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Le nouveau président de la République ne sera couronné que le 16 mai prochain. Pourtant, il est déjà au cœur de polémiques assez vives, dans certains médias, et sur les listes électroniques. Je ne parlerai pas des gauchistes d’opérette qui, depuis dimanche soir, font semblant de jouer les grands résistants contre la future « dictature » de Sarkozy, en cassant des vitrines et en brûlant des voitures. Même Hollande a compris que cela était une vraie aubaine pour l’UMP, et a conseillé aux manifestants de voter aux prochaines législatives (PS de préférence).
On a commencé à taquiner notre nouveau président sur sa soirée au Fouquet’s, avec des PDG notoires, alors qu’il avait fait campagne en tant que représentant du peuple. Je suis un peu ennuyé par ces attaques, car je me suis retrouvé un samedi soir à manger au Fouquet’s, j’avoue tout, et ce n’est pas moi qui ai payé !
Je suis certain que Nicolas Sarkozy aurait aimé passer la soirée de dimanche, et une partie de la nuit, avec des caissières de super-marché.
Pourquoi n’a-t-il pas pu le faire ? Tout est la faute des syndicats ! Ce sont eux qui s’opposent, par archaïsme, à ce que les grands magasins soient ouverts 24 heures sur 24, sept jours sur sept !
Il ne restait donc plus qu’à notre nouveau président de fêter sa victoire avec des vrais entrepreneurs, qui se lèvent tôt, se couchent tard, et bossent, eux, le dimanche, la nuit, les jours fériés, pour la prospérité de la France ! C’est pour cela qu’ils gagnent plus !
Ensuite, on lui fait ce mauvais procès des trois jours de vacances, sur le yacht de Bolloré, avec son jet. Commençons par les congés. Nicolas Sarkozy a appliqué une mesure de gauche. Il a respecté le programme de Jacques Delors, quand celui-ci entendait postuler à la présidentielle de 1995. Le père de Martine Aubry, qui aurait été, selon « Le Canard Enchaîné » de cette semaine, vice-premier ministre d’un gouvernement Ségolène, à 82 ans (Le Pen a de l’avenir), avait proposé d’en finir avec le temps hebdomadaire de travail, et envisageait que cela se calcule sur la durée d’une vie ! Bien évidemment, les petits malins, ceux qui mettent les rieurs de leur côté, avaient dit qu’ils étaient d’accord, et qu’ils prenaient tout leur reliquat de vacances en début de carrière. Et bien, Sarkozy s’est inspiré de cela, il prend toutes ses RTT en début de mandat, qui peut lui reprocher ?
D’autre part, quelle mesquinerie que de lui reprocher les jets et les yachts de Bolloré ! D’abord, il faut reconnaître le droit à un homme politique de prendre trois jours de vacances, avec femme et enfant, après une épreuve aussi exigeante. Donc, où voulez-vous qu’il aille ? Dans un premier temps, on avait parlé d’un monastère. Mais s’il avait fait cela, les Caroline Fourest et autres journalistes de Charlie Hebdo, qui lui tirent dessus en toute occasion, se seraient déchaîné contre le côté calotin d’une telle démarche.
Notre ami Jocelyn Bézecourt serait peut-être revenu d’urgence de Buenos-Aires pour nous faire profiter de sa plume acérée, en commentant un tel événement.
Où voulez-vous donc qu’un président de la République aille pour méditer ? Il ne restait que la pleine mer, et un yacht. Est-ce sa faute si ses amis du peuple n’en ont pas à lui proposer, et que seul des gens comme Bolloré en possèdent ?
Ce qu’attendent les salariés du privé, c’est qu’il puisse se concentrer, et trouver les combines pour augmenter les salaires, et garantir le plein emploi, comme il s’y est engagé.
Ce qu’attendent les fonctionnaires, c’est les augmentations de salaires que Sarko leur a promis, en ne remplaçant que la moitié de ceux qui partent en retraite.
Ce qu’attendent les veuves et les retraités modestes, c’est qu’il trouve les sous pour augmenter leurs revenus de 30 %, comme promis.
Pour cela, il faut bien que le nouveau président réfléchisse aussi dans la tranquillité, car il a aussi promis à ses amis, qui lui paient ses soirées et ses vacances, de grandes exonérations fiscales. Il a aussi besoin de tranquillité pour régler d’autres sujets graves. Doit-il récompenser Besson, et lui donner un ministère, en récompense de sa trahison ? Ségolène lui a dit qu’elle prendrait cela très mal ! Et Allègre, qui s’est fait prendre comme un bleu, avant le scrutin, par une caméra indiscrète, en train de sortir du quartier général de l’UMP ? Faut-il le remettre à l’Education nationale ? Et Charasse, qui l’a accueilli en grandes pompes dans sa commune ? Ne pas oublier de récompenser non plus les traîtres bayrouistes.
Bref, la polémique va se calmer vite fait, surtout si Sarkozy fait savoir à quelques adversaires que s’ils continuent, lui aussi a des dossiers sur leurs vacances passées, et sur leur fortune…
Par contre, au Parti socialiste, on a compris que si la guerre civile éclatait avant les prochaines élections, le désastre qui s’annonce allait être encore plus important.
Certes, le discours surréaliste de Ségolène Royal, dimanche soir, en a irrité plus d’un. Pas un mot de tristesse pour les salariés, pour les classes populaires ! Sa volonté, malgré l’ampleur de la défaite, de diriger les prochaines législatives ne pouvait, dans le contexte du PS, passer tout seul. Mais cela ne peut pas exploser maintenant.
Strauss-Kahn, qui jouait au méchant dimanche soir, s’est calmé. Fabius, qui se donnait quelques jours pour grogner, est dans la direction de campagne. Tout le monde fait semblant d’être amis, pour limiter la casse. Les seconds couteaux, souvent d’anciens trotskistes, distillent leur venin aux journalistes.
Certains socialistes parlent d’un chiffre de cent à cent vingt sièges pour les prochaines législatives, cela va donc être d’abord le sauve qui peut, et la guerre civile sera pour après.
Autre mauvaise nouvelle pour la « Reine Ségo », un livre assassin des journalistes du « Monde » Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin, « La femme fatale », va mettre l’accent sur les conflits personnels qui opposent Hollande et Royal depuis plusieurs mois, et sur les conséquences de cette fâcherie sur le climat de la campagne. Une vraie torpille pour le parti socialiste, qui ne va pas arranger les choses.
Dans ce contexte, il ne va pas rester beaucoup de places pour les « camarades » Verts, communistes, radicaux ou chevènementistes.
Quant aux accords possibles avec Bayrou, cela va être d’autant plus difficile que l’ancien candidat a perdu vingt-deux de ses députés, et que, bien qu’il menace de présenter des candidats partout, la débâcle de son parti fera que les centristes, qui pour la grande majorité ne sont que des supplétifs de la droite, vont se dégonfler comme des baudruches, et revenir à des scores que seule une manipulation politique a fait gonfler.
Cela va être difficile, malgré les appels de Strauss-Kahn et de Ségolène à la modernité, d’expliquer, dans certaines circonscriptions, aux militants de gauche qu’il faut se retirer, respecter des accords nationaux, et voter UDF contre l’UMP !
Ill apparaît donc, pour Ségolène Royal, que cela sera un peu plus compliqué qu’elle ne le pensait, pour incarner, durant ces cinq années, l’opposition à la droite dure qui va se mettre en place.
Évariste
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Beaucoup de militants ont la gueule de bois. Ils se demandent comment la gauche a-t-elle pu perdre la présidentielle, pour la troisième fois consécutive, en faisant le plus bas score qu’un candidat ait fait au second tour depuis 1965. Beaucoup se disent que l’addition des grèves de 2003, des victoires électorales de 2004, du TCE de 2005 et du CPE de 2006 faisait que la partie était imperdable.
Certains, tels Filoche, pensent que seul le social compte, et qu’il aurait suffi de parler plus à gauche que Ségolène pour gagner. Certes, on ne peut pas dire que la candidate ait été très explicite sur la question sociale, mais n’avoir que cette seule approche pour expliquer l’ampleur de la défaite est trop réducteur pour être crédible. D’autres, tel Todd, accusent l’influence trop républicaine de Jean-Pierre Chevènement sur la candidate, et expliquent que si Laurent Fabius, candidat du « non de gauche » avait été désigné, la victoire aurait été certaine. Je n’en crois pas un mot, et je ne vois pas pourquoi les classes populaires auraient pu s’identifier à un candidat comme Fabius. La triste réalité est ailleurs.
Sachons dire qu’en face, il y avait un candidat redoutable, talentueux, expert dans la communication. La clarté de ses réponses (qu’on peut et qu’on doit contester pour beaucoup d’entre elles) contrastait avec la langue de bois et l’approximation de beaucoup de candidats de gauche. Il a su poser les questions qui préoccupent les Français, sur lesquelles toute la gauche, exceptée les Républicains (et encore…) est tétanisée.
Que ce soit sur l'immigration, sur la sécurité, sur la justice, mais aussi en parlant de la « valeur travail », en évoquant le pouvoir d'achat, la retraite et la dépendance des anciens, en disant qu’il voulait en finir avec l’assistanat, et mettre en avant le travail, Sarkozy a su émettre des réponses claires aux questions que les Français se posent sur toutes ces thématiques.
Face à la trame de l'ancien ministre de l'intérieur, la gauche a cruellement manqué d'un projet aussi solide et surtout aussi proche des préoccupations des Français que l'était celui de l'UMP, ainsi que d’un opposant à la hauteur du talent de l’adversaire. Triste constat.
Quand, dans cette campagne, la candidate s’est-elle adressée aux travailleurs, aux ouvriers, aux employés, aux fonctionnaires, aux enseignants, dont beaucoup, depuis de longues années, se sont durablement détournés de la gauche, aux paysans, aux artisans, aux retraités ?
Ouvriers dont 25 % ont encore voté Front National au premier tour, et qui ont fait basculer le Nord à droite au deuxième tour, véritable camouflet pour Martine Aubry. Enseignants et classes moyennes qui se sont davantage reconnus dans le discours novateur de Bayrou et n'ont pas forcément bien reporté leurs suffrages au second tour sur Ségolène Royal, lui préférant le vote nul ou blanc. Classes populaires qui ont rejeté l'angélisme de la gauche face aux questions de l'insécurité et qui ont été rassurés par le discours de Nicolas Sarkozy, notamment après l'affaire de la gare du Nord.
Le comble a été sur la question européenne. Nicolas Sarkozy a compris que la victoire du non était profonde, et majoritaire dans les classes populaires. Il a senti, conseillé par Henri Guaino, que la majorité des électeurs n’a pas voté « non » pour avoir davantage d’Europe (fable à laquelle s’accrochent beaucoup de militants de gauche qui ont voté non), mais parce qu’ils sentaient bien que la poursuite de la politique de Bruxelles allaient anéantir la France. Il a saisi cet attachement à la Nation, qui renaissait, dans tout le pays, après des dizaines d’années de matraquage idéologique des gauchistes antirépublicains. Ses formules sur « J’aime la France, et je vais lui rendre tout ce qu’elle m’a donné » rassemblait son camp, faisait mouche dans l’opinion, alors que Ségolène Royal se faisait moquer d’elle, à gauche, quand elle essayait de surfer sur ce sentiment.
Mais surtout, quand certains le traitent de populiste, il a compris, mieux que quiconque, le rejet des aspects les plus méprisants du discours bobo de gauche, par les couches populaires.
Quand on dit, sous la pression du discours des Verts, aux salariés qui essaient de vendre leur force de travail en prenant leurs voitures qu'ils sont des « pollueurs » qui doivent « payer », cela ne passe pas chez les ouvriers les plus modestes, qui habitent le plus loin des centre-ville, et cela ne les convainc pas que la gauche est de leur côté.
Même quand Sarkozy, comme ministre de l’Intérieur, a organisé un système policier sécuritaire sans égal en Europe, transformant les honnêtes automobilistes en délinquants, personne, dans une gauche pourtant prompte à dénoncer la moindre décision « sécuritaire » du ministre de l’Intérieur, n’a été capable d’expliquer l’injustice de ces mesures, et les conséquences désastreuses pour des salariés pour qui la voiture est un permis de travail.
Quand le conseil régional d’Ile-de-France, dirigé par le socialiste Jean-Paul Huchon, décide la gratuité des transports pour les Rmistes et les chômeurs, mais n’a pas un geste vers les salariés pauvres, il donne des verges pour faire fouetter toute la gauche, et permet à Sarkozy de se réclamer de la défense de la « France qui se lève tôt ».
Quant on dit aux ouvriers, employés et fonctionnaires que les 35 heures (excellente idée, par ailleurs) ont été un acquis alors que gel des salaires, flexibilité, et annualisation ont été imposées en coûteuse contrepartie aux plus modestes, on laisse un boulevard à Sarkozy quand il raconte qu’on donne des RTT à des gens qui n’ont pas d’argent pour en profiter, et que lui va donner du salaire !
