Sommet de l’UE : l’Allemagne n’a pas payé !

Comme prévu (cf. « L’Allemagne ne paiera pas … »), lors du sommet de ce 8 février sur le budget 2014-2020 de l’UE, Merkel, avec l’appui de Cameron, a imposé l’austérité budgétaire dans toute l’UE : le budget est réduit à 908 mds (en crédits de paiement), soit en baisse de 3,7 % par rapport au précédent, 2007-2013. Hollande peut bien faire valoir que c’est un « bon compromis », acceptable principalement parce qu’il préserve la PAC, les « keynésiens » ont perdu. On peut être atterrés du choix européen de généraliser l’austérité, mais les lois du capitalisme ne laissaient pas d’autre issue. En UE, la stimulation de la croissance n’est pas praticable, ni par la relance ni par la politique industrielle, telle du type Lisbonne 2000. (suite…)

Film : « Le grand retournement » de Gérard Mordillat

Quand la pièce de Frédéric Lordon, D’un retournement l’autre, est sortie en mai 2011, elle a eu le droit à un article dans le Monde diplomatique. France Culture lui a consacré une émission et une lecture. Depuis, elle a été mise en scène par Judith Bernard au Théâtre Galabru à Paris. Les commandos culturels du parti de Gauche l’ont jouée à plusieurs reprises dans le cadre d’assemblées citoyennes. A chaque fois, elle a été accueillie avec enthousiasme par les spectateurs. Mais force est de constater que son audience est restée limitée. (suite…)

Le lobby bancaire fait la loi face aux régulateurs : révision à la baisse de Bâle III

Le comité de Bâle, régulateur mondial des banques, avait décidé en 2010 de règles prudentielles dites Bâle III, pour renforcer la résistance des banques en cas de nouveau krach. Il vient d’assouplir lesdites mesures.
Comme vous le savez, quand les banques prêtent de l’argent, elles n’ont pas cet argent, elles le créent, par inscription en compte. Pour sécuriser la création monétaire, elles doivent donc répondre à des règles concernant les ratios de leur bilan, notamment le ratio de fonds propres qu’elles doivent garder en réserve par rapport aux prêts consentis.
Dans le projet Bâle III de 2010, les actifs « très liquides » retenus pour le calcul du ratio étaient essentiellement composés des obligations gouvernementales et des fonds déposés auprès des banques centrales. Aujourd’hui, les régulateurs du comité de Bâle ont élargi la prise en compte des fonds pertinents à certaines actions, aux obligations d’entreprises notées au-delà de BBB- et à des titres adossés à des crédits hypothécaires résidentiels très bien notés. (suite…)

Le principe d’égalité devant l’impôt… inégalement mobilisé

Le Conseil constitutionnel a censuré la taxation exceptionnelle à 75 % de la part des revenus excédant un million d’euros, en invoquant la rupture d’égalité devant l’impôt. Cette taxation devait s’appliquer sur les revenus d’activité des personnes physiques et non des foyers fiscaux. De ce fait, pour un même revenu global, un…

Rien contre le chômage, le Medef a bloqué toute avancée pour les salariés dans cet accord signé par une minorité syndicale

L’encensement de ces « accords de Wagram » (il s’est tenu au siège du patronat) par les médias ne durera pas. Le temps de les lire et on est effaré.
Parce que ce sont des accords régressifs, signés par une minorité de syndicalistes et ils ne feront pas un seul chômeur en moins. Du point de vue de l’inversion de la courbe du chômage en 2013, ils sont hors sujet.
Il n’y a pas une seule avancée… sauf pour le patronat. C’est un « accord AXA ». 4 milliards pour les assurances… en 2016. Et même pour les contrats courts, le patronat se met un différentiel de 45 millions dans la poche. (suite…)

A qui profite le crime ?

