Tirer les enseignements politiques des attentats des 7, 8 et 9 janvier 2015

Ces attentats marqueront l’histoire du combat permanent pour la liberté d’expression, pour la liberté de conscience, pour la laïcité. Nous avons d’abord réagi par un texte paru d’abord dans l’Humanité puis dans ReSPUBLICA. L’émotion suscitée par ce carnage a produit le dimanche 11 janvier 2015 une des plus importantes mobilisations du peuple français. Mais cette réprobation populaire et salutaire n’épuise pas, loin s’en faut, la réflexion nécessaire pour engager une analyse concrète de la situation concrète, phase indispensable pour se poser les questions suivantes : « Que faire ? » et « Comment le faire ? ».
D’autant que si nous louons la mobilisation du 11 janvier 2015 car elle est d’abord une mobilisation populaire de première importance, nous ne pouvons pas nier qu’elle a été l’objet d’une vaste instrumentalisation politico-médiatique par ceux qui entretiennent un environnement propice à de tels actes. Oui, nous avons besoin de mener une analyse indépendante des forces sociales et politiques qui sont responsables de cette situation.
Nous souhaitons donc lancer un appel à une réflexion collective sur la base des points suivants qui sont tous soumis à la délibération démocratique de ceux qui voudront bien s’en saisir. (suite…)

La République sociale contre le terrorisme

Vendredi, 9 Janvier, 2015
L’Humanité
Par Bernard Teper, 
coanimateur du Réseau Éducation populaire, 
membre du comité de rédaction 
du journal ReSPUBLICA. 

L’horreur de cet attentat meurtrier, un véritable carnage, doit d’abord faire place à notre compassion envers toutes les victimes, tous les blessés, leurs familles et tous les proches : les dessinateurs, les journalistes, les chroniqueurs, les employés et les policiers. Ils sont tombés debout, et c’est la République qui était visée. Ils sont donc nos martyrs, nos héros. Ils sont tombés pour nous.

De Jaurès, directeur de l’Humanité il y a plus de 100 ans, à ce nouvel attentat odieux assassinant Charb, directeur de publication de Charlie Hebdo et plusieurs de ses journalistes – Cabu, Maris, Tignous, Wolinski, en passant par tous les autres journalistes assassinés –, nous voyons bien que c’est toujours la liberté d’expression, et à travers elle la liberté de conscience, qui est visée par les extrémistes fascistes de tous bords. Voilà pourquoi nous devons continuer à affirmer que la liberté d’expression, la liberté de conscience et la laïcité ne sont jamais négociables, et doivent demeurer le sanctuaire inviolable de toute démocratie et particulièrement la nôtre. Face à cet acte de guerre, nous n’avons pas d’autre choix que de nous battre en permanence toujours plus fermement pour que la liberté et son expression (textes, pamphlets, caricatures, photos, vidéos, etc.) demeurent des droits imprescriptibles et pour que ces droits soient respectés. (suite…)

Laïcité : des impasses crépusculaires aux lueurs de l’aube

Note de la Rédaction : Oui, chers amis lecteurs, ReSPUBLICA  fête ses 15 ans en ce début d’année 2015 et nos lecteurs réguliers connaissent les combats laïques que nous ne cessons de mener et relayer depuis le début du siècle ! Cette chronique reprend nos positions sur la question laïque, à la fois en termes de politique française et de géopolitique, pour nous armer non sur un combat partiel mais pour l’intégrer dans une optique de transformation sociale.
Nous ne pouvons ni ne souhaitons courir la totalité des lièvres laïques, mais nous tenions à faire figurer, au sommaire de ce numéro, un texte de Pierre  Hayat relatif  aux nouveaux programmes de l’Education nationale en matière d’« enseignement moral et civique », enjeux de la transmission républicaine, ainsi que celui de Catherine Kintzler, sur la salutaire nécessité de ne pas surévaluer le poids de la croyance dans la tête des citoyens.
Pour l’exception d’Alsace-Moselle,  nous vous signalons deux textes importants qui viennent d’être mis en ligne sur le site conjoint ReSPUBLICA/UFAL « Laïcité sans exceptions » : une lettre ouverte de Patrick Kessel  et l’audition de Michel Seelig à l’Observatoire de la laïcité. Quant à la récente effervescence sur les crèches de Noël, nous renvoyons à un article de notre ami Henri Pena-Ruiz.

