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Les primaires ne sont-elles pas illégitimes ? 

Si la Rédaction de ReSPUBLICA approuve cette dénonciation du déni de démocratie que constituent les primaires, elle ne partage pas forcément la position que semble prendre l’auteur à l’égard du choix du candidat de la droite…

Montesquieu ne dénoncerait-il pas un viol de « L’Esprit des lois », la loi fondamentale, la Constitution?
La perspective qu’une fraction de la gauche envisage de détourner la primaire de droite – politiquement je l’approuve et le ferai sans état d’âme – dénature l’élection présidentielle « réelle » en la préemptant et  bafoue le caractère démocratique de l’expression de la souveraineté du peuple dans son intégrité puisque une « brigue privée » dirait Rousseau lui dicte à l’avance son choix en le rendant nul.
Non pas que au nom de la gauche dont je me réclame je ne me réjouisse pas de la possibilité de nous débarrasser de Sarkozy dont le quinquennat m’a fait honte pour mon pays, la France. À tel point que par pragmatisme je me tâte pour rejoindre cette résistance secrète.
Même les modalités concrètes de cette expression de la souveraineté populaire ne sont pas respectées par ces primaires.
D’abord elles bafouent le principe de « un homme une voix » pour tous les citoyens et non les seuls êtres humains vivant sur notre sol qui sont sensibilisés à la politique voire soient militants ou se sentent tellement faire partie de l’élite qu’ils prétendent  avoir la légitimité de faire le bien du peuple malgré lui et à son insu.
Ensuite le secret de l’isoloir est violé, en particulier dans les petits villages.
Puis, mais c’est une faiblesse de notre Constitution, elles court-circuitent les partis qui sont censés « contribuer à la formation de la volonté politique » puisqu’elles sont « ouvertes ». Ce court-circuit et la personnalisation du pouvoir anéantissent deux de leurs fonctions classiques: le choix des candidats, même ceux des législatives puisque, de fait, les candidats seront choisis en dernière instance par le Président; enfin le choix du moindre mal pour les candidats aveugle sur les programmes. Ainsi le moindre mal serait que Juppé triomphe aux primaires. Mais « l’économiste atterré » que je suis est épouvanté que le programme économique  très libéral  ne puisse qu’approfondir l’austérité qui fait le lit du FN, voire conduise à la guerre civile en France et à la destruction du rêve de Victor Hugo pour l’Europe. Bref il faut choisir entre la peste et le choléra. Encore que  puisque dans tous les cas on aura le choléra de la dictature  ultralibérale de l’oligarchie autant se consoler en évitant la peste de Sarkozy. Il ne leur reste plus que la fonction tribunitenne: Words, Words, words.
Enfin le plus grave est l’incitation à mentir et à déguiser cyniquement son opinion sur ce qu’est le bien public et que doit être la volonté générale. Or comme on sait que le même Montesquieu fait de la vertu le fondement sine qua non de la démocratie. Certes ce n’est pas interdit par la Constitution, très peu démocratique il est vrai. Mais c’est le symptôme que la France est en train de perdre son âme.
C’est pire que de violer juridiquement la Constitution.
Bref mettons un mouchoir sur notre intégrité morale et osons comme Lorenzaccio tuer le tyran.

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