Communiqué de presse du CCOJB et du CCLJ : L’amnistie, c’est l’amnésie
Le Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique (CCOJB) et le Centre Communautaire Laïc Juif (CCLJ) condamnent vigoureusement les déclarations inacceptables du ministre de la Justice Stefaan De Clerck sur la nécessité d’ouvrir un débat sur l’amnistie des collaborateurs des nazis durant la Seconde Guerre mondiale : « A un certain moment, on doit être adulte et prêt à en discuter. Et peut-être aussi à oublier, parce que c’est du passé. C’est nécessaire pour rétablir une société ».
En parlant explicitement d’oubli, le ministre de la Justice cherche clairement à effacer les crimes les plus odieux commis par des Belges durant la Seconde Guerre mondiale. Pour la communauté juive de Belgique, il est impossible d’oublier des crimes dont elle a été la victime : Plus de 30.000 Juifs ont été déportés entre 1942 et 1944 via Malines et Drancy vers les centres d’extermination en Pologne. Plus de 300 Tziganes de notre pays ont subi le même sort. L’oubli ne peut être prôné par qui se dit démocrate. Nous ne pouvons oublier que des collaborateurs belges ont concouru activement, souvent avec zèle, à la traque d’hommes, de femmes et d’enfants voués par les Nazis à la déportation. Ce sont ces Belges nazis et fascistes non repentis que le Ministre de la Justice (quelle Justice ?) cherche à absoudre par le biais de l’amnistie.
En tenant de tels propos, le ministre de la Justice soutient en filigrane la transformation des criminels en « victimes de la répression ». Ce faisant, non seulement il porte atteinte à toutes les victimes du régime hitlérien et de ses collaborateurs, mais aussi il assène un formidable coup de Jarnac à l’avenir démocratique du pays.
En cherchant à effacer les traces de ce passé sombre, une démocratie digne de ce nom s’affaiblit et se montre prête à accepter toutes les dérives racistes et xénophobes qui se commettent aujourd’hui.
Le CCOJB et le CCLJ condamnent et condamneront toujours avec la plus grande vigueur toute demande d’oubli ou d’amnistie des crimes de la collaboration.
Ils exhortent Stefaan De Clercq à revenir sur ses déclarations indignes d’un ministre de la Justice d’un Etat démocratique membre d’une Europe démocratique.
Le 16 mai 2011