. Il a fallu le célèbre édito d’Ignacio Ramonet dans le Monde diplomatique de décembre 1997, intitulé « Désarmer les marchés », la création d’Attac et, plus tard, la bataille pour le non au traité constitutionnel européen (TCE) pour coaguler le non de gauche du 29 mai 2005 : 31,3% des voix exprimées. Ce non de gauche était plus important que le non de droite et d’extrême droite, mais aussi plus important que le oui de gauche. L’Autre gauche a donc fantasmé sur la possibilité d’un débouché politique de ces 31,3 % des voix. Errare humanum est, perseverare diabolicum ! Ce non de gauche au TCE ne correspondait à aucun oui pour une ligne et une stratégie cohérentes. Ces 31,3 % se sont déchirés autour de « mots magiques » qui structurent la multitude des organisations existantes. Les nostalgiques des impasses révolutionnaires d’hier ont développé un néo-gauchisme, les porteurs de solutions simplistes totalement idéalistes se sont comportés comme les messies d’une nouvelle alliance, les escrocs promoteurs du communautarisme anglo-saxon comme nouveau paradis de la révolution ont fait florès dans l’Autre gauche, tandis que d’autres se transformaient en syndics comptables pour protéger leur volume d’élus par des alliances à géométrie variable. Conséquence : le vote populaire des ouvriers et des employés pour le non de gauche se réfugie alors dans l’abstention et les responsables de l’Autre gauche française perdent totalement le lien avec les couches populaires qui avaient constitué la majorité des 31,3 % des voix. (suite…)

La crise globale portugaise continue de plus belle

Les Portugais ont été appelés aux urnes pour l’élection législative du 4 octobre 2015. Une nouvelle carte politique a été configurée par leur vote. Comme en Grèce le 20 septembre dernier, comme aux élections françaises de 2014 et 2015, l’abstention grandit dans les couches populaires devant l’avancée inexorable des politiques d’austérité.
Pour cette élection du 4 octobre 2015, plus de 1 % d’abstentionnistes en plus pour arriver à 43,07 % d’abstentions. Auxquelles il faut ajouter 2,09 % de bulletins blancs et 1,61 % de bulletins nuls. A noter que la votation législative portugaise s’effectue à la proportionnelle intégrale dans 22 circonscriptions législatives sur listes bloquées.

Pendant la journée du scrutin, l’ensemble des médias néolibéraux européens n’a cessé de dire que la droite avait gagné, avec l’aide des manipulations des sociétés de sondage – dont certaines disaient savoir que la droite allait garder la majorité absolue. Comme d’habitude. Puis, dès la fin du scrutin, ces sociétés de sondage se rapprochaient petit à petit du résultat final.

La droite subit un recul important de près de 12 % avec 38,44 % des voix et perd donc la majorité absolue  (104 députés). Avec 32,38 %, le PS augmente son pourcentage de près de 4,3 % grâce à une campagne légèrement anti-austéritaire. Il remporte 85 députés. C’est un échec, vu que son objectif était de parvenir à une majorité solitaire. Il ne retrouve pas les voix qu’il avait obtenues aux élections municipales de 2013. Il est vrai que le fait que l’ex-premier ministre socialiste Socrates soit en prison depuis 2014 pour blanchiment d’argent a joué contre ce parti.

L’Autre gauche partait divisé en deux coalitions : l’une avec le PC et Les Verts et l’autre avec le Bloc de gauche. Leur total de voix est légèrement supérieur d’environ 1,6 points à celui de 2011 mais, le Bloc de gauche surpasse cette fois-ci nettement l’alliance du PC et des Verts. Ils passent respectivement de 5,17 % et 11,71 %  en 2011 à 10,22 % (Bloc de gauche : 19 députés) et 8,27 % (PC+Verts : 17 députés) en 2015. (suite…)

Grèce : Syriza garde le pouvoir avec un électorat modifié Après les élections du 20 septembre 2015

Au vu des résultats du scrutin grec, l’Autre gauche française pourrait être obligée de réviser quelques convictions. Puisqu’il est impossible de changer les peuples bien qu’ils ne répondent pas comme il faut aux meilleurs discours, il convient de se poser en France les questions des conditions réelles de la transformation culturelle, sociale et politique au lieu de croire au pouvoir de la volonté solipsiste.

