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Impossible de passer à coté de cette hausse du coût de la vie (l’expression est d’ailleurs amusante... " le coût de la vie "...). La plus emblématique des denrées est certainement le pétrole tant nos modes de vies, de l’économie globale à jusqu’à celle de l’individu, sont liés à cette ressource énergétique.
130 $ le baril ! 140... 160 $ ! ! Jusqu’où ira le prix de l’or noir ? Cependant, le prix sur " le marché " n’est pas vraiment le plus intéressant à connaître. En creusant, quelle ne sera pas la surprise d’apprendre que le baril est vendu par l’OPEP entre 40 et 45 $ seulement ! S’en suit la question : d’où peut bien provenir ce triplement du prix sur le baril de brut ? Triplement que l’on retrouve ensuite à la pompe pour tout un chacun...
Et si le pétrole brut est somme toute éloigné de notre vie quotidienne, les chaussures le sont moins. Internet permet aujourd’hui dans des ventes, dites privées ou directes ou restreintes, d’acheter à des prix nettement moins chers toute sorte de produits de grandes marques. Surprise ! Une paire de chaussures vendue 80 euros dans le commerce se trouve vendue pour 10 euros. 10 euros sur lesquels le site vendeur se fait une marge conséquente puisque lorsque l’on cherche à combien revient la fabrication d’une chaussure de sport " hight tech ", on tombe sur des sommes dérisoires : 1 ou deux euros pas plus, transport inclus ! La standardisation, l’automatisation, les gains de productivité en tout genre, tout cela a permis de réduire les coûts de fabrication et de transport à presque rien. Et c’est la même question que pour le pétrole : comment explique t-on qu’un produit puisse passer de 2 euros à 80 alors que rien n’y est rajouté ou apporté ?
Ces exemples sont l’illustration du processus de ponction des individus que le système libéral anglo-saxon a mis en place et augmente toujours davantage. Le triplement spéculatif du pétrole ou l’augmentation de 4000 % du prix d’une paire de chaussures n’ont rien de concret, rien de réel. Seul le désir de certains de toujours posséder davantage explique ce surcoût sur la vie de ceux qui ne sont que des employés, des personnes qui échangent leur temps de vie contre de l’argent. Car l’unité est là : le temps de vie. De la naissance à la mort, le temps est compté, alors comment est-il utilisé, dans quoi est-il investi ?
Avec un salaire de 1600 euros net par mois (ce qui est déjà bien au dessus de la moyenne), acheter une paire de chaussures à 80 euros demande l’argent reçu en échange de 8 heures de vie passées au travail, c’est à dire une journée mensuelle. Si l’employé pouvait payer les chaussures à leur prix réel, matériel, concret, il travaillerait seulement 12 minutes... 12 minutes. La soif de possession de certains conduit les autres à user leur temps... pour rien ! Sur 8h, 7h 48 sont usées rien que pour le désir compulsif, névrotique, de posséder toujours et encore plus. L’esclave est celui qui use son temps de vie pour un autre, et 7h48 représente 97. 5 % de 8h. 97. 5 % du travail fourni par l’employé ne sert concrètement à rien. Le libéralisme anglo-saxon légalise l’esclavage moderne car il a rendu " normale " et " acceptable " cet usage du temps de vie pour d’autres. " Travailler plus pour gagner plus ", voila une rhétorique dont le seul but est d’endormir, de troubler les idées, brouiller l’esprit critique.
L’individu est éduqué par le libéralisme jusque dans sa vie intime. Pour ceux qui en doute, qu’ils se demande d’où peut bien venir ce goût pour le rose chez les petites filles, pour les voitures chez les petit garçons, et les exemples quotidiens sont légions. Ouvrir la télévision suffit pour " voir ".
Dans cette éducation distillée, pas question d’armer les individus. Il convient de les brouiller.
Or l’usage de soi est primordial à l’individu pour gérer son existence. Passer 97. 5 % de son temps de vie à " ne rien faire ", c’est perdre sa vie, c’est condamner ses possibilités de créer, de penser, de profiter de la vie. Le Pacte Républicain a besoin d’individus conscients, c’est à dire d’individus disposant de leur temps de vie car la force du Pacte Républicain se sont les individus-citoyens eux mêmes. Aucun Pacte Républicain ne peut tenir sans créations, sans innovations, sans échanges, sans esprit critique, sans cultures, sans liens entre les individus, sans enracinement de l’usage du temps dans l’éthique et le quotidien de chaque individu-citoyen. Cette création de richesses (et non de valeurs !) est une condition vitale à la République. D’avoir oublié l’individu, la gauche se meurt sous le poids écrasant des globalités et du collectif exclusif.
Les anglo-saxons ont raison de dire que le temps est de l’argent. Ce temps qui est un temps de vie peut être investi pour créer de la valeur pour certains, c’est l’option du libéralisme. Il peut aussi être investi pour créer de la richesse, c’est l’option du Pacte Républicain.
Pour de multiples raisons, la " grande " politique de gauche s’est structurée depuis 130 ans sur le " dogme du collectif " au point d’adopter pour sienne cette représentation issue de la droite : l’individualisme est un égoïsme et il est l’ennemi de toute pensée collective.
L’héritage historique de la pensée de gauche, mais également les évolutions de notre société, font que la considération de l’individu revient sur le devant de la scène. Nul n’est heureux de savoir la société heureuse (et qu’est ce qu’une société heureuse ?). La procuration du bonheur est un mode trop fréquent à gauche à tel point que revendiquer pour soi une existence heureuse est devenu suspect, que parler du bonheur de vivre est considéré comme digne du langage des sectes. Mais quel sujet a fait se lever les foules, quelle aspiration a été à l’origine des mouvements collectifs, si ce n’est le désir de vivre simplement une existence sereine, heureuse, paisible ?
L’individualisme permet de mesurer et de penser une existence sereine avec d’autres et par les autres. Parce qu’il veut vivre sereinement son intimité, l’individu défend la laïcité pour tous. Parce qu’il veut que la santé ne soit pas un problème dans sa vie, l’individu veut un système de protection sociale pour tous. Parce qu’il veut que ses enfants puissent avoir une école de qualité, l’individu défend une école publique disposant de moyens réels correspondant aux besoins. Parce qu’il veut un cadre de vie serein, avec le moins de tensions et de conflits possible, l’individu défend le Pacte Républicain pour que la paix règne là où il vit. Etc... etc....
Loin de la figure de l’égoïste héritée de la droite, la tradition de l’individualisme à gauche mène directement au Pacte Républicain que des individus-citoyens concluent entre eux. On ne peut pas penser la gauche avec des idées de droite. De fait, la reconstruction de la gauche se fera par le support d’une pensée de gauche sur " l’individualisme " et d’une pensée de gauche " globale et économique ".
La force de la gauche est un désir de vivre qui s’enracine dans les sentiments de chacun plus que dans des théories, nécessaires mais qui viennent " après " comme support. Reconstruire la gauche c’est réaliser qu’avant tout ce n’est pas notre raison qui condamne le libéralisme, c’est notre " bon goût ".
Notre bon goût ? !... C’est à dire notre goût de la vie.
Évariste
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Le tribunal de grande instance de Lille vient de rendre un jugement étonnant : il a considéré la virginité comme une « qualité essentielle » (sic) de la femme avant le mariage.
Un mari avait demandé l’annulation de son mariage au motif que sa femme n’était pas vierge alors qu’elle avait prétendu l’être. Il se trouve que les deux époux sont de confession musulmane. Le tribunal aurait-il tenu compte de la religion des époux pour rendre son jugement ? De deux choses l'une : ou bien le tribunal a été différentialiste et a rendu un jugement discriminatoire, ou bien il faut comprendre que la virginité est devenue une qualité essentielle sur laquelle une future épouse ne doit dorénavant ni plaisanter, ni mentir.
La décision rendue par le tribunal pervertit l'esprit même de cette loi qui avait pour finalité manifeste de protéger les femmes contre les mariages forcés.
Il s'agit d'un précédent : la République, en tant qu'elle est laïque, n'a jamais considéré, ni dans son esprit ni dans sa lettre, que la virginité pouvait être une qualité essentielle d'une citoyenne qui veut librement s'engager dans le mariage, fût-elle musulmane.
Un jugement rendu par un tribunal français est prononcé au nom du peuple souverain, source de la volonté générale, et non pas au nom d'une religion, d'une tradition ou d'un droit coutumier. Dans la même veine anti-républicaine, anti-laïque et anti-féministe, pourquoi ne pas aller jusqu'à blanchir cette coutume barbare qu'est l'excision ?
L’UFAL appelle la représentation nationale et, au-delà d'elle, tous les citoyens, à résister à cette dérive communautariste et à refuser ce jugement : il serait en effet désastreux qu'il fasse jurisprudence.