Quand on dit aux victimes des violences urbaines, de la délinquance et de la criminalité, qu'il faut « comprendre » les « causes » sociales, et agir en « prévention » en refusant de revoir le code pénal, de mettre en cause le laxisme de certains juges, ou de toucher à l'ordonnance de 1946 pour sanctionner réellement les délits, les crimes, et plus encore la récidive, y compris commis par des mineurs, voilà l'angélisme de gauche que les Français ont rejeté. Les manifestants contre le CPE, en 2006, ont vu la réalité de la nouvelle délinquance juvénile. Là encore, les gens modestes ont eu l’impression que Sarkozy était courageux, et s’intéressait plus à leur sort qu’une gauche paralysée par un discours compassionnel suicidaire.
Quand on met la laïcité dans notre poche et qu'on ne trouve rien à redire sur l'islamisme de banlieue qui impose à tant de nos concitoyennes le tchador et le hijab, en signe de la négation de leurs droits, et de leur soumission aux hommes, voilà le relativisme que les Françaises ont rejeté. Pourtant, sur la laïcité, Sarkozy était facile à contrer, quand il voulait toiletter la loi de 1905, mais il n’a fait que dire tout haut ce que trop d’élus de gauche pratiquent en cachette au quotidien, en subventionnant des lieux de culte, souvent des mosquées, de manière déguisée.
Quand on dit à tous ceux qui se sentent fiers d'être Français, qu’aimer la France serait « suspect », et qu’on ferme les yeux sur les « Nique la France» de certains rappeurs, on ne peut mieux aider Sarkozy à conquérir des classes populaires bien plus attachées à la Nation et à la République que les élites bobos parisiennes.
Si la gauche, au lieu de s'adresser aux clientélismes d'une fausse modernité qui voudrait que nous soyons du côté des bobos ou des rappeurs, s'était adressé aux ouvriers, aux employés, aux travailleurs, tous inquiets pour leur emploi et leurs salaires, aux fonctionnaires soucieux de la qualité des services publics et de leur pérennité, aux femmes attachées à leurs droits, aux familles préoccupées par leur sécurité, aux jeunes d'origine étrangère demandeur d’une intégration sociale et citoyenne, elle n’aurait pas laissé à Nicolas Sarkozy le soin de répondre seul aux questions que se posaient les Français.
Si les directions avaient compris le message du 21 avril 2002, et la souffrance des classes populaires devant l’abandon des territoires perdus de la République, si elles n’avaient pas laissé le seul Sarkozy donner l’impression qu’il luttait contre les voyous incendiaires d’écoles publiques, d’entreprises, de voitures et de bus, en décembre 2005, peut-être la gauche aurait-elle pu convaincre les classes populaires qu’elle était réellement de leur côté.
Certes, Ségolène Royal, sans doute conseillée par Julien Dray, a essayé de sortir du discours compassionnel habituel de la gauche. Mais cela était-il crédible quand elle était entourée des Lang, Strauss-Kahn, Aubry, Guigou, Hollande, Moscovici, Voynet, Cohn-Bendit, Bové et ses Indigènes de la République, Buffet, etc., tout en se rapprochant d’un Bayrou ?
Toutes ces directions politiques ont perdu le peuple depuis longtemps, minées par un mélange de culture bobo et gauchiste, à l’opposé des valeurs républicaines et populaires.
Poser la question, c’est y répondre ! Sarkozy ne pouvait pas perdre avec de tels adversaires.
Lucette Jeanpierre
Il était inscrit dans le paysage politique que la revanche des libéraux, confrontés au vote populaire contre la constitution européenne, devait s’exprimer le plus tôt possible. Il fallait, pour les uns et les autres laver cet affront. A contrario d’une sainte alliance, le peuple avait osé voter « NON » au projet constitutionnel !
Dans la suite logique des élections, cette date devait être celle des présidentielles. Dont acte : il en fut fait comme Ils l’avaient voulu.
Au delà du réel danger que représente la pensée néo-conservatrice de Nicolas Sarkozy, le projet de la gauche libérale ne pouvait s’exprimer qu’aux limites de ce même projet. A aucun moment, cette gauche n’avait les moyens de contrer le projet de l’UMP, elle était ailleurs. Leur représentante nous a rappeler au devoir de Patrie, au travers de vibrants appels à chanter « La Marseillaise ». Au respect de la Famille, antienne d’une ministre qui vante ses nombreux enfants, exemples pour le peuple. Au Travail qui devait se mesurer au travers de la réduction de son temps dès lors qu’il s’agissait de compétition internationale… Cette représentante fut librement choisie, au sein du PS, par un refus quasi viscéral de ses « adhérents » de voir commander leur avenir par cet aréopage de caciques, qui pour médailles, ont présenté toutes leurs défaites des vingt dernières années...
Rajoutons, amèrement, l’attitude, les attitudes des organisations et divers « porte-parole » du camp du NON, qui se sont engouffrés dans l’objectif de remplir leurs caisses, grâce aux lois dites de financement des partis politiques, lois édictées par la gauche pour… moraliser, sur le dos des contribuables, les dépenses abyssales de leurs projets particuliers… Et nous aurons compris, peut être, qu’il était déjà trop tard.. avant.
Sarkozy annonce, en se retirant deux heures au Fouquet’s et quelques jours en plus, à Péta-où-schnok, que le prochain gouvernement sera de droite-centre-gauche. François Fillon, qui est gaulliste social, comme est de gauche Strauss-Khan, Borloo, social-Quoi ? Allègre ?? etc. En gros, mais vraiment en gros, Sarkozy préparerait un gouvernement d’ouverture… vers le centre, avec des oripeaux de gauche… Incroyable ? Non ? Non, logique. Le type le plus à droite de l’UMP prépare seulement un gouvernement libéral - européiste, un gouvernement qui devra user de toutes les arguties pour faire passer définitivement toutes les résolutions anti-sociales de la Commission européenne dans les lois de notre pays. Ni plus ni moins. Sarkozy a compris que le pouvoir est à Bruxelles. Mégalomane invétéré, il est prêt à se contenter de la présidence de la France… parce qu’il sait, que dans cette position, il servira au mieux les intérêts du Capital, sa seule patrie. Mieux, soupçonnons-le de viser la présidence d’une Europe Libérale, le remerciant, ainsi, d’avoir conduit les irréductibles gaulois au ban de la soumission au CAC 40.
Les "authentiques" auto-proclamés défenseurs du libéralisme économique que sont les centristes de Bayrou et les socio-démocrates du PS avaient le cul entre deux chaises. Quand ils persistaient à croire que défendre les intérêts du Capital mondialisé et conserver le contact avec des électeurs un brin changeants devait se travailler doucement, l’UMP leur proposait la « botte », les invitant à franchir le ru, rudement ! Ils n’y ont pas cru !
Pourtant, c’est ce dilemme qui a été tranché ce dimanche dernier. Ces gens-là, trop occupés à construire des châteaux de cartes, s’aperçoivent maintenant que le ministre des coûts et blessures a eu raison.. Ils iront tous à la soupe. Fermer le ban !
Je le répète, le seul projet politique à venir de l’actuel nouvel élu de la République est d’assujettir la République rebelle aux injonctions du Capital des multinationales et des fonds de pension. Et en cela, il a donné une réelle leçon aux pieds tendres de la sociale démocratie, toute tendances confondues.
Maintenant, reste, lamentable et loin des grands idées subliminales-minables de ces derniers dits de gauche et/ou du centre, à servir un menu qui se fera de compromissions en désistements, une cuisine d’arrière-politique. Il ne manquera pas de passeurs de plats, les tables dressées par les télévisions, dimanche soir, les ont vu sans livrée et la serviette au bras.
En politique, pour ce que je pense de la politique, reste une inconnue, celle qui échappe à tous plans savamment ourdis, pitoyablement admis, cette inconnue peut s’appeler la lutte des classes. Elle est l’intervention incalculable des forces du besoin et de la révolte, mais ceci est l’histoire qu’il reste à bâtir. C’est trop tôt d’en faire état parce que ces forces ne pourront, le débat soi-disant tranché, ne s’exprimer que le moment venu et là, les plans manquent cruellement.
Pascal Polisset
Une zone industrielle dans l'Ain, Dagneux. Lundi 7 Mai, vers 20h30.Les cabines de 3 camions citernes s'embrasent en même temps. Un passant donne l'alerte. A 21h, une première citerne explose, puis une deuxième est soulevée, projetée sur une menuiserie. Une centaine de pompiers de l'AIN et du Rhône arrivent pour essayer de sauver les entreprises encore intactes. L'autoroute A 42 est coupée, périmètre de sécurité de 500 mètres. A 2 heures du matin, le feu est maîtrisé.
Bilan : 21 entreprises touchées par le sinistre.
La première citerne qui a explosé a envoyé un débris d'acier brûlant à 700 mètres, sur le toit d'une maison, coupant une pièce en deux ( photo saisissante sur le Progrès de ce mercredi 9 Mai) La famille venait juste de quitter cette pièce pour s'installer au salon. Sauvés!
Cet incendie qui a détruit 21 entreprises est d'origine criminelle (infos de ce soir à la télé).
Dans cette même nuit, en Savoie, dans une petite ville, un gymnase est parti en fumée. " Nous avons une quinzaine de délinquants, connus de la police" dit Monsieur le Maire.
A Lyon, cette nuit du 8 au 9 Mai, et dans le Rhône, 100 voitures brûlées, vitrines brisées, mobilier urbain dégradé. A Villeurbanne, la permanence de l'UMP a été incendiée.
Les violences ont lieu dans toutes les villes mais aussi dans les campagnes.
Ces incendiaires sont des criminels, et par leurs actes odieux, ils ne font que renforcer le camp de Sarkozy et celui de l'extrême droite!
Ce soir, témoignage d'un ouvrier d'une entreprise qui a entièrement brûlé, les larmes aux yeux : " Je venais juste de retrouver du boulot."
Les manifestations sont menées par des militants d'extrême gauche, puis elles dégénèrent et se poursuivent dans les quartiers.
Ceux qui les mènent se rendent-ils compte qu'ils sont en train de pousser à la violence, et risquent d'être responsables d'actes encore plus criminels?
Sources: Le Progrès de ce mercredi 9 Mai et le journal télévisé.
Mireille Popelin
La défaite d’hier soir est une défaite grave pour le PS et l’ensemble de la gauche. D’abord parce que c’est la 3ème fois en 17 ans. Mais surtout parce que Sarkozy a annoncé la couleur. Il veut « liquider mai 68 ». Il a mené une campagne de combat contre les acquis sociaux, pendant que la candidate PS menait une campagne de dénigrement des valeurs de la gauche (ordre juste, donnant-donnant, drapeaux français, enfermement militaire des jeunes, et pour couronner le tout, alliance avec l’UDF), sans apporter de réponse aux attentes sociales des salariés. Qui pouvait être convaincu par une augmentation du SMIC égal au taux de l’inflation, ou l’augmentation des petites retraites de 5% ? Sur ce dernier point, même Bayrou a trouvé que ce n’était pas suffisant !
Il y avait quelque chose d’obscène hier à voir une Ségolène Royal souriante, nous disant qu’elle nous mènerait vers d’ « autres victoires » (parce qu’hier, c’était une victoire ???), à voir la fête rue de Solférino, alors que les millions d’électeurs qui voulaient faire barrage à Sarkozy et à sa politique étaient tristes à pleurer, alors que des millions de salariés vont en baver pendant 5 ans au moins!
Pourtant, cette élection devait être imperdable. Les mouvements sociaux, contre la loi Fillon en 2003, contre le CPE en 2006, majoritaires dans l’opinion, les victoires électorales de 2004 et du non au referendum en 2005 montraient clairement que les salariés ne voulaient pas d’une politique libérale, voulaient un Etat et une Europe protecteurs face à la mondialisation libérale.
Une élection présidentielle est un moment fort de politisation. C’est le moment idéal pour affirmer ses valeurs, faire des propositions en lien avec ces dernières. D’ailleurs, nombre de partis ou d’organisations ne se présentent que pour cela, lorsqu’ils savent bien qu’ils ne figureront pas au 2ème tour. Cela est valable aussi pour le PS, qui, normalement, doit faire partie des deux finalistes. Au lieu de cela, la candidate PS a décidé de « rénover la politique », de se passer du parti pour gagner, et in fine, devant l’échec patent qu’elle a subi au 1er tour, d’en appeler à Bayrou. Lorsqu’on ne prend pas en compte les attentes des salariés en matière sociale, et qu’on fait toute une campagne sur le thème de la morale, de l’ordre, voire de la famille et de la patrie, on déboussole son camp. Seuls les électeurs bien arrimés à gauche passent par-dessus les discours et les programmes et votent tout de même à gauche, et même parfois dès le 1er tour. Ils étaient tout de même 47% hier ! Les indécis, ceux qui ne savent pas s’ils sont de gauche ou de droite, ceux qui ont été déçus par la gauche, ceux à gauche qui sont tentés par les discours sur l’assistanat, l’ordre, la sécurité, sont jetés dans les bras de la réaction.