Tenez-vous bien et ouvrez les yeux ! La Commission européenne vient de publier son dernier document sur les aides d’État, le Tableau de bord des aides d'État portant sur l'année 2011. Et là, nous sommes dans le grandiose. Les aides d’État non liées à la crise s'élèvent à 64, 3…

Sur la valeur et son partage

Que le gouvernement soit de droite ou de gauche (pas de gauche), il suit depuis des années une logique globale qui vise à soutenir la compétitivité des entreprises en réduisant le coût salarial, c’est-à-dire, comme communément discuté, en réduisant la part du salaire dans le partage de la valeur ajoutée, ce qui tend à restaurer la profitabilité du capital. Keynes l’avait regretté, qui expliquait que tout pays qui a des difficultés peut certes s’en sortir en baissant les salaires, mais que c’est une solution de courte vue si tous font de même. Cette erreur des gérants du capital, Marx avait en avait donné la rationalité : devant la baisse tendancielle du taux de profit, vient inéluctablement le moment où les palliatifs deviennent inopérants et où il faut en venir à la dernière étape avant l’ultime, la dévalorisation brutale du capital, par une grande crise, généralement conclue par la guerre.
(suite…)

Impossible pour la zone euro et l’Union européenne de s’entendre !

Alors que le budget 2013 de l’Union est infime (138 milliards d’euros, soit 1,26 % du PIB européen), rien ne va plus ! Les désaccords font la une des journaux. Il n’y a même pas eu d’accord sur de grands travaux européens qui auraient pu être une petite bouffée d’oxygène à court terme. Soyons clairs cependant, cette bouffée d’oxygène n’aurait été que de courte durée vu qu’en période de crise intense due à la crise de profitabilité du capital, ces nouveaux débouchés ne seraient acquis qu’au prix d’un endettement encore plus grand et donc inacceptable pour l’oligarchie capitaliste. (suite…)

Grèce : un crime se commet sous nos yeux

Nous publions cet article car il montre bien comment la gestion criminelle de la crise de l’euro enclenche le mécanisme de désintégration de la zone. Et il faut répéter ce fait autant de fois que nécessaire. À elle seule, cette idée mérite la publication de l’article dans Respublica.
Cependant, nous ne partageons pas l’autre idée de Jacques Sapir selon laquelle contre ce crime,  » nos gouvernants avaient – et ont toujours – les moyens de l’éviter « . Nous pensons au contraire de Jacques Sapir que la nature même des rapports capitalistes internationaux rend aujourd’hui impossible une sortie raisonnée de la crise. Il faut se faire à l’idée que, comme Keynes l’a expérimenté dans les années 30, notamment, les lois du capital sont plus fortes que la raison. La sortie d’une « grande crise » comme celle que nous vivons est toujours passée par un crime contre les peuples, guerre ou équivalent, jamais par une réorientation du système capitaliste. NDLR (suite…)

Après le choc démographique et le choc de compétitivité, à quand le prochain choc ordolibéral ?

Le système ordolibéral (variante européenne du néolibéralisme) est en crise profonde. Chaque rustine mise en place (voir les dernières mesures telles l’accord sur les dépassements d’honoraires ou la politique du « choc de compétitivité ») renforce la crise elle-même en précipitant notre pays vers la récession et l’austérité sans fin. Seule l’oligarchie voit ses intérêts défendus par ces politiques anti-sociales et austéritaires. (suite…)

Compétitivité et austérité : problème du faible ou problème du système ? (2e partie)

La première partie discutait l’argumentation d’une France trop chère. Est-ce vraiment le problème ? 2. … Non, simplement celui du système capitaliste Deux types de considérations, d’inspiration néo-keynésienne, permettent de contester l’inéluctabilité d’une austérité salariale généralisée et d’imaginer une gestion alternative des déséquilibres, soit par la coordination des politiques. D’une part,…

Compétitivité et austérité : problème du faible ou problème du système ? (1ère partie)

Quand à la fin des années soixante, la crise du mode de production capitaliste a mis fin aux « trente glorieuses », les dirigeants ont tenté de stopper la montée concomitante de l’inflation et du chômage par des dévaluations à répétition. Ils ont ainsi enclenché une spirale explosive contre laquelle les européens ont lancé l’institution de l’euro comme monnaie unique de l’UE. Ce parachèvement de la construction européenne devait faire converger les économies de la zone en imposant aux « retardataires » des réformes structurelles qui les mettraient à niveau et permettrait de retirer tous les gains de l’harmonie du marché. (suite…)

Non à l’austérité permanente Refusons le Pacte budgétaire, ouvrons le débat en Europe !

