« Les habits neufs du délit de blasphème », par Jeanne Favret-Saada

Sous le titre « Les habits neufs du délit de blasphème », Jeanne Favret-Saada a confié au blog Mezetulle, en juin 2016, l’avant-propos historique à l’ouvrage qu’elle termine et qui paraîtra chez Fayard début 2017 : Les christianismes contre le blasphème. Cinéma et liberté d’expression, 1965-2006. Les croyances sont au centre du travail de…

Espagne/Grande-Bretagne/France : où en est la gauche ?

Malgré la fronde de la majorité parlementaire du parti travailliste britannique contre Jeremy Corbyn, ce dernier s’est renforcé à la tête du parti. Les élections régionales espagnoles en Galice et au Pays basque ont montré une légère poussée de la droite et de Podemos au détriment des autres partis. En France, la décomposition des partis de la gauche de la gauche se poursuit. Seule, pour l’instant, la candidature de Jean-Luc Mélenchon suscite un espoir à gauche. Mais tout cela s’effectue dans le cadre d’un effondrement prévisible de la gauche toute entière (gauche de la gauche et gauche gouvernementale). La question se pose donc de savoir si on peut éviter un deuxième tour « droite versus extrême droite ».

Grande-Bretagne

Avec 77 % de participation au sein du parti travailliste britannique, 61,8 % des voix, soit 313.209, sont allées à Jeremy Corbyn, contre 193 229 à Owen Smith, le candidat de la majorité des députés de la formation. A noter que Jeremy Corbin a fait 61 000 voix de plus qu’en 2015.

Pour comprendre l’enjeu politique, il faut savoir que la majorité des députés et Owen Smith sont des néolibéraux, européistes alors que la base sociale ouvrière du parti travailliste a voté le Brexit. Ce scrutin était devenu nécessaire depuis que la majorité des députés avaient reproché à Jeremy Corbyn d’avoir soutenu avec peu de ferveur l’option de rester dans l’Union européenne. La majorité puissante qu’a obtenue Jeremy Corbyn est due au soutien des syndicats, des ouvriers, des employés et des jeunes qui ont voulu rompre avec les politiques néolibérales de la direction d’avant 2015. (suite…)

Les enjeux de la « loi travail »

1. Un gouvernement engagé dans la lutte de classes aux côtés du grand patronat et des financiers Le projet de « loi travail » en France a conduit au développement d’une mobilisation assez forte, assez longue, non terminée à ce jour (début septembre 2016) malgré le « vote » de la loi, et revêtant…

Le débat actuel sur le burkini est aussi l’arbre qui cache la forêt

Bien que tout débat qui se développe dans la société civile mérite une réponse appropriée pour ceux qui luttent pour une transformation sociale et politique, il arrive qu’un débat justifié (l’arbre) soit placé là par l’oligarchie capitaliste (FN compris), alliée aux idiots utiles des communautaristes de gauche et d’extrême gauche, pour cacher la forêt. (suite…)

Combattre le racisme, combattre l’islamisme Suivi de : Un vêtement pas comme les autres, par Amar Bellal

Une nouvelle provocation L’apparition de l’accoutrement dit du burkini a une nouvelle fois mis sur le devant de la scène la question de l’attitude des progressistes face à la pression fondamentaliste. Les faits sont connus. Un nouvel habit a été mis sur le marché par les trusts de l’habillement. Ce…

Qui est à la hauteur des enjeux dans la lutte contre l’islamisme djihadiste ?

La succession des meurtres de masse perpétrés par l’islamisme djihadiste en général et par Daech en particulier montre l’incapacité de l’offre politique française et internationale d’assumer ce nouveau type de guerre.

Pour l’extrême droite, pour les ténors de la droite et pour le gouvernement solférinien, il faut à chaque meurtre de masse un renforcement de l’état d’urgence et une nouvelle loi antiterroriste, inopérants, inefficaces et donc inutiles, ce qui a pour unique conséquence d’accélérer le déclin de la démocratie et le passage à la « démocrature ». Tout au plus pouvons-nous voir comme seule différence que les uns développent leur ultra-laïcisme anti-laïque et raciste et que pour les autres, il s’agit de se distinguer par une surenchère imbécile.

La partie munichoise de la gauche de la gauche demeure incapable de proposer un idéal au peuple puisqu’elle cultive en la matière le déni du réel. Comment peut-elle alors « partir du réel pour aller vers l’idéal » (Jean Jaurès) ? Si elle a raison de nous dire qu’il ne faut pas faire d’amalgame entre l’islamisme djihadiste et la grande majorité des musulmans, encore faudrait-il qu’elle soit capable de nommer la menace car « mal nommer les choses ajoute au malheur du monde » (Camus). À chaque fois, la partie munichoise de la gauche de la gauche nous « bassine » avec l’idée que le ou les meurtriers ne sont que des déséquilibrés, des abrutis, des victimes du système et que cela n’a rien à voir avec l’islam. Il faudrait cesser ce « psychologisme » apolitique à deux sous. Même la revendication du meurtre de masse par Daech ne les fait pas changer d’avis. Pourtant de nombreux théologiens musulmans comme Soheib Bencheikh par exemple disent le contraire, à savoir que cela a à voir avec l’islam comme la Manif pour tous a à voir avec l’église catholique et que l’extrême droite juive en Israël a à voir avec le judaïsme ! (suite…)