Qu’ils sont tristes ces groupuscules laïques qui vivent leur combat laïque dépourvu de lien avec la « vraie vie » dans un entre-soi aussi douillet qu’inefficace ! Qu’ils sont tristes ces militants de gauche et d’extrême gauche qui vivent leur combat social et politique englués dans une laïcité d’imposture (laïcité plurielle, ouverte, positive, de reconnaissance, etc.) (1)Cette première dérive, qui existe dans une partie des gauches et de l’extrême gauche, est une véritable imposture au regard de la laïcité. Elle consiste à vouloir étendre aux sphères de l’autorité publique et de constitution des libertés (école, protection sociale, services publics) le régime de la société civile. Elle fait donc de l’opinion religieuse une norme en légitimant la communautarisation du corps politique. qui les coupe des couches populaires qui seules peuvent renverser la table !

Ah ! me direz-vous, vous ne parlez pas de la droite et de l’extrême droite ? Dois-je parler des escrocs ? Aujourd’hui, quand un citoyen de droite ou d’extrême droite parle de laïcité, c’est un escroc ! Demandez-lui s’il est prêt à se mobiliser demain matin à 8h 30 pour supprimer définitivement le financement public des écoles privées confessionnelles ! Pour la droite ou l’extrême droite, l’utilisation du mot laïcité n’est qu’un laïcisme, utilisé contre une seule religion, à savoir l’islam. C’est donc une dérive anti-laïque (2)Cette seconde dérive, propre à la droite et l’extrême droite, est en effet totalement contraire au principe de laïcité. Elle consiste à vouloir durcir l’espace civil en exigeant qu’il se soumette à l’abstention qui devrait régner dans les sphères de l’autorité publique et de constitution des libertés..
Voilà d’où vient la difficulté actuelle du combat laïque. Contrairement à la période antérieure au serment de Vincennes de 1961 durant laquelle le combat laïque se menait contre un seul adversaire, le cléricalisme catholique, le combat laïque actuel doit se battre contre trois adversaires : les cléricalismes religieux, avec comme chef d’orchestre le cléricalisme catholique, principalement de droite et d’extrême droite ; les adeptes de la laïcité d’imposture, que l’on trouve à gauche et à l’extrême gauche ; les adeptes du laïcisme, que l’on trouve à droite et à l’extrême droite.

(suite…)

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 Cette première dérive, qui existe dans une partie des gauches et de l’extrême gauche, est une véritable imposture au regard de la laïcité. Elle consiste à vouloir étendre aux sphères de l’autorité publique et de constitution des libertés (école, protection sociale, services publics) le régime de la société civile. Elle fait donc de l’opinion religieuse une norme en légitimant la communautarisation du corps politique.
2 Cette seconde dérive, propre à la droite et l’extrême droite, est en effet totalement contraire au principe de laïcité. Elle consiste à vouloir durcir l’espace civil en exigeant qu’il se soumette à l’abstention qui devrait régner dans les sphères de l’autorité publique et de constitution des libertés.