Le président de la République veut faire ratifier au plus vite par le Parlement le Traité pour la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) de la zone euro, plus connu sous l’intitulé de « Pacte budgétaire », tel qu’il a été signé par Nicolas Sarkozy le 25 mars dernier. Pourtant, les faibles mesures « de croissance » annoncées le 29 mai dernier ne constituent en rien la « renégociation » promise par le candidat François Hollande d’un traité qui « ajoute l’austérité à l’austérité ». (suite…)

Sur la nature du taux de l’intérêt

Le taux de l’intérêt est problématique depuis que l’argent est apparu dans la société humaine, tant il semble opposer l’intérêt individuel et le bien commun. Le concernant, les doctrines ont précédé les théories, la théorie dominante à une époque n’étant en réalité que légitimation des idées qui gouvernent la marche de la société de ce moment, idées elles-mêmes déterminées par les besoins de la reproduction sociale. (suite…)

L’Allemagne ne paiera pas – 2 : L’impossible sortie de crise dans le cadre de l’euro de Maastricht

Voir la première partie de cette analyse.

L’échec constant des plans de sauvetage issus de la litanie de « sommet de la dernière chance » a fini par faire admettre jusqu’aux européistes les plus libéraux qu’il fallait sortir du cadre institutionnel actuel. Mais faute de bon diagnostic sur la nature de la crise, leurs propositions de changements sont tout aussi illusoires. (suite…)

Dans quelle crise sommes-nous ? (4)

Voir les trois précédentes contributions sur la crise de Philippe Hervé, publiées depuis 2009.

« La crise c’est quand le vieux se meurt
et que le jeune hésite à naître
», Antonio Gramsci

Un anniversaire qui fait événement : la crise globale du « turbo capitalisme » a débuté il y a cinq ans déjà. Le fait est que la crise des « subprimes » de l’été 2007 n’était effectivement pas la énième crise d’adaptation du capitalisme financier mais, au contraire, comme nous l’annoncions à l’époque les prémisses d’un « grand basculement » définitif de tout un mode de production. Il s’agit en fait de la limite extrême du capitalisme financier que nous nommions « turbo-capitalisme ».

Force est de constater que notre hypothèse de 2008-2009 de la formation d’un « pli historique », comparable en importance à celui du XVIe siècle, commence à devenir un concept opératoire pour analyser et comprendre notre quotidien (voir Dans quelle crise sommes nous ? N°1). Cette prise de position théorique explique notre opposition à l’analogie courante entre le « grand basculement de 2007 » et la crise d’adaptation de 1929. Elle a pour corollaire notre certitude dans l’inefficacité implacable des politiques keynésiennes pour sortir de l’ornière, mais aussi des politiques déflationnistes mises en place par la gouvernance européenne aux ordres des banques.

Masquer la baisse globale des taux de profits

Comparaison n’est pas raison… mais tout de même ! A l’instar du  XVIe siècle, la formation d’un pli historique débute toujours par une crise comptable. En quelque sorte, on ne sait plus compter à l’instar de l’empire de Charles Quint et de Philippe II ne comprenant pas l’hyper inflation due à l’introduction de l’or et surtout de l’argent du nouveau monde. Les intellectuels critiques ont toujours eu beaucoup de difficultés à aborder le sujet comptable et en particulier sur les comptabilités des firmes multinationales, sans parler des comptes publics des États. Il faut dire que tout a été fait, particulièrement ce dernier quart de siècle, pour rendre totalement opaques ces bilans financiers. Dans ce dispositif, les « paradis fiscaux » jouent un rôle central pour, selon notre hypothèse à l’inverse de celle communément admise, masquer la baisse globale des taux de profits et créer l’illusion d’un taux de rentabilité fictif autour de 15% de ces sortes de grands « Combinats » financiers par un système de facturation fictive. C’est l’éclatement de cette gigantesque bulle à laquelle nous assistons depuis cinq ans.