Voir cet article sur son site d'origine
L'Union Des FAmilles Laïques www.ufal.org
Les arguments « légalistes » que la corporation des hommes de loi brandit pour accabler « les professionnels de l’indignation » - ignares que nous sommes ! - dans l’affaire du mariage annulé de Lille ont tout de la tartufferie.
Ainsi ceux qui s’émeuvent de la décision du TGI de Lille annulant un mariage pour cause de mensonge par l’épouse sur sa virginité ont tout faux. Ces « professionnels de l’indignation » agitent un chiffon rouge médiatique et s’acharnent sur les juges (déjà bien abîmés ces derniers temps). Heureusement, le corps des hommes de loi est là pour les soutenir et pour expliquer la profonde expertise du jugement de la honte. J’en ai fait un mauvais rêve cette nuit sous la forme d’un dialogue en deux actes, dont je vous livre la transcription, notée dès mon réveil.
Acte I, où Tartuflette établit que le juge ne pouvait pas décider autrement
Chicanette. - Comment peut-on décider que la virginité est « qualité essentielle » d’une femme ?
Tartuflette – Vous n’avez rien compris, le jugement ne parle pas de virginité. C’est technique : une femme a menti à son futur conjoint sur une qualité que tous deux jugeaient essentielle pour se marier. C’est ce mensonge qui a été jugé comme un manquement au contrat. Pour la virginité, on s’en fout : c’est le mensonge qui compte.
Chicanette – Ainsi, les qualités essentielles sont celles qui sont tenues pour telles par les deux parties ?
Tartuflette – Vous faites une fixation hystérique sur la virginité, prenons un exemple moins chargé. Vous achetez une voiture avec sièges en cuir, on vous livre une voiture avec sièges en skaï parfumés au cuir : vous la rendez et vous faites un procès au vendeur pour mensonge sur une qualité mentionnée au contrat de vente. C’est aussi simple que cela ! Un homme a bien le droit de vouloir une épouse avec l’option « vierge » !
Chicanette – Alors une simple option peut devenir, subjectivement, une « qualité essentielle ». Et pourquoi une femme ne pourrait pas exiger un puceau ?
Tartuflette – C’est que le modèle « puceau vérifiable » est pratiquement inexistant sur le marché. Je n’y peux rien, faites donc un procès au constructeur d’origine.
Chicanette – Si je veux épouser un vrai blond aux yeux bleus et que mon futur se teint les cheveux, porte des lentilles de contact colorées pour me faire croire qu’il est conforme à mon cahier des charges et que je m’aperçois qu’il m’a grugée, je peux introduire un recours en annulation du mariage ?
Tartuflette – Oui, et vous aurez raison. C’est un contrat !
Chicanette – Le juge n’avait donc pas à s’interroger au-delà de ce que voulaient les époux ? La loi lui faisait obligation de s’en tenir là et de traiter les personnes comme des choses ? Je n’en suis pas sûre, il me semble avoir vu un jugement de 1965 (TGI du Mans) où le juge écarte la recevabilité de certaines « qualités ». Il écrit : « que toutefois l’erreur sur la fortune, l’intelligence, le caractère, la race, la religion, la virginité ou la grossesse de la femme, la santé de l’époux, ne paraît pas devoir être retenue comme cause de nullité ».
Tartuflette – Ce juge était une bête. Probablement crispé sur une conception républicaine archaïque du mariage comme institution publique, il néglige que c’est un contrat engageant des volontés.
Chicanette – Il allait contre la loi en disant cela ? Il n’avait pas le droit de le faire ?
Tartuflette – Je ne dis pas cela : la loi le lui permettait. Je dis qu’il a été stupide parce que ça va à contre-courant de la tendance actuelle. La notion du mariage comme institution tend à s’affaiblir : la mode actuelle c’est de traiter le mariage principalement comme un contrat. D’ailleurs c’est dans l’air du temps : traiter les personnes comme des choses.
Chicanette – Donc le juge pouvait décider autrement ? La loi le lui permettait ?
Tartuflette – Il le pouvait, mais en allant à contre-courant de la mode actuelle. La conception moderne du mariage va dans le sens d’un contrat avec les clauses qu’on voudra – pourquoi pas la virginité ? : c’est quand même beaucoup plus libéral que la conception institutionnelle archaïco-républicaine du mariage !
Acte II, où Tartuflette établit que la clause de virginité est recevable
Chicanette – Pour vous faire plaisir, je consens à ne regarder l’affaire que sous l’angle du contrat. Peut-on faire entrer n’importe quelle clause dans un contrat ? Peut-on par exemple demander qu’une femme soit soumise ? Puis-je demander un conjoint de race blanche depuis au moins trois générations des deux côtés ? Puis-je demander qu’il (ou elle) accepte des pratiques sado-maso très dures ?
Tartuflette – Là vous allez trop loin, on ne peut pas demander ce qui est interdit par la loi. Les cas que vous citez ne sont pas recevables (racisme, coups et blessures..).
Chicanette – Alors on sort de la subjectivité ici ?
Tartuflette – Il y a des limites quand même ! Mais pour la virginité, je vous mets au défi de soutenir que c’est une exigence non recevable. Un monsieur a bien le droit de vouloir une vierge : c’est sa liberté de choisir sur le marché un produit à sa convenance.
Chicanette – Parfaitement. C’est son droit. Juste une question : la loi reconnaît la liberté sexuelle à tous les célibataires majeurs ?
Tartuflette – Oui, mais vous sortez du sujet.
Chicanette – Lorsqu’un monsieur demande une vierge, il réclame une femme qui n’aura pas usé de cette liberté. Il s’en trouve, et ne pas user d’une liberté, c’est aussi une liberté : mais c’est le droit de la femme de ne pas en user, son droit à elle. Lui, quand il exige cela, il dit qu’il ne veut pas de cette liberté pour les femmes. Il exige donc pour les femmes la privation d’un droit fondamental. Est-ce recevable de dire « dans la marchandise je veux une option qui suppose le renoncement à un droit par une partie de l’humanité ? »
Tartuflette – Vous dites n’importe quoi. Ce monsieur dit seulement qu’il ne veut pas de cette liberté pour sa femme, qu’il veut prendre femme parmi celles qui ont renoncé à cette liberté. Je ne vois pas le problème.
Chicanette – Supposons que tous les messieurs aient cette exigence. Il faudra donc admettre qu’aucune femme célibataire majeure espérant se marier un jour ne pourra exercer un droit reconnu à tous les célibataires majeurs, et cela pendant un temps indéterminé ?
Tartuflette – Qu’allez-vous chercher avec vos fictions absurdes, avec votre universalité irréelle ? Une telle société n’existe pas ! Nous les juristes, nous raisonnons sur le réel, le solide, le concret.
Chicanette – Alors soyons plus réalistes, et plus méchants. Il existe peut-être des communautés où tous les messieurs se sentent tenus de réclamer la virginité des femmes. Si une jeune célibataire majeure vivant parmi eux se propose d’y prendre époux un jour, elle doit donc renoncer à une liberté reconnue ? Et avec elles toutes les autres qui veulent vivre tranquillement parmi les leurs en espérant - folles qu’elles sont - se marier un jour?
Tartuflette – Il faudrait qu’elle soit très attachée à cette communauté ou très amoureuse pour cela : et alors elle doit faire ce sacrifice. Si ça ne lui plaît pas, elle n’a qu’à sortir de cette communauté, la loi le lui permet !
Chicanette – Vous oubliez une hypothèse, chère Tartuflette : ni fidèle aux siens, ni amoureuse, il se pourrait qu’elle soit contrainte, qu’elle ait peur. Alors on peut dire que votre jugement n’est rien d’autre qu’une génuflexion devant des coutumes : une conception archaïque et républicaine du mariage eût été préférable. N’oubliez pas que vous vous prononcez au nom du peuple français.
Tartuflette – La loi permet à chacun de reprendre sa liberté. Je m’en tiens là, mon jugement est formellement correct. J’ai pour moi la modernité de la tradition juridique récente, une grande partie de la corporation juridique me soutient : c’est de ce côté qu’il faut regarder pour se prononcer au nom du peuple. Pour le reste, je ne saurais le voir, et je m’en lave les mains.
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Catherine Kintzler
www.mezetulle.net
Auteur de "Qu’est-ce que la laïcité ?", publié chez Vrin, 2007.
Pour lire l'intégralité du numéro, rendez-vous sur le portail média de l'UFAL section RLF ou consulter le blog du secteur ''Féminisme et Laïcité'' de l'UFAL.
En avril dernier, le Conseil Européen a adopté un rapport invitant les Etats membres à dépénaliser l’avortement - si ce n’était pas encore fait - et à en garantir les conditions d’accès. S’il s’agit là d’une grande victoire pour le camp féministe, plusieurs autres évènements en France et en Europe doivent néanmoins nous amener à rester vigilants.
