Le 27 mai, journée de la Résistance

La France soumise, pillée, humiliée que Pétain plongea dans la Collaboration dont l’un des aspects les plus abjects, l’antisémitisme, la conduisit à l’un des épisodes les plus tragiques et les plus honteux de son histoire, la rafle du Vél’ d’hiv aura sauvé son honneur aux yeux de ses enfants, du…

La Cité future, par Antonio Gramsci

Ce petit livre d’Antonio Gramsci (1891-1937) de 99 pages (10 euros) publié par les Editions critiques est préfacé par le regretté André Tosel (1941-2017), philosophe et spécialiste de l’œuvre d’Antonio Gramsci. Il s'agit d'un journal publié en numéro unique le 11 février 1917, couronnement de l’action d’une organisation de jeunes du PSI…

Retour sur le « triomphe » de Macron le 7 mai 2017

Donnons les chiffres significatifs de ce deuxième tour. Ils sont à ajouter à notre dernière chronique sur les enseignements du premier tour. Plus de 12 millions d’abstentions, plus que d’habitude pour une élection présidentielle ;  4,2 millions de blancs ou nuls (9 % des inscrits) ce qui a une signification politique importante. Sur les votants, 20 millions pour Macron, 11 millions pour Le Pen. Il est à noter que cette dernière engrange 3,3 millions de votants supplémentaires par rapport au premier tour, provenant principalement de Dupont-Aignan et de l’extrême droite catholique (du type Sens Commun, parti créé à partir de la Manif pour tous et qui avait permis à Fillon de gagner la primaire de la droite). Bien que plus de 30 % des ouvriers n’aient voté pour aucun de ces deux candidats,  il est à noter que même IPSOS a omis de comptabiliser la sociologie de ces blancs ou nuls, qui représentent malgré tout 9 % des inscrits, ce qui montre le peu de professionnalisme des instituts de sondage. Tout en sachant qu’il y a beaucoup d’ouvriers et d’employés dans ces blancs et nuls, nous ne sommes pas en mesure de les quantifier. Quant à ceux qui ont fait un choix entre Macron et Le Pen, Le Pen est légèrement majoritaire chez les ouvriers avec 56 % et obtient 46 % chez les employés. Une courte majorité des électeurs de JLM a voté Macron, 24 % se sont abstenus et 17 % ont voté blanc ou nul.

Nous avions été, dès le lendemain du premier tour, sur la ligne « Pas une voix pour le FN ». Nous avions cependant développé l’idée que la montée du Front national était essentiellement due aux politiques néolibérales et patronales menées par Sarkozy, Fillon, Hollande, Ayrault, Valls,  Macron. S’il obtient une majorité parlementaire, Macron président développera les politiques d’austérité bien au-delà de ses prédécesseurs et donc fera encore augmenter le score du FN. Jusqu’à quand ? On le voit, le simple barrage électoral ne suffira pas dans la diachronie historique. Les 3,3 millions de votes supplémentaires pour Le Pen constituent un danger sans nom. Nous comprenions donc ceux qui ont voté blanc ou nul sur la base de cette analyse. Nous avions dit aussi que nous comprenions aussi ceux qui « pour gagner du temps » voteraient  Macron à condition que, dès le lendemain du deuxième tour de la présidentielle, ils se décident enfin à combattre les politiques néolibérales, en empêchant le nouveau président de la République d’avoir une majorité néolibérale en votant non seulement contre le FN et ses alliés mais aussi contre Macron et ses alliés socialistes et LR. (1) Nous remercions les nombreux lecteurs qui ont écrit au journal à la suite du dernier éditorial, soit pour soutenir son analyse ou la développer, soit pour la récuser. Nous avons préféré ne pas alimenter entre les deux tours un débat qui est vite devenu manichéen et parfois outrancier. Parmi les textes publiés pour dénoncer le chantage du vote « anti-fasciste » et rappeler que ce sont les gouvernements de gauche et de droite qui ont trahi les classes populaires et fait monter le FN, nous signalons a posteriori deux tribunes :
Henri Pena-Ruiz « Ne nous soumettons pas ! »
Frédéric Lordon « De la prise d’otages ».

C’est donc maintenant, au pied du mur, que l’on verra les « donneurs de leçons médiatiques et électroniques ». Et que l’on séparera  dans les votes Macron le bon grain de l’ivraie. Il n’y a pas d’autre solution que de partir au contact des couches populaires et nous invitons alors tous les « barreurs contre le FN » à nous rejoindre dans cette bataille sans attendre le prochain barrage électoral qui cette fois-là risque de ne pas suffire. S’attaquer aux causes de la montée du FN sans attendre de nouvelles élections, c’est d’ailleurs ce que plusieurs commentateurs ont déjà déclaré dans les télévisions des pays européens !