Bilan 2014 : Les gauches ont rompu avec les couches populaires, la droite et l’extrême-droite s’envoient en l’air

Toutes les gauches sont en implosion. Que décident-elles ? En dehors des amis de Jean-Luc Mélenchon, qui tentent de construire une organisation de type Podemos à la française avec le M6R (1)Voir http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/lere-du-peuple-selon-jean-luc-melenchon/7387455 , tous ont décidé de continuer les mêmes lignes et pratiques politiques perdantes. Pour elles, on ne change pas les équipes qui perdent ! Pire, elles sont persuadées que cette déroute de 2014 n’est due qu’à une mauvaise communication ou une mauvaise pédagogie et qu’en expliquant mieux, tout rentrera dans l’ordre. Les augures des élections de 2015 sont encore plus sombres ? aucune importance, au fond de l’impasse, le mur, alors on accélère pour aller vers un crash spectaculaire !
Jamais ne les effleure l’idée que la majorité des ouvriers et des employés (53 % de la population) a très bien compris et qu’elle a décidé, si les gauches ne changent pas de ligne et de pratique politiques, de ne plus voter pour elles et de s’abstenir ! Sans forcément le savoir, elle applique la célèbre formule d’Albert Einstein : On ne résout pas les problèmes avec le mode de pensée qui les a engendrés ! (suite…)

Quelle filiation politique pour penser l’alternative ?

Contrairement à ce qu’affirme le chant de l’Internationale, on ne fait jamais « table rase » du passé. D’abord parce que toutes les transformations culturelles, sociales et politiques s’appuient toujours sur un « déjà là » dans l’ancien monde. Puis, parce que l’évolution de la pensée politique s’effectue toujours par des abondements et des ruptures par rapport à des pensées précédentes.

Pour le premier point, la doctrine néo-libérale, qui s’est mise en ordre de bataille dans la période qui va de 1938 (Colloque Lippmann) à 1947 (Société du Mont-Pèlerin), n’a pas eu de mal à convaincre la bourgeoisie que ce que le prolétariat avait pu obtenir à travers la mise en œuvre du programme du CNR était un « déjà là » pour le socialisme et la démocratie sociale et que son mot d’ordre devait donc être la reprise des « acquis », notamment sociaux. À travers ses relais au sein de l’État, la bourgeoisie a donc engagé une bataille gigantesque sur tous les fronts de la lutte contre l’émancipation des travailleurs, notamment celui de la Sécurité sociale de 1945, pour la détruire petit à petit : 1967, 1983, 1987, 1993, 1995, 2002, 2003, 2004, 2007, 2009, 2014, etc. (1)Lire à ce sujet Les prédateurs de la santé, de Christophe Prudhomme, Catherine Jousse et Bernard Teper, chez 2ème Edition. Le prolétariat ayant perdu son hégémonie et les organisations de la gauche ayant soit trahi, soit jeté leur pensée marxiste en même temps que l’eau polluée du bain stalinien, les travailleurs n’ont pu résister efficacement. Nous reviendrons ultérieurement sur ce point. (suite…)

Notes de bas de page

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1 Lire à ce sujet Les prédateurs de la santé, de Christophe Prudhomme, Catherine Jousse et Bernard Teper, chez 2ème Edition.

Oui M. Taylor, la France est un pays communiste… mais qui a réussi !

Maurice Taylor, patron du fabricant américain de pneus TITAN, a cru jeter cette semaine un beau pavé dans la mare (1)« On ne peut pas acheter Goodyear à cause de vos lois », a déclaré Maurice Taylor, le PDG de Titan, au micro de France Bleu Picardie le 27 novembre dernier. « On doit reprendre au minimum 652 ou 672 ouvriers, c’est impossible ! Le maximum, c’est 333, parce qu’après, ce n’est plus rentable ! […] Les gars vous devez vous réveiller ! Dites aux syndicats s’ils sont si intelligents, qu’ils n’ont qu’à racheter l’usine ! La France est devenue un pays communiste, et quand vous tomberez aussi bas que la Russie, peut-être que vous aurez une chance de repartir. », en affectant de dire tout haut devant les gazettes ce que d’autres penseraient tout bas, ou n’oseraient même plus exprimer du tout. Et le même M. Taylor, de poser avantageusement à l’imprécateur satisfait et sûr de son fait, surfant sur un soi-disant tabou, l’impossibilité absolue de nos jours, de pouvoir seulement penser se réclamer d’une appartenance idéologique qu’il vomit.

