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La République sociale pour retrouver le chemin de l’émancipation humaine

L’idée principale de cette présentation est une question : « Comment retrouver le chemin de l’émancipation humaine » dans un monde de régression démocratique, laïque, sociale et écologique ? En effet, l’histoire nous a enseigné la création de l’État totalitaire, sa rupture dans un État de droit ou souhaité comme tel, puis la deuxième rupture : à savoir la rupture avec le théologico-politique pour penser la République laïque.

À ce stade, nous pouvons nous référer au texte structurant suivant :

http://www.mezetulle.net/article-qu-est-ce-que-la-republique-laique-i-par-j-m-kintzler-43435412.html. Ce texte est une pépite qui permet de penser certaines évolutions historiques et reste une matrice qui devrait permettre de recréer les autres maillons d’une chaîne grâce à l’ADN qui y est inscrit sous forme cachée.

Mais ce texte n’explique pas pourquoi aujourd’hui l’État de droit recule, pourquoi nous vivons une période de régression depuis des décennies, pourquoi tous les défenseurs de la seule République, les défenseurs de la seule démocratie, les défenseurs de la seule laïcité restent Gros-Jean comme devant. Et cette situation produit donc de la déception, de la souffrance et donc la recherche d’antidotes hors de la raison via des théories complotistes, des solutions simplistes et magiques ou encore des solutions égoïstes, ouvrant la voie d’une part au retour du totalitaire via la démocrature et d’autre part au communautarisme anglo-saxon et étasunien autant choyé par les néolibéraux que par les communautaristes qui se nichent jusque dans la gauche dite radicale alors qu’ils pratiquent la conception libérale (et donc non républicaine) de la liberté. Ainsi, discourir aujourd’hui sur la seule République laïque ne peut se faire que dans des cercles confinés sans influence sur le vrai déchaînement de l’actuelle régression humaine. Tout au mieux, discourir seulement sur la République, la démocratie, la laïcité, fait croire que l’on peut « mieux conseiller » les puissants pour organiser la bifurcation politique nécessaire (qui n’est jamais arrivée de cette façon). Alors que le dispositif républicain, pourtant potentiellement puissant, est aujourd’hui totalement instrumentalisé par les ennemis de la République laïque qui sont censés l’administrer, les « nouveaux sans-culottes » – j’ai nommé les « gilets jaunes » – ont rompu ce ron-ron et ont surpris à la fois la bourgeoisie dans sa majorité et l’aristocratie des couches populaires qui l’avait rejointe.

Aujourd’hui, défendre seulement les principes de l’État de droit démocratique (même en y adjoignant la rupture laïque avec le théologico-politique au sens de Jean-Marie Kintzler) ne suffit plus à empêcher le recul de l’entièreté du dispositif républicain.

Pour renouer avec le chemin de l’émancipation, il faut retrouver une pensée matérialiste et donc d’abord examiner, étudier et comprendre le crime au sens de la maxime 267 de La Rochefoucauld.

Comprendre le crime, c’est comprendre l’évolution du capitalisme. Comprendre que le capitalisme a accepté la rupture démocratique pour hâter son développement lorsque ce fut nécessaire pour mettre à bas la formation sociale féodale animée alors par une monarchie de droit divin. En France, le système de résistance de la formation sociale féodale s’appuyait bien plus qu’en Angleterre sur une hégémonie culturelle cléricale féroce. Alors, l’alliance intégriste du sabre et du goupillon allait former l’alliance des combattants de la démocratie et de la laïcité. Ainsi, la France a inventé, lors de la Révolution française, la rupture avec le théologico-politique jusqu’à séparer les églises et l’État par la Convention. La rupture laïque fut alors réalisée. Puis, la lutte des classes, moteur de l’histoire, a entraîné les reculs et les avancées au niveau de l’émancipation que nous avons connus de la période du Directoire jusqu’à la fin des années 60 du siècle dernier.