« Pour une école de l’exigence intellectuelle. Changer de paradigme pédagogique », par Jean-Pierre Terrail

La conviction, exprimée par Jean-Pierre Terrail dès le début de son livre ((Jean-Pierre Terrail, Pour une école de l’exigence intellectuelle – Changer de paradigme pédagogique, Paris, La Dispute, 2016.)), « de l’exigence, dans le monde d’aujourd’hui, d’une éducation scolaire pour tous de haut niveau », est unanimement partagée. Ce qui sépare Jean-Pierre…

Comment la ville de Lyon déroge au principe de laïcité ...et subventionne pour un million d’euros une communauté religieuse

Le 4 juillet prochain, à l’ordre du jour du conseil municipal de la ville de Lyon sera présentée une délibération prévoyant une subvention d’un million d’euros en faveur de la construction de l’Institut français de civilisation musulmane. Ce projet présenté avec le visage de la promotion culturelle cache en réalité…

Le Brexit a été voté. Mais que va-t-il se passer ?

Beaucoup de commentateurs reprennent la litanie des « chiens de garde » médiatiques sur le chaos qui attend la Grande-Bretagne. Pendant qu’exulte de joie la partie de la gauche de la gauche qui confond le visible et le réel et qui croit qu’il suffit de l’application d’une simple surplombance pour ouvrir la…

Mitterrand et Rocard : les idolâtrer ou tourner la page ?

Quand un néolibéral, situé à gauche de l’éventail politique, décède, les médias entonnent tous l’hommage du grand homme sans qui nous ne serions pas aussi heureux que nous le sommes. Le décès de Michel Rocard (23 août 1930-2 juillet 2016) a ouvert un concert de louanges dans lesquelles toute critique politique était absente. On se serait cru dans le cadre d’une canonisation de saint bien qu’il soit protestant.

Première gauche mitterrandiste contre deuxième gauche rocardienne : accepter ce conflit est à terme rompre avec la gauche de gauche

On oublie trop souvent que c’est la première gauche mitterrandiste qui assume le tournant libéral de 1982-83 et qui ouvre grandes les portes du néolibéralisme en France. On oublie trop souvent que la deuxième gauche fut organisé en trois pôles : le groupe politico-intellectuel organisé autour de Rocard, la CFDT comme pôle syndical, et la Fondation Saint-Simon comme centre de réflexion. Nous voyons donc où a mené cette deuxième gauche aujourd’hui : au soutien inconditionnel à la loi El Khomri. Et c’est bien parce que Chevènement et Motchane décident de considérer la bataille entre la première gauche et la deuxième gauche en 1978 comme la bataille principale que le Ceres rompt avec la perspective historique qu’il s’était tracée jusque-là.

(suite…)

Nous étions à la conférence de presse du Mouvement pour la 6e République (M6R)

Mouvement initié par Jean-Luc Mélenchon, il y a deux ans, les porte-parole du mouvement revendiquent aujourd’hui 110.000 soutiens électroniques, 10.000 contributeurs électroniques, 2.000 personnes qui ont participé à la construction de la proposition de loi visant à installer une constituante pour aller vers la 6e République en France et en…

De quoi le « Brexit » est-il le nom ?

En simplifiant à l’extrême, il s’agit d’une « sortie de secours » de l’Europe… mais par la droite.

Pour paraphraser le vieux Marx, tout matérialiste se doit d’abord de manier la dialectique. En suivant cette méthode, le « Brexit » indique, en fait, qu’une fraction significative de la classe bourgeoise anglo-saxonne ne retrouve plus son compte dans son alliance avec la micro-couche financière. La contradiction interne à la bourgeoisie est telle qu’elle remet en cause le dispositif de pouvoir en Europe.

Le cliquet ayant sauté, nous allons donc assister à une accélération de la décomposition de l’institution européenne dans les mois et les années à venir. L’alliance de classe est rompue. Car la récession est passée par là depuis dix ans : après les couches populaires et intermédiaires, la petite-moyenne bourgeoisie commence aussi à souffrir, en particulier en raison de l’effritement des revenus de son épargne et de ses rentes, et cela dans tous les pays d’Europe. Les injections de liquidités (QE), les taux négatifs, sont certes indispensables pour sauver le système financier et bancaire, mais cela engendre une dévalorisation des actifs au détriment de la classe bourgeoise classique. Bref, la micro-couche financière saigne le rentier !

Hélas, dans cette fin de cycle historique, la droite dispose d’une énorme longueur d’avance. Nous payons cash le « refus devant l’obstacle » de Tsipras et du gouvernement grec de Syriza en juillet 2015. Car la sortie de l’Europe par la gauche est pour le moment encore introuvable. La droite mène la danse dans l’espace occidental ! A Londres avec Boris Johnson et à Washington avec Donald Trump, un projet cohérent de gouvernance droite/extrême droite est en passe de se mettre en place.

(suite…)