Le moment historique que nous vivons voit se concrétiser une mutation pour la compréhension de laquelle nous n’avons pas encore effectué les travaux théoriques nécessaires. N’empêche que nous devons faire le point de notre praxis, même si nous savons qu’il nous reste à mieux comprendre le réel passé et présent pour construire l’avenir. Telle est la nécessité pour toute praxis matérialiste dialectique et historique.
Qu’ils laissent du temps au temps ceux qui n’ont pas compris que le processus des primaires revient à s’écarter de la démocratie. Ceux qui pensent que l’on peut construire l’avenir sans proposer au peuple une succession de ruptures, à commencer pour nous par la rupture avec un parti socialiste en voie de « defferrisation » de type 1969. Qu’ils laissent du temps au temps ceux qui veulent tout et tout de suite. Ceux qui pensent que la lutte des classes n’est plus le moteur de l’histoire Qu’ils laissent du temps au temps ceux qui n’ont pas compris que l’utilisation d’une théorie peut être liée à des périodes conjoncturelles, par exemple le post-keynésianisme triomphant dans la gauche de la gauche en décomposition alors qu’il n’a aucune crédibilité dans notre période néolibérale à cause de la crise du profit dans l’économie réelle. Qu’ils laissent du temps au temps ceux qui pensent que nous pouvons faire l’économie d’une globalisation des combats face aux potions magiques de chaque prééminence surplombante censée ouvrir à elle seule le paradis céleste.
Mais pendant ce temps, nous allons travailler à l’intérieur du peuple qui se mobilise, à l’intérieur du peuple qui garde l’espoir révolutionnaire. Mais y travailler tout en sachant que la route sera encore très longue. Tout simplement parce qu’on ne règle pas une situation politique par des propositions techniques, comme le croient trop de nos amis ou en se retirant sur l’Aventin. Parce qu’on ne règle pas une situation politique en refusant d’affronter certains combats nécessaires en les balayant sous le tapis.
Travailler au sein du peuple, c’est participer aux mobilisations syndicales et politiques du peuple mais aussi faire notre possible pour affiner nos outils théoriques et montrer leurs insuffisances. Voilà pourquoi nous vous proposons avec humilité ces quinze réflexions comme rapport d’étape.
Quinze réflexions sur la situation politique
Item 1
« Partir du réel pour aller vers l’idéal » comme nous y invite Jean Jaurès implique de ne pas vouloir aller vers l’idéal sans comprendre le réel. Pour comprendre le réel, encore faut-il se garder des potions magiques, produit de l’idéalisme dévastateur, présentées ici et là de façon messianique avec une foultitude de détails précisant quel sera le paradis proposé. Nous en resterons quant à nous la célèbre phrase de Friedrich Engels « On ne peut pas faire bouillir les marmites de l’avenir ».
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