Cet hiver, la Cour de cassation a accepté que soit inscrit dans un registre d’Etat civil un fœtus et cela quelque soit son stade de développement. Cette nouvelle offensive de l’extrême droite catholique est un premier pas vers la reconnaissance de statut juridique de « personne » à l’embryon pouvant déboucher sur une remise en cause pure et simple du droit à l’avortement.
En France, la nouvelle loi contre les discriminations rend désormais possible l’enseignement non mixte à l’école. Régression de taille puisque la non mixité, facteur contribuant à la méconnaissance des sexes, ne peut avoir pour conséquence que de faire perdurer les préjugés sexistes.
Le récent jugement du tribunal de Lille qui a annulé un mariage pour cause de non virginité de l’épouse traduit bien le retour à cette mentalité rétrograde. La mariée avait menti. Mais, dans une telle situation, qui ne mentirait pas pour échapper au poids des traditions patriarcales ? Le jugement de Lille est donc catastrophique à plusieurs niveaux. D’abord parce qu’un tribunal républicain, censé garantir l’égalité républicaine et donc l’égalité des sexes, a décidé que la virginité d’une femme pouvait être une « qualité essentielle » du mariage. On peut se demander quel aurait été le jugement si c’était l’homme qui n’était plus vierge. Le mariage aurait-il été annulé ? Le ridicule de la situation aidant, on n’ose le croire. Au final, le jugement de Lille ne peut qu’accentuer la pression sur les femmes musulmanes afin qu’elles restent vierges jusqu’au mariage.
Mais il y a plus inquiétant encore. A la façon d’un Nicolas Sarkozy qui compte sur plus de « spiritualité » pour résoudre la crise des banlieues, les décideurs européens font désormais appel aux religions pour résoudre les problèmes actuels. Dans le cadre de la préservation de l’environnement, le président de la Commission Européenne, José Manuel Barroso, vient de recevoir les chefs religieux de l’Europe. En effet, Barroso souhaite que les religions interviennent pour protéger la planète. Janez Janša, président du Conseil de l’Europe qui était présent lors de cette rencontre, a insisté sur le fait que l’environnement présentait une « dimension sacrée » commune aux trois monothéismes. Entendons nous bien. Qu’on encourage des religieux à se servir de leur aura pour faire passer des messages responsables auprès de la communauté des croyants n’est pas choquante en soi. Mais qu’on le fasse en lieu et place de tout projet politique crédible et en faisant appel au « sacré » est à proprement parler scandaleux. Si le premier argument avancé pour défendre une cause ne relève plus d’un intérêt commun à tous mais d’un caractère « sacré », où va-t-on ? Imagine-t-on seulement la teneur des futurs débats sur l’euthanasie et l’avortement ?
Lors de cette rencontre mêlant politiques et religieux, la place de l’islam en Europe a également été abordée. Il a notamment été question de « dialogue interculturel » et de « respect mutuel » pour « rapprocher les gens » et « préserver la paix ». Qu’en est-il exactement ? On peut en effet s’interroger sur le sens de ces déclarations à priori pleines de bonnes intentions mais qui pourraient nous faire très vite déchanter. S’agit-il là de lutter efficacement contre le racisme envers les musulmans qui devient effectivement préoccupant – en témoigne le récent clip de Geert Wilders - et qui doit être combattu au même titre que toute autre forme de racisme ? Ou s’agit-il de ces fameux « accommodements raisonnables » qui au nom du « respect de la culture de l’autre » ouvrent grand la porte au relativisme culturel et cèdent face aux revendications fondamentalistes les plus rétrogrades ?
Plus que jamais l’Europe est le théâtre de l’affrontement de deux modèles. L’un communautariste et religieux. L’autre universaliste et laïque. Face à l’offensive des communautaristes de gauche comme de droite, il ne faut pas se laisser tenter par une alliance avec un communautarisme pour lutter contre l’autre communautarisme sous prétexte que l’un des deux serait potentiellement plus dangereux que l’autre. Toute alliance de ce type décrédibilise le combat laïque et antiraciste à un point où il sera difficile de faire marche arrière. Tout au contraire, il ne faut accepter aucun compromis et mener de front à la fois le combat laïque, féministe et antiraciste. En réalité, ces trois combats ne font qu’un puisqu’ils convergent vers une même universalité des droits.
En février 2007, les premières rencontres internationales laïques de Montreuil s’étaient conclues avec la création d’un Bureau Laïque International (BLI). Aujourd’hui, le secteur féminisme et laïcité de l’UFAL se renforce avec mon arrivée et celle d’Horria Saihi, journaliste et réalisatrice algérienne. Il convient de poursuivre le travail amorcé par Jocelyne Clarke et Bernard Teper en internationalisant notre combat universaliste. D’abord en Europe pour créer demain les conditions d’un vrai rapport de forces et ainsi peser sur les institutions. Mais également dans le reste du monde notamment les pays musulmans en pleine ébullition intellectuelle. Les esprits libres de ces pays doivent être soutenus pour faire en sorte que nos idées y progressent. C’est seulement à cette condition que naîtront les démocraties sécularisées de demain et que n’apporteront jamais les guerres de civilisation menées par Bush et consort.
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Caroline Brancher
Pour la première fois dans Respublica, nous diffusons un entretien réalisé par notre rédaction. Il sera diffusé en 3 parties (cette semaine et les deux semaines suivantes). Nous avons en effet décidé de diversifier les supports présents dans la lettre de Respublica.
Nous commençons par trois entretiens avec Fabienne Jouvet, animatrice du réseau des SansRien à l’origine de l’action " les invisibles en marche " qui va partir de Bordeaux le 9 juin prochain, et nous espérons prochainement vous proposer aussi des vidéos. Nous remercions la radio associative bordelaise La Clé des Ondes qui émet sur 90. 1 Mhz, qui a assuré le support technique des enregistrements.
A Respublica, nous considérons la dérive caritative comme un élément consubstantiel des politiques libérales et communautaristes. La charité nie la dignité de celui qui reçoit et qui est dans le besoin. Il n’y a donc plus d’égalité et d’entre-aide entre les citoyens. L’action caritative contredit la solidarité entre les individus-citoyens : ils ne sont plus que des individus séparés que plus rien n’unit, la charité servant à se dédouaner de construire un avenir commun où tous seraient des égaux.
Nous avons décidé de soutenir " les invisibles en marche " parce qu’à l’inverse des principes libéraux et communautaristes, leur action revendique pour chacun l’égalité, la dignité et la possibilité d’exercer sa citoyenneté, ce qui implique une remise en cause radicale des dérives de notre organisation sociale pour la remettre sur les rails d’un Pacte Républicain passé entre des individus-citoyens solidaires et égaux entre eux.
Cette semaine Fabienne Jouvet nous raconte son parcours, la naissance du réseau des Sansrien, et elle nous parle des " invisibles en marche ", action qui sillonnera la France du 9 au 24 juin.
La semaine prochaine, nous analyserons avec Fabienne Jouvet pourquoi aujourd’hui des individus sont obligés de s’organiser et se mobiliser pour simplement faire valoir leurs droits de citoyens à recevoir la solidarité républicaine.
Et dans 15 jours, nous essaierons de dépasser les constats pour évoquer des pistes pour dépasser le mode d’assistance par la charité et construire un Pacte Républicain qui permettrait de rendre égaux en dignité tous les individus-citoyens, c’est à dire comment renouer concrètement avec le sentiment d’être tous liés par un avenir commun et comment réinstaller l’évidence de l’entraide et de la solidarité entre tous les membres du Pacte Républicain.
Évariste
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Cette semaine Fabienne Jouvet nous raconte son parcours, la naissance du réseau des Sansrien, et elle nous parle des « invisibles en marche », action qui sillonnera la France du 9 au 24 juin.
Pour télécharger l'entretien au format MP3 c'est ici.
Pour tous ceux qui souhaitent soutenir, s'informer, apporter leurs témoignages ou contacter Fabienne Jouvet les informations nécessaires sont ici.
ReSPUBLICA
On vit une époque formidable!
Ségolène Royal, imposé au PS par la vague médiatique orchestrée par les groupes de presse Dassault, Bouygues et Lagardère a compris que pour gagner les présidentielles, il fallait être le leader du parti majoritaire, d'où sa volonté de devenir Premier secrétaire du PS.
Bertrand Delanoë, qui a compris la même chose, fait de même et pour concurrencer la sociale-libérale Ségolène Royal joue au jeu "Plus social-libéral que moi tu meurs".
Les quinquas frais et moulus Vals et Dray, se disent chacun dans leur coin "et pourquoi pas moi car je suis bien placé pour empêcher la guerre des deux chefs, et devenir chef moi-même!".
Et Arnaud Montebourg, le chevalier bourguignon, dit qu'il faut un autre premier secrétaire que Ségolène ou Bertrand, mais est-ce que ce discours remplace une politique?
Mais tout cela, c'était sans compter avec Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn, qui se disent "quite à ce que ce soit pas les deux favoris, pourquoi pas mettre à ce poste notre lieutenant Claude Bartolone pour Fafa et Pierre Moscovici pour l'argentier néolibéral du FMI!
