L’année 2014 commence mal, ou plutôt, disons que ce début d’année 2014 fait ressortir les faiblesses de la gauche en général et de la gauche de la gauche en particulier. Alors que Dieudonné est un raciste et un antisémite patenté (soutien à Faurisson, négationnisme, refus de choisir entre la Résistance et le nazisme, propos envers le journaliste de France Inter P. Cohen, etc.), la gauche en général et la gauche de la gauche en particulier ne sont pas unanimes à le constater. Nous voyons là une fois de plus que la gauche de la gauche n’est pas une gauche de gauche !
Premier motif de tristesse.
Pire, les médias néolibéraux ont organisé le débat en deux camps, celui de Dieudonné et celui de Valls, et somment les citoyens de choisir l’un ou l’autre camp. Et trop d’entre eux tombent dans ce traquenard, y compris dans la gauche de la gauche.
Deuxième motif de tristesse.
Et puis, se développe l’idée que cette affaire n’est pas grave, parce que tous les soutiens de Dieudonné ne sont pas racistes et antisémites. L’histoire des années 30 n’aurait donc servi à rien ? Ceux qui ont soutenu la collaboration française et le nazisme n’étaient certainement pas tous racistes et xénophobes. Et cela n’a pas empêché Pétain et Hitler de faire leur politique. Il faut en réalité poser clairement cette question : « Pourquoi Dieudonné a-t-il autant de soutiens ? » Notre réponse est la suivante : dans les soutiens au raciste et antisémite Dieudonné, il y a ceux qui sont effectivement racistes et antisémites et qui se sentent libérés par le traitement faussement humoristique de Dieudonné, mais il y a aussi ceux qui rejettent l’ensemble de l’offre politique présente et croient trouver en Dieudonné un porte-parole de l’anti-système. Mais Dieudonné est totalement intégré au système, de même que le fascisme et le nazisme étaient dans les années 30 intégrés au système capitaliste, on oublie trop que la majorité du patronat et ses élus patentés avaient souhaité cette dérive autoritaire.
Qui est responsable de cela, sinon les politiques néolibérales de ces trente dernières années qui n’offrent au plus grand nombre et à sa jeunesse que la montée du chômage, de la précarité, de la pauvreté, de la misère, des injustices et inégalités sociales de toutes natures (de logement, de santé, de retraite, de transport, etc.), du communautarisme, etc ? Qui pratique depuis plus de trente ans ces politiques néolibérales et communautaristes ? Les directions de l’UMP et du PS et leurs alliés. Oui, il faut une stratégie du double front : contre Dieudonné et contre les politiques néolibérales et communautaristes. Nous avons vu peu de réactions de ce type.
Un motif de tristesse de plus.
Les prochaines élections sont les municipales. Elles auraient pu réjouir nos cœurs. Que nenni ! La direction du PCF a décidé de frapper dans le dos le Front de gauche lui-même en autorisant dans la moitié des villes de 20.000 habitants une alliance avec le PS (responsable des politiques néolibérales de 1983 à 1986, de 1988 à 1993, de 1997à 2002 et depuis juin 2012) dès le premier tour, alors que cette élection est une élection en deux tours ! Pourtant, des milliers de communistes sont attachés à la stratégie du Front de gauche, qui est celle des listes autonomes du Front de gauche et de ses alliés au premier tour.
Un motif de tristesse de plus.
Et n’a-t-on pas entendu qu’il pouvait y avoir des politiques locales totalement déconnectées de la politique nationale, alors même que le premier magistrat de la commune ou de l’intercommunalité soutient mordicus toutes les décisions néolibérales, jusque et y compris l’acte III de la décentralisation et tout ce qui touche la politique locale ?
Un motif de tristesse de plus.
N’a-t-on pas entendu des élus communistes, gagnés à l’accord dès le premier tour avec le PS, dire en plein conseil municipal qu’ils étaient contre le décret Peillon sur les rythmes scolaires mais qu’ils voteraient pour car ils faisaient partie de la majorité municipale ?
Un motif de tristesse de plus.
Nos vœux pour 2014
Précisons-les à la lecture de ce qui précède :
– Populariser le fait que le monde n’a jamais été coupé en deux. Mais en trois ou plus. Donc nous avons toujours au moins deux adversaires.
– Populariser que des alliances sont toujours possibles (par exemple au deuxième tour des élections à deux tours, par exemple contre le racisme, contre l’antisémitisme et contre le fascisme), mais sur des bases claires car on ne peut faire de la politique en schizophrène et faire le contraire de ce que l’on dit ou dire le contraire de ce que l’on fait.
– Populariser la stratégie du double front. Contre les communautarismes et intégrismes religieux d’une part et les néolibéraux de l’autre. Contre le racisme et l’antisémitisme d’une part et les néolibéraux d’autre part. Contre l’extrême droite et contre les néolibéraux de droite et de gauche.
– Développer l’éducation populaire sous toutes ses formes.
– Transformer la gauche de la gauche en gauche de gauche au sens de Bourdieu.
– Participer à la bataille pour l’hégémonie culturelle, selon la conception qu’en a développée Antonio Gramsci.
– Et, en cette année du centenaire de l’assassinat de Jean Jaurès, promouvoir à terme un modèle politique anticapitaliste : la République sociale, qui lui était si chère.
N’hésitez pas à nous soutenir ou à faire appel au Réseau Education populaire dans vos débats !