(suite…)

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 Nous remercions les nombreux lecteurs qui ont écrit au journal à la suite du dernier éditorial, soit pour soutenir son analyse ou la développer, soit pour la récuser. Nous avons préféré ne pas alimenter entre les deux tours un débat qui est vite devenu manichéen et parfois outrancier. Parmi les textes publiés pour dénoncer le chantage du vote « anti-fasciste » et rappeler que ce sont les gouvernements de gauche et de droite qui ont trahi les classes populaires et fait monter le FN, nous signalons a posteriori deux tribunes :
Henri Pena-Ruiz « Ne nous soumettons pas ! »
Frédéric Lordon « De la prise d’otages ».

Révolution russe et Révolution française, par Albert Mathiez

Cet ouvrage de 139 pages publié par les Editions critiques (14 euros) est une bonne entrée pour toutes initiatives d’éducation populaire sur ces deux grandes révolutions (février 2017 marquait le centenaire du démarrage de la révolution russe). D’abord Albert Mathiez (1874-1932) est un des grands historiens de ces deux périodes. Il…

Nos coups de cœur de la semaine

Le double baiser de la mort de Manuel Valls Sur le bloc de François Cocq (France insoumise, élu depuis 2008 à Champigny-sur-Marne (94) le 29 mars 2017 En annonçant ce matin qu’il voterait à la présidentielle pour M. Macron, Manuel Valls vient de faire d’une pierre deux coups : par son baiser…

Quinze réflexions sur la situation politique Et pourquoi produire aujourd'hui un tel texte

Le moment historique que nous vivons voit se concrétiser une mutation pour la compréhension de laquelle nous n’avons pas encore effectué les travaux théoriques nécessaires. N’empêche que nous devons faire le point de notre praxis, même si nous savons qu’il nous reste à mieux comprendre le réel passé et présent pour construire l’avenir. Telle est la nécessité pour toute praxis matérialiste dialectique et historique.

Qu’ils laissent du temps au temps ceux qui n’ont pas compris que le processus des primaires revient à s’écarter de la démocratie. Ceux qui pensent que l’on peut construire l’avenir sans proposer au peuple une succession de ruptures, à commencer pour nous par la rupture avec un parti socialiste en voie de « defferrisation » de type 1969. Qu’ils laissent du temps au temps ceux qui veulent tout et tout de suite. Ceux qui pensent que la lutte des classes n’est plus le moteur de l’histoire Qu’ils laissent du temps au temps ceux qui n’ont pas compris que l’utilisation d’une théorie peut être liée à des périodes conjoncturelles, par exemple le post-keynésianisme triomphant dans la gauche de la gauche en décomposition alors qu’il n’a aucune crédibilité dans notre période néolibérale à cause de la crise du profit dans l’économie réelle. Qu’ils laissent du temps au temps ceux qui pensent que nous pouvons faire l’économie d’une globalisation des combats face aux potions magiques de chaque prééminence surplombante censée ouvrir à elle seule le paradis céleste.

Mais pendant ce temps, nous allons travailler à l’intérieur du peuple qui se mobilise, à l’intérieur du peuple qui garde l’espoir révolutionnaire. Mais y travailler  tout en sachant que la route sera encore très longue. Tout simplement parce qu’on ne règle pas une situation politique par des propositions techniques, comme le croient trop de nos amis ou en se retirant sur l’Aventin. Parce qu’on ne règle pas une situation politique en refusant d’affronter certains combats nécessaires en les balayant sous le tapis.
Travailler au sein du peuple, c’est participer aux mobilisations syndicales et politiques du peuple mais aussi faire notre possible pour affiner nos outils théoriques et montrer leurs insuffisances. Voilà pourquoi nous vous proposons avec humilité ces quinze réflexions comme rapport d’étape.

Quinze réflexions sur la situation politique

Item 1

« Partir du réel pour aller vers l’idéal » comme nous y invite Jean Jaurès implique de ne pas vouloir aller vers l’idéal sans comprendre le réel. Pour comprendre le réel, encore faut-il se garder des potions magiques, produit de l’idéalisme dévastateur, présentées ici et là de façon messianique avec une foultitude de détails précisant quel sera le paradis proposé. Nous en resterons quant à nous la célèbre phrase de Friedrich Engels « On ne peut pas faire bouillir les marmites de l’avenir ».

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Le Dictionnaire amoureux de la Laïcité, d’Henri Pena-Ruiz. A acheter ou à racheter !

