Comprenons que la victoire d’Emmanuel Macron est moins due à une adhésion à sa praxis qu’à l’écroulement des partis qui ont porté le néolibéralisme depuis 1983 à savoir LR et le PS. Macron et le patronat en ont profité pour rassembler les néolibéraux de « gôche » et de « droite » dans une symphonie nouvelle qui cache de moins en moins le durcissement des politiques austéritaires car la survie du capitalisme demande l’accentuation de ces politiques. Après le code du travail, ce sera le tour de la protection sociale, des services publics, de l’école, du statut des fonctionnaires, des collectivités locales, etc.
Comme noté plus haut, le président Macron menant la même politique que Sarkozy et Hollande en pire pour les travailleurs, les mêmes causes (principalement la non-résolution de la crise du profit et du capital) produiront les mêmes effets à savoir le recul du soutien électoral. Rappelons qu’au premier tour des législatives sa base était déjà très faible (18 % des inscrits). Cela l’obligera tant qu’il le pourra à utiliser sa puissance régalienne de façon de plus en plus autoritaire. La faiblesse de sa base sociale le contraint à agir vite et fort pour prendre de vitesse les mobilisations populaires.
On a vite vu qu’en dehors des poignées de main généreuses, Macron n’a réussi à faire passer aucun de ses projets (même les plus anodins) lors du G20 et du premier sommet européen. Son début qualifié de jupitérien sur le plan international mariait le désir de participer au club des « gendarmes du monde » et la continuation de la politique de François Hollande (sauf sur la Syrie où il s’est soumis au nouveau compromis russo-étasunien de maintien d’Assad) tout en développant un rôle d’intermédiaires entre les belligérants des conflits. Mais soumis aux désirs néolibéraux de la Cour des comptes qui épingle l’accroissement des déficits et demande un durcissement de la politique d’austérité y compris pour l’armée et les collectivités locales, il a déclenché une crise de confiance avec l’armée que le changement de chef d’état-major n’a pas clôturée. Et comme les intérêts de l’Allemagne et des Etats-Unis deviennent de plus en plus contradictoires tant sur le plan économique que géopolitique, il va être dur de rester un intermédiaire entre les deux quand on est assis sur deux chaises qui se mettent à s’écarter! Contradictions grandissantes entre impérialismes obligent. Et comme ce surcroît d’austérité va renouveler la contraction du pouvoir d’achat, comme cela s’est déjà passé avec Sarkozy et Hollande, sans compter de surcroît la baisse programmée des protections sociales des travailleurs (Code du travail, Sécu, Ecole, etc.), tout est prêt pour une augmentation du chômage global (catégories A+B+C+D+E). Donc tout est « en marche » vers une prochaine crise paroxystique soit financière soit institutionnelle soit les deux.
Les références historiques des hommes qui nous gouvernent
Voulant fustiger Jean-Luc Mélenchon et ses amis de ne pas être présent lors du congrès de Versailles et de préférer faire un rassemblement Place de la République, Macron s’exclame : « Si la considération et la bienveillance que cela traduit à l’égard du Parlement apparaissent pour certains comme une dérive condamnable, c’est sans doute qu’ils ont de leur rôle de parlementaire et du rôle du président de la République une conception vague que masque mal l’arrogance doctrinaire ou le sectarisme. Il est toujours préoccupant que des représentants du peuple se soustraient aux règles de la Constitution qui les a fait élire. Sièyes et Mirabeau ne désertèrent pas je crois si promptement le mandat que leur avait confié le peuple. Le président de la République doit fixer le sens du quinquennat et c’est ce que je suis venu faire devant vous ».
Macron dans la lignée de Mirabeau et Sieyès. Voyons qui sont ces deux personnages historiques
Mirabeau : Non élu par la noblesse, il fut élu par le Tiers Etat. Après avoir eu cette phrase célèbre : « Nous sommes ici par la volonté du peuple, nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes », il est devenu un homme du roi contre la Révolution en défendant le veto suspensif du roi et en poussant le roi de reprendre le pouvoir contre la Révolution.
Sieyès : il fut le propagateur du gouvernement représentatif contre la démocratie et la souveraineté du peuple, l’auteur de la proposition de séparation entre les citoyens passifs et les citoyens actifs, favorable au suffrage censitaire (loi du 29 octobre 1789 et constitution de septembre 1791) avec un collège de citoyens « actifs » élisant un collège de deuxième degré qui lui élisait les députés, chaque niveau demandait de prouver une capacité de payer une somme à chaque fois supérieure, inspirateur de la constitution dictatoriale et anti-républicaine de l’an VIII et défenseur du césarisme contre la Révolution.
On a les références de sa politique…