Premiers enseignements de la victoire de Syriza en Grèce pour la situation francaise

Après la crise de 2007-2008 qui a envoyé une onde de choc sur le néolibéralisme mondial, la victoire des amis d’Alexis Tsipras est la première secousse importante pour l’ordolibéralisme européen. L’agenda européen est bouleversé. C’est un tournant historique puisque les deux forces néolibérales (droite et parti socialiste) qui ont gouverné la Grèce depuis 40 ans, ensemble ou séparées, sortent éliminées à court terme de la course au pouvoir.
Qui a gagné ? Une coalition de gauche anti-austérité demandant une relance économique, une relance des bas salaires, une lutte efficace contre le chômage, la restructuration forte de la dette.
Un nouveau rapport des forces est constitué qui permet au moins un espoir que ne permettaient pas les politiques néolibérales.
Le peuple grec a fait le constat que les politiques d’austérité augmentaient la dette, le chômage, la misère, la pauvreté.
Cette victoire ne règle pas la situation mais ouvre un processus bloqué par les néolibéraux de droite et de gauche. Il est à noter que comme les premières « aides » ont surtout permis le remboursement aux banques privées à but lucratif pour les actionnaires, aujourd’hui la grande majorité des créances grecques sont auprès des institutions européennes, ce qui va rendre le rapport de forces d’autant plus violent.

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La privatisation de l’école aux États-Unis : une attaque contre la classe ouvrière

Paru dans Lutte de Classe n° 133, février 2011 (traduction de larges extraits d’un article de Class Struggle,  trimestriel édité par Spark). Aux États-Unis, l’école publique est en butte à des attaques accompagnées d’une débauche de propagande. Fin septembre [2010], un documentaire sur le système scolaire américain intitulé En attendant…

Un parcours en Cisjordanie 2/2 - Jénine, Naplouse, Jéricho. Et le film "The Lab"

Suite d'un premier article : De Amman à Hébron via Jérusalem Nous irons à Jénine une journée. Je retrouve avec difficulté une association culturelle visitée voici 5 ans. Trois femmes nous accueillent. Café. La femme rencontrée en 2009 est repartie en France. Le lendemain c'est un aller-retour à Tulkarem. Islam…

Soutenons le droit du peuple grec à prendre en main son destin

NDLR - ReSPUBLICA est parmi les signataires de ce texte. Un meeting parisien est prévu dans les prochains jours (à suivre sur www.syriza-fr.org) Nous, organisations politiques et syndicales, associations citoyennes françaises, souhaitons alerter l’opinion publique au sujet de la situation politique et sociale en Grèce aujourd’hui. Nous sommes unis par…

Leçon de stratégie politique à l’usage de ceux qui veulent changer le monde

Je sais pertinemment que la clé pour comprendre l'histoire des cinq siècles passés est l'émergence de catégories sociales spécifiques, appelées “classes”. Laissez-moi vous raconter une anecdote. Quand le mouvement des Indignés a commencé, sur la place de la Puerta del Sol, des étudiants de mon département, le département de sciences…

Non aux APE (Accords de Partenariat = Arrangements pour la Pauvreté Economique) !

Note de la Rédaction : Les impérialismes, n'arrivant plus à manœuvrer l'Organisation mondiale du commerce (OMC), ont prévu de contourner l'OMC en tentant des accords bilatéraux et régionaux. D'où la tentative de signature du Partenariat transatlantique pour le commerce et l'investissement (PtaCI, TAFTA en anglais) entre l'Union européenne et les Etats-Unis,…

Oui M. Taylor, la France est un pays communiste… mais qui a réussi !

