Faut-il dissoudre le peuple ?

A écouter les commentateurs médiatiques aux ordres, et même certains militants politiques et syndicaux, sur l’élection de Brignoles ou sur la révolte des « bonnets rouges » en Bretagne, ne faudrait-il pas en effet se poser la question de Bertolt Brecht : « Ne serait-il pas plus simple de dissoudre le peuple » ?
Que se passe-t-il à l’élection de Brignoles ? Une partie significative des couches populaires habituées au vote à gauche choisit l’abstention. Elle en a assez de l’alternance sans alternative entre les néolibéraux de droite et de gauche alors que sa situation se dégrade. La droite ne mobilise pas. Le front pseudo-républicain de deuxième tour entre les néolibéraux de droite et de gauche ne fonctionne plus. Il n’y a pas de gauche de gauche sur place. L’extrême droite du FN, en embuscade, ramasse la mise.
Que se passe-t-il chez les « bonnets rouges » bretons ? Le refus de l’écotaxe n’a été que la « goutte d’eau qui a fait déborder le vase ». Rien de plus. Nous avons dit dans notre dernière chronique d’Evariste tout le mal que nous pensons de cette écotaxe, qui n’est qu’une façon que de mettre du péage sur des routes gratuites, car le raisonnement capitaliste de la taxe qui fait changer les comportements n’est plus de mise. Cela n’est défendu que par les capitalistes verts.
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Vers un nouveau krach

Dormez, braves gens, l'oligarchie s'occupe de tout ! Elle s'occupe même de promouvoir l'idée que son but serait le retour de la croissance et de la prospérité. Un mensonge de plus. En réalité, son seul but est de se reproduire, et à cette fin elle doit faire se reproduire le…

1675-2013 : les « bonnets rouges » de Bretagne sont de retour

Comme en septembre 1675, une « goutte d’eau a fait déborder le vase », c’était hier des taxes pour financer la guerre contre la Hollande [sic !], c’est aujourd’hui l’écotaxe, destinée à financer l’infrastructure financière. Comme en septembre 1675, la révolte bretonne est sans doute annonciatrice d’une révolution en gestation. Car une « analyse concrète de la situation concrète » montre que le mal est plus profond. Fermeture d’une myriade de PME avec des licenciements à la clé dans des bassins d’emplois mono-activité, crise de la filière agro-alimentaire avec effet d’entraînement en amont sur l’agriculture elle-même, pauvreté, misère et déclassement sont à l’œuvre en Bretagne. (suite…)

De quoi Brignoles est-il le nom ?

Brignoles a un conseiller général d’extrême droite. La presse dominante et les hiérarques de la politique se déchaînent : pour les socialistes, c’est la faute de l’UMP (voir la déclaration du premier ministre, notamment) et pour l’UMP, c’est la faute des socialistes. Enfin, nous sommes bien avancés avec cette société du spectacle ! Toute la gauche s’est effondrée, y compris le candidat PC-Front de gauche.
Nous en avons indiqué les causes principales dans notre dernier éditorial. Depuis le résultat du deuxième tour, nous savons que nous entrons dans une nouvelle ère. Mais de quoi Brignoles est-il donc le nom ? (suite…)

Classes moyennes et conscience de classe

« Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c'est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience. » Marx, Avant-Propos à la Contribution à la critique de l'économie politique (1859) La chronique sur l’enjeu des classes moyennes, qui voulait ouvrir un débat sur la notion de…

Travailler le dimanche : quelques commentaires reçus

L'article Michel Zerbato publié dans le précédent numéro nous a valu une réaction intéressante, que nous publions in extenso, tant elle nous paraît être une bonne illustration de la manière dont « les conditions matérielles de la vie » déterminent la conscience de ceux qui n’ont pas le recul nécessaire pour s’extraire…