Nous avons déjà dit tout le bien que nous pensions de cet ouvrage paru il y a trois ans ((http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/le-dictionnaire-amoureux-de-la-laicite-dhenri-pena-ruiz/58308. La nouvelle édition chez Plon coûte (seulement) 25 € pour 1 044 pages.)). Eh bien, nous remettons le couvert. Pourquoi ? Parce que nous avons eu raison de le promouvoir. Ce…

Laïcité : regardons comment les candidats à la présidentielle se positionnent face à l’école privée

Une enquête  du CNRS assure dans une étude menée auprès de 4 269 établissements privés que les établissements catholiques financés par la puissance publique discriminent à l’inscription selon le patronyme des familles ((« Le CNRS juge l'enseignement privé discriminant » Le Figaro 14 janvier 2014)). Les chercheurs révèlent également que 45 %…

L’universel est subversif

Source externe : le blog de Martine Storti http://martine-storti.fr/article-dans-clara-magazine-le-piege-identitaire-janvier-2017/ La question de l’identité nationale a refait surface en France dans les années 80 du siècle dernier, avec la réapparition sur la scène politique du Front national, alors composé de vieux briscards de l’Algérie française, de tortionnaires de « bicots », de nostalgiques de…

Pour nos retraites, merci Fillon, Macron et Hamon ! 

La DREES a publié une étude sur les effets des réformes des retraites entre 2010 et 2015 ((http://drees.social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/er985.pdf)). Nous savions déjà que le mouvement réformateur néolibéral avait fait perdre à terme 20 points de retraite à cause de la réforme Balladur de 1993. Merci Fillon d'avoir soutenu Balladur ! Nous…

« L’État et les religions en France. Une sociologie historique de la laïcité », par Philippe Portier

En une période où la laïcité est le terrain d’une lutte idéologique et politique intense, L’État et les religions en France de Philippe Portier est révélateur des enjeux de cet universel concret. Le mérite de l’ouvrage de ce sociologue réputé (paru aux Presses Universitaires de Rennes en 2016) est de ne pas…

Laïcité : l’enlisement communautaire du pluralisme scolaire

Faut-il s’interdire de poser la question du pluralisme scolaire financé par la puissance publique et se résigner ainsi à ne plus aborder et ses conséquences sur le démantèlement de l’Education nationale et la laïcité de l’Etat ?
Exclure, aujourd’hui, le pluralisme scolaire de la laïcité est un piège pour l’Ecole, pour la République et les institutions de la République.
Il y a comme une incohérence à prétendre défendre les principes de la loi de séparation en faisant silence sur le pluralisme scolaire. Et, il y a cohérence entre la promotion, dès 1986, de  la « laïcité plurielle » et la revendication du pluralisme scolaire.
La laïcité est un principe constitutionnel, on ne peut la cantonner à gérer exclusivement des questions de société, dont la place de l’islam dans l’espace public, et nier les questions institutionnelles posées par le financement public de réseaux scolaires confessionnels.

Le dogme contre la liberté de conscience, former pour conformer

Au nom d’une dénaturation du principe de la laïcité, certaines organisations revendiquent la prééminence de l’appartenance religieuse sur les principes de citoyenneté et de liberté de conscience des jeunes. Au nom de leur logique communautaire, ils se sont évertués à réécrire la charte officielle de la laïcité à l’Ecole du Ministère de l’Education nationale en y supprimant 12 fois le terme « laïcité » pour lui substituer 7 fois dans la « La charte de la laïcité expliquée aux enfants » les termes « religion » ou « religieux » ; Le vocable laïcité est seulement maintenu, bien évidemment, dans le titre de la charte revue et les deux sous-titres. Il eût été difficile de les supprimer dans les intitulés ce document destiné à expliciter la laïcité.
Ne surfent-ils-pas sur l’approche consumériste de l’école enfermée, depuis 1984, dans une stratégie politique du « libre choix » revendiqué par les tenants de l’enseignement privé ? Depuis lors certains se sont évertués à faire silence sur les conséquences institutionnelles, économiques et sociales de la question du pluralisme scolaire financé par la puissance publique.

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Tenir la ligne contre les manipulations diverses

En deux mois, nous avons vécu l’élimination des principaux représentants politiques de l’oligarchie française : Sarkozy (loi HPST, européisme, augmentation du chômage, de la pauvreté et de la précarité, etc.) ; Juppé (attaque massive contre la Sécu en 1995, alignement sur les EU, etc.) ; Hollande (traité budgétaire, européisme, cadeaux au patronat, augmentation du chômage, de la pauvreté et de la précarité, attaques contre l’école, les services publics et la protection sociale, etc.) et son premier ministre Valls. Sans oublier Fillon, allié avec l’extrême droite catholique, qui est pris dans la tourmente.