Maurice Taylor, patron du fabricant américain de pneus TITAN, a cru jeter cette semaine un beau pavé dans la mare (1)« On ne peut pas acheter Goodyear à cause de vos lois », a déclaré Maurice Taylor, le PDG de Titan, au micro de France Bleu Picardie le 27 novembre dernier. « On doit reprendre au minimum 652 ou 672 ouvriers, c’est impossible ! Le maximum, c’est 333, parce qu’après, ce n’est plus rentable ! […] Les gars vous devez vous réveiller ! Dites aux syndicats s’ils sont si intelligents, qu’ils n’ont qu’à racheter l’usine ! La France est devenue un pays communiste, et quand vous tomberez aussi bas que la Russie, peut-être que vous aurez une chance de repartir. », en affectant de dire tout haut devant les gazettes ce que d’autres penseraient tout bas, ou n’oseraient même plus exprimer du tout. Et le même M. Taylor, de poser avantageusement à l’imprécateur satisfait et sûr de son fait, surfant sur un soi-disant tabou, l’impossibilité absolue de nos jours, de pouvoir seulement penser se réclamer d’une appartenance idéologique qu’il vomit.

Eh bien M. Taylor, chiche ! Votre propos de réac sûr de lui et dominateur, arrogant et donneur de leçons, nous le saisissons au bond. Et il ne nous fait pas peur, ni rentrer d’effroi la tête dans les épaules, de proclamer, si nous ne le faisions pas déjà, que nous sommes en effet atteints de ce mal absolu, effectivement et souvent inavoué, qu’est notre coupable penchant pour cet idéal respectable et ambitieux qui s’appelle le communisme. Avouons-le donc tout net, à la différence de nos dirigeants qui n’en finissent pas de louvoyer : nous relevons votre défi de paraître ce que nous sommes et de ne point nous en cacher.

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Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 « On ne peut pas acheter Goodyear à cause de vos lois », a déclaré Maurice Taylor, le PDG de Titan, au micro de France Bleu Picardie le 27 novembre dernier. « On doit reprendre au minimum 652 ou 672 ouvriers, c’est impossible ! Le maximum, c’est 333, parce qu’après, ce n’est plus rentable ! […] Les gars vous devez vous réveiller ! Dites aux syndicats s’ils sont si intelligents, qu’ils n’ont qu’à racheter l’usine ! La France est devenue un pays communiste, et quand vous tomberez aussi bas que la Russie, peut-être que vous aurez une chance de repartir. »

Commentaire de la Rédaction sur l’entretien avec Emmanuel Todd

Voici un rare exemple de vision géopolitique non atlantiste, à l'encontre de celle qui a colonisé la quasi-totalité des médias. Todd dit ce qui apparaît à tout observateur doté de lunettes neutres, mais il ne va pas au fond des choses, ce que résume le paragraphe de la phrase «…

Les libéraux occidentaux doivent applaudir les Russes

Entretien dans Rossiïskaïa gazeta. Le monde occidental est parti en guerre contre la Russie, l'accusant de tous les péchés capitaux et de mauvaises intentions. Qu'en pensez-vous? Emmanuel Todd: Avant les événements ukrainiens déjà, j'avais attiré l'attention sur cette tendance antirusse, manifestement planifiée, dans les médias occidentaux. Les premières attaques régulières…

CETA : la dinde va-t-elle préparer le repas de Noël ?

La presse annonce, plutôt discrètement, le bouclage de la négociation UE-Canada du CETA (Comprehensive Economic and Trade Agreement, en français AECG : Accord économique et commercial global), négocié par le Canada et l’Union européenne, mais la ratification n’en est pas certaine, notamment car les autorités allemandes sont réticentes ((Cf, par exemple,…

« Nous sommes au bord du gouffre, avançons donc avec résolution ! »

Cette formule, attribuée à Sully Prudhomme, serait-elle plus juste aujourd’hui que le « Tout va très bien, madame la Marquise, tout va très bien… » que nous entendions il y a encore quelques semaines ? Qu’en est-­il aujourd’hui, 70 ans après la signature des accords financiers de Bretton Woods ?
En fait, les néolibéraux mènent une excellente politique… pour l’oligarchie. A court terme, ils ont réussi à contrer la loi de baisse tendancielle du taux de profit. Mais pour combien de temps encore ?
Au deuxième trimestre, le PIB des première et troisième économies européennes (l’Allemagne et l’Italie) recule de 0,2 % et la seconde (la France) est en stagnation. Les politiques de dévaluation internes (baisse des salaires globaux due aux politiques d’austérité) nous mènent tout droit à la déflation. (suite…)