Trois réflexions nous viennent face aux résultats de cette élection.

1. Tsipras et Syriza vont garder la direction gouvernementale du pays avec la même alliance avec la droite souverainiste.
Mais déjà une modification de la sociologie électorale se fait jour. Avec 9 % d’abstention de plus qu’en janvier 2015, les premières estimations semblent montrer que l’abstention aurait grandi dans les couches populaires et surtout chez les jeunes. Le recentrage « couches moyennes » (minoritaires dans le pays) posera à terme un nouveau défi à Tsipras car mener une transformation culturelle, sociale et politique en perdant sur les couches populaires et les jeunes récemment gagnés sera très difficile.

2. Les dissidents d’Unité populaire qui ont décidé la scission de Syriza subissent par contre un échec patent. Ils sont marginalisés et éliminés du Parlement. Une fois de plus, la réalité montre l’impasse du volontarisme solipsiste. Puissent, en France, les militants et dirigeants en tirer des enseignements.

3. Les néo-nazis grecs d’Aube dorée sont bien installés comme troisième force politique grecque. Là encore, le scénario est en place : le risque fasciste est bien réel. Le schéma des années 30 en Allemagne, toutes choses étant inégales par ailleurs, enseigne que l’échec économique et social et la division de la gauche peuvent développer l’extrême droite si l’oligarchie y trouve son compte. (suite…)

Pour les travailleurs, le pire est à venir ! Que faire d’autre que reprendre l’offensive ?

Nous estimons que les lois tendancielles de la formation sociale capitaliste dans laquelle nous vivons ne permettent plus une sortie de crise par une simple relance de la consommation ou même par une restructuration altercapitaliste de l’appareil de production, de redistribution et d’échange de type 1945 (nous aurons à y revenir). Conformément à l’adage « ce n’est pas parce qu’ils sont nombreux à avoir tort qu’ils ont raison », nous continuerons, tant que les événements nous donneront raison, à promouvoir le débat sur toutes les conditions de la transformation culturelle, sociale, économique et politique. Et si les événements continuent à prendre certaines directions d’organisations à contre-pied, il suffit de persévérer et d’attendre.

Comme cela a été pointé par Evariste dans ses deux dernières chroniques (1)http://www.gaucherepublicaine.org/wp-content/uploads/lettres/20150825_respublica-lettre-complete_lettre-788.htm#titre-1 et http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/debat-francais-sur-leurope-la-gauche-de-la-gauche-les-alter-et-les-souverainistes-a-la-peine/7396648#more-7396648, la séquence grecque, allant de l’euphorie du 25 janvier 2015 et du référendum grec contre l’austérité jusqu’à l’aggravation de la politique austéritaire du 13 juillet, a bousculé le landernau du mouvement syndical revendicatif et aussi de la gauche de la gauche. Il convient donc de se préparer à l’aggravation prévisible de la crise, car la sortie du carcan de la zone euro (suite…)

Débat français sur l’Europe : la gauche de la gauche, les « alter » et les souverainistes à la peine

