Au comité exécutif national du Parti communiste français
Au bureau national du Parti de gauche
Paris, le 21 septembre 2009
Chers Amis, Chers Camarades,
Notre Front de gauche arrive à un moment important.
Depuis la Fête de l’Humanité, des dizaines de milliers d’hommes et de femmes, qui s’étaient repris à espérer en l’affirmation d’une gauche digne de ce nom, s’interrogent sur notre capacité – et notre volonté – d’affronter conjointement les échéances politiques et sociales qui s’annoncent, de concrétiser l’engagement solennel que les uns et les autres avons pris au soir du 7 juin : poursuivre, élargir, enraciner la démarche qui nous a réunis.
Cet engagement, nous l’avions confirmé dans notre déclaration conjointe du 11 juillet, à travers plusieurs propositions qu’il serait urgent aujourd’hui d’appliquer.
L’enjeu est d’importance. Face à une crise qui appelle des solutions radicalement anticapitalistes, pour battre une droite dont la force provient d’abord de la faiblesse de son opposition politique, confrontés à la dérive droitière irréversible d’un Parti socialiste qui n’a plus rien à proposer aux classes populaires et en vient même à chercher son salut dans l’alliance avec ce secteur de la droite que représente le Modem, il revient au Front de gauche de s’atteler à une reconstruction globale. La reconstruction d’une gauche de gauche, plaçant résolument son combat au cœur de la gauche, s’adressant à cette fin au peuple de gauche dans sa diversité, afin de créer les conditions d’une future majorité politique tournant le dos aux impasses des alternances passées et ouvrant la voie à la transformation sociale.
Cela implique, d’un même mouvement, de nous engager en commun dans les mobilisations populaires à partir de réponses alternatives à un système qui menace l’humanité des pires catastrophes, et de poursuivre à l’occasion des régionales futures la bataille initiée à l’occasion du dernier scrutin européen.
Des discussions se poursuivent entre nous sur la question de la relation à entretenir avec la direction du Parti socialiste, de la présentation de listes autonomes au premier tour de la consultation de mars 2010, ou encore sur l’idée d’un « paquet » qui nous permettrait d’appréhender ensemble les trois élections qui s’échelonneront jusqu’à 2012.
Rien là, nous semble-t-il, que de très normal. Notre Front est une construction récente, il ne peut progresser qu’à la chaleur de l’expérience réalisée en commun, il lui faut à chaque étape rechercher des consensus de nature à respecter l’identité de chacun.
Pour autant, nous le savons bien, nul d’entre nous ne peut prendre la responsabilité de briser le fragile espoir que nous avions commencé de faire renaître. Pour notre part, nous sommes convaincus que nous pouvons surmonter les difficultés du moment, si nous menons tous les débats dans la clarté, sans crainte de progresser pas à pas, en tirant notre force de la fraternité d’ores et déjà construite par nos équipes militantes respectives.
Nous avons lu l’interview que Marie-George Buffet a accordée à l’Humanité du 18 septembre. Nous avons, de même, pris connaissance de la déclaration du secrétariat national du Parti de gauche. De votre côté, vous connaissez la détermination de la Gauche unitaire à rendre le Front de gauche durable afin qu’il puisse conquérir une majorité au sein de la gauche, et son souhait de parvenir à des listes autonomes du Parti socialiste qui rassemblent le plus grand nombre possible de composantes de la gauche de gauche au premier tour des régionales.
Il nous semble que, d’ores et déjà, les convergences se révèlent suffisantes pour prendre dans les jours qui viennent une initiative forte.
Peu avant la Fête de l’Humanité, les discussions entre nos directions avaient presque abouti à un constat d’accord partagé, dans la foulée de la déclaration commune du 11 juillet, sur au moins trois points :
1. la constitution d’un comité de liaison permanent, afin que le Front de gauche devienne effectivement une réalité durable ;
2. la nécessité d’organiser sans tarder de grandes campagnes en direction de l’opinion et des salariés sur les urgences sociales et écologiques de l’heure, à partir notamment des trois propositions de loi défendues au mois de mai par les parlementaires du PCF et du PG, ou encore à travers l’affirmation d’une réponse écologique de gauche aux discussions du sommet de Copenhague sur le changement climatique.
3. la mise en œuvre d’une démarche de nature à offrir au Front de gauche les moyens de défendre une claire offre de rupture avec le capitalisme et le modèle néolibéral, en la portant sans frilosité en direction de l’ensemble du peuple de gauche. Le jeudi 11 septembre, nous vous avions ainsi proposé une formulation de cette démarche qui, avec le recul, nous paraît clarifier les discussions engagées entre nous et répondre aux soucis qui y ont été exprimés par chacun. Nous vous la soumettons de nouveau.
Notre proposition appelait à « engager un vrai travail d’élaboration public dans toute la France d’un véritable projet alternatif. Notre objectif est de rassembler tous ceux qui, à gauche, refusent l’adaptation aux logiques sociales-libérales et l’impasse de l’alliance avec le Modem. Il s’agit de mener un véritable débat en permettant une véritable intervention populaire pour élaborer les réponses à la hauteur des enjeux de la situation.
« Le Front de gauche décide donc de s’engager dans l’élaboration d’une plate-forme partagée, reprenant les grands axes de l’alternative de rupture nécessaire face à la droite et pour répondre aux exigences populaires. Il portera les propositions résultant de ce travail dans un large débat, à l’occasion d’ateliers qu’il organisera et auxquels il invitera l’ensemble des partis et organisations de gauche et écologistes. Ces ateliers permettront de débattre enfin des contenus et de confronter entre elles les différentes orientations qui existent aujourd’hui au sein de la gauche. »
Nous croyons donc possible d’affirmer, dans les jours qui viennent, notre convergence sur ces points.
Resterait, bien évidemment, le débat sur le rendez-vous des régionales. La direction du Parti communiste a annoncé qu’elle formulerait une « offre nationale » à la fin du mois d’octobre. Le Parti de gauche et Gauche unitaire ont, quant à eux, déjà manifesté leurs choix. Ce décalage entre nos rythmes de décision respectifs est d’autant moins un problème qu’il ne nous condamne nullement à la paralysie, y compris sur le problèmes des régionales.
Pourquoi ne constituerions-nous pas, immédiatement, un groupe de travail du Front de gauche destiné à dégager les grands axes de politiques alternatives que pourraient, demain, porter des majorités dans des régions vraiment ancrées à gauche ? Nous pourrions ensuite soumettre le résultat de cette réflexion dans tous les lieux de débat qui auraient à traiter du contenu des orientations à promouvoir afin que les conseils régionaux soient effectivement au service du bien commun et des populations.
Voilà, Chers Amis, Chers Camarades, les conclusions sur lesquelles nous pourrions très vite nous mettre d’accord et que nos porte-parole pourraient ensemble annoncer à la presse dès la fin de cette semaine.
En vous en souhaitant bonne réception, nous vous prions de croire en nos salutations les plus fraternelles.
Le bureau national de Gauche unitaire