Eh bien M. Taylor, chiche ! Votre propos de réac sûr de lui et dominateur, arrogant et donneur de leçons, nous le saisissons au bond. Et il ne nous fait pas peur, ni rentrer d’effroi la tête dans les épaules, de proclamer, si nous ne le faisions pas déjà, que nous sommes en effet atteints de ce mal absolu, effectivement et souvent inavoué, qu’est notre coupable penchant pour cet idéal respectable et ambitieux qui s’appelle le communisme. Avouons-le donc tout net, à la différence de nos dirigeants qui n’en finissent pas de louvoyer : nous relevons votre défi de paraître ce que nous sommes et de ne point nous en cacher.

(suite…)

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1 « On ne peut pas acheter Goodyear à cause de vos lois », a déclaré Maurice Taylor, le PDG de Titan, au micro de France Bleu Picardie le 27 novembre dernier. « On doit reprendre au minimum 652 ou 672 ouvriers, c’est impossible ! Le maximum, c’est 333, parce qu’après, ce n’est plus rentable ! […] Les gars vous devez vous réveiller ! Dites aux syndicats s’ils sont si intelligents, qu’ils n’ont qu’à racheter l’usine ! La France est devenue un pays communiste, et quand vous tomberez aussi bas que la Russie, peut-être que vous aurez une chance de repartir. »

Allocations familiales : décrypter et dépasser le débat binaire

Le gouvernement solférinien social-libéral vient de reprendre une idée du gouvernement de Lionel Jospin à savoir la modulation des allocations familiales. Tout le monde est alors sommé d’être pour ou contre cette mesure indépendamment du problème global. Et chaque journal y va de son sondage envers ses lecteurs : êtes-vous pour ou contre ? Il n’y aurait alors que deux camps : ceux qui sont, concernant cette mesure, pour le gouvernement et ceux qui sont contre. Ceux qui sont pour le gouvernement développent l’idée que cette mesure est une mesure juste puisqu’elle donne plus d’allocations familiales à ceux qui ont moins et moins à ceux qui ont plus (en fait, elle ne ferait que diminuer les allocations de ceux qui ont plus sans abonder ceux qui ont moins !). Ceux qui sont contre reprennent la position de la doctrine sociale de l’Eglise mise en orbite par la droite catholique et donc de fait par l’UNAF, l’UMP et le FN qui s’arqueboutent sur la catégorie « famille » sans répondre à la question sociale des inégalités grandissantes.

Voilà le décor planté avec, comme dans le cas des traités européens et de la zone euro, l’idée qu’il existe deux camps (le camp néolibéral UMP-PS-Église favorable aux traités européens et à la zone euro, et le camp Front national qui y serait hostile). Tous les autres sont sommés de rejoindre l’un ou l’autre camp, indépendamment des raisons qui fondent leurs convictions et du projet global dans lequel cette proposition s’insère. (suite…)

L’ère du peuple, selon Jean-Luc Mélenchon

Le désastre électoral de l’autre gauche aurait pu réveiller ses principaux dirigeants. Mais jusqu’à présent, il n’en a rien été. Jean-Luc Mélenchon est le premier à prétendre tirer les enseignements de cet échec. Il le fait dans un livre, L’ère du peuple (1)Livre paru en octobre 2014 chez Fayard, qui propose un changement de stratégie. Selon nous, l’ouvrage est l’occasion de débattre sans tarder sur le fond. (suite…)

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1 Livre paru en octobre 2014 chez Fayard

Comment les néolibéraux attaquent la sphère de constitution des libertés pour restaurer les profits

Si nous voulons comprendre ce titre pour ensuite appliquer la 11e thèse sur Feuerbach de Karl Marx « Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de différentes manières, mais ce qui importe, c’est de le transformer », il convient d’abord de comprendre la cause des actuelles politiques néolibérales pour ensuite voir le lien entre le processus d’émancipation d’une part et le développement de la sphère de constitution des libertés (école, protection sociale et services publics) et enfin détailler le rôle de la bataille pour l’hégémonie culturelle.