Tout était simple avant l’arrivée au pouvoir de Tsipras en Grèce. Pour les « alter » et la majorité de la gauche de la gauche, il fallait transformer l’euro libéral en euro social (avec plus ou moins de désobéissance tactique dans les rangs du PG !) grâce au soulèvement des masses populaires ou aux développements des mouvements sociaux ou encore dans la mise en orbite politique du non de gauche du 29 mai 2005 (31,3 % des votants). Pour les souverainistes (1)Le souverainisme est une idéologie qui stipule qu’il faut abandonner, dans un premier temps, toute lutte en dehors de celle pour la souveraineté nationale. Le souverainisme est une idéologie au service de la droite et de l’extrême droite dans laquelle tombe trop facilement une partie minoritaire de l’Autre gauche, qui la confond avec la souveraineté populaire.
Il faut séparer la République, qui implique à la fois la souveraineté populaire et la souveraineté nationale, du souverainisme, qui opère une alliance gauche-droite, voire extrême droite, pour tenter de supprimer progressivement la lutte des classes de nos nécessités militantes.
Nous sommes, nous, pour la souveraineté populaire dans la République sociale. Cette souveraineté s’exprime de deux façons complémentaires :
– par la souveraineté nationale, indispensable contre les communautaristes, alter-européistes et mondialistes,
– par l’autonomie populaire (les soviets, la Sécu de 1945, les assemblées de grève, etc.).
, une prééminence surplombante conditionnait tout le processus politique à savoir la sortie à froid de l’euro et de l’Union européenne avec comme obligation stratégique (car il y en a pas d’autre !) l’alliance stratégique de tous les nonistes de 2005, qu’ils soient d’extrême gauche, de gauche, de droite ou d’extrême droite.
Les idées des premiers ont volé en éclats le 13 juillet 2015 lors de l’acceptation du 3e mémorandum austéritaire par le gouvernement Tsipras. Pour les seconds, ils en profitent pour réitérer l’impasse noniste gauche/droite pour les uns et gauche-droite/extrême droite pour les autres contre l’Union européenne et la zone euro. (suite…)

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 Le souverainisme est une idéologie qui stipule qu’il faut abandonner, dans un premier temps, toute lutte en dehors de celle pour la souveraineté nationale. Le souverainisme est une idéologie au service de la droite et de l’extrême droite dans laquelle tombe trop facilement une partie minoritaire de l’Autre gauche, qui la confond avec la souveraineté populaire.
Il faut séparer la République, qui implique à la fois la souveraineté populaire et la souveraineté nationale, du souverainisme, qui opère une alliance gauche-droite, voire extrême droite, pour tenter de supprimer progressivement la lutte des classes de nos nécessités militantes.
Nous sommes, nous, pour la souveraineté populaire dans la République sociale. Cette souveraineté s’exprime de deux façons complémentaires :
– par la souveraineté nationale, indispensable contre les communautaristes, alter-européistes et mondialistes,
– par l’autonomie populaire (les soviets, la Sécu de 1945, les assemblées de grève, etc.).

Réflexions autour de l’actualité grecque et espagnole pour notre travail d’éducation populaire politique dès la rentrée de 2015

Il n’est pas dans l’objet de ReSPUBLICA :
– de faire ni du commentaire idéaliste, ni du commentaire solipsiste (1)Conception selon laquelle le moi, avec ses sensations et ses sentiments, constitue la seule réalité existante dont on soit sûr., ni du commentaire matérialiste vulgaire. Nous essayons d’appliquer à l’actualité la dialectique matérialiste avec nos connaissances des lois tendancielles du capitalisme tant sur le plan économique, que politique et culturel. Notre objectif est d’alimenter le débat avec tous les militants et citoyens éclairés pour lesquels nous avons beaucoup d’empathie.
– de donner des conseils aux militants grecs, espagnols ou français, car nous ne sommes ni un parti ni un embryon groupusculaire visant à le devenir. Nous avons de l’empathie pour tous ceux qui agissent, même quand nous estimons qu’ils font des erreurs.
Notre seule volonté est de rester conforme à notre objet, à savoir produire des textes pour susciter le débat critique et propulsif et faire le travail d’éducation populaire politique que nous pratiquons avec le Réseau Education Populaire (REP). Rien de plus, mais rien de moins !