Il fallait bien que celle qui a orchestré sous le gouvernement Jospin, le désastre des 35 heures avec perte du pouvoir d'achat pour des milions de français(vous vous rappelez le travaillez moins pour gagner moins qui a permis en 2007 le slogan inverse par la droite!), j'ai nommé Martine Aubry, la communautariste, participe à ce théatre politique. C'est fait! Elle est dans le casting!
Qui croit que celui ou celle qui sera premier secrétaire à l'automne laissera sa place à quelqu'un d'autre?
Et, nous attendons, dans le dernier virage, l'irruption du social-libéral François Hollande, vous savez, celui qui pose 10 questions à tout le monde sans y répondre lui-même! Il souhaiterait aussi mettre un premier secrétaire "hollandais" pour lui préparer la trajectoire 2012!
Leur discours,le même: tous européen, réformiste,libéral, pour la transformation sociale, contre les injustices, pour le bien contre le mal,pour la gentillesse contre la méchanceté,etc., et qui estiment qu'il suffit de dire haro sur Sarko pour tirer le jack-pot. Que des mots sans contenu, du bla-bla pour gognols en goguettes!
Et que fait la gauche du PS, ceux qui ont voté non au TCE et qui se sont opposés au traité de Lisbonne, son clone?
Et, bien les fabiusiens jouent les arbitres entre les oui-ouistes sociaux-libéraux, Benoît Hamon déclare sa flamme à Martine Aubry et Emmanuelli semble en soutien à une tactique hollandaise.
Restent Melenchon et Trait d'union, Filoche avec son catalogue syndical , Marc Dolez et ses forces miltantes, pour faire des appels désespérés à l'union de la gauche du PS.
Une chose est maintenant sûre, il n'y aura pas de débat politique explicite d'ici le congrès de novembre au sein du PS.
Une deuxième chose apparaît clairement, une gauche protestataire autour d'Olivier Besancenot et son nouveau parti anticapitaliste NPA,sans stratégie politique pour arriver au pouvoir, s'apprête à augmenter substanciellement son score aux prochaines élections européennes et régionales avec le soutien des grands médias qui lui ouvrent leurs colonnes et lui offent les micros.
Alors, le Die Linke à la française pour rassembler une gauche populaire pour le changement politique et social, ça vient ou pas? Force est de dire que c'est mal parti. Pour cela,il faudrait que certaines forces quittent le PS et s'associent aux communistes, à des syndicalistes, des anti-libéraux, etc.
Pour l'instant, rien de tout cela est à l'horizon, sauf une pétition Politis mais sans les socialistes et les communistes ce qui restreint très sérieusement le champ des possibilités.
Donc tout est prêt pour un système à l'italienne, avec une droite néolibérale agressive, une gauche social-libérale dont l'adversaire est d'abord à gauche, une gauche protestataire sans perspectives et nos millions d'yeux pour pleurer!
Comment sortir de cette société du spectacle?
Jérôme Manouchian
Depuis des mois, la communauté scientifique subissait une série de charges du gouvernement contre le système d’enseignement supérieur et de recherche, avec des réactions limitées. Désarroi, difficulté à comprendre ce qui se jouait, impression que de toute façon on n’y pouvait rien, tout concourait à cette apathie. Du coup, le gouvernement se croyait tout permis. Valérie Pécresse manifestait son mépris pour le Conseil d’Administration du CNRS en donnant les conclusions qu’elle attendait de ce dernier un mois avant qu’il ne se soit réuni. La même ministre répète qu’elle mettait un milliard d’euros de plus dans l’enseignement supérieur, alors qu’elle sait très bien que la somme réelle est 4 ou 5 fois plus faible. Elle affirme sa volonté de tout faire pour améliorer le fonctionnement des Universités, tout en refusant de créer les postes qui sont pourtant absolument indispensables à améliorer les taux d’encadrement, et à permettre aux enseignants-chercheurs de faire de la recherche.
l s’est passé quelque chose à l’occasion de l’Academic Pride du 27 mai. Dans de nombreuses villes de France on a pu voir LES PLUS IMPORTANTES MANIFESTATIONS DEPUIS 2004, sur les questions d’enseignement supérieur et de recherche. Nous avons montré que lorsque SLR, SLU (Sauvons l’université) et les syndicats se retrouvent côte-à-côte, des actions fortes sont possibles. Nous avons dit notre fierté de travailler à la production et à la transmission des connaissances. Avec ses chansons, ses nombreux slogans, ses ballons rouges et noirs, la marche à reculons de scientifiques qui affirment que la route qu’on veut les forcer à prendre est mauvaise, c’était une manifestation colorée et tonique, malgré la pluie !
Nous ne nous arrêterons pas là. L’Academic Pride du 27 mai est grosse d’actions à venir, que nous discuterons avec SLU et les syndicats. Ces actions doivent maintenant être définies et débattues localement, dans le cadre d’assemblées générales dans les établissement. Nous agirons pour nous opposer au démantèlement du CNRS en instituts, démantèlement qui signifierait aussi un affaiblissement majeur des UMR, structures mixtes indispensables aux universités pour résister aux pressions politiques et économiques. Aux attaques contre les services publics, nous répondrons que les services publics ne sont pas des mauvaises dépenses qu’il faut réduire, mais de bons investissements qu’il faut accroître lorsqu’ils sont manifestement utiles. Et il est par exemple nécessaire d’avoir un plan pluriannuel de création d’emplois dans l’enseignement supérieur et la recherche, si on veut en améliorer le fonctionnement et arrêter la course folle à l’augmentation de la précarité des emplois dans ce secteurs, qui signifie aussi la dévalorisation de ces secteurs.
Non, Madame Pécresse, non Monsieur Sarkozy, vous ne pourrez pas vous permettre n’importe quoi.
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Sauvons La Recherche www.sauvonslarecherche.fr
Ainsi donc 17 députés veulent donner une chance à la réforme que souhaite ardemment le président de la République. Si l’on regarde leur parcours, et pourquoi s’en priver, on trouve des partisans de DSK, de Mme Royal et de Bertrand Delanoë, certains, anciens jospiniens… Apparemment aucun n’avait soutenu le candidat Sarkozy, ni d’avance défendu son programme.
Le détail relève sans doute de l’anecdote, mais il permet d’identifier la ligne de partage entre ceux qui croient que M. Sarkozy veut réellement renforcer les pouvoirs du Parlement et ceux qui estiment que ce projet de révision ne vise, au fond, qu’à renforcer l’exécutif dans sa dimension présidentialiste.
« Atonie citoyenne, personnalisation excessive de la vie publique, déséquilibres persistants des pouvoirs (…), quinquennat sec… », voilà une identification des tares institutionnelles, quasi originelles de la Vème République, le quinquennat excepté et on pourrait, avec l’inversion de calendrier qu’il a induit et la majorité quasi automatique qu’il entraîne, s’interroger sur les motivations et les responsabilités « historiques » de ceux qui avaient proposé cette dernière évolution de la Constitution quant à la tête de l’exécutif, il n’y a pas si longtemps ! La question qui se pose est donc bien celle du rééquilibrage c’est-à-dire du renforcement ou non, mais en termes réels et non fantasmés, du législatif. Et donc, de savoir si cette réforme répond à cet objectif, comme une partie de la droite et une partie des élus du PS nous prient de le croire, les yeux fermés, et sans recours au référendum !
Décrire ce projet de réforme comme prometteur, pourrait ne pas suffire à convaincre les Français, même si des media assez bien contrôlés, tirent pratiquement tous dans le même sens ; l’exemple du TCE a montré que le matraquage idéologiquement convergent pouvait ne pas suffire ; l’absence de l’hypothèse du référendum pour avaliser une réforme jugée si cruciale par ses défenseurs, et alors qu’elle prévoit, de manière, il est vrai très encadrée, la possibilité d’un référendum « citoyen », montre que nos « démocrates » préfèrent ne prendre aucun risque, quitte à devoir gérer quelques paradoxes!
Ils jouent donc sur un levier déjà utilisé lors de la préparation des élections présidentielles passées, faire peser l’opinion publique, monstre sans tête, sur les débats politiques sérieux qui devraient animer la vie interne du parti socialiste tout entier, mais de lui seul, ou sinon autant le dissoudre, sur un tel sujet.
Les plus connus des partisans d’une VIème République ne paraissent pas plus décidés à relancer ce débat, pourtant crucial , en effet.
Autant y regarder de plus près : pour répondre à la question préjudicielle, cette réforme donne- t- elle plus de pouvoir au Parlement, il faut tenir compte d’abord de la judicieuse remarque de Dominique Rousseau, qui, s’appuyant sur le fait que l’inversion du calendrier électoral pour les députés, donne la majorité au parti du président nouvellement élu, rappelle que la majorité de l’Assemblée nationale, c’est la majorité du président ! On ne peut y trouver un rééquilibrage au profit du législatif qu’au prix d’ une imagination débordante.
