« Ils ont insulté le prophète, nous les avons tués au nom d’Al-Qaïda Yémen par la volonté d’Allah ! »
Contrairement à Coulibaly, le tueur de l’Hyper Casher et d’une policière municipale, qui se revendiqua de Daesh, les assassins de Charlie désignèrent Al-Qaïda pour la péninsule arabique comme responsable de la tuerie.
Le 7 janvier 2015, les frères Saïd et Chérif Kouachi, ont en effet tout dit en hurlant rue Nicolas Appert dans le 11e arrondissement de Paris après avoir exécuté leurs basses œuvres « d’escadron de la mort » islamiste contre la rédaction de Charlie Hebdo. Ils ont clairement revendiqué leurs crimes en désignant parfaitement les commanditaires.
Alors qu’est-ce que Al-Qaïda Yémen ? Faudra-t-il encore 5 ans, 10 ans, 20 ans ou un siècle pour vraiment dire les choses et enfin désigner les coupables de l’assassinat de la rédaction de l’hebdo libertaire ?
Parlons clairement : Al-Qaïda Yémen est une pure création des services spéciaux de l’Arabie saoudite ! Il y a un consensus mondial sur cette affirmation. Des dizaines d’universitaires à travers le monde ont méthodiquement disséqué les liens intimes de subordination entre cette organisation de terreur et le royaume arabique.
Plus récemment, la torture, l’assassinat, le démembrement et enfin la dissolution du corps dans l’acide du journaliste américano-saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat saoudien à Istanbul, ont montré de quoi étaient capables ses assassins. Le sanguinaire « Al-Mukhabarat al-A’amah », le renseignement extérieur saoudien, est le bras armé de l’une des pires dictatures que la planète ait jamais portée. Elle est à l’origine de la création d’Al-Qaïda Yémen qu’elle a financé et dirige cette officine depuis toujours.
Mais voilà le drame : notre pays était et est encore l’allié stratégique de ce monstre : allié au Yémen dans une guerre atroce qui dure depuis près de cinq ans et qui a fait des dizaines de milliers de morts, civils pour la plupart, ou encore allié au Sahel où l’Arabie saoudite paye aujourd’hui les fins de mois de cette opération militaire intitulée « Barkhane ». La France vend des armes à cette dictature, la France est un pays entièrement ouvert aux capitaux saoudiens, ou qataris d’ailleurs, qui sont totalement exonérés d’impôts sur les plus-values. Le 8e arrondissement de Paris est quasiment en extra territorialité car vendu aux capitaux du Golfe et à l’Arabie saoudite en particulier.
Or, en ce fatal début 2015, le président Hollande était à mi-mandat et a progressivement remplacé le leadership du Qatar, allié privilégié sous Sarkozy, par les wahhabites saoudiens. Bref, l’Arabie saoudite était le nouveau chouchou de la République française.
Les Saoudiens avaient pourtant prévenu par deux fois avant d’agir : en tant que gardiens des lieux saints de l’islam, ils ne pouvaient tolérer les caricatures du prophète. Les menaces étaient pourtant claires mais n’ont tout simplement pas été prises au pied de la lettre. Il n’est pas évident d’imaginer qu’un « allié stratégique » vous tire dans le dos ! Pour employer une litote, la sécurité des locaux de Charlie laissait à désirer : pas de protection particulière à l’entrée du 6 ou du 10 de la rue Nicolas Appert, pas de sas de sécurité, les quatre policiers de protection ont été remplacés par deux puis par un seul à l’intérieur des locaux, non coordination avec le commissariat du 11e arrondissement qui recevait les appels au secours des voisins sans savoir que l’immeuble abritait les locaux de Charlie, un comble !
Après le choc immense de l’attentat, le peuple français, et parisien en particulier, fut totalement mobilisé et déferla dans les rues par centaines de milliers, par millions. La défense de la République et de ses valeurs laïques étaient à l’ordre du jour. Le peuple français était prêt à affronter ces ennemis irréductibles.
Mais Hollande et le gouvernement Valls ne désignèrent pas le commanditaire véritable. Certains moments historiques demandent du courage et de rompre avec des collusions immorales. Visiblement, nos dirigeants n’étaient pas de cette trempe. Les autorités françaises ont « noyé le poisson » et se contentèrent de proclamer de manière martiale la guerre « contre le terrorisme », terme vague, illusoire et qui n’engage à rien. Les frères Kouachi, cellule dormante soudainement envoyée en mission punitive par le wahhabisme politique, furent qualifiés d’individus perturbés dès l’enfance, bref des caractériels en mal de reconnaissance médiatique. Le psychologisme avait bon dos et mettait dans l’ombre l’acte politique criminel d’un État étranger.
Ce manque de détermination de nos dirigeants fut un désastre politique et qui en préparait un autre encore plus sanglant quelques mois plus tard, à quelques centaines de mètres de la rue Nicolas Appert, c’est-à-dire au Bataclan, boulevard Voltaire.
En ce triste anniversaire, espérons par décence que Mohammed ben Salmane, dit MBS et leader de l’Arabie saoudite, que la presse française encense comme grand féministe car il autorise les femmes à conduire une automobile, nous dispense de toutes condoléances.