La Bourse de Paris a quasiment effacé les gains boursiers obtenus depuis le début de l’année ! Cette diminution est partie de Wall Street, suivi par les banques asiatiques, puis par les banques européennes.
L’indice étasunien SP 500 a baissé de 3,85 % en une semaine (- 2,85 % sur la seule journée de vendredi), la Bourse de Paris a baissé de près de 3 % dans le même temps. Idem à Tokyo qui a dévissé de plus de 2,5 % en une journée ce lundi. Puis ce mardi 6 février au matin, nouvelle dégringolade entre 3 et 5 % suivant les bourses.
En fait, pour contenir la bulle en formation, les banques centrales ont augmenté les taux longs. La correction obligataire a été vive.
La politique du président étasunien Trump a eu comme conséquence paradoxale l’augmentation des salaires (+ 2,9 % en un an). L’oligarchie craint alors donc une montée de l’inflation. Que va décider le nouveau gouverneur de la Réserve fédérale étasunienne qui doit remplacer sa consoeur ? L’augmentation des taux directeurs semble obligatoire, mais à quel rythme, voilà la question ? Au minimum une turbulence.
Rien ne dit encore que cela va être une crise de type 2007-2008, bien que l’endettement mondial tant public que privé soit à un niveau record.
Vu que l’économie réelle n’est plus capable en elle-même de maintenir des taux de profit élevés (but ultime du capitalisme !), les taux de profit élevés demandent des taux directeurs bas qui engendrent une croissance exponentielle de bulles financières qui peuvent alors éclater. Et l’augmentation des taux directeurs – même sur des taux longs – fait craindre à l’oligarchie financière une baisse de la valeur du patrimoine ! Horrible pour eux, non ?
Même le néolibéral Patrick Artus de Natexis déclare ce 2 février 2018, après sa célèbre note « Karl Karx is back » (Karl Marx est de retour) : « la dynamique du capitalisme est aujourd’hui bien celle qu’avait prévue Karl Marx ».
« Le profit des entreprises fait les investissements de demain et les emplois d’après-demain »
Cette formule de 1974, qualifiée de pseudo-théorème de Schmidt, du nom du chancelier allemand de l’époque avait été reprise comme slogan par la propagande néolibérale de gauche et de droite. Mais ce fut un leurre.
Car aujourd’hui, le capitalisme ne peut se maintenir qu’avec un mouvement réformateur néolibéral, compte tenu de l’impossibilité du capitalisme de maintenir des taux de profits élevés dans l’économie réelle, et ce pseudo théorème n’engage que ceux qui y croient…
Depuis, les années 70, les hausses de profit et les aides publiques aux entreprises des Etats-Unis, du Japon et de l’UE (type CICE, pacte de responsabilité, crédit impôt-recherche) ont augmenté le taux d’autofinancement pour réduire l’endettement privé, les dividendes pour la spéculation financière internationale et le rachat des actions, ainsi que le cash pour effectuer des rachats en croissance externe. Pratiquement jamais pour des investissements et encore moins pour des emplois.
Se former devient une nécessité
Tout cela pour dire que former les militants et les citoyens éclairés aux lois tendancielles du capitalisme, et donc aussi de sa monnaie, dans le réel (hors des théories post-keynésiennes et encore moins dans le fantasme complotiste ou magique) est central dans la période ! Lire et relire l’ouvrage Néolibéralisme et crise de la dette n’est peut-être pas inutile (1)Voir la « Librairie militante » du journal Respublica, sur la colonne de droite du site.. Car comme disait Jaurès, on ne peut pas partir vers l’idéal, si on ne part pas d’abord du réel que l’on doit comprendre.
Ce détour par le réel est indispensable pour pouvoir ensuite, mais ensuite seulement, travailler à l’idéal, une alternative post-capitaliste. D’où également le livre sur la République sociale, chez le même éditeur (2)Id..
C’est d’autant plus important que, lorsque nous regardons nos 2 500 ans d’histoire, les grands changements économiques, sociaux et politiques ont toujours eu lieu lors de crises, de nature diverse mais toujours paroxystiques. Ou dit autrement, sans crise paroxystique, il n’y a jamais eu de grandes avancées sociales et politiques ! Comme quoi, vouloir aller vers l’idéal sans comprendre très précisément le réel, c’est un rocher de Sisyphe ! C’est ce que les intervenants du Réseau Education Populaire (REP) présentent lorsqu’on leur demande d’expliquer les Révolutions française ou russe, le programme du Conseil national de la Résistance, entre autres.
Tant pis pour les post-keynésiens et les penseurs magiques et complotistes qui s’appuient sur le seul volontarisme du peuple, qui n’a jamais été le seul facteur déclenchant dans l’histoire ! Il y a toujours eu plusieurs facteurs, dont la crise paroxystique et la volonté du peuple. Combattre le simplisme et clarifier le complexe, voilà une bonne piste.