La séparation des pouvoirs n’en sera donc pas mieux assurée.
La deuxième évidence, pointée d’ailleurs par le parti socialiste, mais dont il ne semble pas faire un casus belli, c’est évidemment le mode d’élection du Sénat, censé représenter les collectivités territoriales, mais qui, malgré les gains de 2004 et de 2008 pour la gauche est inébranlablement resté à droite.
Cela n’en a pas moins donné des idées au gouvernement qui envisage de modifier l’élection des conseils régionaux pour une proportionnelle à un tour et ainsi regagner des régions perdues… On peut légitimement s’étonner que nos 17 apprentis sorciers n’aient pas proposé que cette proportionnelle s’applique dans d’autres élections et, à tout le moins, si l’on est dans la logique du compromis, comme ils disent, que cette question du mode électoral ne soit pas soumise aux appétits circonstanciels d’une majorité de passage.
Autrement dit, en matière institutionnelle proprement dite, le rééquilibrage des pouvoirs est un faux-semblant.
Dans le domaine des relations entre le Parlement et le président, il n’en va guère mieux : l’encadrement du pouvoir de nomination du président, s’il n’est pas assorti d’une condition de majorité qualifiée, ne modifiera rien de fondamental ; il n’est pas imaginable qu’une majorité s ‘oppose à celui qui lui a permis d’être élue.
Contrairement à ce que disent les 17, le président gagne des pouvoirs, et pas seulement symboliques par son (ou ses ?) discours sans réplique ni débat devant le Congrès ; ce symbole là aujourd’hui fait aussi pouvoir.
De même, en matière de politique étrangère ou de défense, outre la suppression de la responsabilité du Premier Ministre, la réécriture de l’article 20 que cela implique et l’affirmation explicite d’un domaine réservé du chef de l’Etat, le Parlement ne serait informé, pas même consulté, que 6 mois après l’envoi de troupes à l’étranger ! Il n’existe aucune démocratie dans laquelle cela se passe ainsi.
Enfin, confier au juge de cassation le soin d’agir en matière d’inconstitutionnalité d’une loi après recours en ce sens d’un citoyen, ne paraît pas non plus de nature à permettre d’affirmer qu’en France notre régime constitutionnel est conforme au principe de séparation des pouvoirs.
La prolifération de lois inutiles, le refus d’établir une hiérarchie des normes quant à ce qui relève de manière légitime du Parlement et ce qui relève de l’administration de la loi, rend effectivement peu pertinente la saisine automatique du Conseil constitutionnel pour toute loi ; sans doute une autosaisine poserait-elle à nouveau la question d’une république des juges, mais il est constant que la situation actuelle n’est pas satisfaisante. La proposition, mise en cause à juste titre, par Pierre Mazeaud, d’un transfert du juge administratif vers le juge judiciaire en matière de contentieux administratif, montre que la confusion et le brouillage des pistes sont à leur comble.
Comme si personne ne voulait plus d’un Etat clairement défini dans ses missions en faveur d’un intérêt général, qui demeure un thème de discours beaucoup plus qu’un souci permanent et avéré de la majorité actuelle depuis désormais 6 ans !
En ce sens, la modification constitutionnelle proposée n’apporte aucune amélioration au fonctionnement démocratique des institutions et ne donne au peuple aucune arme nouvelle pour sanctionner errements, dérapages ou vraies trahisons.
Le président bénéficie d’un statut juridique hors normes pour un chef d’Etat élu dans une démocratie (Cf ; Etats-Unis, Israêl…), ce qui ne l’empêche pas d’ester en justice contre des citoyens ou des personnes morales qui, du fait de ce statut, sont en situation d’inégalité juridique face à un tel plaignant ; il est parfaitement aberrant que les privilèges du président ne le contraignent pas, à faire sienne la formule anglaise « never explain, never complain » et que des juridictions reçoivent, le cas échéant, ses plaintes. Cela n’a strictement rien de républicain et rappelle en fait le crime ancien de lèse-majesté.
On se doutait bien que pour une telle majorité, la préoccupation démocratique et républicaine n’était pas le moteur des propositions de modification du pacte fondamental de la nation. Mme Dati, Garde des Sceaux a parlé de modernisation, nullement de démocratisation.
Il serait imprudent d’oublier que Mme Veil préside une commission chargée de réécrire, toujours au nom de la modernité, le Préambule de la Constitution, approuvé par référendum en 1946 et en 1958.
Sont en cause, cette fois, l’histoire même de la République, l’originalité et la spécificité de sa construction, ses principes fondamentaux, la laïcité, les bases mêmes de la citoyenneté .
Ce n’est mettre en doute l’intégrité intellectuelle et la bonne foi de personne que de dire à l’avance, que la modification du Préambule doit recevoir la consécration populaire par référendum.
Il serait normal que les propositions dont nos 17 élus pensent qu’elles sont utiles à la démocratie et qu’elles ne relèvent pas d’un simple toilettage, reçoivent aussi une telle sanction.
Leur approbation a priori de la ratification par le Congrès, rappelle de mauvais souvenirs à tous ceux qui ont vu dans le traité de Lisbonne la reprise quant au fond, et cette fois, vraiment à des détails près, du TCE. Qui sont donc ces élus pour, d’un cœur léger, faire croire que cela aussi était dans le programme du candidat Sarkozy et que, par conséquent, le peuple l’avait déjà approuvé ?
Jean-Paul Beauquier
L'Humanité du 29/05/2008
Alors que le débat sur les institutions s'achève en première lecture à l'Assemblée Nationale, des voix socialistes appellent toujours à donner « une chance à la réforme » voire à trouver le « compromis historique » avec la droite pour renforcer le pouvoir du Parlement.
Celles-ci méconnaîtraient-elles à ce point le système de la Vème République ?
Les causes de l'affaiblissement du Parlement sont en effet structurelles : le régime est déséquilibré depuis la révision de 1962 par le mode d'élection du Président de la République, un déséquilibre irrémédiablement accru par la double réforme de 2000/2001, quinquennat et inversion du calendrier, qui soumet désormais automatiquement l'élection des députés à celle du Président.
A cela s'ajoute la persistance du « fait majoritaire » qui rend totalement virtuelle la séparation des pouvoirs entre l'exécutif et le législatif puisque, sauf cohabitation désormais improbable, la même formation politique détient tous les leviers.
Face à cette logique infernale, les « avancées » en trompe-l’œil de la réforme, comme le partage de l’ordre du jour, ne sont évidemment que peu de poids, faute de reconnaître un véritable rôle d’initiative et de contrôle à l’opposition parlementaire, quand elle ne sont pas potentiellement dangereuses avec, par exemple, le risque grave et réel d’affaiblissement du droit d’amendement des parlementaires.
Le comble est ici de présenter comme symbolique et sans réelle portée la possibilité pour le président de se rendre devant le Parlement, alors qu’elle induit un nouvel effacement d’un Premier ministre déjà ravalé au rang de collaborateur.
Le mal le plus flagrant de la Vème République réside en réalité dans l’irresponsabilité politique d’un Président qui s’est arrogé des pouvoirs bien au-delà de la lettre de la Constitution, aucune des révisions précitées ne lui ayant d’ailleurs accordé de prérogatives supplémentaires.
Pourquoi Nicolas Sarkozy a-t-il si facilement renoncé la modification des articles 5 et 20 de la Constitution pour inscrire dans le marbre que le Président gouverne ? Parce qu’il n’en a guère besoin, comme il le démontre chaque jour. « Une constitution, c’est un esprit, des institutions et une pratique », disait De Gaulle. La pratique, convenons en, aura tout bouleversé !
A vrai dire, pour rendre toute sa place au parlement et, à l’instar des autres démocraties européennes, refaire de l’élection des députés le rendez-vous électoral fondamental, il n’y a pas d’autre solution que de remettre en cause le principe même de l’élection du Président de la République au suffrage universel direct.
Sinon, et quels que soient les aménagements apportés, la logique d’une présidentielle, ouverte au populisme et à toutes les aventures, continuera à primer sur toute autre considération. Il en va de l’avenir même de la République !
Ceci étant, ceux qui sont indéfectiblement attachés au régime parlementaire et refusent l’impasse du régime présidentiel, savent que toute revalorisation réelle du Parlement suppose au moins l’affirmation du rôle du Premier Ministre et la restauration d’une véritable responsabilité politique. Ce n’est pas le cas de la réforme proposée, bien au contraire.
Dans ces conditions, les députés socialistes, élus en juin 2007 sur l’engagement d’instaurer une VIème République parlementaire, ne peuvent que s’y opposer résolument, sans l’hypocrisie d’un vote d’attente à l’Assemblée Nationale pour finalement dire oui au congrès de Versailles.