Hier soir, Ségolène Royal et ses supporters, pour survivre politiquement, ont décidé de faire un putsch sur le PS. D’où cette liesse hors de propos, ce discours affirmant que « quelque chose s’était levé qui ne s’arrêterait pas ». Ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est un changement radical de ligne, en terme d’alliance, mais aussi en terme de ligne politique, sans congrès, par-dessus la tête des militants, contre le PS. Alliance avec le centre d’un côté, avec une droitisation du parti à la clef, une « social-démocratisation » que Strauss-Khan appelle de ses vœux depuis longtemps et qui a toujours été, jusqu’à présent, minoritaire au sein du parti. Entre SR et lui, pas de différence de ligne de fond, seulement une question de personne. De l’autre, tous ceux qui pensent qu’être de gauche, c’est d’abord se situer du côté des salariés, défendre les acquis conquis si durement au cours de l’histoire et en gagner d’autres. Et que cela passe nécessairement par un affrontement frontal avec la droite. Evidemment, je fais partie de ceux-ci. Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est d’une refondation de la gauche, c’est-à-dire d’un rassemblement de toute la gauche face à Sarko et au reste de la droite, y compris du nouveau Mouvement Démocrate. Et au sein du Parti, d’un rassemblement de tous ceux qui pensent que la gauche a encore un avenir, à condition de rester elle-même. Ce qui n’exclut pas une « rénovation », mais ce mot est tellement galvaudé qu’il ne veut plus rien dire. Si rénovation rime avec renoncement à nos valeurs, à la Blair, c’est non. S’il signifie tirer les leçons de 2002, de 2005, de 2007, répondre enfin aux attentes sociales, c’est trois fois oui.
François Hollande a raison de dire que l’heure n’est pas au règlement de comptes, qu’il s’agit de gagner un maximum de députés à gauche. Mais sur quelle ligne, derrière qui ? Ségolène Royal a dit, très vite, quelques minutes après 20H, prenant tout le monde de court : sur la même ligne, derrière moi. Mieux encore, elle se pose en leader de l’opposition ! Et ses proches expliquent que la défaite est de la responsabilité des éléphants du PS.
Il eût été logique que ceux et celles qui nous ont mené à la défaite se montrent humbles et reconnaissent, en interne, que leur ligne n’était pas la bonne. Ce n’est pas le cas. Ne rien dire, c’est laisser faire. Laisser une ligne politique si minoritaire qu’elle n’était pas assumée comme telle lors des derniers congrès l’emporter. Il n’est pas possible pour la combattre d’attendre le prochain congrès, prévu pour 2008. L’avenir du PS se joue ces jours-ci. Peut-être le BN et le CN de cette semaine réussiront-ils à calmer le jeu jusqu’aux législatives, si une majorité de dirigeants en décident ainsi. Mais même dans ce cas de figure optimiste, ce serait méconnaître Ségolène Royale et ses proches que de penser qu’ils s’en tiendront là. Ils ont déjà prouvé maintes fois dans le passé récent que les décisions prises par le PS, tant qu’ils ne le dirigent pas, ne les concernaient pas.
Geneviève Wortham
La présidentielle était imperdable pour le Parti socialiste. L'échec s'explique d'abord par sa candidate.
"Si elle était désignée, sa défaite serait presque assurée." Cette phrase, je l'ai écrite dans un texte publié dans ces mêmes colonnes le 25 août 2006. J'y expliquais que, malgré les sondages, qui n'ont aucune valeur prédictive à plusieurs mois du scrutin, l'équation personnelle et la ligne politique de Ségolène Royal ne pouvaient conduire le Parti socialiste qu'à un échec.
J'aurais préféré que les faits me donnent tort. En relisant ces lignes, le sentiment qui domine est celui d'un immense gâchis. Car cette élection était imperdable pour la gauche. Imperdable parce que rarement le candidat de la droite a suscité une telle peur et un tel effet de vote " anti ". Parce que jamais depuis 1974 une majorité sortante n'a gagné l'élection présidentielle.
Parce que le souvenir du 21 avril 2002 a fortement mobilisé la gauche. Imperdable surtout parce que tout montrait une attente de gauche très forte dans le pays. Un sondage Ipsos sorti des urnes du 22 avril révèle que, parmi les six thèmes qui ont le plus compté dans le choix des Français, cinq donnent un avantage à la gauche (chômage, pouvoir d'achat, éducation, exclusion-pauvreté, retraites) contre un seulement à la droite, l'insécurité, dont le poids dans la campagne a été bien moindre qu'en 2002.
Le candidat de la droite l'emporte, mais la France n'est pas à droite. La plupart des thèmes qui ont dominé le débat depuis des années sont de gauche : demande de protection contre les déséquilibres de la mondialisation, demande d'une Europe plus sociale et plus démocratique (" non " au traité constitutionnel), demande d'une protection sociale consolidée (mobilisation contre les réformes Fillon), demande d'un droit du travail protecteur (mobilisation contre le contrat première embauche), demande de services publics garantis dans les quartiers comme dans les zones rurales, demande d'une nouvelle donne écologique, demande d'une école de l'égalité réelle, demande d'un Etat fort, capable de réguler et de stimuler l'économie.
Alors pourquoi cet échec ? La principale raison, c'est Ségolène Royal elle-même, non sa personne, mais ses choix politiques. Tout autre candidat aurait probablement fait mieux qu'elle.
Ces choix, ceux d'une ligne politique perdante, elle les a arrêtés le plus souvent seule, sans consulter son parti. Ségolène Royal a imposé une droitisation des thématiques - ordre, sécurité, drapeau -, ce qui revenait à remettre au coeur du débat des thèmes favorables à la droite. Autant offrir directement l'élection à l'adversaire ! Elle a privilégié le discours sur la méthode (la démocratie participative, le " renouvellement politique ") et sur le sociétal, qui sont des questions secondaires pour l'électorat.
Elle a délaissé les thèmes économiques et sociaux, l'enjeu européen et la mondialisation, alors qu'ils constituent la clef pour l'avenir, ce que les Français savent bien. A tel point - grand paradoxe - que Nicolas Sarkozy a pu se présenter comme le candidat de la protection contre les " désordres du libéralisme ". Elle a opéré un déplacement vers le centre confirmé par l'offre d'alliance faite à François Bayrou, qui a jeté dans la perplexité de nombreux électeurs de gauche.
La campagne brouillonne de Ségolène Royal, marquée par l'improvisation permanente, a permis à Nicolas Sarkozy d'apparaître comme le candidat de la crédibilité, du rassemblement et surtout du changement, alors qu'il était le candidat de la majorité sortante. Cette campagne sans véritable ligne directrice a été trop solitaire et trop personnalisée. Les impairs se sont multipliés et les propositions sont restées floues. " Nous en discuterons après. " Mais les Français ne votent pas pour des promesses de discussions !
Tout faux, en un mot. S'il y avait une leçon à tirer du 21 avril 2002, c'était qu'il fallait retrouver le chemin de l'électorat populaire. Ségolène Royal a cru y parvenir en parlant d'ordre, de sécurité et de participation, alors que cet électorat attendait un vrai changement à gauche sur le terrain économique et sociale, fondé sur des propositions précises. Résultat : sa campagne a eu un effet démobilisateur sur l'électorat de gauche. Elle n'a su rassembler ni son camp, ni sa base électorale, ni créer une dynamique au-delà.
Les sondages sortis des urnes montrent que près de la moitié de ses électeurs n'a voté pour elle que par rejet de Nicolas Sarkozy. Face à un candidat moins polarisant, son score aurait été encore plus faible. Contrairement à ce qu'elle prétend, elle n'a pas engagé le renouvellement de la gauche ; elle a approfondi sa crise.
Le Parti socialiste doit accepter de tirer pleinement les conséquences de ce fiasco. Rien ne serait pire que de refuser, au nom de l'unité, d'analyser ses raisons et d'opérer les remises en cause nécessaires. Faire ce travail est d'ailleurs le meilleur moyen pour préparer les législatives : montrer aux Français, et avant tout aux électeurs de gauche, que l'on a compris leur message. Renouveler la politique, c'est d'abord cela : mettre chacun devant ses responsabilités.
Le parti a besoin d'une refondation autour d'une ligne authentiquement de gauche, d'une gauche concrète et d'avenir. C'est là l'enjeu de fond. Ségolène Royal a imposé sa candidature à partir d'une critique du socialisme français qualifié d'" archaïque ". Ce discours lui a valu le soutien d'une partie du monde médiatique, intellectuel et culturel acquise à l'idéologie de la " troisième voie ". Selon eux, le problème du PS français viendrait de ce qu'il n'a pas réalisé son aggiornamento social-démocrate. Le résultat de cette élection contredit cette affirmation. Le socialisme du centre porté par Ségolène Royal est mis en échec. Les Français ont préféré la présomption du changement avec Nicolas Sarkozy, si douloureux puisse-t-il être, au risque du statu quo avec le social-centrisme de la candidate socialiste.
Face aux quatre grands enjeux actuels - persistance du chômage de masse, risque de décrochage économique de la France, précarisation généralisée de la société et nouveaux périls environnementaux -, seul un projet de transformation à gauche peut être crédible. C'est ce projet renouvelé, en prise avec les enjeux de demain, et enfin sérieux qu'il faut maintenant reconstruire.
Alexis Dalem Chercheur en science politique et corédacteur en chef de la "Revue socialiste"
Depuis 1978 avec Michel Rocard, dès 20 heures, les soirées de défaites électorales voient surgir de l'horloge socialiste un coucou familier. Il chante la chanson désormais traditionnelle de l'appel à la rénovation et à la conversion sociale-démocrate de la gauche. Hier surprenante, l'antienne est aussi obsolète que son objet après trente ans d'usage. On pouvait y réfléchir au siècle dernier. Mais en 2007, comment le navrant naufrage de la social-démocratie européenne, suivant de près celui du communisme d'Etat, pourrait-il encore servir de modèle? Au Royaume-uni ou en Allemagne, seule ou en alliance avec la droite elle démantèle l'Etat social qu'elle avait construit. En Espagne ou en Italie, tranquillement ou dans les combinaisons, les réformes sociétales remplacent les conquêtes sociales. Et je ne dis rien du bilan effrayant de la social-démocratie latino américaine. Ici ou là, bien sûr, passent quelques rayons de lumière. Mais la social-démocratie qu'idéalisent d'aucuns, faute d'imagination, n’est pas un avenir utile en France. Nous ne pouvons échapper au devoir de remiser au rayon des archives toutes les formules dorénavant épuisées.
La modernité n'est pas un prêt à porter mais une création à accomplir. Cette réinvention de la gauche a lieu en ce moment même en Amérique latine, au Brésil, Vénézuéla, Bolivie, Equateur parmi d'autres pays. Evidemment, aucune ne nous fournit de modèle transposable. Mais l'énergie, l'audace et la persévérance qui les ont rendues possibles doivent impérativement nous servir de référence. Elles valent bien mieux que certaines illusions de confort. Comme par exemple de croire que notre nouvelle défaite est seulement affaire de personne ou de style de campagne. Elle sanctionne d'abord l'échec de la gauche - toute la gauche - à entraîner la société.
Quelle rude leçon nous inflige la droite à ce sujet! La rupture proposée par Nicolas Sarkozy est le miroir de nos timidités, sa provocante clarté le revers des euphémismes sociaux-démocrates embarrassés dès qu'il s'agit de dénoncer l'accumulation des richesses dans les mains de quelques uns et le système qui rend possible cette spoliation. Le triomphe de Sarkozy est construit sur une victoire culturelle telle qu'à l'heure du choix, en toute bonne foi, la conscience sociale aveuglée par les mirages de l'idéologie dominante, les pauvres votent comme s'ils étaient riches!
Face à une droite décomplexée, une gauche tout aussi décomplexée doit enfin s'affirmer pour construire une nouvelle conscience citoyenne. Assez rasé les murs pour parler du partage de la richesse, pour assumer le rôle de l'Etat stratège dans l'économie, maître du temps long, gardien de l'intérêt général, acteur de première ligne face à l'urgence sociale. Assez de litote pour rejeter la monarchie patronale, affronter la tyrannie de la dictature de l'actionnariat sur l'économie productive. Tout tourne autour d'une question: quelle attitude avoir face à la mondialisation libérale, ce nouvel age du capitalisme? L'adopter : c'est la droite. L'accompagner : c'est l'illusion sociale-démocrate. Faire bifurquer le système au profit de priorités sociales et écologiques : c'est notre devoir d'invention. Comment faire? Avec qui? Dans quelle forme d'institution Républicaine en France et en Europe ? Qui oserait dire que nous ne possédons aucune réponse après tant d'années de colloques, de luttes, de forums sociaux et d'expériences sous toutes les latitudes. Ce qui manque c'est le lieu politique de la mise en mots partagée et en programme. C’est la condition pour que les idées deviennent une force matérielle : celle des millions de consciences qui la prendront en charge. Nombre au sein du PS évoquent la création d'un nouveau grand parti progressiste largement ouvert aux forces diffuses de la société civile qui agissent aujourd'hui sans débouché politique.
