« Il fait froid aujourd’hui. Ça doit être dur pour les migrants, les gosses, à Calais. Mais bon, on ne peut pas faire grand-chose. » Paris 27 février 2016.
Eh bien si, nous pouvons Tout ou bien changeons le fonctionnement de notre société ! Comment avons-nous réussi à construire une société qui fonctionne de sorte qu’un nombre si important de ses citoyens n’ait pas de place ? Est-ce que cela ne devrait pas être l’unique souci de notre société ? Alors soit nous pouvons faire quelque chose soit nous changeons ce qui ne permet pas de trouver une solution honorable.
Voudrait-on nous faire croire que ce sont eux les responsables ? Responsables de quoi ? De vouloir vivre dignement ?
Voudrait-on nous faire croire que c’est trop compliqué pour trouver des solutions, qu’il n’y a pas d’alternatives ? Que celles et ceux qui pensent autrement n’ont pas une vision complète du problème ? Si tel est le cas, changeons tout, tout ce qui ne permet pas de construire des solutions dignes et pérennes pour que tout le monde puisse vivre dans des conditions décentes.
Changer ça veut dire perdre … pour certains ? Sûrement, mais allons-nous choisir encore longtemps de vivre en catégories opposables : ceux qui mangent et ceux qui ne mangent pas, ceux qui dorment dans un berceau et ceux qui dorment sur un sac poubelle ? Et si moi en tant que personne assise au chaud dans mon salon je ne veux pas perdre ce salon douillet, je veux bien que la société trouve des solutions pour m’amener à perdre ce que j’ai en trop au profit de ceux qui n’ont pas assez.
Je veux que ma société serve à cela. Et je veux que les personnes qui ont en charge de faire fonctionner notre vie collective cherchent et trouvent des alternatives non pas pour déplacer les gens et les questions mais pour leur offrir un contrat social.
Alors pour rester sous l’éclairage rousseauiste, quand renversons-nous cet état social fondé sur un faux contrat qui n’est qu’un rapport de force déguisé, violent, dégradant les hommes pour se rendre enfin vers une société et des lois telles qu’elles pourraient être, c’est-à-dire légitimes, sûres et justes, fondées sur un vrai contrat (accord des volontés) ? Quand est-ce que notre état social nous permettra d’affirmer l’homme naturel, l’homme du contrat social, contrairement à l’homme de la nature, qui peut porter à la perfection ses capacités naturelles au lieu de les pervertir ?
J’attends cela de ma société.
« Au lieu de détruire l’égalité naturelle, le pacte fondamental substitue, au contraire, une égalité morale et légitime à ce que la nature avait pu mettre d’inégalité physique entre les hommes, et que, pouvant être inégaux en force ou en génie, ils deviennent tous égaux par convention et de droit. » Rousseau, Du Contrat social, L.I, ch.IX
Faut-il également se rappeler que la soumission au souverain est toujours conditionnelle ? Ce n’est pas une aliénation des droits naturels mais un simple dépôt. En conséquence, si le gouvernement n’est pas fidèle à sa fonction, le peuple a le droit d’exiger un renversement économique, social et démocratique. Un autre ordre des choses.
Ecoutons l’humanité qui résonne en nous, en chacun de nous. Pourquoi s’acharner avec un modèle qui ne remplit pas le contrat de base ?
Je n’exige pas des responsables qu’ils déposent les armes et rendent leur pouvoir pour que d’autres le récupèrent et recommencent la même chose.
J’exige des responsables qu’ils inventent avec nous, qu’ils mettent à profit notre intelligence collective pour imaginer cet autre ordre des choses, cette autre manière de faire fonctionner notre collectif.
Dois-je aussi évoquer cette image insensée qui défile aux informations télévisées montrant comment la France se dote d’armes plus perfectionnées pour assurer la sécurité ?
Dois-je ajouter que la prolongation de l’état d’urgence n’est pas une réponse politique, elle est absence de vision et de réponse globale ?