Ce livre éclaire l’actualité. Le Conseil d’État a retoqué le gouvernement et sur la forme et sur le fond. L’annulation du décret de dissolution des Mouvements de la Terre (MdT) suspend la volonté liberticide du gouvernement et évite aux personnes membres de MdT (150 000 personnes) d’être surveillées et soumises à des poursuites pénales voire des peines de prison. Sur le fond, le Conseil d’État confirme que « le fait de promouvoir ou d’appeler à la désobéissance civile et au « désarmement » entendu comme une atteinte aux biens et non aux personnes n’est pas interdit par la loi et ne justifie pas une dissolution »(1)Interview accordée par l’avocat au barreau de Paris, Raphaël Kempf pour le journal syndical POUR, FSU, de septembre 2023..
Les quarante auteurs qui s’expriment dans cet ouvrage défendent les options de ce mouvement qui rassemble divers mouvements. Ils partent du principe qu’il est vain de dissoudre par décret des constats scientifiques. Il ne sert à rien de casser le thermomètre pour mettre fin au réchauffement et dérèglement climatique. Le niveau de « mercure » n’est que la mesure d’une réalité et non la cause. Le Conseil d’État l’a bien compris en annulant le projet de décret de dissolution prononcé au Conseil des ministres le 21 juin 2023. Les attendus du Conseil d’État reposent sur l’atteinte à la liberté d’association et sur l’absence de preuve et que « les éléments apportés par le ministre de l’intérieur ne permettent pas de considérer que le collectif cautionne d’une quelconque façon des agissements violents envers des personnes ». De plus, sans nier les dégradations matérielles supposément induites par « les actions promues par les Soulèvements de la Terre » dans le cadre « d’initiatives de désobéissance civile », le Conseil d’État estime qu’elles « ont été en nombre limité ». Une décision définitive devrait intervenir dans les prochains temps.
Au-delà de l’action administrative destinée à dissoudre un mouvement, il est intéressant de se pencher sur la stratégie et les objectifs de ce collectif. La lecture des textes des auteurs est, à ce titre, intéressante. Dans un premier temps, il est un bémol à mettre en avant, c’est l’usage dans certains textes de l’écriture inclusive qui rend la lecture difficile et, pour moi qui fait partie sans doute des « dinosaures » me « pique » les yeux.
Il est rappelé que la Terre fut créée pour donner à tous les moyens de leur commune subsistance, sans distinction entre les personnes selon la Déclaration des « Diggers » en 1649. Nous ne sommes pas obligés de souscrire au terme « créer » qui renvoie à une notion de « création », elle-même en rapport avec quelque chose de « divin ». L’expression « Soulèvement de la Terre » renvoie à une notion peu scientifique d’humanisation de la nature comme si cette dernière avait une conscience. Des êtres humains peuvent se soulever, des animaux peuvent se défendre contre l’adversité, mais la nature ne se rebelle pas, elle se dégrade face aux comportements des humains…
Objectifs du mouvement
Pour autant, les objectifs du mouvement fédératif « Soulèvement de la Terre » sont pertinents :
- Contre l’accaparement de la terre et de l’eau par le complexe agro-industriel ;
- Contre la métropolisation et bétonisation des terres agricoles nourricières et des derniers espaces naturels (peu artificialisés serait plus juste, car des espaces naturels entendus comme vierge de toute intervention humaine n’existent plus du moins sous nos latitudes) ;
- Pour déployer des expériences communales et coopératives ;
- Pour réinventer des formes de vie en symbiose avec l’ensemble du vivant.
Il est souligné que tous ces objectifs se situent à la croisée des questions sociales, écologiques (préserver la terre du béton) et coloniales (dans le sens où la richesse de l’Occident se fonde en grande partie sur le pillage des ex-colonies).
Dénonciation de la violence d’État
Le 25 mars 2023 à Sainte-Soline, 30 000 personnes ont marché contre les mégabassines. L’État a fait un usage extrême de la force avec l’emploi de 5 500 grenades en deux heures faisant 200 personnes blessées, dont plusieurs très grièvement mutilées.
Les textes des différents auteurs (40) apportent une analyse globale, précise, historique et actuelle de ce « soulèvement » et des définitions d’un vocabulaire plus ou moins nouveau.
Accaparement : des enclosures aux mégabassines
Il est souligné que le développement du capitalisme s’est fondé en partie sur un mouvement croissant d’accaparement des biens communs par une minorité. La forme historique la plus connue fut les « enclosures » en Grande-Bretagne au Moyen Âge qui avait soustrait à l’usage collectif des communautés paysannes des champs et pâtures pour l’usage exclusif des propriétaires locaux. Karl Marx avait décrit ce phénomène par l’expression d’« accumulation primitive du capital ».