L'autre gauche est ainsi mise au défi. Comme pour la candidature à la présidentielle va-t-elle maintenir sa fragmentation si désespérante et si nuisible à la gauche toute entière ? Alors il faudra admettre que l'avenir de la gauche est dans le parti unique que préfigure le Parti socialiste. Au contraire saura-t-elle proposer un dépassement de ses structures ouvrant ainsi un autre choix à gauche ? Celui d’une alternative prête à la conquête des pouvoirs plutôt qu'à l'adjuration, à des alliances plutôt qu’à l'ostracisation de ses voisins et cousins de gauche? Comme au lendemain du référendum les délais de réponse ne sont pas infinis. Et la droite ne nous laissera pas de répit.
Jean-Luc Mélenchon www.jean-luc-melenchon.fr
La gauche confirme et amplifie en Outre-mer une progression entamée dès le second septennat de François Mitterrand: 17 000 voix d'avance sur la droite aux legislatives de 1997, 25 000 au premier tour de la présidentielle de 2002, 60 000 au premier tour de la présidentielle de 2002, près de 120 000 au second tour sur la candidature de Ségolène Royal. Notre candidate recueille 55.57 % des voix de l'Outre-mer, avec près de 11 points d'avance sur Nicolas Sarkozy (44.43 %), elle est en tête dans 5 territoires sur 9.
Nicolas Sarkozy arrive en tête dans 4 territoires Nouvelle-Calédonie (62.89 %), Guyane, Polynésie française (51.89) et Wallis et Futuna (50.17), sérieusement accroché par Ségolène Royal dans les 2 derniers (48.11 % en Polynésie française (Jospin y pesait 25.9 % des voix en 95) et 49.83 % à Wallis et Futuna). Celle-ci réalise une remarquable performance à la Réunion (63.58%), à Saint Pierre et Miquelon (60.86 %), en Martinique (60.52 %), et à Mayotte (59.78 %). Elle l'emporte de façon plus sérrée en Guedeloupe (50.83 %).
L'avance sur l'ensemble de l'Outre-mer s'explique déja par le fait que notre candidate l'ait emporté dans les espaces les plus peuplés (Réunion, Guadeloupe et Martinique).Le score obtenu aux Antilles doit beaucoup à l'investissement sur le terrain (préparation des législatives oblige )des principaux leaders des partis progressistes locaux (notamment le PPM martiniquais, appuyé par la figure emblématique d'Aimée Césaire) et à la portée de la propagande antisarkozyste relayé par des personalités comme Lilian Thuram... Les mauvais reports de voix de l'UDF vers l'UMP en Martinique, la capacité de la gauche guadeloupéenne à mobiliser sur les thèmes de l'immigration, du chômage, de la vie chère et du pseudo racisme de Sarkozy ont fait le reste. Même constat à la Réunion, auquel il faut ajouter des circonstances liées au contexte politique particulier :
Parmi les DOM, seule la Guyane retrouve des scores similaires à la moyenne nationale. La campagne s'est essentiellement déroulée sur les thèmatiques de l'immigration clandestine, de l'insécurité et de l'emploi.La gauche, a bien résisté (46.92 %), mettant notamment notre candidate en tête dans la ville du ministre du tourisme et maire UMP Léon Bertrand.
La collectivité départementale de Mayotte a crée la surprise en votant pour la première fois à gauche, et à 59.78 % (Ségolène y réalise 27.93 % au premier tour ); Dans un contexte de transition statutaire (perpective de départementalisation pour 2010 ), ce score peut être interprété comme un vote sanction contre le ténor de la droite locale, le député UMP Mansour Kamardine, accusé de ne pas faire suffisamment avancer le dossier mahorais. La récente grève des enseignants réclamant l'indexation des salaires et leur intégration compléte dans la fonction publique a joué sur l'issue du scrutin.
Dans les POM (Pays d'Outre-mer : Nouvelle-Calédonie et Polynésie française), historiquement gaullistes, la gauche a pu combler une partie de son handicap en ralliant à sa candidature les partis indépendantistes. Les scores obtenus reflètent le clivage indépendantistes/ autonomistes partisans du maintien au sein de la République. On notera pourtant la permanence d'un fort niveau d'abstention (plus de 65 %) dans les provinces majoritairement indépendantistes du nord et des îles de la Nouvelle Calédonie où Ségolène réalise respectivement 71 et 79,7 % des voix.
Nicolas Sarkozy a bénéficié en Nouvelle-Calédonie d'un bon report des voix de l'UDF et de l'UMP. Les provinces de Nouméa et du Sud lui accordent 78 et 76% des suffrages. Il est à noter que les 11 403 futures victimes du gel électoral, concentrées pour l'essentiel au sud et dans l'agglomération de Nouméa ( 80% pour Sarkozy ) n'ont pas sanctionné la droite mais ont au contraire voté contre la gauche à l'initiative du projet limitant le droit de vote aux élections provinciales aux seuls citoyens pouvant faire la preuve d'au moins 10 années de présence sur le territoire calédonien.
Décalage horaire oblige, pour la première fois, une grande partie de l'Outre-mer votait 24 heures avant la métropole ( sauf Nouvelle-Calédonie, Réunion, Mayotte ). La non-communication des résultats de métropole a eu des incidences sur la participation (20 % de plus qu'en 2002 ) et sur les choix des électeurs (on se souvient de la démotivation de l'électorat socialiste aux Antilles après l'annonce de la non-qualification de Jospin pour le second tour ). La gauche y poursuit sa conquête des espaces ultramarins d'autant plus aisément que l'électorat droitier de ces vielles terres gaullistes, longtemps tenues par une droite assimilationniste et sociale et dont l'héritage a jusqu'à présent été maintenu par Jacques Chirac et les réseaux qu'il y avait mis en place (en déclin aujourd'hui comme le système Flosse en Polynésie...), accepte difficilement la transition libérale et l'assouplissement des relations avec la métropole (accentuation de l'autonomie, risque d'évolution vers l'indépendance...). Compte tenu du niveau de développement économique, des retards sociaux et des effets négatifs de la mondialisation sur des économies longtemps protégées, la gauche possède encore en Outre-mer d'importantes marges de progression.
Pascal Basse
Saint-Pierre,
Ile de la Réunion
La France qui travaille a voté majoritairement pour Ségolène Royal contre Nicolas Sarkozy.
La France jeune a voté majoritairement pour Ségolène Royal contre Nicolas Sarkozy.
La France qui n'est plus en contact avec le monde du travail et avec la jeunesse a voté majoritairement pour Nicolas Sarkozy contre Ségolène Royal.
Les villes, qui sont les moteurs de l'économie et qui sont en contact avec la jeunesse ont voté pour Ségolène Royal contre Nicolas Sarkozy
Ceux qui bougent et qui sont l'avenir de la France sont davantage pour les idées défendues par Ségolène Royal que celles défendues par Nicolas Sarkozy.
L'espoir est permis.
Il faut encourager ceux qui bougent, ceux qui travaillent, ceux qui sont jeunes pour que les idées défendues par Ségolène Royal continuent à grandir.
Il ne faut pas oublier ceux qui n'ont plus de contact avec la jeunesse et recréer du lien social entre les générations partout et en particulier avec les plus âgés.
Il faut changer notre discours, parler en positif et médiatiser en permanence ce qui est de gauche et qui marche.
La jeunesse est formidable... Ils sont courageux... donner des exemples
Les entreprises qui font de l'économie sociale sont formidables.. donner des exemples
Les entreprises qui respectent leurs salariés et le développement durable sont formidables...
Les associations sont formidables et parler du travail positif qu'elles font...
La gauche républicaine doit faire la promotion des actions positives qu'elle engendre et soutient !
Les médias classiques ne le feront pas à sa place
A être toujours du coté du négatif nous contribuons à faire peur et faisons le jeu des idées défendues par Nicolas Sarkozy.
Respublica est le media idéal pour commencer...
Corinne Daudier
Pierre Cassen, cadre national de l’Union des Familles Laïques et animateur du journal en ligne Respublica animait, jeudi 3 mai, à "l'Elan du Vieux-Marseille" (restaurant L’Auberge Espagnole), un café-débat sur le thème de la laïcité face au XXIe siècle.
Il fit quelques rappels historiques pour expliquer la spécificité du modèle laïque français. Il tint à préciser la différence entre la laïcité et l’athéisme, et le fait que ce principe n’était pas hostile à la religion, tout en précisant son attachement à la libre critique de tous les dogmes, donc des cultes.
Il s’étonna que lors du débat ayant opposé Ségolène Royal à Nicolas Sarkozy, la veille, ce thème n’ait pas été abordé, alors que, dans le même temps, en Turquie, les progressistes descendent dans la rue par centaines de milliers pour s’opposer à la nomination d’un islamiste à la tête du pays.
Si la France est le modèle le plus achevé, dans le monde, de la séparation du politique et du religieux, par la loi du 9 décembre 1905, dont il rappela les deux premiers articles, il refusa de cantonner le combat laïque dans notre seul pays.
Il développa le fait que le XXIe siècle ne serait pas religieux ou spirituel, comme certains l’espèrent, et pas davantage le conflit entre l’islam et l’occident.
Il s’appuya sur plusieurs exemples, dans le monde, outre la Turquie, pour parler d’anecdotes qui démontrent que le combat opposera, dans de nombreuses régions du monde, les démocrates, progressistes, laïques et féministes, contre les obscurantistes et les cléricaux, qui veulent imposer leur dogme à l’ensemble de la société.
Au Portugal, par la bataille pour la légalisation du droit à l’interruption volontaire de grossesse (aujourd’hui encore interdite en Irlande, en Pologne, à Malte, à Chypre et à Andorre), que cela soit en Espagne, où l’extrême droite catholique veut continuer à imposer l’enseignement du catholicisme dans les écoles publiques, en Inde, où le national-hindouisme persécute la minorité musulmane, dans les théocraties islamistes, où les femmes sont enfermées dans un statut d’être inférieur, en Algérie, avec le Code de la Famille, etc.
Il termina son exposé en expliquant que l’offensive libérale, qui attaque toutes les solidarités sociales, avaient besoin d’un relais religieux, pour que la cohésion républicaine soit remplacée par la charité des églises, et que cela était tout-à-fait cohérent.
Il regretta l’aveuglement d’une partie de la gauche française devant la gravité de l’offensive islamiste, et déplora qu’elle ne réagisse que face aux intégristes catholiques.
Le débat permit de clarifier quelques questions, notamment grâce aux interrogations d’une sociologue qui, présentant les musulmans comme des victimes humiliées, s’interrogea sur la nécessaire adaptation des principes laïques à la particularité de cette population. Un ancien islamiste apporta également son témoignage sur la réalité de l’islam politique. Philippe Isnard, président de LAÏQUES (www.laiques.fr) et de l’UFAL d’Arles-Istres, et Brigitte Bré Bayle, présidente de l’Ufal d’Aix-Marseille, complétèrent l’argumentation de Pierre Cassen, et amenèrent des éclaircissements à un débat qui fut, par moments, passionné.
Il fallut préciser le contexte qui a imposé une loi contre les signes religieux, dont le voile islamiste, à l’école, en 2003, campagne où l’UFAL fut déterminante. Des questions comme l’intégration, l’unité de la République, le communautarisme, l’école publique, les services publics furent abordés, et permirent de dessiner un ensemble cohérent à la position des laïques et des républicains qui mènent le combat social et le combat laïque.
Selon les meilleures traditions conviviales, autour d’Antoine, le maître des lieux, la soirée se termina devant de bons plats et des boissons, qui permirent aux participants de mieux se connaître et s’apprécier.
LAÏQUES & UFAL
tél. 06 19 58 40 84 - ufal(a)laiques.fr - www.laicite.biz
http://laicite.free.fr/formulaire.html
Alain Py
En février 2006, alors que l'affaire des « caricatures de Mahomet » faisait rage, l'Organisation de la Conférence Islamique demandait sans succès l'inscription d'un principe dans la charte du Conseil des droits de l'homme : « Le droit à la liberté d'expression est incompatible avec la diffamation des religions et des prophètes. » Elle réclamait aussi le vote, par l'Assemblée Générale de l'ONU, d'une résolution condamnant « la diffamation des prophètes et des religions ».
