Sur le plan géologique, nous ne savons pas vers quel supercontinent la tectonique des plaques nous entraînera : vers l’Amasie, vers la nouvelle Pangée ou la Pangée prochaine ? Mais nous savons qu’il y a une dérive des continents qui modèlera différemment la situation des continents entre eux dans un temps futur, pour évacuer un surcroît de chaleur !
Filons la métaphore. Sur le plan politique, ne vivons-nous pas les effets d’une tectonique des plaques analogue ? Si oui, plus rien ne sera comme avant dans ce mouvement inexorable ! Et comme le temps de l’histoire est incommensurablement plus rapide que le temps géologique, les modifications visibles par le plus grand nombre seraient infiniment plus rapides que les changements géologiques !
De quoi bousculer l’impatience des idéalistes de la bourgeoisie intellectuelle de gauche qui confondent toujours le temps humain, celui de leurs désirs immédiats, et le temps de l’histoire, celui des changements sociaux et politiques. Mais aussi de bousculer une autre partie de la bourgeoisie de gauche, dramatiquement conservatrice, celle qui croit que ce qui pouvait fonctionner il y a une quarantaine d’années est encore crédible aujourd’hui et même demain et après-demain. Cette catégorie ne semble pas avoir compris la leçon politique du 10 avril 2022 et n’a plus qu’une seule issue, rejoindre le « poison français » de l’extrême centre (P. Serna). Quant aux idéalistes de la bourgeoisie intellectuelle de gauche, il leur faudra comprendre la philosophie matérialiste, celle qui estime que ce sont les contradictions dans le réel matériel qui sont le moteur de l’Histoire et non leurs idées, fussent-elles sympathiques et morales.
Soutenons la campagne de la NUPES 2022 !
Depuis une quarantaine d’années, tous les gouvernements français sont gagnés aux thèses du mouvement réformateur néolibéral et ont contribué, chacun faisant pire que le précédent, à faire croître inexorablement les inégalités sociales de toute nature.
Et les prêtres médiatiques appelés « éditorialistes » s’étonnent de l’écroulement progressif, mais somme toute assez rapide dans le temps de l’histoire, des deux partis dominants de cette période, le PS et LR, et sont surpris par une gauche qui a enfin compris que l’on devait expérimenter d’autres façons d’agir politiquement !
Pour ceux qui ont vu que le résultat des législatives de 2017 n’a pas empêché le gouvernement le plus néolibéral de la Ve République d’asséner ses coups contre le monde du travail, il était temps de réagir. Après le catastrophisme et les chantages à base de sondages et de manipulation du candidat Zemmour lors des élections présidentielles, quelles que soient les critiques à faire à notre système institutionnel, il faut bien se réveiller !
Donc nous saluons la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES) pour les raisons suivantes :
- Elle renoue avec une politique de rassemblement significatif sans laquelle la gauche ne peut pas résoudre la condition nécessaire, quoique non suffisante, de gagner les élections. Aucune organisation, fut-elle la plus importante à gauche, ne peut gagner les élections toute seule. La preuve de 2017 a donc été entendue.
- Elle engage un début de clarification indispensable face à une fausse gauche, celle qui va rejoindre le « poison » de l’extrême centre. Il était temps que cette imposture cesse pour que le clivage gauche-droite redevienne central !
- Elle ouvre la meilleure possibilité d’augmenter sensiblement le nombre de députés déterminés face à l’extrême centre et aux extrêmes droites. Certes, nous n’en sommes pas à un programme « commun », mais ce terme a laissé de tristes souvenirs quant à sa concrétisation. Et puis le programme « minimum » du Front populaire(1)Après que l’union ait été imposée par le peuple, dans la rue, « par le bas », le 10 janvier 1936, les partis radical, socialiste et communiste signent, en compagnie de la CGT en voie de réunification, le programme de Rassemblement populaire dans l’hypothèse d’une victoire électorale au printemps suivant. Voir https://books.openedition.org/igpde/2293?lang=fr reste un exemple de réalisme et d’ouverture vers un basculement qui échappait aux prévisions.
- Cette politique de rassemblement va permettre au-delà des législatives de 2022 une nouvelle dynamique pour la gauche de gauche à laquelle nous contribuons, avec un discours contre-hégémonique basé sur la stratégie de l’évolution révolutionnaire et avec pour objectif le modèle politique de la République sociale.
Avec comme outil enfin, la pratique de campagnes d’éducation populaire refondée pour continuer de façon concomitante la bataille de rassemblement – notamment vis-à-vis des abstentionnistes de la jeunesse et de la classe populaire ouvrière et employée – et la clarification indispensable pour surmonter les divergences existant à l’intérieur de la NUPES.
Ce que nous qualifions d’espoir, sans prétendre qu’il s’agit d’un premier pas vers la « refondation de la gauche », c’est une dynamique qui devrait soutenir le mouvement social à un moment où la dégradation des conditions de vie consécutive à la guerre d’Ukraine et à l’inflation se fait fortement sentir. Il appartient donc à tous ceux qui se félicitent aujourd’hui de cette « Nouvelle Union » de veiller attentivement à ne pas en éteindre la flamme.
Hasta la victoria siempre (jusqu’à la victoire finale) ! mais une victoire significative de l’ensemble du peuple…
Notes de bas de page
↑1 | Après que l’union ait été imposée par le peuple, dans la rue, « par le bas », le 10 janvier 1936, les partis radical, socialiste et communiste signent, en compagnie de la CGT en voie de réunification, le programme de Rassemblement populaire dans l’hypothèse d’une victoire électorale au printemps suivant. Voir https://books.openedition.org/igpde/2293?lang=fr |
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