Cela s’est produit, sous le Second Empire, par la spoliation des Landes de Gascogne, zone humide occupée et utilisée par les éleveurs de moutons, par le pillage des terres des populations autochtones de la part des puissances coloniales notamment dans les Amériques(2)Sources : Ça m’intéresse Histoire n° 80, qui se réfère au film Killers of the Flower Moon qui s’appuie sur l’assassinat de membres de la tribu indienne Ossages aux États-Unis dans les années 1920. Cette tribu avait été déplacée et parquée dans une réserve aride sans intérêt. Il s’avère qu’elle regorge de pétrole qui les rend immensément riches. Une loi de 1921 vient à stipuler que les Amérindiens sont incompétents pour gérer ce pactole et qu’il leur faut des tuteurs qui vont couvrir les assassinats d’Indiens pour récupérer leurs biens pétrolifères. Cela est un exemple d’accaparement capitaliste.. Les auteurs établissent un lien entre la résistance passée et actuelle contre les accaparements. Aujourd’hui c’est contre le mésusage de l’eau et sa monopolisation au travers des mégabassines par une minorité de grands agroindustriels, mésusage qui empêche de trouver des solutions pérennes pour adapter l’agriculture à la sécheresse issue du dérèglement climatique lui-même accentué par les modes de production et de vie induits par le capitalisme ultralibéral.
Autonomie
Est développée une notion d’autonomie qui s’appuie sur celle adoptée par les zapatistes du Chiapas. Elle vise à réaliser de manière collective un modèle de vie permettant de mettre à distance les logiques de destruction de la « mondialisation capitaliste et les formes de dépossession induite par la représentation étatiste ».
L’expérience zapatiste a veillé au respect de principes démocratiques de déspécialisation des tâches et de possibilité de révocabilité des mandats. Cette autonomie zapatiste n’est pas le déni des interdépendances, récuse l’atomisation individuelle, mais est pleine reconnaissance des entrelacements interspécifiques, base de toute vie humaine. Aristote, déjà, affirmait que « l’homme est un animal politique ou social », qu’il n’est pas fait pour vivre en ermite.
Cette autonomie évite la confusion entre l’autarcie irréaliste et non souhaitable et l’indispensable localisation. Cette localisation veille à ne pas se rabougrir en localisme et repli identitaire. La stratégie d’autonomie se veut volonté de résister et de construire, de bloquer des rouages du monde de l’économie (ultralibérale faudrait-il préciser) et de multiplier des espaces libérés, espaces qui ont vocation à devenir autant de prémices, d’anticipations de futurs désirables alliant suffisance matérielle (dans un souci de justice non discriminatoire, de justice sociale, faudrait-il préciser), possibilité créative, dignité et préservation de l’« habitabilité de la Terre ».
Base arrière
Cette partie évoque un autre aspect stratégique qui ressemble à l’organisation militaire avec un front et un arrière. Pour les auteurs, cette base arrière revêt plusieurs formes avec :
- Les équipes chargées d’organiser l’autodéfense juridique et la sécurité notamment pour le suivi des blessés ;
- Les équipes qui veillent à prévenir et réagir aux violences sexistes et sexuelles ;
- Les équipes qui apportent une attention particulière à l’accessibilité des « personnes porteuses de handicaps ».
Béton
Cette tend à démontrer que la production de béton est indissociable du modèle de croissance économique mortifère à la fois pour l’être humain et la nature. En effet, après l’eau, le sable, l’un de ses principaux constituants est la deuxième ressource naturelle prélevée.
Le béton, c’est :
- 8 % des émissions de CO² dans le monde ;
- La cause de l’artificialisation de 50 000 ha de terres/an ;
- 39 % des émissions mondiales de CO² au travers du BTP.
Les actions de blocage des sites de production de béton participent de la stratégie de « désarmement ».
Blessures
Est dénoncée dans cette partie du livre ce qui s’est passé à Sainte-Soline, à savoir la réponse violente d’un État face à une exigence de prise en compte de l’urgence écologique, face à une revendication de préservation du vivant. Cette violence(3)Sont repris des propos de Dom Hélder Câmara : « Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés. La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première. La troisième est la violence répressive qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres. Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première qui la fait naître et la troisième qui la tue ». s’est traduite par :
- l’explosion et l’usage immodéré de tirs de LBD ;
- des membres tailladés, des visages fracassés, des organes détruits ;
- des vies en suspens.