Le fiasco de l’opération « chefs de file » au Parlement européen

Lors de la campagne des élections au Parlement européen de mai dernier, on nous avait promis un pas décisif vers la résorption du « déficit démocratique » qui — chacun en convient — caractérise l’architecture et le fonctionnement des institutions communautaires. Le remède miracle était le suivant : chaque formation…

Garder la tête froide pour comprendre et agir face aux événements du Proche-Orient

Alors qu'en France, les forces néolibérales soutiennent inconditionnellement et scandaleusement le gouvernement d'extrême droite d'Israël, nous voyons ici et là, y compris au sein de l'extrême gauche, des positions de type islamo-gauchiste conduisant à penser que tous les ennemis de l’État d'Israël sont des amis. Ces deux positionnements, qui se…

L’hyperpuissance états-unienne minée par ses contradictions

Nous avons connu les États-Unis plus conséquents : arrivée victorieuse pour la première guerre mondiale, débarquement pendant la Deuxième guerre mondiale en Afrique du Nord et en Normandie dans la stratégie du double front avec l'Union soviétique contre le nazisme, plan Marshall, etc. Après la guerre du Vietnam, les évolutions…

Dans quelle crise sommes-nous ? n° 6

« La crise c’est quand le vieux se meurt et que le jeune hésite à naître. »
Antonio Gramsci

En cette septième année de crise depuis l’éclatement du système financier en 2007-2008, le paysage commence à prendre forme. Dans les articles précédents (« Dans quelle crise sommes nous ? » n°s 1, 2, 3, 4) nous tentions principalement de comprendre la nature profonde de cette crise, mais aussi d’estimer le moment où adviendrait une réplique violente de l’effondrement de 2007-2008. Si nous avons fait preuve d’une certaine clairvoyance sur la rupture historique, rendant par la même hors de propos les approches monétaristes ou keynésienne, nous avons toutefois péché par court-termisme, envisageant un déblocage paroxysmique assez rapide. Puis, nous avons enfin compris qu’une résolution très provisoire était à l’œuvre pour sauver la finance mondialisée (article n°5). Mais les fondamentaux restent présents. La fermeture du « pli historique » de la Renaissance au 16e siècle engendre un nouveau monde avec une recomposition globale financière et monétaire. La crise du « capitalisme tardif » entraîne la destruction rapide de l’ancien monde et la mise au devant de la scène de formes nouvelles d’exploitation. (suite…)

Progression de l’autre gauche en Europe et régression du Front de gauche en France : pourquoi ?

Dans le dernier édito de Respublica intitulé  25 mai 2014 : désastre des gauches en France ! Que faire ?​, nous avons montré que le désastre des gauches touchait aussi le Front de gauche et plus généralement toute la gauche de la gauche française sans exception. Et pourtant, l’autre gauche progresse dans de nombreux pays européens (Portugal, Espagne, Grèce, etc.). Quelques pistes pour répondre à ce paradoxe.
En 2009, Syriza faisait 4,7 % des voix et le Front de gauche, plus de 6%. Puis les deux partis progressent. Le Front de gauche atteint plus de 11% à la présidentielle de 2012.
En 2014, Syriza est le premier parti de Grèce avec 26,57 % et le Front de gauche perd 5 %  avec un peu plus de 6%. Devant l’enthousiasme romantique des militants du Front de gauche persuadés que l’attelage du Front de gauche les amènera à la victoire, le désastre français était pourtant programmé.
D’un côté, Syriza axe toute sa campagne contre les politiques concrètes d’austérité. Pendant ce temps, la gauche de la gauche française privilégie le relativisme culturel, priorise  l’écosocialisme, et témoigne de confusion stratégique (alliée au PS en promouvant un discours de rupture). En quelques mots, Syriza se préoccupe de ceux qui souffrent quand la gauche de la gauche française a des préoccupations plus abstraites pour la classe populaire ouvrière et employée, majoritaire dans notre pays, laissant les confessions prendre une part prédominante dans le caritatif et l’associatif . (suite…)