Après Paty et Bernard, gauche de gauche, où es-tu ?

L’assassinat de Dominique Bernard, professeur de français, trois ans après celui de Samuel Paty, est malheureusement, riche d’enseignements. Cet acte odieux, d’un islamiste fanatique qui s’attaque à l’école comme symbole de la République et de la laïcité, et que nous condamnons avec fermeté, n’est pas sans rapport avec l’actualité du Moyen-Orient. Il a été perpétré alors que les islamistes⁽¹⁾Nous répétons que nous faisons une différence centrale entre les musulmans (personnes de confession musulmane), largement majoritaires en France et les islamistes (personnes mues par l’islam politique, intégriste), largement minoritaires en France mais très organisées et largement soutenus conjointement, et pour des raisons différentes mais concomitantes, par la gauche identitaire et les néolibéraux de l’extrême centre, de droite, d’extrême-droite et de gauche. appelaient à faire de ce vendredi une journée mondiale du djihad, et alors que le gouvernement israélien préparait l’invasion de la bande de Gaza. Il n’est pas non plus sans rapports avec les offensives politiques incessantes contre l’école⁽²⁾L’école publique reste avec les services publics et la Sécurité sociale, la pierre angulaire à partir desquelles, nous pouvons refonder l’exigence d’une République laïque et sociale. des islamistes et de leurs alliés des idiots utiles de la gauche identitaire afin de la déstabiliser, dont la dernière opération de l’abaya est la plus récente (voir les articles dans les n°1065 et n°1066 de ReSPUBLICA.).
Mais pourquoi donc cette récidive ? Tout simplement, parce que la société du spectacle, au sens de Guy Debord, n’a tiré aucun enseignement rationnel et holistique de l’assassinat de Samuel Paty.

Pour les extrêmes droites françaises, l’assassinat de Samuel Paty a été une aubaine puisque cela leur a permis d’instrumentaliser l’effroi pour progresser électoralement avec une analyse du réel partielle et erronée et des objectifs antirépublicains.

Pour la droite, l’extrême centre et la gauche néolibérale, l’assassinat de Samuel Paty n’a eu comme solution que l’accroissement des pratiques sécuritaires sans s’attaquer aux causes politiques, économiques, sociales et idéologiques. En fait, ils souhaitent changer pour que rien ne change. Ni il y a trois ans, ni aujourd’hui.

Pour les extrêmes droites françaises, l’assassinat de Samuel Paty a été une aubaine puisque cela leur a permis d’instrumentaliser l’effroi pour progresser électoralement avec une analyse du réel partielle et erronée et des objectifs antirépublicains. Pour la droite, l’extrême centre et la gauche néolibérale, il n’a eu comme solution que l’accroissement des pratiques sécuritaires sans s’attaquer aux causes

Pour la gauche soi-disant radicale ou soi-disant extrême ou groupusculaire, comme pour les directions de la Nupes et de certaines directions syndicales, il y a un déni de la réalité de l’offensive salafiste et de l’offensive frériste⁽³⁾Le « frérisme » est une pratique internationale découlant de l’action de la Confrérie des frères musulmans créée en 1928 par Hassan El Banna et soutenue politiquement et financièrement par les impérialismes occidentaux d’une part et par les idiots utiles de la gauche identitaire dite radicale d’autre part.. Et ce déni permet la construction des « écosystèmes » organisationnels dans lesquels prospèrent en leur sein les idiots utiles de l’islam politique qui racialise la question sociale. Les contorsions des uns ou des autres pour ne voir dans la loi émancipatrice du 15 mars 2004⁽⁴⁾La loi du 15 mars 2004 n’est que le retour à la circulaire du 15 mai 1937 du Front populaire annulée une première fois par Pétain, rétablie par le Conseil national de la Résistance (CNR) et une deuxième fois annulée par le néo-trotskiste puis socialiste Lionel Jospin dans la loi sur l’éducation de 1989. Voir le livre Laïcité : plus de liberté pour tous ! présent dans la librairie militante du site ReSPUBLICA. qu’une « police du vêtement », pour refuser au sujet des crimes du Hamas dans les kibboutz de Kfar Aza et de Bee’ri la notion de « crimes contre l’humanité » ou de terrorisme, relève d’une imposture eu égard à l’histoire de la gauche en France⁽⁵⁾Nous tenons à dire ici que le positionnement de François Ruffin dans cette affaire a sauvé l’honneur de la gauche dite radicale. Par ailleurs, on peut aller lire les articles suivants ; https://www.gaucherepublicaine.org/respublica-idees/respublica-debats-politiques/les-trahisons-de-la-gauche-qui-lempeche-detre-une-gauche-de-gauche-majoritaire/7434220 ou encore https://www.gaucherepublicaine.org/editorial/labaya-et-le-qami-a-offensive-politique-reponse-politique/7434282.