Toutefois, avant de revenir sur ce point et en particulier sur l’évaporation du « Capital Fantôme » dans l’année qui vient, revenons sur nos « prédictions » de juin 2011 (voir Dans quelle crise sommes nous ? N°3).

L’année dernière, nous écrivions : « Pour juin 2011- juin 2012, les maîtres mots seront : crise monétaire globale, dislocation politique et tentative de survie à tout prix du monopolisme. » Par ailleurs, nous estimions que dans le conflit Euros/Dollars, la devise américaine avait un avantage stratégique et l’Euro, que nous avions qualifié de « monnaie fantaisie », risquait de perdre la partie.

L’hégémonie monétaire mondiale du dollar

Effectivement, nous avions raison contre la plupart des conjoncturistes qui jugeaient l’endettement américain insupportable, mais en négligeant comme d’habitude le fondement politique du « roi dollar », c’est-à-dire l’hégémonie monétaire mondiale dont il bénéficie. Tant que les cours des principales ressources naturelles et industrielles seront fixés dans cette devise, il en sera ainsi. Pour modifier cet état de fait, il faudrait un rapport de forces économique mais aussi politique et militaire que l’Europe en pleine récession est bien incapable d’assurer. Reste la monnaie chinoise, mais son heure n’est pas encore venue. Visiblement, la direction du parti communiste chinois préfère attendre assez logiquement le bon moment et intervenir après le choc financier majeur qui nous attend … plutôt qu’avant. Elle se contente pour l’instant de renforcer ses réserves en or pendant que son cours reste raisonnable du fait des manipulations qu’il subit pour entretenir en miroir l’illusion d’une valeur réelle dans les papiers monnaies Euros ou Dollars.

Deuxième phase de l’éclatement de la monstrueuse bulle du « Capital Fantôme »

Venons-en aux perspectives possibles pour la période juin 2012- juin 2013. Pour nous, elle sera donc marquée par une deuxième phase de l’éclatement de la monstrueuse bulle du « Capital Fantôme » élément central de la crise de la dette. Cet éclatement aura pour conséquence la tentative bancaire d’une déflation profonde, impliquant une dévalorisation globale des actifs. Cette option entraînera ipso facto une rupture de l’alliance de classe entre l’hyper bourgeoisie et la bourgeoisie classique qui subsistait vaille que vaille depuis 5 ans. C’est là que réside le talon d’Achille de cette tentative déflationniste.

Pour entrer dans les détails de ce postulat de l’année à venir, il nous faut définir ce que nous entendons par « Capital Fantôme ». Pour faire simple : il s’agit de la création d’une valeur fictive d’un actif servant de contrevaleur de garantie pour l’obtention d’un prêt. Il s’agit en fait d’une escroquerie classique qui permet une cavalerie financière, mais étendue à l’ensemble de la planète financière. Les « subprimes » étaient déjà bâtis sur ce principe frauduleux de la surestimation des actifs. Il faut bien comprendre que cette supercherie est généralisée à tous les marchés, immobilier, valeurs d’entreprises, valeurs d’options etc.

La valeur d’un château de la Loire

Prenons un exemple pour rendre compréhensible ce mécanisme. Imaginons que nous soyons un hedge fund, un fond d’investissement en français, et que nous achetions pour un million d’euros un château en ruine sur les bords de la Loire. Posons comme hypothèse que nous le restaurions pour 2 millions d’euros et que nous l’aménagions pour en faire un hôtel de luxe pour 2 autres millions d’euros. Le coût total de l’opération s’élèverait arithmétiquement à 5 millions d’euros. À ce stade, imaginons que nous fassions appel à un cabinet d’expertise, soi disant totalement indépendant mais en fait totalement corrompu, pour estimer ce nouveau bijou des châteaux de la Loire. Cet expert considérerait que la valeur de ce joyau est sinon inestimable, ou tout simplement considérable, du fait de son emplacement, du classement au patrimoine de l’Unesco de la vallée de la Loire, bref, pour de très bonnes ou mauvaises raisons. Au final, la valeur estimée pourrait atteindre par exemple… 100 millions d’euros ! Dans un second temps, nous utiliserions cet actif révélé par l’expertise à sa « vraie valeur de marché » pour emprunter aux banques. Dans certains cas, nous pourrions nous endetter à hauteur de 1, voire 2 milliards d’euros, suivant un pourcentage de contre valeurs de 10 ou 5%. Il serait vraisemblable que les échéances soient importantes du fait d’un taux d’intérêt élevé, dû en particulier à l’obligation pour la banque prêteuse d’obtenir l’assurance d’être payée en cas de défaut de l’emprunteur, les trop fameux CDS (credit default swap)…mais qu’importe puisque nous disposons d’une trésorerie énorme pour rembourser…. Pendant un certains temps, comme aurait dit Madoff, et cela jusqu’à épuisement de la trésorerie. Notons au passage que tous les individus intervenant dans cette affaire se payent grassement par commissions ou rétro commissions, officielles ou occultes.

