Sanofi
La situation de l’entreprise Sanofi
Le groupe pharmaceutique Sanofi a réalisé durant l’année 2020 un record de 12,3 milliards d’euros de bénéfices et a distribué 4 milliards d’euros de dividendes (soit 3,20 euros par action contre 3,15 euros l’année précédente). L’entreprise emploie 100 000 personnes au total dans le monde, dont environ 25 000 en France (chiffre de 2018).
Quant au site de Maisons-Alfort sur lequel travaillent 500 salariés, il s’agit d’un site de production qui produit essentiellement un anticoagulant, grâce auquel l’entreprise réalise plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires par an.
Le mouvement de grève de la fin de l’année 2021
Lors des NAO (négociations annuelles obligatoires) à la fin de l’année 2021, une première journée de grève a eu lieu le 25 novembre alors que la direction souhaitait maintenir le gel des salaires pour la neuvième année consécutive. Après cette première journée d’action, la direction a concédé une revalorisation salariale de 0,8 %, très loin des 5 % réclamés par FO pour pouvoir couvrir l’augmentation de l’inflation. Avec la CGT et la CFTC, FO a donc appelé à une autre journée de grève le 8 décembre 2021 pour se rendre au siège d’Anthony. Depuis, pour compenser l’inflation de cette première moitié de 2022, une prime sur salaire de 400 euros a été accordée en juillet (donnée dans le cadre de la prolongation de la prime Macron).
Fait intéressant, Axel Berriah a constaté un changement dans la mobilisation des salariés : des mouvements spontanés de grève ont eu lieu durant l’hiver 2021, ce qui constitue une nouveauté au sein de cette entreprise. Plutôt qu’impulser le mouvement, les syndicats ont donc été plutôt présents pour encadrer les mobilisations et aider les salariés. Comme dans d’autres entreprises, la sortie de la période COVID, durant laquelle les salariés du secteur pharmaceutique ont été en première ligne, a sans doute révélé une colère accumulée au fil des mois. En outre, lors de ces négociations, les cadres de l’entreprise, eux aussi touchés par l’inflation, ont fait part de leur mécontentement, ce qui n’était pas le cas les années précédentes. Autre point positif, le syndicaliste a également noté l’augmentation du taux de syndicalisation : des salariés sont venus spontanément à l’assemblée générale pour prendre leur carte et des salariés du siège ont également adhéré dans d’autres sites du groupe.
Actualités et perspectives chez Sanofi
Malgré la hausse du coût de la vie qui provoque des difficultés pour certains salariés — Axel Berriah rapporte par exemple le cas de salariés qui après une séparation se retrouvent dans une situation difficile pour pouvoir se reloger —, sur son site situé en Île-de-France, la direction a décidé récemment d’une harmonisation par le bas des frais de transport, ce qui a causé une perte de salaire pour certains salariés.
D’autre part, lors de cet été particulièrement chaud, les syndicats ont demandé l’installation de climatisation dans les bureaux qui n’en étaient pas encore équipés, bien qu’en raison de l’augmentation du recours au télétravail, le besoin s’est fait moins sentir que lors d’années précédentes.
Le COVID a également renforcé le turn-over chez les cadres, couplé à des départs de techniciens et d’opérateurs — qui peuvent aisément trouver un salaire plus attractif ailleurs — et des démissions d’intérimaires, cela cause en toute logique une perte de savoir, avec des passations qui n’ont pas le temps de s’opérer. Beaucoup de salariés qui quittent l’entreprise sont en effet remplacés par des jeunes ou des alternants, qui sont en formation et qui par la suite ne restent pas au sein du groupe. Le syndicaliste déplore cette situation dont SANOFI ne semble pas mesurer les répercussions.
Enfin, dans les mois à venir, la crise de l’énergie pourrait occasionner quelques micro coupures d’électricité sur le site. Pour l’année 2023, le site devra faire face à l’augmentation du coût de l’énergie et des problèmes d’approvisionnement se font déjà sentir sur des matières premières, notamment sur l’aluminium, utilisé pour le conditionnement des médicaments. Dans tous les cas, les prochaines négociations de salaires risquent d’être également marquées par une intense mobilisation.
Adexcel
L’entreprise Adexcel
Située à Tremblay-en-France (en Seine–Saint-Denis), Adexcel est une entreprise spécialisée dans la réparation et la maintenance électronique qui emploie 84 personnes. Son principal client est Sony, pour qui Adexcel assure le service après-vente des consoles de jeux vidéo.
Le mouvement de grève de juin 2022
Après plusieurs années sans augmentation de salaire, c’est l’inflation qui a motivé le mouvement de grève chez Adexcel, une grève d’une ampleur inédite pour cette entreprise : 62 % des salariés ont fait grève pendant onze jours. La grève a eu lieu début juin alors que les NAO étaient prévues pour la fin du mois. Le syndicat SUD demandait 200 euros bruts d’augmentation, ainsi que le remboursement intégral des frais de transport et l’augmentation de 50 % des indemnités kilométriques. Là encore, Youssef Djendar a constaté une volonté nette de se mobiliser de la part des salariés, qui ont exprimé un véritable ras-le-bol vis-à-vis de la politique de la direction qui s’est manifestement enrichie au détriment des salariés. Finalement, les salariés bénéficieront d’une augmentation de 128 euros brut (auxquels s’ajoutent 50 centimes par ticket restaurant), mais ce n’est pas l’entreprise qui va débourser l’argent, c’est son client Sony au travers de l’augmentation du coût horaire !
Actualités et perspectives chez Adexcel
Youssef Djendar, élu et cadre chez Adexcel, est actuellement visé par une procédure de licenciement (on se doute que le mouvement de grève a fortement déplu à la direction qui cherche par tous les moyens à décourager la mobilisation…). Le syndicat SUD quant à lui a demandé une expertise pour mieux comprendre où vont les bénéfices d’Adexcel, car la direction a gelé les embauches et les investissements, ce qui pourrait menacer le futur de l’entreprise…