Première réflexion : le « gauchisme » est toujours la maladie infantile de toute transformation culturelle, sociale et politique

Pour toute transformation culturelle, sociale et politique, il faut la plus grande justesse quant à la ligne, la stratégie, l’organisation, la réflexion institutionnelle et il faut le lien culturel, social et politique avec les couches populaires et plus généralement avec le peuple. Prenons le temps de réfléchir à cette dernière condition. Tous ceux qui n’ont pas ce lien ou qui n’y travaillent pas, n’ont aucune chance de participer de façon propulsive à ladite transformation culturelle, sociale et politique. Et ce quels que soient les enthousiasmes des meetings ! Avoir raison sans le peuple voire contre lui, c’est l’inefficacité assurée et donc l’ouverture de la voie au fatalisme, aux « yaqua et fauqu’on », à l’entre soi mortifère et au solipsisme (Voir note 1.). (suite…)

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 Conception selon laquelle le moi, avec ses sensations et ses sentiments, constitue la seule réalité existante dont on soit sûr.

Les Grecs ont dit OXI. Et après ? Continuer à combattre la tyrannie du capitalisme

Les dirigeants néolibéraux répètent à l’envi : tina, tina, tina (there is no alternative, il n’y a pas d’alternative). L’un de ceux-là, celui-là même qui a permis l’ « optimisation fiscale » des banques et des firmes multinationales au Luxembourg, véritable paradis fiscal au milieu de l’Union européenne, Jean-Claude Juncker, donc, actuellement président de la Commission européenne, placé là par les néolibéraux de droite et de gauche, ajoutait : « Il ne peux y avoir de choix démocratique aux traités européens ». Peu importe aux néolibéraux que ces traités n’aient pas été décidés par un processus démocratique, la démocratie doit s’effacer devant les intérêts du capital.
La Commission et le Conseil européens ne pouvant exclure un pays via le traité de Lisbonne, ont délégué à l’Eurogroupe, qui n’est pas une instance légale de l’UE, le pouvoir d’asphyxier la Grèce par l’assèchement des liquidités.

La situation grecque est inhumaine

On connaît la situation sociale de la Grèce : hausse de 45 % de la mortalité infantile, hausse de 42 % du taux de suicides, baisse de trois ans de l’espérance de vie, 44,6 % de retraités vivant en dessous du seuil de pauvreté, le plus grand hôpital du pays, Évangélismos, ne pouvant plus fonctionner à compter de la fin juillet 2015, violation systématique des droits sociaux, économiques et humains de la population grecque au cours des quatre dernières années (Rapport relatif aux droits humains des Nations unies, présenté par Cephas Lumina).

(suite…)

École : en finir avec la causalité unique et clarifier un débat complexe

Le débat sur l’école rejaillit une fois de plus après la dernière attaque qui, sous couvert des rythmes scolaires, engage la fin de la séparation entre le scolaire et le périscolaire, avant celle, ultime, contre un statut des enseignants qui gêne le mouvement réformateur néolibéral. Cette nouvelle attaque contre l’école, engagée par la néolibérale Najat Vallaut-Belkacem sur la « réforme du collège », a ainsi au moins réussi ce que peu de ses prédécesseurs avaient fait, à savoir pousser à l’union des syndicats enseignants contre son texte, même si une analyse plus fine montrerait le jeu ambigu de certains(et non des moindres) au démarrage de la réforme.​
La ministre veut maintenant faire passer ce texte au forceps comme tous les autres textes importants de l’équipe Hollande-Valls. Devant la forte opposition à ce projet, la direction néolibérale a chargé le pédagogiste Antoine Prost (digne successeur des Meyrieu, Legrand et consorts) de défendre sa ministre. Rien que du normal jusque-là. Vous pouvez lire son texte de propagande pleurnichard sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/05/18/marre-de-la-nostalgie-elitiste_4635667_3232.html
Immédiatement, Pierre Albertini, professeur de khâgne, lui répond dans un article percutant intitulé « Critiquer Najat Vallaud-Belkacem au nom de l’égalité » (http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/05/20/critiquer-najat-vallaud-belkacemau-nom-de-l-egalite_4637059_3232.html). Cette critique est très juste, mais elle nous laisse sur notre faim : le texte est notoirement insuffisant quant à la caractérisation de l’opération du mouvement réformateur néolibéral dans l’école. Il fait ainsi le jeu du journal Le Monde qui organise un débat inscrit dans le modèle politique néolibéral, comme si le seul problème qui se pose aujourd’hui à l’école était le pédagogisme contre l’instruction, nous n’en sommes plus à ce stade. Hier, avec le début de la crise du capital, le pédagogisme masquait une première attaque néolibérale contre l’école par une justification idéologique reposant sur une vision d’essence petite-bourgeoise de l’intérêt général. (suite…)