Le monopolisme payé par un endettement monstrueux

Voilà un exemple pédagogique pour illustrer cette crise de la dette au niveau du monde financier international car cette escroquerie n’est pas accessible aux simples citoyens, voire aux petites ou moyennes entreprises. Elle n’est envisageable que pour les personnes morales, celles qui depuis un quart de siècle ont un accès libre et sans limite aux crédits bancaires suivant ces conditions fort laxistes car garantis et assurés par des actifs artificiellement « gonflés à bloc » ! C’est d’ailleurs ce système, simple finalement, qui a permis le renforcement du monopolisme dans la dernière période. Bref, par l’achat des concurrents sur le marché en question, par le dumping impliquant des ventes à perte, le monopolisme fut payé par un endettement monstrueux impossible à rembourser…donc avec de la monnaie de singe.

Patatras, 2007 a sonné la fin de la récréation et la crise de la dette implique progressivement une exigibilité des contre valeurs sur lesquelles les emprunts s’appuyaient. Bien sûr, le « pot aux roses » apparaît, et dans notre exemple pour 2 milliards, la vraie garantie ne s’élève qu’à 5 millions, soit 2,5% !

Le « Fantôme » assuré par « l’Ombre »…

Certains experts estiment que ce « Capital Fantôme » sur la planète finance à 30 000 ou 50 000 milliards de dollars. 15 000 milliards se seraient déjà évaporés depuis 2007, restent donc encore entre 15 et 35 mille milliards à éponger avec nos modestes ressources citoyennes, c’est-à-dire la réduction des retraites, des remboursements santé, des services publics. Bon courage à tous ! Le problème est d’une gravité infinie car, comme nous l’avons vu dans notre exemple pédagogique, le « Capital Fantôme » est assuré par les CDS ! En bref, cette illusion de valeur est garantie par le fleuron du « Marché gris », « shadows banking » en anglais. En quelque sorte, le « Fantôme » assuré par « l’Ombre »…Cette vision presque poétique est en réalité l’engeance qui nous gouverne.

Il est prévisible que cette deuxième vague de liquidation du « Capital Fantôme » soit volontairement masquée par la crise immobilière, liée à la dépréciation des actifs dans ce secteur. On va nous expliquer benoîtement que les banques sont victimes de la baisse de la « Pierre » en Europe. Mais les chiffres incroyables que l’on va nous jeter au visage seront en fait le cumul de la dépréciation immobilière ET de l’évaporation du « Capital Fantôme ». Voilà l’explication à l’injection des 1 400 milliards d’euros de la Banque centrale européenne entre juin 2011 et aujourd’hui (300 de crédit pour les banques à court terme avec renouvellement automatique à l’automne 2011, deux prêts à 3 ans de 500, et 100 de recapitalisation bancaire directe). Nous en sommes à un tel point qu’aujourd’hui l’injection de 100 milliards de Livres (124 milliards d’euros) par la Banque d’Angleterre début juin pour soutenir le système bancaire fait partie de la routine, et n’a provoqué aucun gros titre d’un journal.

