L’UFAL, l’union des familles laïques, se devait d’être des vôtres pour célébrer le 228e anniversaire de l’abolition de la monarchie.
Parce que nous défendons et promouvons la laïcité, c’est-à-dire l’égalité poussée jusqu’au bout.
Parce que, représentants les intérêts des citoyens, des usagers, et de leurs familles, nous défendons la République sous la seule forme qui assure réellement ses principes : la République sociale.
Nous proclamons, comme Jaurès en 1906 : la République sera sociale ou ne sera pas. Elle ne l’est devenue qu’après 1945, avec la mise en place de la Sécurité sociale. Des droits sociaux égaux pour tous, voilà les combats qu’il faut aujourd’hui mener, contre tous ceux, employeurs et dirigeants politiques de tous bords, qui cassent méthodiquement toutes les conquêtes populaires.
La Sécu, la retraite, mais aussi l’assurance chômage, ce ne sont pas des « privilèges de blanc ». Voilà pourquoi la racialisation de la question sociale est une impasse pour le peuple, mais un boulevard pour le néo-libéralisme.
Car le capitalisme a horreur de l’égalité. Il est même prêt à admettre, à la place, la « lutte contre les discriminations », qui est parfaitement compatible avec sa logique. Imaginons en effet qu’on puisse abolir, mais toutes choses égales d’ailleurs, seulement les « discriminations » (il y en a plus de 20 énumérées à l’article 225-1 de notre code pénal). Que se passerait-il ? Eh bien, on créerait simplement une autre forme de distribution des inégalités ! Il y aurait des « personnes racisées » parmi les dominants toujours en place. Quant au sort des dominés, parqués dans des ghettos, mais désormais en toute mixité sociale, il ne changerait pas. Lutter contre les discriminations n’a de sens que si on lutte contre les inégalités. Car les discriminations, notamment le racisme, ne se développent (et se multiplient) que parce que la société est inégalitaire. Ce qui est systémique, en France, c’est l’inégalité ! Que beaucoup de jeunes soient sensibles au racisme et protestent contre les violences policières – notamment sur cette même place de la République –, on doit s’en féliciter. Mais c’est à nous, républicains, qu’il revient d’expliquer le sens et les enjeux des tensions sociales, dont ils ne voient que l’écume. L’avons-nous fait correctement ? N’avons-nous pas délaissé un peu la République en pensant que c’était une affaire réglée, comme beaucoup l’ont fait, hélas, pour la laïcité, dont d’autres hélas se sont emparés pour la détourner.
Ne laissons pas la défense de la République à la droite, serait-ce au nom du souverainisme. Mais ne laissons pas non plus la critique de la République aux indigénistes et aux décoloniaux ! Il ne suffit pas de clamer « liberté, égalité, fraternité », si l’on fait l’impasse sur nos périodes coloniales, esclavagistes, autoritaires –et ceux qui les ont combattues.
Les déboulonneurs de statues se trompent, certes : mais quelle histoire officielle leur a-t-on appris ? Que ce 228e anniversaire de la République soit l’occasion pour les républicains de se réveiller. La République est une construction continue, collective, donc contradictoire et conflictuelle. Surtout, n’évacuons pas les conflits au nom de l’ordre public ! La République ne se proclame pas, elle se prouve, jour après jour, et auprès de tous.