Mais oui, il nous manque une gauche de gauche capable de reprendre les principes, les conditions et les combats historiques de la gauche en les adaptant à une analyse concrète de la situation concrète actuelle⁽⁶⁾Voir le livre Penser la République sociale au 21^ème siècle présent dans la librairie militante de ReSPUBLICA. Une gauche de gauche doit assurer le primat de la question sociale comme principal vecteur du rassemblement populaire, pour répondre à la lutte des classes intensifiée par la classe dominante et donc de la majorité de la bourgeoisie. Une gauche de gauche doit lier ce primat aux impératifs actuels démocratiques, laïques et écologiques.

Cela nécessite l’émergence d’un bloc historique et populaire qui ne peut pas se construire sans la partie de la classe populaire ouvrière et employée des zones rurales et périphériques. Il ne suffit pas de dire, comme certains, que la Nupes a un bon électorat populaire dans les métropoles et dans les banlieues populaires des métropoles et qu’il pourrait suffire de rajouter la classe populaire ouvrière et employée des zones rurales et périurbaines. Il s’agit bien de refonder l’ensemble de la ligne stratégie qui permette le rassemblement de l’ensemble de la classe populaire ouvrière et employée, partout où elle se trouve, pour qu’elle s’allie avec les autres catégories – comme celle des couches moyennes intermédiaires. Voilà un beau sujet de formation politique indispensable.

Et puisque l’actualité nous impose de répéter nos positions concrètes, est-il nécessaire de dire une fois de plus qu’une solution à deux États de la question israélo-palestinienne, du type de l’ex-accord de Genève, dans un premier temps, à égalité de droits et de devoirs est, pour nous, nécessaire au Proche-Orient⁽⁷⁾Voir l’interview de Nitzan Horowicz : https://www.gaucherepublicaine.org/respublica-monde/respublica-proche-et-moyen-orient/interview-de-nitzan-horowitz-ancien-ministre-de-la-sante-disrael/7434352. Nous disons, dans un premier temps, sans présager de la suite de l’histoire, qu’une alliance de ces deux États serait aujourd’hui l’idéal. Mais cela semble nécessaire d’y aller par étapes. et que la difficulté réside aujourd’hui dans le fait que les deux ennemis du peuple palestinien sont le Hamas et ses alliés d’une part, le gouvernement d’extrême-droite israélien d’autre part. Et que donc la bataille sera longue. Et que cet article de positionnement en appelle d’autres beaucoup plus analytiques.

Et pour la France, que la lutte contre le djihadisme et la radicalisation passe par la réalisation d’une politique économique et sociale digne d’une République laïque et sociale, d’une école qui transmet des connaissances à tous les élèves quels que soient leur quartier ou leur origine, mais aussi par un renseignement policier et militaire à la hauteur des enjeux, par l’extinction progressive des écosystèmes qui permettent à l’islamisme radical de survivre (les bases d’appui des idiots utiles des politiques identitaires dans les quartiers, dans l’université, etc.), enfin par l’asséchement des soutiens financiers que lui procurent les dirigeants tant néolibéraux que des dictatures obscurantistes ou encore certains pays impérialistes.

En un mot, il faut refonder une promesse républicaine, démocratique, laïque, sociale et écologique qui s’applique à toutes et tous et qui mérite que toutes et tous se battent pour elle.