Site icon ReSPUBLICA

Sur le texte d’Edgar Morin « Qu’est-ce qu’être Français ? »

Reçu d’Hugues Domergue à propos de l’article « Qu’est-ce qu’être Français ? » paru dans notre précédent numéro

D’abord des mises au point historiques :

– Clovis n’a pas instauré le Christianisme en Gaule. Celui-ci était déjà  présent depuis un moment déjà sous sa variante « arianiste ». Clovis n’est pas le premier roi chrétien, mais le premier Roi Catholique.
L’unité gauloise a été éphémère et il ne faut pas oublier que les Romains ont envahi la Gaule à l’appel d’une puissante tribu gauloise en conflit avec d’autres.
– Les Gaulois n’étaient pas spécialement plus libres que d’autres, ils vivaient dans une société très hiérarchisée et c’est principalement la noblesse gauloise qui a très rapidement adopté le mode de vie romain qui faisait référence. Le sentiment nationaliste était inexistant, mais celui d’appartenir à une élite qui fait tout pour préserver ses privilèges était déjà bien présent parmi la noblesse des tribus gauloises.

Les classes dominantes ont toujours comme première préoccupation la conservation et la transmission de leurs privilèges. On retrouve exactement la même chose aujourd’hui avec la mondialisation où la libre circulation des biens fait que les fortunes deviennent extra- nationales.
Si l’intégration des immigrés européens a été facilitée par la disparition de millions d’hommes dans les campagnes françaises après la Grande Guerre, n’oublions pas qu’auparavant des évènements comme le massacre des Italiens à Aigues-Mortes (1)Triste épisode de 1893. Voir par exemple http://www.humanite.fr/societe/aigues-mortes-venus-d-italie-pour-le-sel-ils-ont-t-547301 ou  https://matthieulepine.wordpress.com/2013/06/26/depuis-toujo)urs-le-capitalisme-porte-en-lui-la-xenophobie/ NDLR nous rappellent que cela n’a pas toujours été aussi facile qu’on veut bien le penser.
Ensuite j’ai perçu dans ce texte d’Edgar Morin qu’il y avait quand même un petit plaidoyer de plus pour une laïcité « adjectivée »! (Médiapart et son directeur militent activement en ce sens).
Après avoir reconnu les bienfaits de la laïcité pour aider à l’intégration des différentes vagues d’immigrations passées, il faudrait modifier cette laïcité pour l’adapter aux dernières vagues migratoires et leurs exigences sociétales. E.M fait référence à l’ouverture aux différentes couleurs de peaux, mais pourquoi ne fait-il pas référence aux différentes religions ? Ce n’est pas au nom d’une couleur de peau qu’aujourd’hui certains demandent des aménagements à la laïcité, mais bien au nom d’une « identité religieuse » et non citoyenne.
La référence aux USA est bizarre, un pays où les gens vivent en communautés ethniques et religieuses et où leur unification ne se fait qu’en tant que consommateurs.
La plupart des gens n’immigrent plus pour des rêves de réussites, mais bien souvent pour vivre un peu mieux que ne leur permet leur pays d’origine mis à genoux par le libéralisme économique.
Comme le signale J.L Amselle dans son livre sur le postcolonialisme (L’Occident décroché, p.262, éd. Pluriel) une société multiculturelle et multiethnique risque fort de « mettre en avant des singularités verticales (races, religions, cultures, genres) très efficaces pour neutraliser toute forme de contestation horizontale ».
E.M le dit lui-même, seule une nation en bonne santé peut facilement intégrer. Mais je suis d’accord avec vos remarques sur le manque de solutions envisagées totalement insuffisantes. Le chômage de haut niveau serait présent pour des lustres et je fais partie de ceux qui pensent qu’une société incapable d’offrir une fonction, un rôle, à chacun de ses membres ne peut que se créer des problèmes.

 

Quitter la version mobile