« Je ne voulais plus être prisonnière de ma propre vie ! » Karima, une Belgo-marocaine de 33 ans, contrainte au mariage forcé, maltraitée, menacée de mort, s’en est sortie en racontant son combat.
« Oui, je suis auteur. Dans Insoumise et dévoilée j’ai simplement raconté ma vie. Mon autobiographie. Et maintenant avec mon association, je continue le combat pour d’autres.» Karima, 33 ans, belge d’origine marocaine, possédant la double nationalité, est venue témoigner, hier, à Pont-à-Mousson au cours d’une convention régionale sur l’identité nationale organisée par les jeunes UMP de Meurthe-et-Moselle. «J’étais promise au mariage forcé à l’âge de 12 ans. Je m’en suis défait et obtenu le divorce en 2006 seulement.»
Karima n’élude rien. Surtout pas «ce voile que mon père qui fréquentait la mosquée nous imposait, à moi et mes sœurs. » Si vous l’enlevez, je vous tue ! » menaçait-il.» Elle avait 9 ans. Ce petit bout de femme, si frêle d’apparence, cache un courage et une détermination sans faille qu’on perçoit dans ce grand regard sombre. Elle parle de cette double vie avec «le voile à l’école, sans jamais un cours de gym ou de natation car les médecins accordaient des certificats de complaisance aux parents.»
«L’écriture a été ma thérapie !»
A l’âge de 12 ans, elle est promise à un cousin au Maroc. «Mon père a acheté l’acte de mariage », poursuit Karima qui n’a jamais vécu avec ce mari. «A 18 ans, je voulais partir, mais je ne savais pas où aller. Je ne pouvais pas sortir de chez mes parents. J’étais maltraitée. Devais-je aller dans un foyer pour femmes battues ?» Jusqu’au jour où elle choisit l’écriture. Elle va lui ouvrir des portes. «Ma famille, la communauté musulmane, ne m’ont pas prise au sérieux. Quand ils ont lu des extraits de mon livre, les insultes, les menaces ont fusé. Elles venaient même de France. Ils ont fait signer des gens de la communauté, leur faisant croire que mon livre était un ouvrage contre l’Islam. Ce qui n’était pas le cas. J’ai été mise sous protection policière. Ma famille m’a intenté un procès.» Elle le gagne. Son livre paraît. Un autre suit. Burqa, la révolte d’Aïcha, chez le même éditeur, Luc Pire, en Belgique.
Entre-temps, elle parvient avec l’aide d’un juge au Maroc à obtenir son divorce. «Oui, l’écriture m’a libérée. C’était ma thérapie. Mais aujourd’hui, je reçois toujours des menaces. Je fais des conférences, je témoigne. Et avec mon association « Insoumise et dévoilée », je viens en aide à d’autres femmes maltraitées.» Karima ne comprend pas les hésitations de la Belgique, qui tarde à légiférer sur l’interdiction du voile. Et le port de la burqa en France ? «Vous parlez d’une loi chez vous ? Je la signe tout de suite des deux mains !», dit-elle.