Sont dénoncés la volonté de dissoudre un mouvement(4)« On ne dissout pas un soulèvement/On ne muselle pas une foule toujours plus grande/On ne triomphe pas quand on est l’assassin/Ils ne viendront pas à bout de ce que nous sommes »., la manipulation médiatique, les mensonges politiques, l’usage de la violence d’État en lieu et place du nécessaire débat que les mouvements de contestation souhaitent. Cette violence d’État n’est guère probante pour étouffer un « soulèvement », mais bien plus une façon de jeter de l’huile sur le feu de légitime résistance.
Cantines de lutte
Pour nourrir les mobilisations, les participants des « Soulèvements de la Terre » se refusent à recourir à de simples prestataires de service et, en cohérence avec les finalités écologistes du mouvement, préfèrent une organisation collective opposée au modèle agro-industriel.
Commune
Les « Soulèvements de la Terre » ne sont pas, soulignent les auteurs, un parti politique, pas une classe sociale, pas un mouvement générationnel. Ses activités se veulent publiques et populaires. Elles concernent entre autres l’information sur les atteintes écologiques perpétrées dans les campagnes avec la complicité du syndicat FNSEA.
La forme est celle réinventée de la Commune pour faire vivre les communs qui se font nécessiter quand l’État se retire. C’est le pragmatisme en lien étroit avec les situations locales, avec les besoins spécifiques et les habitudes de vie des habitants qui sous-tend le mode opératoire. Cela relève également de l’éducation politique qui, par ailleurs, provoque la panique parmi les élites d’où l’usage de la violence par l’État. Nous pouvons appuyer ce propos en réaffirmant qu’un peuple constitué d’individus conscients, éclairés et émancipés ne se laisse pas facilement manipuler par une oligarchie, quelle qu’elle soit.
Composition
Le terme « composition » semble être préféré par les auteurs aux métaphores militaires usant du vocable « alliances », « front ». Cette « composition » se veut dépassement du caractère bureaucratique des alliances (cela devrait interpeller le fonctionnement de la NUPES), de l’unanimisme des coalitions de circonstance dont l’objectif est de perdurer. Le terme « composition » se veut rapprochement avec la notion de « composition musicale », de polyphonie harmonisant :
- Les jeunes activistes « lassés » des marches éphémères dont l’extraordinaire mouvement contre la réforme régressive des retraites a été l’illustration ;
- Les paysans renouant avec l’altermondialisme dont la Confédération paysanne était l’une des composantes ;
- Les militants/participants des ZAD (zones à défendre) désireux de dépasser le local pour établir un rapport de force national ;
- Les partisans de l’autonomie politique.
- Le dénominateur commun entre tous ces groupes ou éléments est la stratégie de blocage, de désarmement et d’occupation contre le complexe agro-industriel, contre l’accaparement de l’eau et des terres. Cela est interprété comme une « forme de créolisation » politique(5)Edouard Glissant.. À cette présentation de la notion de composition, nous pouvons reprocher l’absence des ouvriers et employés qui devraient apporter leur note particulière à cette polyphonie.
Désarmement
Après les actions tempérées et modérées de résistance censées obtenir un appui plus large dans l’opinion et leurs résultats peu probants du fait de la capacité des grands groupes à les contourner, d’autres tactiques émergent comme le désarmement.
Ces tactiques s’inspirent du géographe suédois Andreas Malm qui affirme qu’il n’est pas de « propriété au-dessus de la Terre, pas de technique naturelle ou divine qui rende [la propriété] inviolable ». La notion de désarmement(6)Exemple : occupation en 2021 des cimenteries Lafarge qui ne se contente pas de bloquer le site, mais vise, après avoir neutralisé les matériaux, inondé et bétonné les machines, ensablé les réservoirs d’engins, à maintenir les sites à l’arrêt après la levée de l’occupation. Ce type d’action, évidemment, peut « léser », les ouvriers de ces sites par le risque de mise au chômage. La question se pose. Autre exemple : l’occupation des mégabassines. se substituant à celle de « sabotage » permet d’établir le lien entre la fin et les moyens.
Ce serait la marque d’une transition de la stratégie de « désobéissance civile » à celle de « résistance civile ».