Pourquoi nous avons bien fait de publier le texte de P. Mascomère

Dans le numéro 727 de Respublica, nous avons publié un article de Pierre Mascomère qui voulait montrer la « formidable progression des dividendes ». Pour cela, il s’est appuyé sur des données de l’INSEE selon lesquelles la part des bénéfices des « sociétés non financières » distribués aux actionnaires était passée de un vingtième…

A propos des classes moyennes

Mme Geneviève Seyse (professeur retraitée de SES, Attac centre Essonne) nous indique qu'il lui « semble que dans l'analyse marxiste un des éléments facteurs des classes sociales, c'était la conscience de classe ? Il n'y a pas de conscience de classe chez les classes moyennes (intérêts divergents ), donc pour…

Meeting unitaire : Pour nos retraites, on lutte !

Mercredi 9 octobre à 19h30, 2 rue Japy, Paris 11e (Métro : Charonne ou Voltaire) Avec Verveine Angeli (Attac), Fatima-Ezzahra Ben-Omar (collectif féministes), Olivier Besancenot (NPA), Jean-Jacques Boislaroussie (Trait d’union FDG), Juliane Charton (Collectif jeunes - UNEF), Annick Coupé (Solidaires),Denis Durand (Fédération Finances CGT), Anne Féray (FSU), Gérard Filoche, Pierre Khalfa (Fondation Copernic), Pierre Laurent (PCF), Jean-Philippe Magnen (EELV), Danielle Simonnet (PG). Trois ans seulement après la réforme Fillon, le gouvernement va proposer une nouvelle réforme…

Travailler le dimanche : d’une contradiction entre travailleur et consommateur et de l’affaiblissement des normes sociales

« Après la décision du tribunal de commerce de Bobigny ordonnant à quinze magasins des chaînes Castorama et Leroy-Merlin de fermer le dimanche, le Medef n’a pas hésité : « Quadruple peine pour le pays », a tranché son président, Pierre Gattaz, car elle pénalise les consommateurs, les salariés, les entreprises et l’emploi. » (1)Le Monde.fr 27 septembre, « Le débat sur le travail dominical et nocturne prend une tournure politique ».
Aussitôt, la candidate parisienne NKM embraye, entre hypocrisie et naïveté : « étendre », et non « généraliser », l’ouverture dominicale « permettrait de créer au moins dix mille emplois supplémentaires ». Et propose dans la foulée d’autoriser le travail nocturne , « dans les zones touristiques d’affluence exceptionnelle ou d’animation culturelle permanente » précise le député F. Lefèvre.
Pas en reste, Le Figaro surenchérit : « Libéraliser l’ouverture dominicale pourrait créer jusqu’à 100.000 emplois » ! Ce chiffre, largement repris dans les médias, provient d’une étude menée aux Pays-Bas, selon laquelle l’extension de l’ouverture dominicale aurait créé des emplois car le temps de shopping a augmenté et les consommateurs ont dépensé plus. Pour la France, le président du Cercle des économistes et chef économiste chez Rothschild, Jean-Hervé Lorenzi, élargit même le raisonnement à l’ensemble de la population: « Les Français ont la capacité de consommer plus, en puisant dans leur abondante épargne. Il faut leur en offrir la possibilité en ouvrant davantage les commerces. » (2)Le Figaro.fr du 28 septembre. Certes, ce sont des emplois de seconde zone, aurait-il pu continuer, mais ne vaut-il pas mieux travailler mal payé, que ne pas travailler et être assisté ? L’alliance patrons-économistes de marché joue sa carte à fond, c’est logique. (suite…)

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 Le Monde.fr 27 septembre, « Le débat sur le travail dominical et nocturne prend une tournure politique ».
2 Le Figaro.fr du 28 septembre.

