« Heritage Fight ». Un combat pour le patrimoine des premiers Australiens

En collaboration avec l’association 0 de Conduite

Année après année, des films, fictions et documentaires rappellent que l’Australie n’est pas seulement le pays conquis tardivement par la colonisation britannique et que les premiers Australiens que constituent les différents peuples aborigènes présents dans l’immense île des océans Indien et Pacifique se font de plus en plus entendre depuis la fin du XXe siècle et dans ce nouveau siècle, des gouvernements politiques de gauche ou conservateurs.

Récemment, le mois dernier c’est un documentaire d’une jeune réalisatrice française qui est sorti avec de faibles moyens de distribution sur quelques écrans à travers la France. Eugénie Dumont à 23 ans s’est jetée dans la relation de cette histoire qui opposait la communauté des Goolaraboolos, une tribu aborigène des côtes du Kimberley, au Nord-Ouest de l’Australie à la puissante société Woodside qui avait décidé d’y implanter la plus grande usine à gaz du monde. Pourtant cette péninsule de Broome était depuis longtemps un lieu touristique, fréquenté par les touristes australiens et d’autres, célèbre aussi pour ses empreintes fossiles de grands dinosaures, où l’on pouvait camper auprès des villages aborigènes dans des paysages grandioses.
Fait des plus intéressants la présence dans ce mouvement contestataire de Blancs auprès des Aborigènes. De plus de fortes personnalités animaient cette lutte que l’on peut qualifier de David contre Goliath.

Commençons par les Aborigènes de la famille Roe, Joseph est le leader spirituel et le gardien de la Loi au sens culturel et social. Paddy, son grand père, a élu Joe pour le remplacer quand il était en âge d’être initié à la Loi. C’est ainsi que durant leur adolescence les jeunes garçons sont envoyés dans les grands espaces, l’Outback au-delà du Bush , où l’on rencontre rarement d’autres humains. Cette épreuve dure plusieurs mois. Ils découvrent de nouveaux lieux, des espèces animales qu’ils ne connaissaient pas, dont certaines très dangereuses.
Peu à peu il a dû affronter dans ce pays fédéral qu’est l’Australie le pouvoir du gouverneur du Kimberley et son administration. Et jusqu’en 2014 sa vie a été une suite de combats pour donner plus de dignité aux Goolaraboolos.

Teresa Roe est la fille de Paddy. Un homme qui a su créer un lien exceptionnel entre Blancs et Aborigènes en adoptant un jeune européen et l’élevant comme l’un des siens. Il avait mis en place des séjours de découverte et de partage avec le peuple Goolarabooloo. Digne fille de son père Teresa est devenue la « granny » ( la mamie) de la ville de Broome mettant en particulier en valeur les célèbres empreintes de Dinosaures, qui ont perturbé la Société Woodside.

Côté Blancs une femme a mené son combat en réveillant la conscience citoyenne des habitants de Broome. Louise Middleton a très vite interpellé Colin Barnett, le gouverneur du Kimberley dans son blog, lorsque celui ci a annoncé que les terres de la presqu’île de Broome avaient été choisies pour y implanter cet énorme complexe. Elle a scandé haut et fort que cette usine n’était pas la bienvenue.
Louise Middleton a épluché les documents gouvernementaux durant des années et entrepris un suivi minutieux des sociétés engagées dans ce projet de 45 milliards de dollars. Son blog est ainsi devenu, plus qu’un site d’informations, un manuel de résistance aux projets anti-citoyens du monde entier. On peut penser chez nous à Notre-Dame des Landes à Nantes et au barrage de Sivens dans le Tarn, rendu si tristement célèbre par la mort d’un jeune manifestant, Rémi Fraisse. Et dans d’autres lieux comme en Pologne contre les projets d’une compagnie américaine spécialisée dans le pétrole issu de la fracture des schistes et stoppée par un mouvement des agriculteurs locaux. Louise Middleton est en fait devenue le bras droit de Joe Roe, toujours prête à parer les mauvais coups.

Autre figure de ce combat Shane Hugues qui habite avec sa femme depuis une quinzaine d’années à Broome. Avec son 4×4, il est le veilleur quotidien des entrées de la ville des engins de chantier. Il réussit même à bloquer le premier bulldozer en s’y étant enchaîné.
Par son action spontanée Shane Hugues permit qu’un « Blockade » fût installé en urgence sur la route menant à James Price Point pour lutter au corps à corps avec les forces de police, de façon pacifique mais efficace, en ne laissant passer que les touristes souhaitant profiter de ce Jardin d’Eden.

Il faut ajouter un conteur aborigène qui perpétue cette transmission des histoires et légendes liées à la création du monde selon ces peuples premiers de l’Australie. A sa manière et dans la tradition il explique le ciel et ses étoiles, la connexion entre toute chose, le soir autour du feu. Mais si ce vieil homme vit totalement en dehors du monde occidental cela ne l’empêche pas de participer à la protection de son peuple. Pour cela il a attaqué en justice Woodside pour la destruction illégale de plusieurs centaines d’hectares sans aucun permis.

Le cadre de ce documentaire est donc bien fixé. Eugénie Dumont ira jusqu’à filmer la partie la plus violente de ces événements qui devaient aboutir à la mise en place d’un important matériel de réalisation de l’opération de Woodside sur le Kimberley. La réalisatrice se trouvera la seule avec sa caméra pour filmer l’épreuve de force décidée par le gouverneur du Kimberley pour rompre la digue des pacifistes couchés devant les engins de chantiers, bulldozers entre autres. Le « Black Tuesday», le mardi noir, verra la route dégagée par les policiers venus en masse et la partie semblera vraiment perdue pour les opposants à la réalisation de la société Woodside. Joseph Roe, usé avant l’âge, décédera début 2014, laissant les Goolaraboolos sans leader.
Mais soudainement déménagement du matériel arrivé sur la presqu’île de Broome, le projet est abandonné !

Le film a commencé à circuler en France, mais s’il a reçu un bon accueil de la critique il faut que des salles reprennent le travail exceptionnel d’Eugénie Dumont. Elle est prête à intervenir dans des salles de France.
Alors contactez- la en vous rendant sur internet, sur le site du film ou téléphonez à Dock 66, relais de production, mais aussi à Ciné Sud Promotion qui a en charge la communication avec la presse. Cette jeune documentariste mérite d’être aidée. Et cette expérience australienne d’être popularisée.

Site internet : www.heritagefight.com
Distribution : Docks 66 : 06 18 46 24 58, violaine@docks66.com // 06 99 70 92 87, aleksandra@docks66.com