Après avoir déploré la vente des bijoux industriels français à des multinationales étrangères (STX et Alsthom), ça y est, on en a terminé de la lecture du projet de loi de finances (PLF) et de celui du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Ce n’est qu’une continuation de la politique hollandaise en pire pour les travailleurs actifs et retraités. Nous vivons une accélération des politiques austéritaires du mouvement réformateur néolibéral. Rappelons ici que ce n’est pas parce qu’ils sont plus méchants que l’équipe précédente ni moins volontaristes ou moins intelligents que ces derniers, mais parce que la gestion du capital dans le capitalisme d’aujourd’hui demande que la masse des salaires directs et socialisés diminue pour maintenir les taux de profits via les dividendes qui sont partout en forte augmentation. En paraphrasant Warren Buffett, nous sommes bien en période de lutte des classes, et l’avantage est de plus en plus du côté de l’oligarchie capitaliste. Pour l’instant…
D’abord un point commun au PLF et au PLFSS. Leur raisonnement ne part pas des besoins économiques et sociaux en terme de services publics, de protection sociale, de lutte contre le chômage, de la nécessaire réindustrialisation de la France sous transition écologique, de lutte contre les inégalités grandissantes de salaires, de retraites, de santé, de logement, de culture, d’instruction et d’éducation, etc. mais de la nécessité, dans l’intérêt de la classe dominante, de baisser les dépenses liées aux conquis sociaux.
Pour le PLF. C’est simple, baisse des impôts pour la classe dominante, baisse des financements pour les services publics, et ponction sur les budgets sociaux.
Pour le PLFSS, c’est plus subtil. D’abord l’arbre qui veut cacher la forêt. Prenons par exemple, la branche famille de la Sécurité sociale. Augmentation des aides pour les familles monoparentales pauvres, qui cache la « forêt » des reculs sociaux, diminution du budget global, marche forcée vers la fin de l’universalité des prestations, vers la fin de l’institution du droit social, et de son corollaire, la forte baisse des cotisations (qui augmente immédiatement et mécaniquement le profit des entreprises dans le modèle politique néolibéral), la fiscalisation de ce qu’on appelle l’aide sociale. Et la privatisation des deux structures qui restent encore majoritairement socialisées, l’école et la protection sociale. Pour le grand bénéfice de l’industrie pharmaceutique, des complémentaires santé, de la bancassurance, etc.
Mais les macronistes jupitériens sont contents parce qu’ils ont baissé les déficits comme si c’était le seul critère. Exit les besoins sociaux. Car cette remise à l’équilibre de trois branches sur 4 de la Sécurité sociale s’effectue grâce à une aggravation des inégalités sociales de salaires, de retraite, de logement, de santé, scolaires, culturels, etc. et bien sûr d’une intensification de la désertification médicale, de la fermeture de services et d’hôpitaux et de maternités de proximité, de fermeture des bureaux de poste, de privatisation des bourses du travail et des lieux de réunion du peuple, augmentation du reste à charge (par exemple par l’augmentation du forfait hospitalier à 18 euros !), etc. Le tout dans un recul programmé de la laïcité, recul qui empêche le rassemblement et la souveraineté populaire !
Reste la croissance forte du chômage qui est reparti à la hausse cet été. D’où bien sûr le maintien du déficit du Fonds social vieillesse (FSV).
Mais le futur traitement de choc va s’amplifier dans les années qui viennent…Une nouvelle baisse des indemnités chômage et des retraites est programmée grâce à un nouveau développement de la précarité et au passage aux comptes notionnels, etc.
Et comme le déficit de l’État va augmenter, inutile de vous dire que la purge sera encore plus forte dans les années qui viennent.
Que faire ? Nous inviter à débattre !
Comme nous n’avons pas d’élections prévues avant mai 2019 et qu’il n’est pas impossible que les macronistes jupitériens reculent en mars 2021 la date des municipales, nous avons la possibilité d’ici là d’engager des actions culturellement et politiquement nouvelles dans la période. D’abord, renforcer le mouvement syndical revendicatif seule à même à terme de bloquer l’économie du pays sans laquelle il n’y aura pas de victoire de la résistance salariale et citoyenne. Ensuite, développer la formation en stage longue durée des militants, créer les liens sociaux avec le peuple (par formation des équipes locales dans les communes et les quartiers y compris par des méthodes innovantes) à commencer par les couches ouvrières et employées majoritaires dans le pays mais qui ne sont pas gagnées aux discours des actuelles organisations syndicales et politiques (d’où le développement d’une abstention massive sur le plan social et politique). Et bien sûr promouvoir une éducation populaire refondée pour que le peuple et sa jeunesse tout entiers prennent en charge la bataille pour une nouvelle hégémonie culturelle sans laquelle point de transformation sociale et politique. Sans oublier la nécessaire convergence des luttes sans laquelle l’actuelle division empêchera la résistance victorieuse.
Hasta la victoria siempre (jusqu’à la victoire finale)