La crise s’approfondit, les bulles financières se développent. La banque centrale étasunienne est donc obligée d’augmenter ses taux directeurs pour éviter l’éclatement. Mais alors, l’argent se renchérit. C’est la conséquence d’une loi tendancielle du capitalisme Après le krach de février dernier, la semaine dernière a été clôturée aux Etats-Unis par une baisse de près de 6 % de l’indice boursier SP500 qui mesure les 500 plus grandes capitalisations boursières étasuniennes. Les taux de profit dans l’économie réelle capitaliste sont faibles et resteront faibles. C’est la conséquence d’une autre loi tendancielle du capitalisme. Après toutes les méthodes utilisées par l’oligarchie capitaliste pour tenter d’augmenter les taux de profit dans l’économie réelle (innovation dans le système capitaliste, intensification du travail, délocalisation, destruction de capital par les guerres, robotisation, etc.), il ne reste que la diminution de la masse des salaires directs et socialisés pour atteindre le taux de profit nécessaire pour accéder à la spéculation financière internationale. Donc la lutte des classes a franchi un nouveau seuil.
Et l’oligarchie capitaliste est obligée, pour maintenir le capitalisme, d’intensifier la lutte pour la diminution des salaires directs et socialisés. Voilà pourquoi l’offensive principale se porte sur les lois Travail, sur la formation professionnelle, sur l’assurance-chômage, sur la Sécurité sociale, etc. L’offensive de CAP 2022 contre les services publics et sur les statuts de la SNCF n’est qu’une accélération de ce qui précède. Dès début mai, le gouvernement précisera pour CAP 2022 les modifications des missions dites de service public qui ouvriront la porte à des privatisations massives des services publics, à la suppression de 120.000 postes de fonctionnaires remplacés par des contractuels et des travailleurs précaires. Pour les néolibéraux, le statut de la SNCF doit être changé pour que la France respecte les traités et les directives européennes qui ouvrent au privé, dès 2019, les trains non TGV, suivis ensuite des trains TGV. Pour les néolibéraux, le statut des cheminots doit être changé pour permettre ensuite leur incorporation dans un régime, unique pour tous les salariés, de retraites en comptes notionnels – ce qui aura pour conséquence une nouvelle baisse de même ampleur que la loi Balladur de 1993 (environ – 20 % en 25 ans). Voilà ce qu’il faut expliquer aux travailleurs : l’attaque contre le statut des cheminots, si elle réussit, permettra ensuite à l’oligarchie capitaliste de baisser toutes les retraites de tous les travailleurs !
En ce qui concerne la SNCF, il faut ajouter que c’est elle-même qui torpille le train en le concurrençant par la route. Le gouvernement et la direction de la SNCF font le contraire de ce qu’il faudrait faire pour engager la transition énergétique et écologique. Mais cela ne se sait pas assez.
Et pour que cela se sache, il faut former les militants, puis les adhérents, et engager une campagne d’éducation populaire massive auprès de tous les citoyens pour expliquer tout cela, qui est complexe, il faut le reconnaître.
Mais attention à ne pas céder aux sirènes des pensées magiques qui ne partent pas du réel pour aller vers l’idéal. Ces pensées magiques vous proposent le paradis dans un altercapitalisme intelligent. Autant dire une impasse. En fait, ils retardent la conscientisation des travailleurs. et donc la mise en mouvement massive nécessaire pour s’opposer au nouveau gérant du capital qu’est Emmanuel Macron.
Rien ne pourra remplacer la mobilisation consciente des travailleurs, ni la chance, ni Dieu, ni les pensées post-keynésiennes ou magiques, ni les stratégies populistes de gauche, ni les cartels d’organisations sans foi ni loi comme nous en avons connu par le passé. Voilà pourquoi il faut articuler les luttes sociales avec la formation massive des militants et une gigantesque campagne d’éducation populaire pour l’ensemble des travailleurs.
De plus, dans notre camp, nous avons une cinquième colonne qui croit combattre l’alliance du néolibéralisme avec les communautarismes et les intégrismes en étant encore plus communautariste que les néolibéraux ! Voilà pourquoi nous devons lier le combat laïque au combat social : pour éviter que la gangrène communautariste nous empêche de rassembler notre camp – qui est celui du plus grand nombre – contre le capital.
Voilà pourquoi le soutien et la participation aux luttes des cheminots, des fonctionnaires et de tous les travailleurs rassemblés sont impérieux. Voilà pourquoi nous avons distribué des milliers de 4 pages « Combat laïque, combat social » dans les manifestations du 22 mars. Voilà pourquoi il faut expliquer nos luttes aux usagers des services publics, pour qu’ils comprennent que c’est eux in fine qui sont visés par le capital. N’hésitez pas à organiser des séances de formation économique, sociale et politique. Nous sommes à votre disposition. Nous participons déjà environ à 400 initiatives par an mais c’est encore par trop insuffisant.
Un peuple uni jamais ne sera vaincu !