Approuver ou s’abstenir reviendrait en effet, une nouvelle fois après le précédent du traité de Lisbonne en février dernier, à donner le coup de main nécessaire à Sarkozy pour obtenir la majorité des 3/5.
Marc Dolez www.marc-dolez.net
Le diagnostic est posé ; la rénovation démocratique en France est impérieuse. Elle doit être importante ; la preuve , on modifie plus de 35 articles de la constitution, on réétudie le préambule, on se pose la question de la suppression des départements, on veut modifier l’élection des conseillers régionaux, on va procéder à un redécoupage des circonscriptions etc etc.. Cette rénovation démocratique est dénommée « citoyenne » et on nous ment. Le citoyen est tenu écarté de cette réforme, on le trompe, on ne lui demande pas son avis, on se moque de lui.
En conclusion, la leçon de l’histoire de cette réforme caricaturale est que le citoyen français est considéré comme un incapable constitutionnel. Il est tout a fait certain que l’on peut analyser et gloser à perte de vue sur le fait que dans les textes tous les grands principes sont affichés ostensiblement (pour le peuple, par le peuple etc..) mais on a bien vu qu’en France ce ne sont pas les textes et l’esprit constitutionnel qui importent ; c’est la pratique des Elus et la sauvegarde des pouvoirs tous plus monarchiques les uns que les autres. (du Président de la République au plus petit Président de Syndicat Intercommunal à Vocation Multiple.).
Tout cela n’est plus admissible dans ce pays que l’on appelle « le pays des droits de l’homme et du citoyen ».
Aussi, suite à des discussions sur un forum, nous avons décidé de lancer un appel à tous les forumeurs, bloggers, internautes intéressés par la question des institutions et de la rénovation démocratique, pour diffuser le plus possible notre message citoyen. Selon l’écho obtenu , fin juin, il sera alors temps de prévoir des rencontres ce jour là, le 7 juillet 2008, devant la préfecture dans chaque département, et donc aussi à Versailles.
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Le Blog Changer La République changerlarepublique.over-blog.com/
Ainsi vient de se créer une nouvelle organisation du champ politique, le Mouvement politique d’éducation populaire (M’PEP).
La mutiplication du nombre d’organisations du champ politique, du champ syndical, du champ associatif, est sidérante depuis 25 ans. On dirait que c’est une conséquence du turbocapitalisme, cette nouvelle phase du capitalisme sauvage. Voyez cela, sur le plan syndical, de 3 confédérations à la sortie de la deuxième guerre mondiale, 4 en 1947, 5 en 1964, puis l’accélération turbocapitaliste pour arriver aujourd’hui à 8 groupements syndicaux nationaux sans compter les syndicats autonomes alors qu’il y a au maximum que 3 stratégies syndicales!
Sur le plan associatif, l’inefficacité du mouvement associatif est proportionnel à son nombre d’organisations. Sur le plan politique, plus les organisations parlent de recomposition, plus elles se minorisent. Chacune voulant recomposer autour d’elles.
Et le plus dément, est que plus les organisations se minorisent, moins elles sont homogènes! Plus il y a de scissions et plus les conflits internes se développent. Et pour cela, la France tient le "pompon". Avec le vin, la gastronomie et le tourisme, voilà que nous pouvons expliquer et exporter urbi et orbi le comment segmenter au maximum le tissu social!
Bien évidemment, les stratégies de segmentation sont liés notamment sur le plan syndical à des instrumentalisations politiques des pouvoirs en place qui mettent en place des financements qui favorisent cet émiettement qui arrange les affaires des dirigeants économiques et politiques de la planète en "divisant plus pour régner mieux".
cette segmentation a entraîné la constitution de "collectifs" tellement les actions de chaque organisation sont de moins en moins efficaces. Mais le corrolaire de cet état de fait est un recul de la démocratie délibérative au profit d’un consensus à priori de plus en plus stérilisant.
Bon, revenons à cette nouvelle organisation politique: le MPEP. Fondé par quelques dizaines de militants issus d’ATTAC France regroupés autour de Jacques Nikonoff, ancien allié de Robert Hue au sein du PCF, ancien animateur de l’association "Un travail pour chacun" et ancien président d’ATTAC France. Ce groupe qui a soutenu Jacques Nikonoff lors de sa présidence d’ATTAC France, qui, après la mise en minorité de Jacques Nikonoff au sein d’ATTAC, s’est regroupé dans Avenir d’ATTAC, tendance au sein d’ATTAC France. Puis, cette tendance a subi une décroissance puis une auto-dissolution pour préparer cette nouvelle organisation politique.
Cette nouvelle organisation a pour projet de participer à la reconstruction de la gauche, à offrir un débouché politique aux luttes sociales, à la reconquête des couches populaires, à la création d’une grande force de gauche. Pour cela, le MPEP appelle à engager une nouvelle" bataille de fond pour ouvrir un nouveau cycle idéologique, culturel, philosophique et politique".
Comme nous y voyons des concepts que nous connaissons bien: la laïcité, la république, l’internationalisme, la gauche, etc., nous sommes intéressés et intrigués à la fois. Car la gauche sociale, laïque et républicaine française est comme toutes les sensibilités politiques, présentes dans le champ politique, est très divisée: MRC, PRS, Mars-Gaucherépublicaine, MNRLS, le média Respublica, MPEP, et j’en oublie sûrement d’autres, et qu’il m’en excuse d’avance! ! ! !
Il faudra bien que toutes ces entités nous expliquent leur stratégie pour rassembler aux fins de construire la grande force de gauche que tout le monde semble appeler de ces vœux mais que l’on ne voit pas venir... Car "s’empailler" sur le fond sans dire comment on va réussir à rassembler, cela devient vraiment pénible!
En attendant Godot...
Jérôme Manouchian
Un calcul prudent montre que, dans le prix du baril de pétrole brut d’aujourd'hui, au moins 60% des 128 dollars sont dus à la spéculation à terme non réglementée, des hedge funds, des banques et des groupes financiers. Ils utilisent les échanges à terme du ICE Futures de Londres et du NYMEX de New York, et les échanges inter-bancaires incontrôlés ou négociés hors cote pour échapper à tout examen minutieux. Les règlements de la Commodity Futures Trading Commission du gouvernement étasunien permettent aux spéculateurs d'acheter du pétrole brut grâce à des contrats à terme sur le Nymex, en avançant seulement 6% de la valeur du contrat. Le prix en ce moment étant de 128 dollars par baril, cela signifie que le spéculateur à terme n'a qu'à donner environ 8 dollars pour chaque baril et emprunter les autres 120 dollars. Cette « force » exceptionnelle de 16 pour 1 permet d’amener le prix à un niveau follement irréaliste et de compenser les pertes bancaires du subprime et des autres catastrophes au détriment de l'ensemble de la population mondiale.
La mystification du pic pétrolier, c’est-à-dire l'argument selon lequel la production pétrolière aurait épuisé plus de la moitié des réserves, ce qui rend le pétrole bon marché et abondant sur le déclin dans le monde, a permis à cette fraude coûteuse de perdurer depuis l'invasion de l'Iraq en 2003 avec l'aide des principales banques, des négociants et des opérateurs pétroliers majeurs. Comme toujours, Washington tente d’en faire porter le chapeau aux producteurs arabes de l'OPEP. Le problème n'est pas la pénurie de l’approvisionnement en pétrole brut. En fait, l’offre est actuellement excédentaire dans le monde. Pourtant, le prix grimpe toujours plus haut. Pourquoi ? La réponse se trouve dans la politique manifestement délibérée du gouvernement étasunien, qui permet la manipulation effrénée du prix du pétrole.
Le principal stratège du marché de l’une des banques leaders mondiales de l’industrie pétrolière, David Kelly, de JP Morgan Funds, a récemment laissé entendre quelque chose en disant au Washington Post, « Je pense que l’une des choses très importantes que l’on doive réaliser est que la croissance de la consommation pétrolière mondiale n’est pas si forte que ça. »
L’une des fables utilisées pour soutenir la spéculation à terme sur le pétrole est l’allégation de la soif d’importation pétrolière de la Chine qui exploserait hors de contrôle en entraînant des pénuries dans l’équilibre de l’offre et de la demande. Les faits ne confortent cependant pas la thèse de la demande chinoise.
Dans son dernier rapport sur les perspectives énergétiques à court terme, l’Energy Information Administration (EIA) du gouvernement étasunien concluait que la demande pétrolière aux États-Unis devrait baisser de 190. 000 barils par jour en 2008, surtout à cause de l’aggravation de la récession économique. Loin d’exploser, dit l’EIA, la consommation chinoise devrait augmenter cette année de seulement 400. 000 barils par jour. Ce n’est guère la « poussée de la demande pétrolière » chinoise stigmatisée par les médias. L’année dernière, la Chine a importé 3, 2 millions de barils par jour, et elle aurait utilisé au total environ 7 millions de barils par jour. Les États-Unis, par contre, consomment environ 20, 7 millions de barils par jour.