(suite…)

L’impensé de toutes les gauches : l’exclusion politique de la classe ouvrière et employée

L’histoire contemporaine est aussi l’histoire d’une inclusion de la classe ouvrière dans la vie politique : celle des partis communistes en général et du PCF en particulier.
Cette histoire a été marquée par l’élection d’une centaine d’ouvriers communistes à l’Assemblée nationale en 1946. Malheureusement, cette inclusion fut réalisée sous direction stalinienne avec donc les conséquences que nous connaissons aujourd’hui. Car pour nous, la critique et donc le combat contre le stalinisme furent nécessaires pour venir à bout de cette doctrine catastrophique. Mais les forces capitalistes et leurs alliées en ont profité pour entraîner les autres gauches à jeter le bébé avec l’eau du bain. Ces autres gauches en profitèrent pour, à la fois : combattre le stalinisme (ce qui nous paraît un combat juste) et engager l’exclusion de la classe ouvrière et employée de la vie politique (politique que nous condamnons).

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L’école aujourd’hui au service du néolibéralisme

Que de discours sur l’école repliés sur eux-mêmes comme si l’école se déployait indépendamment du système culturel économique et politique ambiant !  (1)En conclusion d’un rapport sur l’instruction primaire aux États-Unis, Ferdinand Buisson écrivait en son temps, que « l’école n’est pas une institution qui se puisse étudier à part et en soi comme un système de chemins de fer ou de télégraphes » !
Que de propositions de rustines pour enrayer tel ou tel mal de l’école ! Que de discours contre les politiques scolaires qui poursuivent les mêmes desseins que les politiques qu’ils contestent !
Comme d’habitude, insuffisance de l’analyse, confusion sur les causes et sur le rôle de l’école. Depuis trente ans, l’opposition RPR puis UMP versus PS est gangrenée par une pseudo opposition entre l’école néolibérale au service de l’employabilité défini par les patrons et le mouvement réformateur néolibéral de « gôche » qui est censé mettre l’enfant au centre de l’école.
Pour un citoyen de gauche, s’opposer à la première est simple car c’est le projet de la droite. Mais il est plus difficile de s’opposer à la seconde, car c’est la politique de la plupart des gauches y compris des pans entiers de l’Autre gauche.

La première politique revient à concevoir une école à plusieurs vitesses en fonction des besoins patronaux pour mieux exploiter les travailleurs. La deuxième est une école également à plusieurs vitesses mais basée sur un discours d’épanouissement de l’enfant, sur le communautarisme, le pédagogisme (2)Nous appelons pédagogisme, le refus de la liberté pédagogique des enseignants – au même titre que la liberté de prescription des médecins – au nom d’une pédagogie officielle décrétée par des « sciences de l’éducation » déconnectés des savoirs académiques. et la soumission aux forces de la société civile. (suite…)

Notes de bas de page

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1 En conclusion d’un rapport sur l’instruction primaire aux États-Unis, Ferdinand Buisson écrivait en son temps, que « l’école n’est pas une institution qui se puisse étudier à part et en soi comme un système de chemins de fer ou de télégraphes » !
2 Nous appelons pédagogisme, le refus de la liberté pédagogique des enseignants – au même titre que la liberté de prescription des médecins – au nom d’une pédagogie officielle décrétée par des « sciences de l’éducation » déconnectés des savoirs académiques.

Que faire ? Révolution ou révélation, il va falloir choisir !