Le dégonflement de la bulle du « Capital Fantôme »

Pour éviter encore un peu cette apparition à la lumière du « Capital Fantôme », qui provoquerait du jour au lendemain la banqueroute totale du système bancaire mondial, la seule solution est déflationniste, avec une baisse générale et progressive de l’ensemble des actifs qui convergeraient et accompagneraient le dégonflement de la bulle du « Capital Fantôme ». Ce projet bancaire, à nos yeux très hypothétique et presque utopique, aurait le mérite de préserver les créances bancaires en évitant l’hyper inflation qui bénéficierait aux emprunteurs à taux fixe et ruinerait encore plus les banques. En effet, la déflation maintiendrait artificiellement un rapport constant entre la valeur faciale de la  monnaie émise  et les biens physiques patrimoniaux orientés à la baisse, et cela malgré le déluge de liquidité monétaire dont bénéficient sans limite les banques. Les politiciens européens relaient donc cette politique déflationniste massive, en particulier dans la zone euro.

Toutefois, cette voie nous semble sans issue et les chances de stabilisation déflationniste nous paraissent minces, cela principalement pour une raison politique. En imposant la baisse générale des actifs, l’hyper bourgeoisie rompt définitivement l’alliance de classe qu’elle avait nouée avec le moyenne et petite bourgeoisie des pays occidentaux. Tant qu’il s’agissait de faire payer la crise aux couches pauvres et à la classe moyenne inférieure, les bourgeois n’y voyaient rien à redire, au contraire. Mais, pour la première fois depuis 2007, les possédants risquent de s’appauvrir en termes réels, alors que l’hyper inflation au final aurait pour eux un effet neutre voire positif dans certains cas pour leurs intérêts patrimoniaux (actifs souvent investis dans la pierre ou l’or, etc.).

Le mauvais exemple grec

Voilà ce qui risque d’être le point nodal de la conjoncture politique en Europe : la rupture de la solidarité du couple « hyper bourgeoisie-bourgeoisie classique ». Cette tension aura pour expression concrète dans l’année qui vient des « clashs » politiques multiples et violents en Europe, impliquant certainement des ruptures de gouvernance. Si la tension politique grecque en est sans doute la première expression visible, l’Italie devrait suivre. Notons un détail sur la situation grecque : l’Europe fera tout pour garder ce pays dans la zone euro car son départ pourrait être exemplaire !…mais pas pour la raison généralement donnée. En effet, le retour à un drachme dévalué serait certes très douloureux dans un premier temps mais provoquerait immédiatement un appel d’air pour les liquidités du monde entier, Chine ou Brésil compris. Ce qui en quelques mois, voire une année, permettrait un rebond à l’instar de l’Argentine il y a une douzaine d’année ou de l’Islande plus récemment. Ce « mauvais exemple » serait suivi, n’en doutons pas, par d’autre pays du même gabarit et dans la même galère de l’austérité éternelle comme le Portugal ou l’Irlande. Il est donc évident que l’Europe se montrera des plus conciliantes avec le nouveau premier ministre grec à la tête de la coalition de la droite et de la social-démocratie.

Pronostic pour l’année à venir

Pour résumer notre pronostic, nous devrions assister entre juin 2012 et juin 2013 au paroxysme de la crise avec l’éclatement de la bulle du « Capital Fantôme » et l’échec programmé de la déflation européenne qui devrait entraîner l’éclatement de la zone euro, et tout cas dans sa forme actuelle. Espérons que cette prédiction se réalise car, si dramatique soit-elle, c’est la condition sine qua non pour qu’enfin l’horizon se dégage et que nous puissions en juin 2013 entrevoir les prémisses du « nouveau monde en réseau ».

(suite…)

Crise de l’euro et lutte de classe

Comme nous l’avons dit à plusieurs reprises, l’introduction de l’euro lors du traité de Maastricht en 1992, réalisée volontairement entre des économies divergentes d’une part et trop inégalitaires d’autre part et sans aucun transfert budgétaire pour compenser la croissance des inégalités économiques, était la pire des choses. L’euro dans ces conditions a été un terrain de jeu pour la finance internationale, pour l’enrichissement de la bourgeoisie internationale au détriment des peuples, c’est-à-dire des couches populaires et des couches moyennes intermédiaires, appelées à chaque accentuation de la crise à éponger les dégâts causés par la bourgeoisie internationale dans la spéculation la plus débridée possible. (suite…)