Il y a quelque obscénité pour le gouvernement et ses relais médiatiques à parler de sortie de crise aujourd’hui alors que le chômage ne cesse d’augmenter (4,25 millions d’inscrits à Pôle emploi fin septembre toutes catégories confondues ; 2,58 millions en catégorie A, soit une augmentation de 25% en un an et un taux de chômage repassé au dessus des 9% de la population active), le nombre de ménages en situation de surendettement explose (17,6% de dossiers déposés depuis le début de l’année par rapport à 2008), les impôts locaux en hausse sensible (taxe d’habitation : +8,1%, taxe foncière : +9,1%).
Mais en plus, tout cela n’est que de la poudre aux yeux si on se donne la peine de regarder les chiffres de près. Certes, la consommation en produits manufacturés a augmenté de 2,3% en septembre et le PIB a augmenté de 0,3% au 2ème trimestre 2009 après une baisse de 1,4% aux 2 trimestres précédents ; mais lors des 2 trimestres précédents, le « prix » du PIB avait augmenté et la baisse globale était due à une baisse importante en volume. Le trimestre dernier, le volume a augmenté mais le prix à baissé. Car il faut rappeler que nous sommes en déflation (le glissement annuel de l’indice des prix à la consommation est négatif depuis le mois d’avril). Dit autrement, la valeur ajoutée dégagée par cette augmentation du PIB est bien moindre que le laisse penser le chiffre brut. Tout cela laisse craindre que nous rentrons dans une spirale combinant une hausse de la consommation, et du PIB en volume à une déflation, et une baisse du PIB en valeur, d’où une baisse des profits et une hausse des fermetures d’entreprises et du chômage.
Alors que les dogmes européistes (un déficit public <3% du PIB et une dette publique <60%) ont été pulvérisés avec la crise, il est temps de s’interroger sur les lendemains de la relance budgétaire keynésienne qui pourraient se révéler plus que difficiles.
En gardant comme seule boussole la croissance à tout prix du PIB, le gouvernement non seulement rate une occasion unique de poser les bases d’une nouvelle économie qui combine justice sociale et protection environnementale, mais il nous prépare un avenir sombre. Car cette masse de dette accumulée, il faudra bien la solder un jour, et puisqu’elle n’aura pas été utilement employée à changer notre système économique qui repose sur une double exploitation, sociale et écologique, il faudra la solder avec les deux seules possibilités qu’il offre, à savoir la hausse des impôts et un retour de l’inflation.
Dans le champ de ruines sociales et écologiques qui succèdera à l’illusion de la relance, pas sûr que notre omniprésident ne préfère pas postuler à la présidence de l’UE plutôt que de chercher à rempiler à une place qui pourrait bien devenir très inconfortable.