Sur le moment, elle n'obtint rien mais après la fin du conflit l'Assemblée Générale lui faisait une grâce : le 8 septembre, dans une résolution 60/288 sur sa stratégie de lutte contre le terrorisme, elle recommandait aux Etats qu'ils entreprennent de lutter contre « la diffamation des religions ». Sans préciser comment, ni en quoi ce genre d'initiative permettrait de réduire le terrorisme. Quelques jours plus tard, le président du Pakistan, Pervez Musharraf, enfourchait ce nouveau cheval de Troie, demandant à l'AG qu'elle interdise la « diffamation de l'islam ». On aurait espéré que la carrière de cette notion nouvelle s'arrête là, mais c'était oublier l'obstination de l'OCI, d'une part ; et l'aptitude infinie de l'ONU à résoudre les conflits insolubles en les enrobant dans du coton.
Autrement dit, en produisant un discours informe, qui juxtapose les positions discordantes des parties en présence et qui les authentifie en les reliant aux résolutions antérieures de cette grande instance internationale. C'est pourquoi, le 17 décembre 2006, l'on enregistra sans surprise l'existence d'une Résolution 61/164 lors de l'AG de l'ONU. La déjà fameuse « diffamation des religions » apparaît tardivement dans le texte, après des considérations impeccables sur le racisme, la xénophobie et la discrimination, toutes choses que l'ONU combat à juste titre depuis sa création. Cette notion nouvelle (la « diffamation des religions ») n'est pas définie, bien que l'AG en fasse « une cause possible de disharmonie sociale », susceptible de provoquer « des violations des droits humains ».
Aussi le Secrétaire Général propose-t-il dix-huit mesures pour lutter contre ce fléau. Elles ont beau être d'une insigne mollesse, elles n'en intègrent pas moins la « diffamation des religions » dans la langue onusienne. Et surtout, elles présentent comme une évidence l'idée que le droit à la liberté d'expression devrait désormais « s'exercer de façon responsable » et donc, « être soumise à des restrictions légales qui fassent droit au respect des religions et des croyances ». Rien n'est dit, mais l'intention est évidente : la « diffamation des religions » est assimilée aux motifs reconnus de limitation de la liberté d'expression (propagande en faveur de la guerre ; incitation à la discrimination, à l'hostilité ou à la violence, article 20 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques).
Certes, il n'est jamais facile d'interpréter une résolution de l'ONU : plusieurs dizaines sont votées chaque année, qui n'auront aucune suite ; dans une même session, chacune est incompatible avec plusieurs autres ; les décisions proprement dites sont souvent formulées de façon si vague qu'il est impossible d'en tirer une ligne d'action. Reste qu'un groupe de pression suffisamment obstiné peut faire progresser sa cause au fil des mois jusqu'au point où les Etats sont mis en demeure de prendre des décisions. Pour ce qui est de la « diffamation des religions », nous n'y sommes pas tout à fait, mais presque. Le 30 mars 2007, cette notion a refait surface au Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU (Genève), par la voix du Pakistan -- cette fois, au nom de l'OCI. Voilà un Conseil des Droits de l'Homme qui doute encore de l'existence de violations des droits humains au Darfour, mais qui vote avec certitude une résolution exhortant « la communauté internationale » à lutter contre la « diffamation des religions » (A/HRC/4/L.12), et surtout contre celle de l'islam. L'exposé des motifs le montre clairement : « Le Conseil se déclare profondément préoccupé par les tentatives visant à associer l'islam avec le terrorisme, la violence et les violations des droits de l'homme. Il note avec une vive inquiétude l'intensification de la campagne de diffamation des religions, et la désignation des minorités musulmanes selon des caractéristiques ethniques et religieuses depuis les événements tragiques du 11 septembre 2001. » Les objections de bon sens juridique ne manquent pas : le délit de diffamation (l'atteinte à l'honneur ou à la réputation) ne saurait concerner que des personnes, pas des êtres aussi indéterminés que les religions ; et, s'il s'agit des personnes, le délit de discrimination d'un individu en vertu de sa religion existe déjà dans l'article 20 de la Déclaration universelle des droits humains. Alors, pourquoi cette bizarre référence à la « diffamation » ? Peut-être parce que cette demande est une suite de l'affaire des « caricatures de Mahomet », à l'occasion de laquelle la presse européenne a été accusée par l'OCI d'avoir « diffamé » le Prophète et que l'extension de la notion, de la personne de Mahomet à la religion musulmane va de soi pour l'OCI.
Malgré l'apparente fragilité juridique de cette notion, nous ferions bien de prendre garde à la signification politique de cette résolution L. 12 du 30 mars dernier. Car elle prépare de façon très explicite l'adoption de décisions à l'ONU visant à restreindre le droit à la liberté d'expression : à terme, les usages « irresponsables » de cette liberté seraient sanctionnés au même titre que des actes racistes. « Le Conseil invite le Rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme à faire régulièrement rapport sur toutes les manifestations de la diffamation des religions et en particulier sur les incidences graves de l'islamophobie sur l'exercice de tous les droits. Il demande à la Haut-Commissaire de lui en faire rapport à sa sixième session sur l'application de la présente résolution. » En attendant, le Conseil de Droits de l'Homme « engage instamment les États à prendre des mesures énergiques pour interdire la diffusion d'idées et de documents diffamant les religions et à interdire la diffusion d'idées et de documents racistes et xénophobes visant une religion ou ses fidèles qui constituent une incitation à la haine, à l'hostilité ou à la violence raciale et religieuse ».
Cette fois, l'identité entre la « diffamation des religions » et les motifs antérieurs de limiter la liberté d'expression est pleinement affirmée. Aussi, les Etats sont-ils priés de modifier dans ce sens leurs Constitutions, leurs lois, ainsi que leurs systèmes d'éducation. « {Le Conseil} engage de même instamment les États, dans le cadre de leurs systèmes juridiques et constitutionnels propres, à offrir une protection adéquate contre les actes de haine, de discrimination, d'intimidation et de coercition résultant de la diffamation des religions, à prendre toutes les mesures possibles pour promouvoir la tolérance et le respect de toutes les religions et de leurs systèmes de valeurs, et à compléter leurs systèmes juridiques au moyen de stratégies intellectuelles et morales visant à lutter contre la haine et l'intolérance religieuses. »
Enfin, le Conseil demande « instamment » aux Etats de contrôler étroitement tous leurs agents, « y compris les membres des forces de l'ordre, les militaires, les fonctionnaires et les enseignants afin que, dans l'exercice de leurs fonctions, ils respectent les religions. Ils doivent recevoir une formation à cet effet. » Cette résolution a été adoptée à 24 voix contre 14 (et 9 abstentions). Y ont été favorables des Etats membres de l'OCI, soutenus par la Chine, Cuba, la Fédération de Russie, l'Afrique du Sud, le Mexique, les Philippines le Sri Lanka et Maurice. Si nous pouvions faire confiance à nos gouvernements et aux institutions internationales, nous n'accorderions aucune importance à ces résolutions ineptes de 2006 et 2007. Mais il faudrait au moins qu'on nous explique pourquoi il a été nécessaire de les voter, et quel avenir elles présagent pour la liberté d'expression.
Jeanne Favret-Saada chercheur en anthropologie. Elle vient de publier un livre sur l'affaire « des caricatures de Mahomet » : Comment produire une crise mondiale avec douze petits dessins, Paris, 2007, Les Prairies ordinaires.
L’élection présidentielle en France aura suscité, dans le pays et à l’étranger, un intérêt inégalé par une échéance française dans la cinquième République. Une autre partie historique, aux enjeux décisifs pour toute une sphère civilisationnelle, se joue en Turquie. En s’opposant à l’élection de Abdallah Gül, l’armée, l’opposition minoritaire et la population qui manifeste sont en train de tester l’irréductibilité du destin républicain de la Turquie.
Malgré l’écrasante domination parlementaire — 352 députés sur 550 — de l’AKP de Tayyip Erdogan, l’opposition laïque l’a empêché de nommer son ministre des Affaires étrangères à la tête de l’État par sa seule absence à la session électorale, empêchant les islamistes de disposer du quorum nécessaire au vote. L’efficience des obstacles constitutionnels, qui ont été déployés pour empêcher l’accession d’un fondamentaliste au poste suprême, ne peut être rééditée que dans certaines circonstances politiques.
C’est pour réduire ces difficultés que le Premier ministre Erdogan envisage une révision constitutionnelle dans le sens de l’élection du président de la République au suffrage universel direct. L’islamisme sait aussi se draper de “démocratisme”. Ce ne sont pas les procédures démocratiques qui protègent la république des extrémismes fascisants. Les plus vieilles des démocraties en ont donné la preuve en frôlant une régression qui, finalement, peut prendre des sentiers institutionnels.
Quand, en 1982, les forces politiques traditionnelles appelaient au vote pour Chirac, elles venaient de mesurer les limites des barrières constitutionnelles contre les périls fascistes. Les résultats de la présidentielle de 2007, en matière de participation et en termes de rejet du FN, ne sont pas étrangers à ce coup de semonce. Cela ne les a pas empêchés, ces derniers jours, d’insister sur le fait que l’armée turque s’oppose à la candidature d’un représentant du gouvernement “démocratiquement élu”.
L’héritage de la laïcité est, en Turquie, explicitement confié à la garde de l’institution militaire. Mais l’Occident y oppose naïvement une conception normative des institutions issue de son expérience propre. Si la vocation démocratique est universelle, le modèle ne l’est peut-être pas ! Quand on exerce la démocratie dans un contexte apaisé, longtemps après avoir décapité ses rois, déposé ses empereurs et renvoyé ses clergés à leurs chapelles, on peut s’offrir le plaisir de s’offusquer d’une intervention trop vigoureuse contre sa remise en cause. Et encore ! Pas toujours dans la sérénité, comme le montre avril 2002 en France. Quand on agit dans un contexte critique, on ne peut pas toujours s’offrir l’idéal politique et le confort intellectuel.
Il y a, en tout état de cause, quelque chose de rassurant dans la résistance que suscite, en Turquie, la perspective d’une présidence islamiste : ce “parrainage dogmatique” n’a pas fonctionné, n’a pas empêché la rue turque de crier son soutien à l’option laïque, même entretenue par l’armée, et les Turcs font la démonstration physique que la laïcité peut, même en terre d’islam, prétendre à l’intelligence et à l’adhésion populaires et être massivement perçue comme le vrai socle qui prémunit la démocratie de sa remise en cause.
Mustapha Hammouche
Selon notre auteur, ce que l’on désigne par « retour du religieux », à travers la « réislamisation », dans les pays musulmans, ainsi que la « rejudaïsation » et la « rechristianisation », dans le monde judéo-chrétien, couvrent, sous un vocabulaire religieux, un malaise et des aspirations parfaitement profanes ; l’emploi du vocabulaire religieux ne devant donc pas faire illusion.
Il n’aime toutefois pas l’expression « refus de tous les intégrismes », qui assimile le premier processus aux deux autres. La « réislamisation » s’en différencieraient fondamentalement, par ses perspectives historiques progressistes, qui seraient tout à l’opposé des deux autres phénomènes. Ces derniers seraient appelés à se muer immanquablement en « intégristes ». L’islamisme serait d’ailleurs en train d’achever sa phase « intégriste », depuis la fin des années soixante-dix, phase qui aurait terni à tort son image. L’achèvement de cette phase s’accomplirait, sous l’effet conjugué du développement économique et social, et de l’ouverture démocratique dans les Etats musulmans. De plus, « en terre chrétienne du Nord, la réalité d’un « retour du religieux » est loin d’être établie. » Il est surprenant que François Burgat puisse effectuer pareils comparaisons et avancer de tels pronostics concernant ces deux derniers phénomènes, alors que leur existence n’est même pas prouvée ?
Comme illustration parmi d’autres de la « modernité islamique », notre universitaire nous cite ces berbères algériens, qui, en adhérant à la cause islamiste, se seraient par la même occasion, délestés de leur carcan « ethnique », qui les maintenait dans un « ghetto politique ». A le suivre, ce sont les tueurs du FIS qui sont imprégnés des valeurs de la modernité politique, et non pas les militants des partis démocratiques, modernistes et laïques du Front des forces socialistes de Hocine Aït-Ahmed, et du Rassemblement pour la culture et la démocratie, de Saïd Sadi.
Il ajoute, en colportant en partie, les proclamations des islamistes radicaux, confortant ainsi les théories musulmanophobes des adeptes du choc des civilisation, en prédisant aux deux autres processus (de « rejudaïsation » et de « rechristianisation ») de sombrer dans l’intégrisme, sous la « pression de l’islam » (encore une confusion sciemment entretenue, qu’il emprunte aux islamistes) « idéologique » (islamiste ?) et « sociologique » (entendre le poids numérique grandissant de l’immigration musulmane en Occident) « sur la civilisation occidentale », et sur le christianisme et le judaïsme. François Burgat donne ainsi raison aux néoconservateurs et aux racistes de tous poils en Occident de mettre en garde leurs concitoyens, contre les menaces que feraient peser l’islam et les musulmans sur leur identité et leurs valeurs.