Et pour comprendre cette période, notamment du côté des classes dominées, il a fallu comprendre, penser et agir pour une troisième rupture en plus des deux premières : la rupture sociale, dès qu’il fut évident à un grand nombre que la bourgeoisie, après avoir rompu l’alliance avec les couches populaires, tentait de se développer uniquement selon ses propres intérêts. Malgré cela, des avancées ont eu lieu liées aux luttes sociales et politiques, mais suivies de reculs voire de massacres ou même de crimes contre l’humanité. 1848, la Commune de Paris, la réinstallation victorieuse de la République à la fin du XIXème siècle, le Front populaire jusqu’à la chute de Léon Blum, la Résistance et la réalisation du programme du Conseil national de la Résistance intitulé « Les Jours Heureux » suite à sa publication le 15 mars 1944 : tout cela fut l’œuvre de la République sociale. Nous pouvons construire une lignée non exhaustive de ce bouillonnement de la filiation sociale du concept de la République sociale : Jean Meslier, Jean-Jacques Rousseau, Jean-Paul Marat, Robespierre, Jacques Roux, la Commune affranchie de Lyon, le Conseil général de Paris pendant la Révolution, Saint-Just, le manifeste des égaux (Babeuf, Maréchal, Buonarotti, etc.), la Révolution de 1848 qui inventa le concept de République sociale, la Commune de Paris, Jean Jaurès qui unifia la filiation démocratique et laïque (à partir de Condorcet) et la filiation sociale et la réinstallation de la République troisième du nom, le Front populaire, le programme du CNR « Les Jours Heureux ». Notons au passage que le CNR était d’ailleurs à la fois évolutionnaire et révolutionnaire et tout n’étant pas une fin en soi reste une avancée considérable.

Mais le développement du capitalisme, à cause de l’effondrement des taux de profit dans l’économie réelle dans la période allant de la fin des années 60 jusqu’au début des années 80, va obliger le système lui-même à changer de logiciel sous l’influence du mouvement réformateur néolibéral jusqu’à changer de modèle politique. L’arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan en 1979 marque le début de l’application de ce nouveau modèle politique avec leurs dirigeants aux postes de commandes. La France rejoindra ce modèle dès 1983. Commença alors le recul de la démocratie remplacé par la démocrature et le recul de la laïcité vers le communautarisme, terreau de ce qui entraînera l’intégrisme ethnique et religieux malgré le paradoxe apparent de la sécularisation. Et, oui, il y a bien une alliance de fer entre le néolibéralisme d’une part et les communautarismes et intégrismes d’autre part ! Donc vouloir convaincre les néolibéraux de faire plus de laïcité est pire que le rocher de Sisyphe !

Mais les viols successifs du système capitaliste vis-à-vis de la nature, de son écosystème vont entraîner l’idée de la nécessité de penser une nouvelle rupture, la rupture écologique.

Nous estimons aujourd’hui que le concept de République sociale est le plus opérant pour combattre celui du modèle politique néolibéral. Mais pour nous, ce modèle doit assumer les quatre ruptures et non plus seulement deux comme dans le texte de Jean-Marie Kintzler ci-dessus. Que des trois principes de la devise républicaine, il doit désormais porter les 10 principes de la République sociale du XXIème siècle, les 6 exigences indispensables de la période dont celle de la socialisation progressive des entreprises (pour reprendre l’exigence de démocratie du mouvement des gilets jaunes) et bien sûr la stratégie de l’évolution révolutionnaire (Karl Marx 1850 repris par Jean Jaurès) : voir les deux tomes de la République sociale dans la librairie militante (http://www.gaucherepublicaine.org/librairie). Cerise sur le gâteau, le concept évolutif de République sociale, hier fonctionnant dans le capitalisme, ne peut aujourd’hui renaître que dans une perspective post-capitaliste tellement il est conçu de façon antagonique à cette probable dernière phase du capitalisme. Mais comme dirait Marx et Engels, on ne peut pas faire « bouillir les marmites de l’avenir » !

Tout ceci étant dit, ce concept évolutif est toujours en mesure d’incorporer les nouvelles conditions de la révolution citoyenne notamment la priorité de l’éducation populaire refondée pour mener la bataille de l’hégémonie culturelle selon Antonio Gramsci. Dommage que les organisations politiques et syndicales n’aient pas encore compris cette nécessité.

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