Cela signifie que la principale nation consommatrice de pétrole, les États-Unis, connaissent une baisse importante de la demande. La Chine, qui consomme seulement un tiers du pétrole utilisé aux États-Unis, ne verra qu’une augmentation mineure de sa demande d’importation par rapport à l’ensemble de la production pétrolière mondiale journalière de 84 millions de barils, moins d’un demi pour cent de la demande totale.
Pour 2008, l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) a prévu que la croissance de la demande mondiale en pétrole resterait inchangée, à 1, 2 millions de barils par jour, car le ralentissement de la croissance économique dans le monde industrialisé est légèrement compensé par la consommation croissante dans les pays en développement. L’OPEP prédit que la demande pétrolière mondiale en 2008 sera en moyenne de 87 millions de barils par jour, en grande partie inchangée par rapport à son estimation précédente. Il est prévu que la demande de la Chine, du Moyen-Orient, de l’Inde et de l’Amérique Latine sera plus forte, mais celle de l’UE et de l’Amérique du Nord sera plus faible.
Ainsi, le plus grand consommateur de pétrole du monde est confronté à une forte baisse de consommation, à un déclin qui va s’aggraver à cause de la crise du logement et des effets économiques liés à la crise financière de levier. Si les marchés étaient normaux, non dissimulés et transparents, le prix chuterait probablement, il ne s’élèverait pas. Aucune crise d’approvisionnement ne justifie la manière dont est fixé le prix du pétrole aujourd’hui dans le monde.
Non seulement il n’y a pas de crise d’approvisionnement pour justifier pareille bulle de prix, mais il existe plusieurs nouveaux gisements pétrolifères gigantesques qui doivent commencer à produire au cours de 2008 pour augmenter l’offre.
Le plus important producteur de pétrole du monde, l’Arabie Saoudite, est en train de finaliser des plans pour renforcer l’activité de forage d’un tiers et accroître les investissements de 40 %. Le plan de Saudi Aramco, couvrant la période de 2009 à 2013, devrait être approuvé ce mois-ci par le conseil d’administration et le Ministère du pétrole. Le Royaume est au beau milieu d’un plan d’élargissement de la production pétrolière de 50 milliard de dollars pour répondre à la demande croissante de l’Asie et des autres marchés émergents. Le Royaume prévoit d’accroître sa capacité totale de pompage jusqu’à 12, 5 millions de barils par jour d’ici à l’an prochain, une hausse d’environ 11 % de sa capacité actuelle de 11, 3 millions de barils par jour.
En avril de cette année le gisement pétrolifère de Khursaniyah en Arabie Saoudite a commencé le pompage, et il ajoutera bientôt 500. 000 barils par jour à l’offre mondiale en pétrole brut Arabian Light, de haute qualité. En outre, un autre projet d’expansion saoudien, le développement des champs pétroliers de Khurais, le plus important des projets de Saudi Aramco, augmentera la capacité de production pétrolière des gisements saoudiens de 11, 3 à 12, 5 millions de barils par jour d’ici à 2009. Il est prévu que Khurais augmentera la capacité d’exportation saoudienne de brut léger de haute qualité de 1, 2 millions de barils par jour.
Petrobras du Brésil est dans la phase d’exploitation initiale des réserves pétrolières offshore de son gisement de Tupi. Les estimations ont récemment confirmé qu’elles pouvaient être aussi grandes ou plus grandes que celles de la Mer du Nord. Petrobras dit que le nouveau gisement ultra-profond de Tupi pourrait contenir jusqu’à 8 milliards de barils de pétrole brut léger exploitable. Quand ce sera en cours, dans quelques années, il est prévu de classer le Brésil dans le « top 10 » mondial des producteurs pétroliers, entre le Nigeria et le Venezuela.
Aux États-Unis, à part les rumeurs disant que les grandes compagnies pétrolières délaissent délibérément les immenses nouvelles réserves en Alaska, de crainte que l’offre excédentaire ne fasse plonger le prix de ces dernières années, l’US Geological Survey (USGS) a récemment publié un rapport qui a confirmé de nouvelles grandes réserves pétrolières dans la région appelée Bakken, qui s’étend à travers le Dakota du Nord, le Montana et le sud-est de la province de Saskatchewan (au Canada). L’USGS estime que Bakken contient jusqu’à 3, 65 milliards de barils de pétrole.
Ce ne sont là que quelques confirmations d’immenses réserves de pétrole à exploiter. On estime que l’Irak (où les quatre plus grandes firmes pétrolières anglo-étasuniennes salivent de mettre la main sur des gisements inexplorés) possède les plus grandes réserves pétrolières après l’Arabie Saoudite. Il reste encore une grande partie du monde qui n’a pas été explorée pour y chercher du pétrole. À un prix supérieur à 60 dollars le baril, d’énormes potentialités nouvelles deviennent économiques. Le problème majeur auquel est confrontée la grande industrie pétrolière n’est pas de trouver de quoi remplacer le pétrole, mais de contrôler les découvertes pétrolières mondiales pour maintenir le prix exorbitant actuel. Elle est aidée en cela par les banques de Wall Street et les deux grandes sociétés d’échanges pétroliers : NYMEX et ICE et ICE Future de Atlanta-Londres.
Il est de plus en plus évident que la récente bulle spéculative pétrolière, devenue asymptotique depuis janvier, est sur le point d’éclater.
À la fin du mois dernier, à Dallas au Texas, l’American Association of Petroleum Geologists a tenu sa conférence annuelle en présence de tous les principaux cadres et géologues. Selon un participant, les bien informés directeurs généraux de l’industrie pétrolière sont arrivés à un consensus sur le fait que le prix du pétrole chutera bientôt de façon spectaculaire et que l’augmentation à long terme concernera le prix du gaz naturel.
Juste quelques jours avant, Lehman Brothers, une banque d’investissement de Wall Street a dit que la bulle du prix pétrolier touche à sa fin. Michael Waldron, le chef stratège pétrolier de la banque, a été cité, le 24 avril dans le Daily Telegraph de Grande-Bretagne, disant : « L’offre pétrolière dépasse la croissance de la demande. Des inventaires sont faits depuis le début de l’année. »
Aux États-Unis, les stocks de pétrole ont augmenté de près de 12 millions de barils en avril. Selon le rapport mensuel de l’inventaire du 7 mai de l’EIA, ils sont en hausse de près de 33 millions de barils depuis janvier. Au même moment, le rapport du 7 mai de MasterCard montre que la demande en essence a diminué de 5, 8 %. Et les raffineurs sont en train de réduire considérablement leur cadence de raffinage pour s’adapter à la baisse de la demande. Ils tournent actuellement à 85 % de leur capacité, par rapport aux 89 % d’il y a un an, dans une saison où la production est normalement de 95 %. Les raffineurs sont manifestement aujourd’hui en train d’essayer de tirer vers le bas l’offre des ressources en essence pour augmenter son prix. « C’est l’économie, idiot, » pour paraphraser l’infâme raillerie de Bill Clinton à papa Bush lors des élections de 1992. Ça s’appelle la récession économique.
Le rapport du 8 mai de Oil Movements, une société britannique, qui suit les expéditions pétrolières dans monde entier, montre que le transit pétrolier en haute mer est aussi très important. Presque toutes les sortes d’expéditions marchent plus fort qu’il y a un an. Le rapport note que, « En Occident, une grande part des stocks pétroliers faits cette année sont arrivés de l’étranger en catimini. » Certains initiés disent que les activités et les stocks des quatre grands de l’industrie pétrolière mondiale, l’état réel des tankers, du stockage et des chargements, est l’industrie la plus secrète du monde, sans compter peut-être celle du commerce des stupéfiants.
Aujourd’hui, le prix du pétrole, contrairement à il y a vingt ans, est déterminé à huis clos dans les chambres de commerce d’institutions financières géantes comme Goldman Sachs, Morgan Stanley, JP Morgan Chase, Citigroup, Deutsche Bank ou UBS. Dans ce jeu, l’échangeur clef est le London ICE Futures Exchange (autrefois International Petroleum Exchange). ICE Futures est une filiale possédée intégralement par Atlanta Georgia International Commodities Exchange. ICE d’Atlanta a été fondée en partie par Goldman Sachs, qui dirige aussi l’indice des prix des matières premières les plus utilisées dans le monde, le GSCI, qui est surpondéré au prix du pétrole.