Le simple rappel de leurs « exploits » néo-libéraux fait clairement apparaître que le problème n’est pas de changer les hommes, mais le système lui-même qui produit ce genre de personnages. Sinon les mêmes causes produiront les mêmes effets.

Carambouilles et carabistouilles en tous genres

La primaire socialiste a désigné Hamon et, immédiatement, fleurissent les carambouilles et les carabistouilles en tous genres. Oubliés son aval au Traité budgétaire de l’UE, son refus de voter la censure du gouvernement, son européisme béat, son communautarisme débridé, etc. Quant à la potion magique du revenu universel qui passe pour une mesure de gauche, oublié le fait qu’en un mois il a changé trois fois de position sur cette mesure dont il a fini par avouer qu’il ne s’agissait en réalité que de faire du RSA une allocation universelle, toujours en dessous du seuil de pauvreté, étendue aux jeunes de 18 à 25 ans et distribuée à tous les ayants droit et non seulement à ceux qui la demandent.

Et Hamon ne dit rien sur les conditions de financement d’un tel revenu réellement universel, qui ne pourra que se réduire à une forme d’application de la proposition d’origine de Milton Friedman, l’impôt négatif, qui visait à tuer à terme l’extension des conquis sociaux de type Sécurité sociale.

Tout ce que l’on peut dire est que l’enthousiasme subjectif des masses pour cette fausse bonne idée est compréhensible en regard du mal-vivre grandissant, mais qu’il ne fait que traduire l’incapacité des organisations du mouvement syndical revendicatif et des partis et mouvements politiques de gauche à être à la hauteur des enjeux en termes d’éducation populaire et de lutte pour une nouvelle hégémonie culturelle.

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Régression catastrophique pour le peuple… Spectacle médiatique insensé… Une alternative, vite !

Antonio Gramsci voyait le processus révolutionnaire comme la succession de guerres de position et de guerres de mouvement. Or la guerre de position pour lui est aussi une guerre culturelle. Ainsi, lorsque notre adversaire – l’oligarchie capitaliste – met en cause un fondement conquis par nos anciens, il faut au minimum être présent pour mener la résistance mais il faut aussi mener le combat pour une nouvelle hégémonie. Ce n’est qu’ensuite qu’il est possible de passer à l’offensive.
La résistance contre la loi El Khomri a été au rendez-vous face à la mise en cause des conquis sociaux d’hier, mais la contestation culturelle n’a pas suivi cette mobilisation. C’est là que réside une faiblesse majeure du mouvement social et politique français.

La nouvelle séquence de la période néolibérale

L’extrême droite a recentré son discours sur une ligne nationale-populiste (tout à fait compatible avec le mouvement réformateur néolibéral) pour tenter de bénéficier des voix des couches populaires délaissées par les néolibéraux de droite et de gauche, mais aussi par la gauche de la gauche.

La droite de Fillon a passé un accord avec l’extrême droite catholique de la Manif pour tous et de son parti politique « Sens commun », seule possibilité pour elle de gagner la primaire de droite.

La décomposition de l’appareil solférinien devient patente. La stratégie de type Terra nova qui vise à abandonner les couches populaires et à tenter une majorité avec les couches moyennes minoritaires et les groupes discriminés a fait faillite.

Les tenants de la maison solférinienne tentent de façon pathétique d’éviter la décomposition de leur parti en jouant la carte des frondeurs socialistes avec des idées solubles dans le système, comme cette fausse bonne idée de revenu universel dont les néolibéraux sont en train de se saisir. Il est cependant probable qu’ils subiront malgré tout la même vague de recul que leurs congénères européens. Car les mêmes causes produisent les mêmes effets. Les deux primaires de gauche, celle des socialistes et celle d’EELV, ne sont-elles pas les primaires pour choisir ceux qui seront en 5e et 6e position du premier tour de la présidentielle ?

Emmanuel Macron quant à lui tente, avec un discours contestataire de façade contre les « élites », un syncrétisme entre les gagnants de la mondialisation néolibérale et tous ceux qui en restent à une indignation tout hesselienne et qui croient encore à un altercapitalisme plus moral. Son discours européiste lui permet conjoncturellement de rassembler  d’anciens électeurs socialistes, pseudo-centristes à la Bayrou et même d’anciens électeurs de droite plus favorables à Juppé.

La décomposition de l’extrême gauche, de la gauche de la gauche (altermondialistes et altercapitalistes keynésiens, ex-comités anti-libéraux, ex-Front de gauche appareil du PCF compris, trop compromis soit dans des alliances avec les solfériniens soit avec les communautarismes réactionnaires locaux) que nous avons largement analysée dans ReSPUBLICA s’est accélérée. (suite…)