Pour reconstruire une alternative, rejoignez les collectifs « combat social, combat laïque »

La sortie de la période dite « des Trente Glorieuses » s’est effectuée dans une crise sans précédent. Dès les années 70, le capitalisme n’est plus capable d’assurer aux capitalistes un fort taux de profit et une accumulation du capital conforme à son essence. Cela a pour conséquence que l’on ne peut plus penser une alternative dans le capitalisme avec des recettes néo-keynésiennes, comme celles proposées par les stars atterrées et atterrantes de l’Autre gauche.

De plus, le niveau atteint par l’armement n’autorise plus une troisième guerre mondiale permettant (entre autres) une destruction massive de capital et donc la reprise de son accumulation, comme ce fut le cas avec la Deuxième Guerre mondiale, fermant ainsi la séquence ouverte par la crise de 1929-1931 (crise des crédits hypothécaires, bloc-or, crise des débouchés) qu’aucun gouvernement des années 30 n’avait réussi à juguler, à supposer qu’ils aient essayé. Point complémentaire : l’écroulement du communisme soviétique à la fin des années 80 a entraîné les principaux responsables de l’Autre gauche à jeter le bébé nécessaire à la transformation sociale et politique (l’analyse de Marx, d’Engels, de Rosa Luxemburg, de Jaurès, de Gramsci, des communistes républicains de la Résistance, des communistes de gauche du PCI, etc.) avec l’eau sale du bain (le marxisme-léninisme, les trotskismes et le stalinisme).

(suite…)

Pour sortir de l’impasse, réconcilions la gauche avec la laïcité et la nation

Toutes les gauches en Europe ont été traumatisées par les nationalismes de droite et d’extrême droite du XXe siècle. Sauf le communisme soviétique. Après son écroulement fin des années 80, le néolibéralisme, devenu l’idéologie dominante, s’installe partout. Même les gauches anti-néolibérales sont influencées par l’idéologie libérale. Nous y reviendrons plus loin.

Sur d’autres continents, il en va autrement. En Amérique latine, le patriotisme est très marqué à gauche depuis la résurgence de la « Révolution bolivarienne » à la fin du siècle dernier. Même en Grèce, on ne peut pas comprendre la victoire de Syriza sans la dimension patriotique. Allons au bout du raisonnement, dans le monde actuel, nous disons pas de transformation sociale sans dimension patriotique. C’est déjà ce que disait le grand Jean Jaurès. Il développait l’idée que la transformation sociale et politique en France et en Europe devait lier les ruptures sociales de grande ampleur (y compris, disait-il, de l’entrée de la démocratie dans l’entreprise, ce qu’ont oublié toutes les gauches françaises) avec le patriotisme de gauche contre le nationalisme de droite et d’extrême droite, aujourd’hui alliés au néolibéralisme et que la bourgeoisie utilisera quand bon lui semblera. (suite…)

Après les élections de mars 2015, tout est à reconstruire !

Toutes les gauches reculent. Le parti socialiste a vécu le plus grand basculement vers la droite de son histoire électorale. Sa descente aux enfers est en marche. Avec 13,34 % sous ses couleurs, le PS est en dessous de son plus bas historique des européennes (13,9 %). Il a fallu toute la manipulation du ministère de l’Intérieur et des médias néolibéraux aux ordres pour faire croire qu’il était au-dessus de 20 % grâce à divers amalgames avec le PRG, EELV ou le PCF. Ce parti va donc tenter, pour freiner sa chute, d’entraîner d’autres forces politiques et sociales dans l’abîme en appelant à un rassemblement de toute la gauche sans modifier sa politique néolibérale. Les carriéristes seront bien sûr d’accord. Leurs leaders entreront alors au gouvernement.