L’intéressé nous précise cependant que « Le processus (…) de restauration des références (…) induit inévitablement (c’est moi qui souligne, H.A) des formes de rupture avec ce que le « progrès », c’est-à-dire, pas seulement technique mais aussi intellectuelle et politique, a depuis lors apporté à ces sociétés (musulmanes) ». Ainsi, pour que les peuples musulmans puissent accéder à la modernité, notre universitaire leur inflige un retour préalable à l’aube de l’humanité, en refaisant le chemin de celle-ci tel que tracé par Auguste Comte, à savoir les états « théologique », puis « métaphysique » et enfin « positif ». En termes crus, les musulmans seraient condamnés à subir le purgatoire d’une phase de transition, qu’il est difficile d’appeler autrement que dictature islamiste.
Burgat pousse le zèle encore plus loin que les islamistes les plus obtus, jusqu’à parler de bannissement temporaire par les islamistes de la technologie dans les sociétés musulmanes. Bref, une société à la Khmer rouge. Alors que les Etats islamistes, grâce à leurs richesses colossales, figurent parmi les plus gros consommateurs de technologie, et qu’Al-Qaïda use d’une technologie ultra-sophistiquée, pour massacrer des musulmans et des innocents dans le monde.
Notre chercheur aborde une autre idée, au prix d’un énième parti pris flagrant en faveur des islamistes et au mépris de l’objectivité à laquelle il est tenu en tant que chercheur. « Pourquoi, selon lui, le lexique et le référentiel de la culture islamique ont acquis, dans des mobilisations sociales (…), une « efficacité » supérieure à ceux qui les ont précédés et notamment, ceux du nationalisme « ethnique » (arabe) dit « laïque » ». D’abord, cette prétendue « efficacité » du discours et des référents islamiques n’est ni plus, ni moins efficace que le discours et le référentiel nationaliste et racial ou racialiste, tout aussi populiste et démagogique de l’extrême droite européenne et des évangélistes états-uniens qui surfent, à l’instar des islamistes, sur les frustrations des classes populaires. Cette « efficacité » s’inscrit dans une conjoncture nationale et internationale marquée par l’offensive de la réaction et de la contre-révolution ultra-libérale, dont les organisations islamistes constituent, à des degrés divers, l’un des détachements, à l’échelle du monde musulman. Les quelques contradictions, secondaires et bien circonscrites, qui peuvent quelquefois les opposer à leurs homologues occidentaux ne changent pas fondamentalement la donne.
Cette prétendue « efficacité » le doit aussi pour une part non négligeable aux milliards de dollars que leurs parrains saoudiens, kowéitiens, etc. leur déversaient, ainsi que des tonnes de littérature religieuse et politique, et des cassettes audio et audio-visuelles à contenu obscurantiste, anticommuniste, antisémiste, misogyne. Ce discours et ce référentiel « islamiques » justifient par la volonté divine l’inégalité entre les hommes et les femmes, et entre le riche et le pauvre, glorifiant la propriété privée, prônant la charité à la place de la solidarité et la résignation de classes, au lieu de la lutte de classes. De même, ils propageaient des slogans tels que « Ni Est, ni Ouest ! », qui n’est qu’une adaptation du slogan nazi : « Ni capitalisme, ni socialisme ! ».
Enfin, Burgat espère-il nous faire oublier qu’il n’en pas toujours été ainsi pour ce qui est de ce type d’« efficacité ». Ce qui soulevait l’enthousiasme des musulmans par le passé, c’était les mots nationalistes magiques tels qu’ « el watan » (la patrie), «el istiqlal » (l’indépendance), « el houria » (la liberté), et socialistes, tels que « el ichtirakya » (le socialisme), « el adala ijtimaïa » (la justice sociale), la fin de «el istighlal el insann bi akhihi el insann » (l’exploitation de l’homme par l’homme)... Ce n’est d’ailleurs pas seulement la répression (dont ont également été victimes les communistes et d’autres forces politiques et sociales), qui avaient alors isolé les islamistes des peuples musulmans, mais avant tout pour les raisons que j’ai énumérées. Les peuples du Proche-Orient les avaient même affublés de sobriquets tels que « Toudjaar Eddine » (les Commerçant de la religion) et d’« Ekhwane Echayatine » (les Frères du diable).
(à suivre)
Hakim Arabdiou
Dans l'article précédent nous posions comme principe que la nation, si elle voulait accomplir sa mission d'émancipation du peuple, ne pouvait que s'approprier les critères de la Démocratie, mais encore fallait-il que celle-ci soit encadrée par des règles pour mériter son nom, sinon on peut aboutir à la tyrannie d'un seul (le « césarisme »), ou d'un groupe oligarchique, comme l'avait d'ailleurs bien dénoncé les Grecs de l'Athènes antique.
Mais l'organisation publique de la société dans des règles qui protègent les citoyens de l'arbitraire et définit des règles de gouvernement de celle-ci, c'est ce que les Romains ont appelé, après le rejet du monarque tout-puissant ou presque, la « République » dès 500 avant notre ère.
Et par la légende du «retrait sur l'Aventin » (colline de Rome) de la plèbe (les citoyens romains non possédant), dans laquelle ils auraient fait grève contre les patriciens (les aristocrates possédant), les dits plébéiens ont clairement pris conscience que «le pouvoir du peuple» ne pouvait s'exercer valablement par les seules élections si une minorité possédait la quasi totalité des richesses, et que seule l'institution de règles de Droit avec des magistrats ayant le pouvoir de faire appliquer ces règles, était efficace pour protéger les non-possédants de l'exploitation des possédants; ce fut alors l'institution des « tribuns de la plèbe », magistrats élus avec des pouvoirs considérables pour faire respecter les Droits des plébéiens.
Cette notion de Droit qui protège et donc qui concoure à libérer tout un chacun et collectivement de l'oppression et de la domination est fondamentale et se trouve obligatoirement en amont de tout processus dit démocratique.
IL NE PEUT DONC Y AVOIR DE DEMOCRATIE SANS LE DROIT REPUBLICAIN QUI LA REGIT.
Et il faut, bien sur, revenir au principe générateur du Droit républicain qu'ont imposé les révolutionnaires des années 1789 et suivantes : « l'Egalité en Droit ». Tout doit donc découler dans l'organisation de la société de ce principe fondateur qu'est l'Egalité en Droit, aussi bien l'application de la laïcité émancipatrice que celle relevant des critères immuables de la démocratie pour que le peuple puisse exercer la souveraineté populaire.
La République peut bien sur n'être pas laïque ni démocratique, mais en revanche il ne peut y avoir de Démocratie réelle sans la République de l'Egalité en droit pour que puisse s'exercer pleinement la souveraineté populaire en faveur de l'intérêt général. Et comme l'a très bien dit Jean Jaurès, la « République sociale, c'est la République poussée jusqu'à son terme », donc jusqu'à l'application intégrale de la laïcité et de la démocratie.
Cette conception ne reste pas seulement dans la théorie; elle a des applications pratiques décisives.
Prenons l'exemple en France de l'attitude de ces 2 syndicats totalement opposés dans l'adhésion au concept républicain, FO et la CFDT; Pour FO, le Droit par la loi prime pour la défense des salariés par rapport à tout accord contractuel, car justement c'est le Droit qui protège de l'oppression des employeurs, et les accords de branche, pourtant très recherchés par FO (contrairement à la CGT classique qui se bornait à contester), ne se font que dans le cadre des avantages que procure la loi.
En revanche pour la CFDT, la loi est secondaire par rapport aux accords d'entreprise qui peuvent, si la majorité des employés le décident (même si c'est sous la pression des employeurs comme une menace de licenciement), réduire les protections de la loi pour sauver ce qu'elle pense encore pouvoir sauver ( exemple des accords locaux réduisant les 35h pour éviter les licenciements, le protocole des intermittents du spectacle, ,etc...); cette attitude de minorisation de la valeur de la loi pour la défense des salariés (très soutenue par le MEDEF qui veut justement démanteler l'essentiel du Code du Travail) et donc du Droit, peut aller très loin; il est classique de dire par pure polémique certes, que si l'esclavage était réintroduit en France, la CFDT se donnerait comme mission dans cet esprit, d'abord de tenter de faire des accords réduisant le « poids des chaînes » avant tout autre chose!!! La conception républicaine est donc bien, là aussi, que la loi, expression de la souveraineté populaire, votée dans le cadre de l'intérêt général est seule garante de toute protection des citoyens contre l'oppression de tel ou tel groupe plus ou moins puissant, et permet seule d'avancer dans la réalisation de l'égalité en droit pour tout un chacun (une décision majoritaire de citoyens prise sous la menace ou sous la flatterie ne peut donc pas être considérée comme démocratique car non régie par le droit).
Il paraît maintenant important de réfléchir à partir de cette conception républicaine de la nation, de l'attitude à avoir face à la mondialisation, et donc à ce problème concret qui en découle de la construction européenne.
Si on pense que seul le pouvoir politique, expression de la souveraineté populaire des peuples, peut s'opposer à l'oppression des ravages que procure la forme actuelle du capitalisme, c'est-à-dire le turbocapitalisme des grands groupes financiers mondiaux, qui ont pour objectif en particulier de détruire toute structure de protection sociale prise dans l'intérêt général d'une société républicaine cherchant à avancer dans la réalisation de l'égalité en droit, afin de réaliser sans entrave le profit que procure la marchandisation de tous les biens de l'activité humaine, il est nécessaire de tenter de construire les structure politiques qui puissent s'y opposer efficacement. Or il est aisé de constater que la taille des états-nations, fruit de l'histoire, ne permet plus de s'opposer à cette force dévastatrice de la mondialisation dite néolibérale qui impose d'ailleurs à ces états-nation des traités internationaux léonins (AGCS et autres décisions de l'OMC par exemple) au détriment de la souveraineté populaire des peuples qui ne peuvent même plus les dénoncer ultérieurement.
Ce sont donc des constructions politiques regroupant les états-nations (et non en les démantelant), qu'il faut réaliser, en gardant les principes républicains du droit encadrant les critères immuables de la démocratie. C'est ce qu'on appelle l'organisation de « la délégation de souveraineté » de chaque peuple dans chaque état-nation pour une structure plus large. Cette délégation de souveraineté peut se faire justement dans le cadre d'une Union Européenne, non plus fondée sur un ou des traités imposant les règles de la concurrence libre et non faussée sous la domination de membres nommés de la commission de Bruxelles et donc non responsables devant une assemblée représentative, mais au contraire dans le cadre d'une sorte de Confédération de type fédéral avec un gouvernement issu d'une assemblée représentative élue au suffrage universelle directe et responsable devant elle, et surtout avec des pouvoirs régis par un droit constitutionnel précis ayant pour objectif de lui donner les moyens politiques de s'opposer efficacement à ces groupes financiers mondiaux; ainsi le but est de donner à cette construction politique comme pouvoirs tous les moyens de conduire une politique de relations diplomatiques internationales et de défense, et bien sur de conduire la politique de la monnaie commune, l'Euro, par la mise de la Banque Centrale sous son administration (les propositions des souverainistes modernes de sortir de l'Euro par exemple ne peuvent conduire qu'à un asservissement encore plus grand des états-nations européens aux puissances financières mondiales avec le dollar ).
Cette extension du concept républicain dans des structures politiques englobant des états-nations mais en s'appuyant sur ces états-nations par l'organisation constitutionnelle du pouvoir démocratique dans la « délégation de souveraineté » aboutit au projet de « République Sociale Européenne »
C'est un des enjeux des républicains de notre siècle.
(à suivre)
Valentin Boudras-Chapon
Le dossier électronucléaire est un des dossiers qui s’est invité dans la campagne présidentielle, tant par l’expression des candidats que par le lobbying de l’organisation GreenPeace. Plus que les imprécisions des questions et réponses du débat du second tour lui-même, sur lequel Respublica 535 est intervenu « à chaud », il convient, à l’issue de l’élection de Nicolas Sarkozy, de recadrer les termes du débat politique.
Chacun connaît les grandes lignes de l’histoire de l’utilisation pacifique du nucléaire en France ; cette histoire commence en 1945 quand le Général de Gaulle crée le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) et y place à sa tête le physicien communiste Frédéric Joliot-Curie ; la construction des premiers réacteurs destiné à la production de l’électricité commençait dès la fin des années 50 ; la seconde génération s’initialisait avec les années 70 ; le parc électronucléaire actuel s’est ainsi constitué et renouvelé progressivement jusqu’à aujourd’hui, faisant ainsi que 80 % environ de la production d’électricité en France est d’origine nucléaire ; la construction du réacteur tête de série de Flamanville (EPR) initialise la campagne de renouvellement des réacteurs construits dans les années 70.
