Les massacres de masse de centaines de civils perpétrés par le mouvement intégriste islamiste et terroriste Hamas sont une injure au respect de l’humanité dû à chaque personne qui devrait présider avant toute action. Les horreurs découvertes dans les deux kibboutz de gauche de Kfar Aza et de Be’eri disqualifient ceux qui en France et ailleurs ont le 7 octobre 2023 déploré ces morts comme si c’étaient des morts de catastrophes naturelles. Ce procédé, cette stratégie ne peuvent et ne sauraient être acceptés par quiconque souhaite l’indépendance de son pays et lutte pour l’émancipation des individus et leur souveraineté dans un cadre national. Le massacre de masse prémédité de centaines de personnes sans défense n’est pas soutenable ni justifiable. Le Hamas n’intègre pas la liberté de disposer de son corps, l’intégrité physique et mentale des personnes, la possibilité d’acquérir une culture émancipatrice, la liberté de penser et de choisir sa spiritualité. Il ne représente pas le peuple palestinien, même s’il s’en réclame. Il répond à la même logique antihumaniste chez les ultraorthodoxes juifs et l’extrême droite israélienne. L’éditorial du journal d’Haaretz est sur ce point très juste.
Deux peuples pris en tenaille
Le peuple palestinien, notamment dans la bande de Gaza, et le peuple israélien sont pris en tenaille entre d’un côté une extrême-droite fascisante et intégriste – le Hamas qui contrôle la vie des Gazaouis – et de l’autre une extrême-droite fascisante qui a pignon sur rue au sein du gouvernement israélien de Benyamin Netanyahu associé aux ultraorthodoxes juifs. Il est légitime pour un peuple de résister à l’oppression, cela constitue un droit fondamental des êtres humains et c’est la situation dans laquelle se trouvent les Palestiniens soumis à l’occupation. Il est tout autant légitime pour un gouvernement de protéger ses citoyens et de se défendre face à des intrusions d’une force armée qui, de plus, utilise des méthodes criminelles et terroristes que la décence commune réprouve. Il faut noter ici que le gouvernement Netanyahu a juste auparavant utilisé l’armée israélienne non pour protéger le peuple israélien (il a dégarni la frontière avec Gaza), mais pour protéger les colons israéliens d’extrême droite et intégristes religieux en Cisjordanie et préparer l’annexion de la Cisjordanie.
Il faut bien reconnaître aussi que le gouvernement israélien, après l’avoir utilisé pour affaiblir et discréditer l’Autorité palestinienne, nourrit la puissance du Hamas en fermant les yeux sur le fait que les Gazaouis autorisés à travailler en Israël sont obligés de donner la moitié de leur salaire à ce mouvement intégriste digne de la pire des mafias.
Traumatisme des deux côtés
Les images circulant sur les réseaux sociaux (et dont il faut vérifier la véracité) qui montrent les atrocités ne peuvent que susciter un choc traumatique bien compréhensible. Ce choc risque fort d’amplifier le phénomène de haine réciproque qui nous éloigne des possibilités de paix durable.
Faire respecter le droit international
De la résolution 242 du Conseil de sécurité de l’ONU en 1967 qui affirme qu’une paix durable exige le retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés, jusqu’aux accords d’Oslo torpillés par les extrémistes des deux camps et notamment par l’assassinat d’Yitzhak Rabin (accords qui tentaient d’instaurer, pour régler le conflit israélo-palestinien, un mode de négociation sur la base d’une autonomie palestinienne), le droit international n’a jamais été respecté par l’État d’Israël. L’ex-accord de Genève israélo-palestinien allait dans ce sens, mais n’a pas donné non plus de résultat.
La seule solution durable réside dans la mise en place de deux États indépendants, palestinien et israélien, jouissant d’une reconnaissance réciproque. Il nous semble évident que les deux États ne peuvent s’appuyer que sur des principes laïques d’organisation de leur société afin que tous les individus, quelles que soient leurs options spirituelles athées, chrétiennes, musulmanes, juives, ou autre, puissent vivre ensemble.
De la géopolitique
En quelques lignes, et c’est pour cela que nous y reviendrons, il est impossible de traiter des conséquences géopolitiques de ce conflit dans lequel interviennent les USA, l’Arabie saoudite, les « BRICS » ou pays du « Sud », la Chine, la Russie, même si cette dernière est empêtrée dans son occupation illégitime d’une partie de l’Ukraine, l’Union européenne dont la France, l’Iran et la Turquie. En ce sens, les premières déclarations du gouvernement et du Président de la République française posaient problème. Il semble qu’une évolution plus politique soit en cours, seule manière de pouvoir intervenir positivement pour essayer de sortir de l’escalade des tueries et des vengeances, qui pour l’instant préside.
De notre point de vue, il faut tout faire pour mettre en œuvre des solutions respectueuses du droit international, susceptibles de régler ce conflit, pour éviter son élargissement à d’autres régions du monde.
Rappelons-nous les propos et la pensée de Jean Jaurès : le devoir de tous les citoyens est d’être attachés passionnément à la paix parce que la guerre est une terrible barbarie et un terrible obstacle au progrès social.
Les situations les plus dangereuses sont les situations troubles. C’est au prolétariat international, avertissant et aiguillonnant la conscience universelle, à exercer dans le sens de la paix, l’action décisive.
Il appelait à agir pour l’émergence de « la libre et harmonieuse fédération de nations autonomes » et jetait pour cela les bases de l’action internationale des travailleurs :
- Proclamation de l’indépendance de toutes les nations, de l’inviolabilité de la liberté de toutes les patries, du devoir pour les prolétaires de s’organiser pour défendre contre toute violence et toute agression l’indépendance des nationalités.
- Proclamation du devoir des prolétaires de tous les pays de s’organiser pour maintenir la paix.
- Proclamation du droit et du devoir des nations autonomes de maintenir énergiquement leur autonomie.
Pour ce qui concerne directement la République française, il est urgent d’éviter l’importation de la haine engendrée par cet acte ignoble commis par le Hamas et par la riposte et le blocus de l’enclave de Gaza, tout autant inadmissible, sur le territoire national. La prolifération d’actes racistes en général et antisémites en particulier envers les écoles et les écoliers, envers les synagogues et les fidèles doit être condamnée et empêchée. Cela conforte la nécessité de préserver et promouvoir toujours plus les principes de laïcité qui garantissent la liberté de conscience en premier lieu et la liberté de culte donc de pratiquer un culte ou de n’en pratiquer aucun. La loi du 9 décembre 1905 permet à la puissance publique de sanctionner les prêches, les appels à la violence et à la haine contre les individus en raison de leurs convictions.