Une tragédie, c’est le déroulement d’une mort annoncée.
Et c’est bien le cas dans ce qui s’est passé.
Certains enseignants interrogés sur les plateaux ont dit qu’ils étaient horrifiés mais pas étonnés : 20 ans, plus de 20 ans que le problème couve. Alors, à la complexité du problème, s’ajoute son ancrage dans le temps et plus le temps passe, plus il est difficile de le résoudre. Au moins faudrait-il commencer à s’y attaquer.
Quel est le problème ?
Il se passe à plusieurs niveaux :
- Au niveau international, il y a sûrement une attaque politique contre les régimes occidentaux qui se prétendent démocratiques mais se comportent comme des prédateurs économiques, sociaux et écologiques à l’échelle de la planète. Il est évident qu’on ne peut rester sans réponse à ces attaques meurtrières qui menacent les quelques acquis démocratiques qui nous restent. Et que ces réponses se placent forcément sur le terrain de la répression policière et judiciaire. Mais nous, citoyens français avons à demander des comptes à notre gouvernement et aux oligarques qui commandent sa politique sur les agissements qu’il commet à l’étranger en notre nom !
- Au niveau national, nous devons nous demander : « Pourquoi ? »
Pourquoi, de jeunes français, dont les grands-parents, les parents sont issus de l’immigration trouvent-ils, dans cette stratégie de déstabilisation des régimes occidentaux, une réponse à l’humiliation qu’ils subissent au quotidien ? Parce que notre société ne leur en donne pas : selon votre couleur de peau, les sonorités de votre patronyme, votre adresse, etc. Vos perspectives varient du meilleur… au pire.
La loi française n’est pas raciste mais les pratiques sociales sont discriminatives et elles ne sont ni repérées ni empêchées ni sanctionnées. Rien n’est fait contre cela : pas de recours !
L’école, qui ne fait que reproduire les inégalités quand elle ne les aggrave pas, n’échappe pas à ce triste constat. L’orientation en est un exemple criant : les lycées professionnels considérés comme des voies de garage pour élèves en échec scolaire sont constitués à 90 % par des jeunes issus de l’immigration : 1ère, 2ème, 3ème génération. Les professeurs font ce qu’ils peuvent mais leur champ d’action est faible, s’il n’est pas en cohérence avec la société dans laquelle il s’inscrit. Entre le discours et les actes, les jeunes s’appuieront sur les actes : ce qu’ils voient, ce qu’ils entendent, ce qu’ils subissent. Brandir de nouveau notre devise : « Liberté, Égalité, Fraternité » risque fort d’exacerber leur colère, car aucun de ces mots n’a de réalité pour eux. C’est ressenti comme de l’hypocrisie. Certains Français « d’origine hexagonale » partagent aussi cette révolte, car l’absence de perspective, le désespoir d’un futur sans avenir, le manque d’idéal touchent tous les jeunes.
Ils sont un terreau fertile pour des recruteurs habiles qui vont exploiter ce rejet contre notre « ordre » social, en leur redonnant la fierté de leur origine sur des critères archaïques, avec une radicalité aveugle mais à la mesure de leur colère et leur envie de vengeance.
Ils ne sont pas seuls à rejeter ce système basé sur « l’Oppression, l’Injustice et l’Égoïsme » car ce combat, c’est le nôtre mais sur le terrain politique et avec d’autres moyens basés sur la solidarité de tous les opprimés. Ce combat ils peuvent le rejoindre. Ce sera long car le mal est bien enraciné et en sommes-nous capables ?