Plus facile à dire qu’à faire, bien sûr… Mais il faut comprendre que sans amplification du mouvement de grève et de manifestation, aucune avancée significative ne sera possible.
D’ailleurs, le gouvernement ne s’y est pas trompé : en annonçant des chiffres bien en dessous de la réalité pour les manifestations, il espère minimiser l’événement (1)80.000 manifestants à Paris selon la police – contre 270.000 pour la CGT – alors que la préfecture a demandé de scinder le cortège en deux, ce qui ne se fait qu’au dessus de 150 à 200.000 manifestants.. La stratégie du gouvernement consiste en effet à faire croire que les français ont compris la nécessité de cette réforme et qu’ils ne peuvent que se résoudre à l’inéluctable. La question des retraites, nous dit-on, serait une question purement arithmétique dont la solution figure sur une calculette. Loin de relever de lois naturelles et nécessaires, la question des retraites est en fait éminemment politique, qui dépend de choix et d’arbitrages.
Cette première mobilisation a tout de même forcé Sarkozy à lâcher du lest. C’est ainsi qu’on a pu entendre quelques déclarations sur les carrières longues et poly-pensionnées. Mais ces annonces restent très vagues. Elles devraient faire l’objet d’amendements de la part du gouvernement, amendements dont on ignore, pour l’heure, le contenu.Par ailleurs, le gouvernement a demandé l’application de la procédure d’urgence dans les discussions parlementaires (2)Il n’y aura qu’une seule lecture par assemblée ce qui ferme toute possibilité à un travail parlementaire sérieux. Il faudrait au minimum un report du débat parlementaire afin de laisser du temps à la négociation avec les syndicats.
Mais le résultat des négociations apparaît, à l’heure actuelle, comme des plus incertains. Ainsi rien ne laisse penser que le gouvernement va se pencher sur la question des retraites des personnes qui ont eu une carrière discontinue, et qui sont, en très grande majorité, des femmes. Or, il y a plus d’inégalité dans la retraite entre les hommes et les femmes qu’entre les catégories d’actifs.
Il faut durcir le rapport de force
Les syndicats accordent une place importante aux mesures d’âges. Or, sur ce sujet, Sarkozy ne semble pas encore prêt à céder. Il faut par conséquent durcir le rapport de force et mobiliser encore plus largement. De ce point de vue, l’annonce d’une nouvelle journée d’action le 23 septembre va dans le bon sens (même si une date plus rapprochée eut été préférable car, d’ici le 23 septembre, le texte aura quitté l’Assemblée Nationale pour le Sénat). Si la mobilisation est beaucoup plus importante le 23 septembre, le mouvement social pourra alors envisager la possibilité d’une grève générale. C’est là le seul moyen de faire reculer Sarkozy qui pense déjà à sa future campagne présidentielle et qui, par conséquent, joue gros sur ce dossier. Sans un mouvement de grande ampleur, il sera très difficile de lui arracher quoi que ce soit.
La question qui se pose actuellement n’est pas de savoir si les syndicats sont prêts à durcir le rapport de force. Il ne s’agit pas de sonder les reins et les coeurs de tel ou tel dirigeant syndical suspecté de ne pas y croire, mais au contraire de tout faire pour qu’il y ait un maximum de gens dans la rue le 23 septembre. La situation est favorable : la grande majorité du peuple est hostile à cette réforme régressive, et l’on sent bien que les travailleurs sont prêts à passer de cette hostilité de principe à une action résolue pour contrer ce nouveau mauvais coup porté à leurs droits.