« Ils ne cherchent pas une révolution, mais une révélation » disait Saul Alinsky, dans Rules for radicals, des militants qui veulent des changements rapides et spectaculaires via leur passion pour les grands leaders charismatiques, le romantisme révolutionnaire et les dogmes messianiques.
Bien sûr, pour ceux qui souhaitent la transformation culturelle, sociale et politique, il faut étudier sérieusement Condorcet et la Révolution française, Karl Marx, Friedrich Engels, la rupture sociale et politique du XIXe siècle, Jean Jaurès et la République sociale, Antonio Gramsci et la bataille pour l’hégémonie culturelle, Jean Moulin et le Conseil national de la Résistance. Mais, sans dresser de parallèles abusifs entre la situation des Etats-Unis à la fin des années 60 et celle d’ici et d’aujourd’hui, il faut aussi lire Saul Alinsky pour comprendre ce qu’il ne faut pas faire et ce que nous pouvons faire d’efficace. Et pour comprendre les possibilités ouvertes par une refondation de l’éducation populaire. (suite…)

Ils iront jusqu’au bout ! à moins que…

Voilà que le gouvernement Valls I lancé en grande fanfare ne tient pas plus de 147 jours. On peut prévoir que Valls II sera encore plus dur pour la classe populaire ouvrière et employée. Pourquoi ? Parce qu’ils iront jusqu’au bout pour défendre les intérêts de la classe dominante.

L’accélération, le durcissement, la diffusion dans tous les pores de la société des politiques néolibérales sont patents. Le 29 mai 2005, la France a dit non au Traité constitutionnel européen (TCE). Qu’à cela ne tienne, les néolibéraux l’ont quand même ratifié d’une manière illégitime par le Traité de Lisbonne, ersatz du TCE. Ils ont aggravé le recul de la démocratie. Le Traité pour la stabilité, la coopération et la gouvernance (TSCG), le Mécanisme européen de stabilité (MES), la poursuite des actes de décentralisation anti-démocratique avec l’Acte III, les projets de fédéralisation européenne anti-démocratique sont la réponse de l’oligarchie au choix populaire du 29 mai 2005.

Mais, aujourd’hui, c’est à l’échelle internationale que la politique néolibérale s’accélère. (suite…)

« Nous sommes au bord du gouffre, avançons donc avec résolution ! »

Cette formule, attribuée à Sully Prudhomme, serait-elle plus juste aujourd’hui que le « Tout va très bien, madame la Marquise, tout va très bien… » que nous entendions il y a encore quelques semaines ? Qu’en est-­il aujourd’hui, 70 ans après la signature des accords financiers de Bretton Woods ?
En fait, les néolibéraux mènent une excellente politique… pour l’oligarchie. A court terme, ils ont réussi à contrer la loi de baisse tendancielle du taux de profit. Mais pour combien de temps encore ?
Au deuxième trimestre, le PIB des première et troisième économies européennes (l’Allemagne et l’Italie) recule de 0,2 % et la seconde (la France) est en stagnation. Les politiques de dévaluation internes (baisse des salaires globaux due aux politiques d’austérité) nous mènent tout droit à la déflation. (suite…)

Assistons-nous à une poussée laïque ?

D’abord deux décisions judiciaires heureuses, qui n’étaient pas acquises, et devraient empêcher un certain nombre d’actions de déstabilisation communautaristes religieuses.

1/ Dans son arrêt de Grande Chambre du 1er juillet (voir CEDH communiqué S.A.S. c. France interdiction de porter une tenue dissimulant le visage), la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a jugé que l’interdiction de porter une tenue destinée à dissimuler son visage dans l’espace public en France, introduite par la loi du 11 octobre 2010, n’est pas contraire à la Convention européenne des droits de l’Homme. Elle note en particulier que  : « la question de l’acceptation ou non du port du voile intégral dans l’espace public relevant d’un choix de société, la France disposait d’une ample marge d’appréciation. Dans un tel cas de figure, la Cour se doit en effet de faire preuve de réserve dans l’exercice de son contrôle de conventionalité dès lors qu’il la conduit à évaluer un arbitrage effectué selon des modalités démocratiques au sein de la société en cause. […] L’interdiction contestée peut par conséquent passer pour proportionnée au but poursuivi, à savoir la préservation du « vivre ensemble ». » (suite…)

Oser rompre avec les impasses intellectuelles et politiques

Voir l’autre gauche progresser en Europe et régresser en France doit nous pousser à organiser le plus de lieux de débat possibles pour sortir renforcés de cette épreuve. Nécessité entre autre de rompre avec les séductions de ceux qui ne globalisent pas l’ensemble des éléments de la lutte politique.