La majorité de l’Autre gauche, toujours confuse dans sa stratégie, appuyée sur une alliance sociologique minoritaire sans les ouvriers et les employés (un comble pour ceux qui veulent une transformation sociale et politique par les urnes !), que nous détaillerons plus loin dans ce texte, développe toujours une praxis (dialectique entre la pratique et la théorie) marginalisante. La majorité de l’Autre gauche se console comme elle peut en disant qu’elle a mieux résisté que ce qu’elle avait prévu dans sa désespérance dépressive ! La marche vers sa marginalisation continue. Jean-Luc Mélenchon a donc raison de parler de l’illisibilité de la stratégie du Front de gauche en appelant à un sursaut. Et si on considère que la plupart des composantes de l’Autre gauche rejette la notion d’un prolétariat majoritaire, rejette la nation, la République sociale, la laïcité, il apparaît clair que ces composantes de l’Autre gauche deviennent, à leur corps défendant, les supplétifs du mouvement réformateur néolibéral en empêchant la construction de l’alternative populaire autour de la classe populaire majoritaire (ouvrière et employée) alliée aux couches moyennes intermédiaires (les couches moyennes intermédiaires représentent 24 % de la population et les cadres 15 %). (suite…)

Que faire après une succession de désastres électoraux ?

Cette lancinante question doit être prise à bras le corps. Dire que la transition vers l’après capitalisme doit se faire démocratiquement implique, pour nous, de ne pas continuer à agir comme par le passé. Déjà, Albert Einstein nous avait enseigné que l’« on ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l’ont engendré ». Changer de mode de pensée est en même temps nécessaire mais difficile. Pire, les trois événements de janvier 2015 (les attentats, la victoire électorale de Syriza et la démonstration de force de Podemos du 31) n’ont pas fait bouger la plupart des responsables de l’Autre gauche. Cerise sur le gâteau de la déprime, certains courants de l’Autre gauche s’enfoncent encore plus radicalement dans leurs impasses.

(suite…)

Pour un anticapitalisme laïque : la République sociale

Après l’espoir de la présidentielle de 2012 ouverte par l’Autre gauche, 2014 a sonné le désastre des gauches largement analysé par notre journal dans toutes ses chroniques d’Evariste depuis le 25 mai 2014. Mais janvier 2015 a pulvérisé ce qui restait d’espoir que l’Autre gauche française actuelle puisse construire une alternative au mouvement réformateur néolibéral, laissant comme choix au grand patronat soit la continuation de l’alternance néolibérale PS-UMP soit la reconfiguration d’une nouvelle alliance droite – extrême- droite.

Sur les assassinats des 7, 8, 9 janvier, il faut rappeler que des Français ont tué d’autres Français. Que ceux qui ont été assassinés l’ont été parce qu’ils étaient athées attachés à la liberté d’expression, parce qu’ils étaient policiers, parce qu’ils étaient juifs. Et suite à cela, nous avons vécu une montée des incivilités et des discriminations envers les juifs et les musulmans. Alors qu’il y a eu un gigantesque mouvement populaire lors des rassemblements spontanés des 7, 8 et 11 janvier dont la signification principale était la volonté d’un vivre ensemble entre athées, agnostiques, catholiques, protestants, juifs, musulmans, bouddhistes et autres grâce au principe d’organisation sociale et politique qu’est la laïcité. Et ce n’est pas la triste instrumentalisation politico-médiatique des chefs d’Etat et des médias dominants qui peuvent « cacher », notamment en province, ce gigantesque rassemblement populaire.

Mais peu de commentateurs, peu de responsables politiques, syndicaux ou associatifs sont sortis des systèmes simplistes de la causalité unique. (suite…)

Après janvier 2015, l’Autre gauche dans l’impasse !