Un engagement prometteur…

NDLR - Nous publions intégralement ce courrier reçu de Malik (16 ans) à titre de témoignage et parce que son auteur ne peut qu’être encouragé à développer ses analyses et à en tirer des conclusions encore plus vigoureuses qu’un simple appel à l’audace auprès du Président de la République... Je…

Les classes moyennes, enjeu politique mais notion floue

La question des classes moyennes revient sur le devant de la scène. L’article « le menteur et le diseur de mensonges » (Respublica n° 680 et 681) montrait comment entre menteries du candidat sortant et mensonges du prétendant, elles n’avaient guère à espérer de l’issue de la bataille électorale en cours entre deux candidats qui se posaient tous deux en seul défenseur de leurs intérêts mis à mal depuis des années. Car la crise économique du capitalisme, qui dure depuis les années 70, oblige tout gouvernant, qui, par définition, accepte le système, à faire baisser la part des salaires dans la richesse nationale. Ainsi, son dernier avatar, la crise de la dette, contraint les gouvernements français à réduire les déficits publics, et il n’y a que deux possibilités, augmenter les prélèvements obligatoires sur les salaires ou réduire les dépenses.

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Loi famille et PMA, les contradictions et les reculades du gouvernement

Communiqué du 13 septembre 2013 « Procrastination Mollement Assumée » : ces mots ne sont pas de l’Inter-LGBT, mais du rapporteur de la loi sur le mariage pour tous, Erwann Binet, sans doute très agacé - comme nos associations - par les récentes interventions des ministres Marisol Touraine et Najat Vallaud Belkacem au…

Réforme des retraites : des mesures en trompe-l’oeil pour les femmes

Le gouvernement avait promis une réforme des retraites basée sur l’équité et qui réduirait les injustices. La fausse équité des mesures annoncées est pointée à juste titre par de nombreuses réactions à gauche, mais peu commentent les mesures à destination des femmes. Ces dernières sont pourtant très loin de répondre à l’objectif affiché tant elles sont marginales.
Selon le document du Premier ministre présentant la réforme (1)Dossier « Réforme des retraites : garantir notre système, corriger les injustices », 27 août 2013, trois mesures rendront le système plus juste pour les femmes : il s’agit de la validation de trimestres pour les petits temps partiels, la meilleure prise en compte de la maternité et la refonte des majorations de pension pour enfants. De quoi s’agit-il ? (suite…)

Une proposition bien peu étayée ! Pierre Gattaz Président du Medef : « Pour un système des retraites sans dogme, introduisons une dose de capitalisation »

Dans l’article qui suit, Pierre Mascomère démonte l’argumentation de Pierre Gattaz, nouveau président du Medef, qui reprend l’antienne du besoin de capitalisation pour « stabiliser » et « pérenniser » le système de retraites par répartition. L’argument de base implicite de P. Gattaz est que dans un système de répartition, les actifs paient les retraites de leurs contemporains, tandis que dans un système de capitalisation, ils paieraient pour eux-mêmes, que leur retraite serait une sorte de salaire différé mis en réserve dans une cagnotte. Cette idée, trop largement répandue, est totalement fausse, car le revenu ne se transmet pas dans le temps : dans un système de capitalisation, les placements sont dépensés en achats de titres (actions, bons du Trésor, etc.), titres qu’il faudra vendre au moment de la liquidation de la retraite : ce sont bien les actifs qui, en achetant ces titres, paieront les retraites du moment. La seule différence entre répartition et capitalisation est le mode d’acquisition des droits, dont dépend qui va payer, le salarié ou l’employeur. En effet, remplacer la cotisation sociale patronale par l’assurance du salarié à un fond de pension, revient à remplacer une partie du salaire socialisé par une dépense de salaire : le fond de l’affaire est la volonté de rogner la redistribution afin de diminuer encore la part salariale dans la valeur ajoutée et augmenter ainsi le profit. Suivant l’argumentation néo-libérale classique, P. Gattaz prétend que le chômage résulte de coûts salariaux excessifs et que la socialisation des revenus bloque l’activité, ce qui fragilise le système de protection sociale par répartition ; PM montre que techniquement c’est une mystification.
NDLR (suite…)