Du jamais vu : 68 des plus importants spécialistes de médecine d’urgence de toute l’Angleterre et du Pays de Galles ont adressé une lettre ouverte à la première ministre pour dénoncer le « grave et chronique » sous-financement des services d’urgence hospitaliers (A&E), certains soins n’étant plus sûrs dans le royaume (1)https://www.theguardian.com/commentisfree/2018/jan/11/guardian-view-nhs-crisis-not-just-the-flu. 10-12 heures d’attente dans les services d’urgence pour trouver un lit. Des patients qui meurent sur les chariots. Dans certains services, plus de 50 personnes attendent en même temps avant de voir quiconque.
En fait, les plans d’austérité se succèdent et il est maintenant patent qu’il manque du personnel, des lits et de l’argent pour les soins médicaux.
La première ministre Theresa May a suggéré aux journalistes que c’était dû à la grippe. Pour les médecins spécialistes de la médecine d’urgence, c’est une crise à l’échelle du système, provoquée par 7 années d’austérité croissante. Comme le dit le journal « le Guardian », la succession des plans d’austérité ne fabrique pas des lits d’hôpital ni ne crée de nouveaux postes pourvus en médecins et infirmières.
Le débat fait rage sur le mode de financement du système de santé. Il est à noter que le financement de la sécurité sociale britannique est totalement fiscalisé et qu’en période d’austérité néolibérale, il est alors très facile chaque année de restreindre de plus en plus drastiquement le budget de la santé. À noter également que le président Macron a accéléré la politique de ses prédécesseurs Sarkozy et Hollande, à savoir de ne plus partir des besoins pour établir le budget de l’Assurance-maladie.
La fiscalisation croissante de la Sécurité sociale en France favorise, non pas en soi, mais dans le cadre du modèle politique néolibéral, de suivre les modèles soit britannique soit étasunien. Le modèle britannique est une forte austérité sur un service de santé publique coûtant 9 à 10% du PIB. Le modèle étasunien est un service de santé entièrement privatisé qui coûte plus de 17% du PIB, avec plusieurs dizaines de millions d’étasuniens sans couverture sociale malgré l’usine à gaz de l’Obamacare. Avis aux amateurs français. Hé oui, le modèle anglo-saxon va devenir de moins en moins désirable pour une partie croissante de la population. Pas plus dans le domaine de la santé et de la sécurité sociale que dans le développement du communautarisme si cher à la cinquième colonne qui s’est immiscée dans la gauche de transformation sociale en France.
Bien sûr, la France n’en est pas encore là, bien qu’elle en prenne le chemin. Nous avons encore des dépenses de santé avec près de deux points de PIB au–dessus des britanniques mais le chemin pris par le gouvernement Macron sur la Sécurité sociale est dans le sillage de la politique britannique à ce sujet. Mais plusieurs exemples viennent encore montrer le danger d’une politique de rentabilité pour l’hôpital public et les conséquences pour les usagers. On pense notamment à l’hôpital Henri-Mondor avec la fermeture annoncée de services. La mobilisation à l’appel de l’intersyndicale FO-CFDT-CGT-SUD démontre la capacité de résistance des premiers concernés, mais il conviendrait de globaliser cette lutte et de la soutenir davantage en tant qu’usager pour gagner.
Il devient donc urgent de se mobiliser contre la destruction par le gouvernement Macron des services publics en général et du service public de santé en particulier. Il suffit de regarder le programme en cours d’Action publique 2022 et de son comité d’experts (CAP 22) qui doit privatiser des services publics et supprimer 150.000 fonctionnaires. L’agenda d’Action publique 2022 prévoit de prendre des décisions d’ici l’été 2018. il devient donc urgent de se mobiliser avec la Convergence nationale Services publics (2)https://www.convergence-sp.fr/ et convergenceservicespublics@gmail.com, qui va populariser dans les jours qui viennent un questionnaire alternatif à celui d’Action publique 2022.
La bataille est donc enclenchée. A vous de vous mobiliser !