Bien sûr la politique énergétique, et la question électronucléaire en particulier n’ont pas été les points déterminants, pour la plupart des citoyens et citoyennes de notre pays, du choix de leur candidat, ni au premier tour, ni au second tour ; il n’en reste pas moins que les positions défendues par les candidats et le décompte des voix qui se sont portées sur leur nom donnent une indication.
C’est ainsi que nous devons noter que 48,60% de nos concitoyens ont soutenu dès le premier tour des candidats défendant le choix électronucléaire et le renouvellement engagé du parc de réacteurs (Marie-George Buffet (1,93%), Arlette Laguiller (1,33%), Jean-Marie Le Pen (10,44%), Frédéric Nihous (1,15%), Nicolas Sarkozy (31,18%), Gérard Schivardi (0,34%) et Philippe de Villiers (2,23%)).
Dans le même temps 44,44 % de nos concitoyens ont porté leur voix sur des candidats ayant adopté des positions mi figue mi raisin (François Bayrou (18,57%)) voire franchement sceptiques (Ségolène Royal (25,87%)) ; nous reviendrons sur les positions défendues par le parti socialiste.
Enfin 6,96 % des électeurs et électrices ont donné leur voix aux trois candidats explicitement et virulemment opposés au nucléaire (Olivier Besancenot (4,08%), José Bové (1,32%) et Dominique Voynet (1,57%)).
Ce n’est bien évidemment pas la peine de tourner autour du pot ; la peur de la possibilité de conséquences néfastes si ce n’est cataclysmiques du nucléaire sur la santé publique est le fondement de la sensibilité d’une partie de la population aux arguments de réseaux tels que « sortir du nucléaire » ou GreenPeace. La nouveauté de cette campagne électorale, sur ce dossier particulier, a été que le parti socialiste, ayant pourtant les moyens d’une approche rationaliste de la question, a admis le lobby antinucléaire au cœur de son équipe de campagne et en a relayé activement le discours.
La stratégie du lobby antinucléaire consiste d’abord à suggérer que la production d’électricité électronucléaire ne serait pas si centrale qu’on a coutume de le dire ; c’est ce que voulait suggérer la candidate socialiste, interrogeant Nicolas Sarkozy lors du débat d’entre deux tours et s’attendant à ce qu’il réponde que 80 % de l’électricité française est d’origine nucléaire, ; elle contre-attaquait, suivant un argument parfaitement rôdé par les antinucléaires, en affirmant que l’énergie nucléaire ne représente en réalité que 17 % de la consommation finale d’énergie : en effet , si on prend en compte toutes les énergies finales utilisées par les consommateurs français (pour le chauffage, les véhicules, etc. et donc : fioul, gaz, bois, électricité, eau, essence, charbon, etc. ) l’électricité représente 22 % et par voie de conséquence le nucléaire 17 %. L’idée subliminale est que ce ne serait peut-être pas aussi difficile que cela de se passer du nucléaire … en faisant quelques économies d’énergie, et en remplaçant le nucléaire par d’autres sources de préférence renouvelables …
Le second axe d’effort de la stratégie mise en œuvre en France par le lobby antinucléaire s’appuie sur l’analyse que pour « sortir du nucléaire » le chemin le plus simple est d’empêcher le renouvellement du parc existant. C’est ainsi qu’il est suggéré de façon mensongère que le réacteur en cours de construction à Flamanville (l’EPR) serait un prototype, et donc un prototype inutile puisqu’un réacteur du même type est en construction en Finlande ; de même il est suggéré que plutôt que de mettre en œuvre ce réacteur controversé (qui n’est controversé en réalité que par eux) il est préférable d’attendre … 2045 pour la mise en œuvre prévue du premier surgénérateur de quatrième génération … dont on se demande bien pourquoi, lui, ne serait plus « controversé », mais chacun a bien compris que pour le lobby antinucléaire le débat aurait changé de nature d’ici cette échéance et qu’ « un tiens vaut mieux que deux tu l’auras » …
L’objet ici n’est pas de répondre point par point ; ce serait facile mais trop long en même temps que hors sujet pour Respublica ; les lecteurs intéressés pourront trouver des réponses argumentées sur des sites tels que sauvonsleclimat.org ou ecolo.org ; on relèvera quand même qu’en raison de l’insuffisance de la production prévisible des énergies renouvelables le gouvernement allemand, qui a décidé en 2000 de « sortir du nucléaire », vient tout juste de faire état de son intention de construire pas moins de 26 nouvelles centrales … au charbon … charbon qui est la source d’énergie la plus défavorable à la fois sur le plan environnemental et la plus dangereuse sur le plan humain (les morts se comptent par milliers chaque année dans les seules mines de charbon chinoises ou d’Europe centrale et orientale – sans parler des maladies professionnelles bien connues des mineurs de fond).
Ce qu’il convient de saisir principalement dans notre discussion présente est que la tactique choisie par le lobby antinucléaire français, relayée par la majorité aux manettes du parti socialiste, privilégie la manipulation de l’opinion (suggérer que l’impact sera faible, et que le renouvellement du parc actuel est un problème qui ne se poserait pas encore et pas en ces termes) aux dépens d’un débat politique assumé.
La première motivation qui a été celle de la politique énergétique de notre pays depuis la Libération a été le souci de l’indépendance énergétique et de la sécurité de nos approvisionnements. Cette indépendance et cette sécurité sont la base matérielle de l’indépendance nationale. L’indépendance nationale n’est plus à la mode à l’heure de l’européisme, européisme dont la campagne présidentielle a une fois de plus mis en lumière que les sensibilités centristes, socialistes et vertes se font les plus ardents promoteurs. Pour celles et ceux qui comme moi continuent à affirmer qu’un peuple qui n’est pas souverain est un peuple asservi, la question de la sauvegarde des bases matérielles de l’indépendance nationale n’est pas un point de détail.
La seconde motivation, non nécessairement apparue en ces termes, a réellement pris sens avec le choc pétrolier des 70’s et n’a jamais été démentie depuis : la garantie de prix compétitifs et réguliers (même si cela ne vaut que pour la composante nucléaire de la composante électrique de l’énergie primaire que nous consommons – se reporter à l’observatoire de l’énergie). Cette question est elle aussi à examiner, dans ce débat politique, à travers le filtre d’un marché désormais européen de l’électricité dont les règles sont fixées par Bruxelles et non plus par le gouvernement de la république (n’oublions pas qu’à certains égards, depuis le traité de Maastricht, le président de la république, subsidiaire qu’il est devenu, n’a plus guère d’autres prérogatives que celles que les organes du nouvel « empire anti-impérial » veulent bien laisser à un élu … local).
La troisième motivation, la plus récente et aujourd’hui la plus souvent mise en avant, est née de la mise en lumière de la nécessaire maîtrise des émissions de CO2 (effet de serre et impact sur le climat de la planète) et du constat que les centrales nucléaires sont de ce point de vue les plus écologiques de toutes les centrales thermiques, or la collectivité humaine n’est pas prête d’avoir une solution de rechange à la capacité de production d’électricité d’origine thermique, à savoir par des procédés consistant à produire de la chaleur pour produire de la vapeur d’eau qui fera tourner une turbine couplée à un alternateur. Cette motivation fonde la popularité croissante de la filière électronucléaire à l’échelle planétaire, popularité au regard de laquelle la valse hésitation de quelques bobos européens fait figure de curiosité.
Mais à ces questions, de même qu’au quatrième objectif que s’est donnée la loi de programmation de 2005, à savoir «garantir la cohésion sociale et territoriale en assurant l'accès de tous à l'énergie » se rajoute aussi la question qui nous est propre du monopole et de la propriété publique de l’entreprise nationale en charge de la production, du transport et de la distribution de l’électricité.
Il y a, en France, une cohérence d’ensemble entre les trois objectifs liés à la production de l’électricité, celui lié au service public de l’électricité (transport et distribution), et la question de la propriété ; en outre, la propriété publique est aussi une des garanties données par l’Etat aux citoyens que la sûreté nucléaire n’est pas soumise à des surdéterminations marchandes (même si les citoyens sont en droit d’exiger une gestion rigoureuse et non dispendieuse de la propriété nationale) : l’Etat propriétaire est le garant de sûreté nucléaire et de la sécurité des citoyens.
La loi de 2004 , dans son article 22, précise que EDF, dont 12,7 % du capital est d’ores et déjà sur le marché, ne peut mettre plus de 30 % de son capital sur le marché; la majorité du parti socialiste, avec Ségolène Royal, n'a pas suivi ceux qui souhaitent que l'Etat se réapproprie les 12,7% du capital sur le marché. Ils disent préférer constituer un «pôle public de l'énergie entre EDF et GDF» dont le montage reste à préciser ; il ne pourrait en effet pas s’agir d'une fusion des deux groupes, qui serait refusée par les instances impériales de Bruxelles, mais d'un «renforcement» des liens entre les deux opérateurs historiques. De son côté, Nicolas Sarkozy n'a semble-t-il pas exclu, pour désendetter l'Etat, d'ouvrir davantage le capital d'EDF, la loi qu'il a fait voter en 2004 l'autorisant à aller jusqu'à 30% du capital. La cession des 17,3% restants rapporterait de l’ordre de 20 milliards d'euros à l'Etat.
Voilà des termes principaux du débat politique qu’il faudra bien reprendre et qu’il faudra poser au président de la république que se sont donnés les français. Certes le choix nucléaire n’est pas remis en cause et est réaffirmé. Certes les questions énergétiques sont abordées de façon pragmatique et rationnelle. Certes, sur le plan de notre indépendance énergétique, le candidat désormais président a affirmé qu’il respectera le « non » des français au référendum et qu’il n’y aura pas de constitution européenne ; néanmoins poser la question européenne, c’est à dire celle de l’abandon de notre indépendance nationale, est bien une nécessité politique incontournable dans ce débat comme dans bien d’autres. Enfin la menace portant sur le démantèlement de notre secteur public prend, dans le champ de la production d’électricité (question clé de toute politique industrielle), une importance toute particulière pour laquelle les progressistes devront être vigilants.
Si le parti socialiste reste sur les positions qu’il a défendues avant et pendant la campagne électorale, rejoignant le clan des héritiers des gauchistes de mai 1968 (LCR, Verts, altermondialistes), il est clair que les républicains progressistes ne pourront pas compter sur lui sur ce dossier là, sur ce dossier là « non plus » pourrait-on dire au regard des positions qui ont été défendues par le parti socialiste, par exemple, en matière de laïcité.
C’est ainsi que je me permettrai pour conclure de paraphraser la conclusion de Robert Albarèdes dans la lettre n°10 du cplaid en disant que si la capacité des républicains progressistes « à se rassembler et à agir sur tous les terrains (du politique, du juridique, du pédagogique …) » sera essentielle en matière énergétique comme dans le champ de la laïcité républicaine, « l’essentiel (sera) aussi dans leur capacité à dépasser « le point aveugle » qui les laisse parfois dans l’illusion qu’il faut être « de gauche » pour être (progressiste) et qui les prive de la lucidité nécessaire à toute efficacité. »
Michel Naud Initiateur du réseau brightsfrance.free.fr/
Afin que les lecteurs puissent s'orienter dans les chiffres sur la production d'électricité nucléaire en France qui ont été récemment rapportés dans ReSPUBLICA n° 534 (article de Michel Naud) à la suite du débat entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, il me semble utile d'apporter quelques précisions sur leur validité, leur signification et de donner une image correcte de la réalité.
Les statistiques nationales françaises délivrées chaque année par la DGEMP (Direction Générale de l'Energie et des Matières Premières)/Observatoire de l'Energie au Ministère de l'Industrie donnent la production brute d'électricité primaire et la production nette d'électricité en France.
Production brute d'électricité: c'est la quantité d'électricité annuelle qui sort des alternateurs et des génératrices de toutes les sources d'électricité (nucléaires, hydrauliques, thermique gaz ou fioul ou charbon, éoliennes, géothermiques, photovoltaïques, thermique bois). Une partie de cette électricité est directement consommée par les centrales elles-mêmes, les rotors des groupes alternateurs, et perdue dans les transformateurs des centrales.
Production nette d'électricité: c'est la quantité d'électricité effectivement distribuée sur le réseau électrique français, à la sortie des transformateurs des centrales, c'est à dire après l'autoconsommation et les pertes de production. C'est la seule qui ait un intérêt énergétique et économique et qui entre dans le bilan d'énergie utilisable par les consommateurs (industrie, tertiaire, domestique, agriculture).
Production brute d'électricité totale: 574,5 TWh, dont nucléaire 450,2 TWh (78,4%), hydraulique 61,6 TWh (10,7%), thermique fossile 60,5 TWh (10,5%), éolien 2,1 TWh (0,37%), photovoltaïque 1 TWh (0,02%)
Production nette d'électricité totale: 548,8 TWh, dont nucléaire 428,7 TWh (78,1%), hydraulique 60,9 TWh (11,1%), thermique fossile 57,1 TWh (10,4%), éolien 2,1 TWh (0,40%), photovoltaïque 1 TWh (0,02%).