Les trois événements de janvier 2015 (les assassinats des 7, 8 et 9 janvier, la victoire électorale de Syriza du 25 janvier, la démonstration de force de Podemos du 31 janvier) n’ont pas appris grand-chose aux gauches françaises. Quant aux dirigeants politiques néolibéraux (François Hollande, le gouvernement Valls et la direction du PS), non contents d’avoir tué, dans le temps présent, l’idée de « gauche » en France, ils ont réagi en rajoutant un « catéchisme républicain » à une école des compétences largement dévouée aux désirs du patronat. À aucun moment, la direction néolibérale autour de François Hollande n’a voulu travailler sur les causes du séisme des 7, 8 et 9 janvier, dont Copenhague a eu droit à une réplique de même nature un mois plus tard. Son appel à des intervenants extérieurs à l’école pour prodiguer le nouveau « catéchisme républicain » n’est pas de bon augure pour la suite de l’histoire.

Quand à l’Autre gauche, elle se réduit de plus en plus à la fraction idéologique de la petite et moyenne bourgeoisie, qui ne possède plus aucune force propulsive pour s’allier avec la classe populaire ouvrière et employée, majoritaire en France, mais dont la plus grande partie s’abstient aux élections en partie par défiance envers elle. Pire, n’ayant rien appris de l’histoire des années 30, cette gauche observe, stupéfaite, que les couches déclassées tant de la classe populaire ouvrière et employée que des couches moyennes intermédiaires, lorgnent de plus en plus vers le FN. Les résultats de la 4e circonscription législative du Doubs sonnent le désastre imminent. Dans une circonscription populaire, le Front de gauche allié au NPA et aux chevènementistes du MRC font 3,6 % ! La voie royale vers la marginalité. (suite…)

La protection sociale au cœur de la lutte des classes

Le système français de Sécurité sociale voit le jour au lendemain de la Seconde guerre mondiale avec la parution des ordonnances Laroque du 4 et du 19 octobre 1945 (1)La Sécurité sociale comporte la branche retraites, l’assurance-maladie, la branche famille, les accidents du travail et les maladies professionnelles et la banque de la Sécurité sociale, l’ACOSS. Son budget est de plus de 30 % supérieur au budget de l’État tous ministères confondus. Si on ajoute l’assurance-chômage, l’AGIRC et l’ARRCO, les complémentaires santé, les politiques sociales et certains petits régimes, on obtient alors la protection sociale.. Meurtrie et dévastée par la guerre, humiliée par l’occupation allemande et par ses propres turpitudes vichystes, la France sut trouver chez une poignée de résistants la force d’ériger de la plus éclatante des manières son propre rétablissement moral. Le programme du Conseil National de la Résistance (CNR), également intitulé « Les Jours Heureux », reste à ce jour un acte d’héroïsme patriotique qui n’a d’égale que l’audace de son contenu tant sur le plan économique que social.

Plan :

Rappel des ambitions du CNR

Le mouvement réformateur néo-libéral a engagé un triple mouvement d’étatisation, de privatisation et d’expropriation de la Sécurité sociale

Les pans assurantiels de la Sécurité sociale inscrits dans le projet de contrôle social des travailleurs

Face à cela, le mouvement syndical revendicatif et l’Autre gauche ne sont pas à la hauteur des enjeux

Construire le chemin de l’émancipation qui nous amène à un modèle politique alternatif au capitalisme

Rappel des ambitions du CNR

Ambroise Croizat et Pierre Laroque élaborent donc un plan complet de Sécurité sociale, à savoir un système « visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail avec gestion appartenant aux représentants des assurés et de l’État et une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours ».

Tout travailleur exerçant une activité rémunérée donnant lieu à versement de cotisation sociale se voit affilié (ou rattaché) à un régime obligatoire de Sécurité sociale. Originellement Pierre Laroque avait souhaité mettre fin à l’émiettement de la Sécurité sociale entre une pluralité de régimes à base socioprofessionnelle. C’est en ce sens qu’est érigé le Régime général de Sécurité sociale qui, comme son nom l’indique, devait couvrir l’ensemble de la population française sans exclusive.