Renouer avec la critique de l’économie politique

Dans les années 70, l’introduction surplombante et fascinante du calcul mathématique dans l’enseignement de l’économie fut le cheval de Troie du néo-libéralisme, lequel put, au nom de la « science économique », tenir un discours visant à exclure toute dimension politique dans le débat économique, tant pour les affaires publiques que privées. Ainsi, il suffisait de savoir « jouer » des inversions de matrice et un étudiant formé aux mathématiques pouvait entrer directement en second cycle de sciences économiques et obtenir dans la foulée un diplôme de 3e cycle d’économie. Aujourd’hui, ces mêmes étudiants, devenus universitaires reconnus défilent sur les plateaux de télévision ou dans les émissions de radio posés en « experts en économie », sans préciser qu’ils sont surtout conseillers financiers ou membres d’un CA d’une entreprise du CAC 40, comme le montre le film « Les nouveaux chiens de garde », excellent film d’éducation populaire – pour nous faire des prêches sur la seule politique possible, celle de leurs commanditaires. (suite…)

Aux 7 péchés capitaux de l’autre gauche française, opposons 7 pistes d’émancipation !

Piste n°1 – L’histoire nous a appris que les transformations sociales et politiques ont toujours été le fait d’alliances de classes, incluant celle qui est la plus exploitée, la plus dominée, la plus expropriée.
Aujourd’hui, rien ne peut être tenté sans la classe populaire ouvrière et employée, qui regroupe 53 % de la population. Les chroniques d’Evariste « Désastre des gauches en France » et
« Le vote ouvriers-employés, clé de la transformation sociale et politique » indiquent quel est le travail politique et culturel à réaliser sans lequel toute espérance sera suivie d’une désillusion.

Piste n°2 – Jean Jaurès, fondateur de l’Humanité, stipulait que toute action exige un lien dialectique au sein de la double besogne. D’un côté le plan d’action immédiat, de l’autre, le projet d’ensemble.
Le programme du Conseil national de la Résistance suit cette règle. L’autre gauche en Europe également, notamment au Portugal, en Espagne, en Grèce, avec un score global 2 à 5 fois plus important. (suite…)

Progression de l’autre gauche en Europe et régression du Front de gauche en France : pourquoi ?

Dans le dernier édito de Respublica intitulé  25 mai 2014 : désastre des gauches en France ! Que faire ?​, nous avons montré que le désastre des gauches touchait aussi le Front de gauche et plus généralement toute la gauche de la gauche française sans exception. Et pourtant, l’autre gauche progresse dans de nombreux pays européens (Portugal, Espagne, Grèce, etc.). Quelques pistes pour répondre à ce paradoxe.
En 2009, Syriza faisait 4,7 % des voix et le Front de gauche, plus de 6%. Puis les deux partis progressent. Le Front de gauche atteint plus de 11% à la présidentielle de 2012.
En 2014, Syriza est le premier parti de Grèce avec 26,57 % et le Front de gauche perd 5 %  avec un peu plus de 6%. Devant l’enthousiasme romantique des militants du Front de gauche persuadés que l’attelage du Front de gauche les amènera à la victoire, le désastre français était pourtant programmé.
D’un côté, Syriza axe toute sa campagne contre les politiques concrètes d’austérité. Pendant ce temps, la gauche de la gauche française privilégie le relativisme culturel, priorise  l’écosocialisme, et témoigne de confusion stratégique (alliée au PS en promouvant un discours de rupture). En quelques mots, Syriza se préoccupe de ceux qui souffrent quand la gauche de la gauche française a des préoccupations plus abstraites pour la classe populaire ouvrière et employée, majoritaire dans notre pays, laissant les confessions prendre une part prédominante dans le caritatif et l’associatif . (suite…)