La part de l'énergie nucléaire dans la production électrique nette totale est donc de 78,1%.
Les valeurs de 85% et 88% avancées dans l'article cité plus haut sont physiquement inconsistantes car elles représentent uniquement la part du nucléaire dans la production brute d'électricité non thermique (87,6%), ce qui n'a strictement aucun intérêt puisque les centrales thermiques représentent tout de même 10,4% de la production française et que ce n'est pas la production brute qui compte mais la production nette! Cette présentation des chiffres est purement artificielle et gonfle artificiellement l'importance du nucléaire, probablement dans un but propagandiste ou commercial, mais certainement pas d'information neutre...
Pour terminer cette petite mise au point objective (je ne fais partie d'aucun lobby, ni nucléaire, ni pétrolier, ni gazier, ni charbonnier, ni écologiste mais je suis physicien sans carte politique), je rappelle qu'une partie importante de l'électricité produite en France est exportée (60 TWh, soit 11%), et que sur les 480,6 TWh d'électricité consommés en France, une bonne part (au moins 25 TWh, soit 5%) est autoconsommée dans le fonctionnement du cycle nucléaire (enrichissement de l'uranium dans l'usine Eurodiff du Tricastin entre autres) et perdue dans les lignes électriques et les transformateurs de lignes (32 TWh, soit 6,6% en 2006).
Comme la part de l'électricité dans la consommation d'énergie finale totale française en 2006 (161,7 MTEP) n'est que de 22,9%, la part du nucléaire n'en représente que 15,2% à 17,6% selon les méthodes de calcul.
Vous trouverez toutes les données sur les sites ministériels (www.industrie.gouv.fr/energie, www2.ademe.fr) et une analyse plus complète dans le volet III de mon étude « L'urgence énergétique » (ReSPUBLICA n°524).
Thierry DE LAROCHELAMBERT
Chaire supérieure de Physique-Chimie en CPGE,
Professeur de mécanique des fluides en École d'Ingénieurs,
Chercheur à l'Université.
Editions Armand Colin
L’auteur de ce livre anime le site www.communautarisme.net depuis 2003. Tout au long de cet ouvrage, il signale, comme sur son site, la remise en cause de plus en plus forte des principes égalitaires de la République, et d’une France unie sur des bases universalistes. Les coupables ? D’abord les responsables politiques de ces vingt-cinq dernières années, qui n’ont cessé, par veulerie, par crainte d’affronter le politiquement correct, par calcul clientéliste, de reculer et d’accorder des droits particuliers à ceux qui, professionnels de l’identité, comme les appelle l’auteur, ont multiplié des revendications spécifiques contraires à l’égalité des droits.
Julien Landfried explique, tout au long de cet ouvrage, que ces représentants auto-proclamés de communautés soi-disant homogènes ne représentent bien souvent qu’une faible minorité.
Il démontre sans peine que l’UOIF ne met pas plus de vingt mille personnes, tous les ans au Bourget, ce qui est ridicule par rapport à la population musulmane. Le Crif, dont il critique durement par ailleurs le fait qu’il agit souvent en France comme le relais de la politique d’Israël, et déplore que les ministres n’osent pas boycotter les repas auxquels ils sont conviés, ne représentente, selon l’auteur, qu’à peine un sixième de la population juive.
Act-Up ne compte que cent cinquante militants, et ceux qui réclament, dans les milieux homos, le mariage et l’adoption ne représentent pas la réalité de cette population. Les autonomistes corses peinent, aux journées internationales de Corte, à mettre plus de cinq cents personnes dans la salle. Même phénomène très minoritaire pour les ethnonationalistes basques, occitans ou bretons, dont les relations passées et présentes avec l’extrême droite sont soulignées.
La nocivité de la charte des langues régionales, votée par le Parlement européen en 1999, mais pas encore ratifiée par la France, est fort bien démontrée.
L’auteur, dans cet ouvrage, dénonce la fuite en avant du discours victimaire, notamment celui des Indigènes de la République. Il montre le danger, soulevé par de nombreux historiens, de la multiplication de certaines lois mémorielles, de la loi Gayssot à celle du 23 février 2005 (colonialisme), en passant par la loi Taubira sur l’esclavage, sans oublier les tergiversations législatives autour du génocide arménien.
Il explique fort bien les enjeux de la discrimination positive, et combien son application sur des bases ethniques serait mortelle pour le modèle républicain français. Il en profite pour contester la loi sur la parité, qu’il considère comme une première application de la discrimination positive, qui n’a rien changé sur le fond au fonctionnement des partis politiques, excluant toujours de la vie politique hommes et femmes issus du monde ouvrier, par exemple.
A ceux qui disent que la République est raciste, il oppose, sans nier des discriminations sociales, le nombre de mariages mixtes en France à la très faible existence de mariages entre Blancs et noirs aux Etats-Unis.
Il démontre fort bien, tout au long de cet ouvrage, toute la différence qui oppose le modèle français et le modèle américain, et montre que les adversaires différentialistes de la République s’appuient souvent sur les principes du modèle outre-atlantique.
Ce livre, dont on peut ne pas partager intégralement certains passages, est une richesse pour le combat que tous les républicains entendent mener contre la montée du communautarisme et pour les valeurs égalitaires, en France, surtout après l’élection de Nicolas Sarkozy.
A la conclusion, l’auteur en appelle à un nouveau 4 août, afin d’abroger les privilèges obtenus sous la pression de professionnels de l’identité qui veulent nous construire une France des ethnies contraire à une République universelle de l’égalité et du vivre ensemble.
A offrir à vos amis.
Pierre Cassen
Bourse du Travail de Saint-Denis
9, rue Génin
(métro ligne 13 - station Porte de Paris)
Rencontre-débat
Une manifestation gigantesque, estimée à un million de personnes par les médias locaux, a envahi dimanche 29 avril tout le centre d'Istanbul pour dénoncer toute remise en cause de la laïcité de la Turquie.
Nous vous invitons à une rencontre-débat avec des membres de l'association « Athétürk » pour découvrir et discuter de la laïcité et de l'athéisme en Turquie.
Cette soirée est organisée par la Société de défense des laïques non-croyants, non-croyantes et athées.
contact: laiques-athees@wanadoo.fr
lundi 14 mai 2007LA FERME DES JEUX DE VAUX-LE-PENIL (77)
SOUS LA STRUCTURE
UN DÉBAT OUVERT À TOUS
Renseignements :
01 64 71 91 20
UNIVERSITE DE PARENTS
L'évolution de la société - affirmation précoce de l'individualité, de plus en plus de familles monoparentales ou recomposées, phénomènes de mode chez les adolescents - affecte les rapports entre parents et enfants.
L'autorité du père et de l a mère est souvent remise en question.
Comment fixer des limites à nos enfants, quel que soit leur âge ?
L'Université de Parents recevra le professeur Jean EPSTEIN , psychosociologue spécialiste de l'enfance et de l'adolescence, pour traiter ce thème fondamental. Il nous expliquera que l'autoritarisme - imposition arbitraire des choix, des rythmes de vie, des silences - tourne le dos au juste exercice de l'autorité, qui est capacité de dire “non” à bon escient, de toujours accompagner un refus ou une sanction d'explications et de dialogues.
L'adulte doit aider l'enfant à se socialiser. Pour cela, insiste Jean EPSTEIN, l'apprentissage de la notion de frustration est indispensable, car celle-ci fait apparaître la notion de limites, de compromis. Les parents doivent amener l'enfant à comprendre qu'il ne peut pas obtenir « tout, tout de suite ». Grandir, c'est savoir se projeter vers l'avenir et adapter la recherche du plaisir aux exigences de la réalité.
Parents d'enfants en bas âge, d'adolescents ou d' adulescents - ces jeunes adultes qui ne quittent pas le cocon familial - nous sommes tous concernés.
Venez nombreux !
La soirée sera présentée par Danielle HANNOUN, Présidente de l'Université de Parents, et le débat animé par Jean-François CHALOT, membre de son comité consultatif.
mardi 22 mai 2007au GREPA ( Groupement des retaités de l'enseignement public et des adhérents FGR),
7 rue Major Martin 69001 LYON
l'UFAL 69 intervient sur le thème: "Communautarisme et laïcité"
Mireille Popelin (au début de l'après-midi) et Jean-Claude Santana ensuite - secrétaire et président de l'Ufal 69
jeudi 24 mai 2007Intervention au Collège Honoré de Balzac
56 rue Ernest Renan
69200 Vénissieux
Avec les parents d'élèves et le personnel
Avec : Jean-Claude Santana (président de l'UFAL 69)
jeudi 31 mai 2007Centre Culturel et de la Vie associative
234 Cours Emile Zola , Villeurbanne
Métro Flachet
Sur l'invitation de:
avec la participation de Pascale Crozon Interviendront à la Tribune: - Jean-Claude Santana (président de l4UFAL du Rhône, auditionné par la Commission Stasi) - Malika Haddad (NPNS) - Dominique Ginet - psychologue. Maître de conférence à Lyon 2 - Un représentant du syndicat national des officiers de Police (UNSA)
mardi 12 juin 2007dans les salons de la Fondation des Français Libres
59, rue Vergniaud, 75013 Paris - 01.53.62.81.81
105e dîner-débat de l’Académie du Gaullisme
Animé par Jacques Dauer, président de l’Académie du Gaullisme
et présidé par
Xavier Harel, écrivain, journaliste à La Tribune
Thème : Afrique, pillage à huis clos
Avec précision et force détails, Xavier Harel analyse et démontre que le cynisme de quelques grands dirigeants, qu’ils soient « politiques » ou à la tête de sociétés multinationales, n’a d’égal que leur cupidité et leur amoralité ; ils pillent sans vergogne l’une des principales richesses de l’Afrique : l’or noir, contribuant ainsi à accentuer la pauvreté des populations. La corruption est leur arme préférée.
Pour participer, écrire à Jacques Dauer
18, rue Fouquet, 77920 Samois-sur-Seine
(accompagné de votre chèque à l’ordre de l’Académie du Gaullisme)
06.81.24.15.95 - 01.64.24.65.98
Prix du repas : adhérent 38 € ; non-adhérents 41 € ; moins de vingt-cinq ans 25 €.
samedi 16 juin 2007Salle de la Maison des syndicats, place de la Myrpe, à Bergerac
Avec Pierre Cassen, rédacteur en chef de Respublica, porte-parole de l’Ufal 78
Débat organisé par la Libre-Pensée Dordogne
vendredi 25 - lundi 28 mai 07week-end de Pentecôte 2007 à Annonay (Ardèche)
au centre du Groupement des Œuvres Laïques, chemin du Grand Mûrier
Programme:
une série de thèmes qui vont apparaître d'une actualité brûlante après les résultats de l'élection présidentielle, à traiter en ateliers ou en débats pléniers :
Vendredi 25 mai
Dans quelle mesure, le réchauffement climatique provient -il de l'effet de serre? par Christiane Causse
Quel perspective pour le secteur développement durable ? par Christian Gaudray et Guillaume Campioni
Samedi 26 mai
Eradiquer le chômage et la précarité, par Gérard Lalot (ATTAC France)
Agenda national et international de l'UFAL par le SN de l'UFAL
réunions des secteurs thématiques de l'UFAL (laïcité, santé/protection sociale, féminisme et laïcité, école, services publics, développement durable)
soirée méchoui grillades
Dimanche 27 mai
Quelle solidarité internationale pour le féminisme et la laïcité ? avec Jocelyne Clarke, Bernard Teper et des féministes laïques algériennes
Le financement de la protection sociale, par R. Thaller, spécialiste de la protection sociale
Réunion des secteurs thématiques (suite de la veille)
soirée musicale
Lundi 28 mai
Développer l'éducation populaire laïque tournée vers l'action par le SN de l'UFAL, avec Jean-François Chalot, Bernard Teper et des personnalités extérieures
Bureau national de l'UFAL ouvert aux participants
L'organisation matérielle
FORMULE CLASSIQUE: hébergement en chambres de 2 ou 4 lits sur place dans le Centre avec 3 nuits du vendredi au Lundi, 3 petits déjeuners, 2 repas le samedi et 2 le dimanche forfait à 125 euros pour une personne, 230 euros pour un couple, 90 euros pour chômeur ou personne en précarité.
Les chèques vacances sont acceptés.
Acompte de 40 euros par personne à verser avant le 1er mai dernier délai à UFAL-Rhône-Alpes 40, rue des écureuils 38500-Coublevie
FORMULE A LA CARTE:
Pour la formule à la carte il sera demandé une participation forfaitaire de 20 euros pour les frais fixes (dont location des salles...)
acompte de
à verser avant le 1er mai dernier délai, à l'UFAL-Rhône-Alpes 40, rue des écureuils 38500-Coublevie
L'hébergement des enfants sera gratuit et ils seront pris en charge lors des principaux débats.