(suite…)

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 La Sécurité sociale comporte la branche retraites, l’assurance-maladie, la branche famille, les accidents du travail et les maladies professionnelles et la banque de la Sécurité sociale, l’ACOSS. Son budget est de plus de 30 % supérieur au budget de l’État tous ministères confondus. Si on ajoute l’assurance-chômage, l’AGIRC et l’ARRCO, les complémentaires santé, les politiques sociales et certains petits régimes, on obtient alors la protection sociale.

Pourquoi la stratégie de Syriza est-elle riche d’enseignements ?

Jusqu’ici la stratégie de la douceur pour faire plier Angela Merkel a échoué. François Hollande pensait que sa victoire électorale dans la deuxième économie de la zone euro lui permettrait d’aller quémander un assouplissement de la politique néolibérale à la chancelière allemande. Un mois après son élection, il acceptait le diktat allemand qui refusait de faire payer ses contribuables. De même Matteo Renzi pensait que sa victoire électorale dans la troisième économie de la zone euro lui permettrait d’aller quémander lui aussi un assouplissement de même nature. Il eut droit à un ridicule plan Juncker. Ce matamore accepta le diktat allemand qui refusait une fois de plus de faire payer ses contribuables.

Alexis Tsipras et de Yannis Varoufakis ne pouvait pas tenter une troisième fois d’engager la stratégie de la douceur car l’économie de la Grèce est encore moins forte que celle de la France et de l’Italie. A noter que ce ne sont plus les banques qui sont majoritaires dans la masse des créances grecques, mais les institutions européennes et donc les Etats de la zone euro (1)Sur 320 milliards d’euros de dette publique grecque, 32 milliards sont détenus par le FMI, 141,8 milliards par le Fonds européen de stabilité financière (FESF) et donc par chaque Etat au prorata de son importance, 27,7 milliards par la BCE, 53 milliards par des États européens ayant accordé des prêts bilatéraux. . D’autre part, l’économie grecque est, selon le ministre grec des finances Yannis Varoufakis, « aux abois » car les échéances des remboursements des dettes sont proches (cet été pour la BCE). (suite…)

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 Sur 320 milliards d’euros de dette publique grecque, 32 milliards sont détenus par le FMI, 141,8 milliards par le Fonds européen de stabilité financière (FESF) et donc par chaque Etat au prorata de son importance, 27,7 milliards par la BCE, 53 milliards par des États européens ayant accordé des prêts bilatéraux.

Premiers enseignements de la victoire de Syriza en Grèce pour la situation francaise

Après la crise de 2007-2008 qui a envoyé une onde de choc sur le néolibéralisme mondial, la victoire des amis d’Alexis Tsipras est la première secousse importante pour l’ordolibéralisme européen. L’agenda européen est bouleversé. C’est un tournant historique puisque les deux forces néolibérales (droite et parti socialiste) qui ont gouverné la Grèce depuis 40 ans, ensemble ou séparées, sortent éliminées à court terme de la course au pouvoir.
Qui a gagné ? Une coalition de gauche anti-austérité demandant une relance économique, une relance des bas salaires, une lutte efficace contre le chômage, la restructuration forte de la dette.
Un nouveau rapport des forces est constitué qui permet au moins un espoir que ne permettaient pas les politiques néolibérales.
Le peuple grec a fait le constat que les politiques d’austérité augmentaient la dette, le chômage, la misère, la pauvreté.
Cette victoire ne règle pas la situation mais ouvre un processus bloqué par les néolibéraux de droite et de gauche. Il est à noter que comme les premières « aides » ont surtout permis le remboursement aux banques privées à but lucratif pour les actionnaires, aujourd’hui la grande majorité des créances grecques sont auprès des institutions européennes, ce qui va rendre le rapport de forces d’autant plus violent.

(suite…)