Comme je l’ai indiqué dans mon précédent article, (Peut-être que 60 % du prix du pétrole d’aujourd’hui est une pure spéculation), l’ICE a récemment fait l’objet d’une enquête du Congrès. Elle a été citée la fois dans le rapport du personnel du Sous-Comité permanent sur les enquêtes du Sénat du 27 juin 2006, et dans l’audition du Comité sur l’Énergie & le Commerce de la Chambre en décembre 2007, qui ont examiné la négociation à terme non réglementée en matière d’énergie. Les deux études ont conclu que la montée du prix de l’énergie à 128 dollars, et peut-être au-delà, est pilotée par la valeur en milliards de dollars des contrats à terme sur le pétrole et le gaz naturel placés sur les ICE. Grâce à une dérogation opportune sur le règlement, accordée par l’administration Bush en janvier 2006, le négoce de l’énergie étasunienne en ICE Futures n’est plus contrôlé par la Commodities Futures Trading Commission (CFTC), même si les contrats pétroliers étatsuniens en ICE Futures font l’objet d’un commerce dans les filiales d’ICE aux États-Unis. Et à la demande d’Enron, la CFTC a exonéré les transactions pétrolières à terme hors cote en 2000.
Il n’est donc pas surprenant de voir, dans un rapport du 6 mai de Reuters, que Goldman Sachs annonce que le pétrole pourrait en fait être proche d’un autre « super pic » qui fera peut-être monter le prix du baril de pétrole jusqu’à 200 dollars dans les six à 24 prochains mois. Ce titre, « 200 dollars le baril ! » devient le principal reportage sur le pétrole pour les deux prochains jours. Combien de moutons crédules suivront derrière avec l’argent de leurs paris ?
Arjun Murti, le stratège en énergie de Goldman Sachs, a accusé ce qu’il a appelé la demande « foudroyante » (sic) chinoise et moyen-orientale, combinée au fait que le Moyen-Orient serait proche du maximum de sa capacité de production pétrolière, selon ses assertions. Le mythique pic pétrolier aide de nouveau Wall Street. Le degré du matraquage publicitaire, sans fondement, rappelle la nature intéressée du battage de Wall Street en 1999-2000 autour des actions Internet ou Enron.
En 2001, juste avant le crash des dot. com dans le NASDAQ, certaines entreprises de Wall Street poussaient pour vendre au public crédule les actions dont elles se délestaient discrètement. Ou bien elles poussaient les actions douteuses pour les entreprises dont les banques, qui leur étaient affiliées, avaient des intérêts financiers. En bref, comme les enquêtes du Congrès paraîtront plus tard, les sociétés ayant un intérêt dans un résultat financier assuré ont utilisé les médias pour se remplir les poches et pour que leurs entreprises laissent les investisseurs publics dans le pétrin. Il serait intéressant que le Congrès assigne les enregistrements des positions à terme de Goldman Sachs et d’une poignée d’autres grands acteurs sur l’énergie à terme, pour voir s’ils ont ou non investi pour bénéficier d’une nouvelle hausse du pétrole à 200 dollars.
Un autre turbo, rajouté pour introduire la spéculation dans le prix du pétrole, est la règle dominante en marge qui fait que le pourcentage en cash pour l’acheteur de contrat pétrolier à terme incite à parier sur la hausse du prix du pétrole (ou sur sa chute d’ailleurs). La réglementation actuelle sur le NYMEX permet aux spéculateurs de fournir seulement 6 % de la valeur totale de son contrat pétrolier à terme. Cela signifie qu’une prise de risque des hedge funds ou des banques peut acheter du pétrole à terme avec une force de 16 pour 1.
Nous sommes frappés par une série sans fin d’arguments plausibles sur le prix élevé du pétrole : « super risque de terrorisme » ; élévation « foudroyante » de la demande chinoise et indienne ; troubles dans la région pétrolifère nigérienne ; « explosion » d’oléoduc en Iraq ; possible guerre contre l’Iran... et, au-dessus de tout ça, le matraquage du pic pétrolier. Le spéculateur pétrolier T. Boone Pickens, qui aurait amassé d’immenses profits dans le pétrole à terme, plaide que le monde est opportunément au sommet du pic pétrolier. Il en est de même de Matt Simmons, banquier d’affaires à Houston et ami de Dick Cheney.
Comme le notait le rapport du Sénat en juin 2006, Le rôle de la spéculation dans le marché pétrolier sur la hausse du prix de l’essence, « Il y a quelques managers des hedge funds là-bas qui maîtrisent la connaissance de la manière d’exploiter la théorie du pic pétrolier et le sujet brûlant de l’offre et la demande, et en prédisant audacieusement la progression choquante des prix à venir, ils ne font qu’ajouter davantage de carburant au feu de la spéculation dans une sorte de prophétie qui se réalise. »
Le Congrès démocrate agira-t-il pour changer la minutieuse opacité du marché pétrolier à terme dans une année électorale, et risquer de faire éclater la bulle ? Le 12 mai le comité de la Chambre sur l’énergie et le commerce a déclaré qu’il se penchera sur cette question en juin. Le monde aura les yeux braqués.
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F. William Engdahl F. William Engdahl est associé de Mondialisation.ca/Global Research. Il est l'auteur de Pétrole, une guerre d’un siècle : L’ordre mondial anglo-américain, et de Seeds of Destruction: The Hidden Agenda of Genetic Manipulation.
Les premières lignes :
Habituellement, quand elle entend « nazisme », la vulgate sort son Nietzsche. Du grand public dit cultivé aux philosophes postmodernes pourfendeurs de Mai 68, compagnons de route du libéralisme et des valeurs du catholicisme, en passant par quelques faux avertis mais vrais fourvoyés, l’auteur de Par-delà le bien et le mal fournirait la svastika, l’incendie du Reichstag, la nuit des longs couteaux, la moustache du Führer, les camps de la mort, les chambres à gaz et l’incendie de toute l’Europe.
Pour cette engeance tenace, malgré les preuves du contraire, il suffirait de se baisser pour ramasser dans le fouillis nietzschéen tout ce qui permet de parfaire le costume de l’incendiaire national-socialiste modèle. On a beau relever les textes du Nietzsche philosémite, soucieux de croiser l’excellence des peuples de Gœthe et de Moïse, appelant à fusiller les antisémites, quittant son éditeur quand il découvre son implication dans l’impression de brochures haineuses à l’endroit du peuple élu, se disputant avec sa sœur qui, elle, milite dans les rangs racistes, rien n’y fait.
Ajoute-t-on que Nietzsche détestait l’Etat, fustigeait le ressentiment, exécrait les mouvements de masse, recourait à une langue poétique qui lui faisait célébrer la guerre, certes, mais comme une métaphore, bien qu’il la conchiât, en revanche, quand elle se menait sur un terrain de bataille réel ? Précise-t-on que le philosophe définissait ses notions cardinales - force, faiblesse, maître, esclave, cruauté, pitié - en vertu d’une métaphysique directement branchée sur la capacité à assumer le tragique de l’éternel retour et non en regard de la politique, encore moins de la politique politicienne ? Le couperet déjà tombé a tranché la tête, il n’est alors plus besoin d’examiner le dossier...
L’antinietzschéisme est une passion - bien souvent, d’ailleurs, la passion des dévots de la raison. Parfois, les rêveurs d’autodafés consumant les livres de Nietzsche tiennent la torche dans une main et la Métaphysique des mœurs dans l’autre. La morale de l’intention, la pureté de la loi, la radicalité de la moralité, les postulats de la raison pure - ah ! Dieu, la liberté et l’immortalité de l’âme, ces babioles métaphysiques tellement utiles pour récompenser les bons et punir les méchants ! -, le ciel étoile au-dessus de leur tête, la loi morale dans leur cœur, le brandon empaumé, ils aiment leur prochain, certes - ce qui, dans leur langage, s’énonce ainsi : considérer autrui comme une fin et non un moyen -, mais ils aiment moins leur prochain lorsque celui-ci est trop lointain. Or, le nietzschéen, voilà le plus lointain de leurs prochains...
Quel ne fut donc pas mon étonnement quand, lisant "Eichmann à Jérusalem" d’Hannah Arendt, j’ai découvert que le criminel de guerre se réclamait pendant son interrogatoire et son procès en Israël non pas d’un nietzschéisme stupidement attendu par les brutes philosophantes, mais d’un kantisme dont la revendication semble aussi bruyante qu’un coup de canon dans un monastère... Eichmann kantien ! Stupéfaction, saisissement, surprise ! Que l’un des acteurs de la solution finale revendique une existence placée sous le signe de la Critique de la raison pratique, voilà qui mérite examen.
ReSPUBLICA
Maison de quartier de Fontaine d'ouche
2, allée de Grenoble
21000 DIJON
conférence publique, organisée par l'UFAL 21 et animée par Bernard TEPER
Le thême en sera l'école laïque et républicaine de demain.
contact : Jacques DELEMONTEZ (mob: 0609729201)
samedi 21 juin 2008, 19:00Eglise St Marcel
24 rue Pierre Nicole
75005 Paris
(RER Port-Royal)
Récital de piano de Ricardo Zugaro au profit de l’UFAL
Participation aux frais 15€ - (Tarif réduit 10 euros)
Adresser vos réservations à l’ordre de l’UFAL
27 rue de la Réunion 75020 PARIS
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