25 mai 2014 : désastre des gauches en France ! Que faire ?​

ReSPUBLICA a déjà tiré plusieurs fois la sonnette d’alarme (1)Voir :
http://www.gaucherepublicaine.org/chronique-devariste/leuro-les-six-positions-en-presence/6863
http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/pourquoi-devons-nous-passer-dune-gauche-de-la-gauche-a-une-gauche-de-gauche/43586
http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/developper-le-fatalisme-du-chacun-pour-soi-ou-rassembler-pour-vaincre-enseignements-des-municipales/70479
http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/sortir-du-carcan-de-lunion-europeenne-et-la-zone-euro/81095
http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/europeennes-2014-forts-enjeux-multiplication-des-listes-et-eparpillement-des-gauches/81819
. Cette fois, il va vraiment falloir rompre avec la société du spectacle, avec les prééminences surplombantes (une idée et une seule qui permet le paradis), avec les pratiques politiques inefficaces, avec les manies et autres lubies des couches moyennes supérieures radicalisées, etc. Sur 100 électeurs, 56 n’ont pas voté, 11 ont voté FN, 9 UMP, 6 PS, 4,5 UDI, 4 EELV, 3 FdG !

Des raisons pour lesquelles les militants doivent se remettre en question

  • D’abord, l’abstention massive des couches populaires qui ont prioritairement un intérêt massif au changement : les moins de 35 ans se sont abstenus à 73 % , les chômeurs à 69 % , la classe populaire ouvrière et employée à 67 % , les personnes issues des foyers gagnant moins de 20.000 euros brut par an à plus de 70 % (2)Les chiffres utilisés dans cet article proviennent de Ipsos France..
  • La responsabilité de François Hollande et de la direction du PS est terrifiante : 58 % des électeurs de François Hollande se sont abstenus.

(suite…)

Européennes 2014 : forts enjeux, multiplication des listes et éparpillement des gauches

Est-ce une élection inutile ? Que nenni ! Les enjeux sont multiples et forts.
D’un côté, l’oligarchie capitaliste développe l’idéologie néolibérale traditionnelle, à savoir qu’il n’y a pas d’alternative à leur politique. Ce point de vue peut-être symbolisé par le propos de Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert Schuman : « [Les] difficultés économiques que causent les transformations du monde […] bousculent nos propres institutions, d’abord nationales, mais aussi européennes. Au point même qu’un « discours anti-mondialisation » peut être tenu sans crainte du ridicule par des responsables politiques dépassés par les événements. Bientôt nous verrons d’éminents hommes politiques créer un mouvement contre le mauvais temps, quelque chose d’inévitable mais qu’on peut aménager ! C’est d’ailleurs un scandale que la Commission européenne n’ait pas trouvé le moyen de nous garantir un droit légitime au soleil tous les jours ! » (1)http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20140505trib000828388/les-vrais-enjeux-des-elections-europeennes.html. Cette diatribe rappelle la « Pétition des fabricants de chandelles, bougies, lampes, chandeliers, réverbères, mouchettes, éteignoirs, et des producteurs de suif, huile, résine, alcool, et généralement de tout ce qui concerne l’éclairage », rédigée en 1845 par F. Bastiat, pape de l’ultra-libéralisme. À travers la complainte du marchand de suif contre la « compétition ruineuse d’un rival étranger », le soleil, Bastiat voulait dénoncer la montée des thèses protectionnistes.
(suite…)

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20140505trib000828388/les-vrais-enjeux-des-elections-europeennes.html. Cette diatribe rappelle la « Pétition des fabricants de chandelles, bougies, lampes, chandeliers, réverbères, mouchettes, éteignoirs, et des producteurs de suif, huile, résine, alcool, et généralement de tout ce qui concerne l’éclairage », rédigée en 1845 par F. Bastiat, pape de l’ultra-libéralisme. À travers la complainte du marchand de suif contre la « compétition ruineuse d’un rival étranger », le soleil, Bastiat voulait dénoncer la montée des thèses protectionnistes.