Écoféminisme
Ce mouvement associe émancipation des femmes et lutte contre « les délires mortifères de l’appropriation capitaliste ». En clair, est affirmé le lien entre les discriminations dont sont victimes les femmes et le système capitaliste, entre l’oppression des femmes et l’exploitation de la nature. Nous pouvons rappeler les propos de Karl Marx et Friedrich Engels repris par Henri Pena-Ruiz dans son livre Karl Marx, penseur de l’écologie écologiste qui considèrent qu’exploitation de la nature et exploitation de l’homme vont ensemble. Il est affirmé qu’il faut « la joie tout de suite, les soins, l’attention, la solidarité sans plus attendre » contre « l’oppression anthropocentriste, patriarcale et raciste ».
État colonial
Cette affirmation se veut refus de l’oubli des siècles d’esclavage et colonialisme qui ont pour fondements des politiques d’extraction, de dépossession, de déportation et d’exploitation sur fond de pillage. Cela permet d’établir une continuité avec le post-esclavagisme et le post-colonialisme qui se traduit dans le Sud global par « des millions d’enfants et d’adultes mourant de l’air pollué, par des contaminations des corps dues aux industries fossiles, de l’extraction, du commerce, du digital et l’agrobusiness ».
L’affirmation, que nous pouvons considérer comme prêtant à débat, que nous ne sommes pas obligés de partager, de la persistance sous la République d’un État colonial, se veut dénonciation d’une réalité. En effet, sont inadmissibles les meurtres de « Noirs », d’« Arabes », les humiliations à leur égard dues à des pratiques policières injustifiées et indignes. Pour autant, est-il pertinent et conforme à la réalité de parler de « racisme structurel » dans notre société, de « stigmatisations des femmes voilées » ? La loi de la République, dans l’espace public, veille à ce que les femmes ne soient pas obligées de porter le voile religieux et d’avoir le choix de ne pas le mettre. En filigrane, y aurait-il, dans cette expression, remise en cause du principe universel de la laïcité, universel dans le sens où ce principe est bénéfique, valable pour toutes et tous, quelles que soient les options spirituelles athées ou religieuses des uns et des autres ? Si c’est le cas, nous ne pouvons y souscrire.
Cela n’enlève rien à la pertinence à l’affirmation que les politiques extractiviste et agroindustrielles du temps des colonies se poursuivent comme au Niger pour l’uranium, dans Antilles avec l’industrie bananière, en Guyane avec la destruction de la forêt… Pour autant peut-on parler d’État colonial stricto sensu ?
Ce mouvement « Soulèvement de la Terre » a le grand mérite de tenter de construire une confluence entre toutes les luttes, d’établir un lien entre tous les combats sociaux, démocratiques et écologiques. C’est la prise en compte des constats scientifiques sur une réalité : le dérèglement climatique dû en partie à une façon de consommer, de produire, de vivre délétère pour l’homme et la nature, dû à une société tout entière dévolue à une logique de recherche insatiable de profit et d’accumulation. Le combat laïque émancipateur devrait être le liant indispensable pour éviter les cloisonnements qui divisent.
Notes de bas de page
↑1 | Interview accordée par l’avocat au barreau de Paris, Raphaël Kempf pour le journal syndical POUR, FSU, de septembre 2023. |
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↑2 | Sources : Ça m’intéresse Histoire n° 80, qui se réfère au film Killers of the Flower Moon qui s’appuie sur l’assassinat de membres de la tribu indienne Ossages aux États-Unis dans les années 1920. Cette tribu avait été déplacée et parquée dans une réserve aride sans intérêt. Il s’avère qu’elle regorge de pétrole qui les rend immensément riches. Une loi de 1921 vient à stipuler que les Amérindiens sont incompétents pour gérer ce pactole et qu’il leur faut des tuteurs qui vont couvrir les assassinats d’Indiens pour récupérer leurs biens pétrolifères. Cela est un exemple d’accaparement capitaliste. |
↑3 | Sont repris des propos de Dom Hélder Câmara : « Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés. La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première. La troisième est la violence répressive qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres. Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première qui la fait naître et la troisième qui la tue ». |
↑4 | « On ne dissout pas un soulèvement/On ne muselle pas une foule toujours plus grande/On ne triomphe pas quand on est l’assassin/Ils ne viendront pas à bout de ce que nous sommes ». |
↑5 | Edouard Glissant. |
↑6 | Exemple : occupation en 2021 des cimenteries Lafarge qui ne se contente pas de bloquer le site, mais vise, après avoir neutralisé les matériaux, inondé et bétonné les machines, ensablé les réservoirs d’engins, à maintenir les sites à l’arrêt après la levée de l’occupation. Ce type d’action, évidemment, peut « léser », les ouvriers de ces sites par le risque de mise au chômage. La question se pose. Autre exemple : l’occupation des mégabassines. |