Le rideau est tombé sur la séquence « commémorations » des attentats de janvier 2015. En attendant les prochaines, en mars, pour honorer la mémoire des victimes de Mohamed Merah et à l’automne prochain, pour perpétuer celle des victimes des attentats du 13 novembre et en espérant que dans l’intervalle il n’y ait pas de nouvelles attaques terroristes qui viennent imposer de nouvelles commémorations, nous allons essayer de reprendre une vie normale.
Quoi qu’on puisse en dire, ces moments où la République rend hommage aux victimes de l’abject sont importants tant la douleur des familles endeuillées et celle des blessés est incommensurable. Mais la France, dirigeants politiques comme société, ne peuvent plus se satisfaire des commémorations et des discours, aussi martiaux soient-ils.
Aujourd’hui, nous avons besoin d’actes. Des actes concrets qui montrent que la France a pris la mesure, non pas de la guerre -au sens militaire- qui lui a été imposée, mais qu’elle assume surtout, la guerre idéologique, celle qui doit faire barrage au projet de société que l’on veut nous imposer.
Ces actes doivent être, en partie, décidés par la classe politique, mais également acceptés et compris par les citoyens.
Car, répétons-le autant de fois que nécessaire: la violence islamiste, celle que nous subissons n’est pas gratuite. Elle est au service d’une idéologie. Et elle concerne chacun de nous au quotidien. En cherchant à nous terroriser, les tenants de cette logique totalitaire veulent nous amener à accepter des discours, à tolérer des codes vestimentaires, à admettre la validité d’une pensée fascisante, à nous résigner qu’au sein de notre société, il faudrait laisser une catégorie de personnes, organisées en « communauté », vivre selon une logique moyenâgeuse et des principes contraires aux valeurs incarnées par la France.
Certains lâches et autres calculateurs cyniques, les néo-munichois qui, depuis plusieurs années, font le lit de cette idéologie mortifère, souhaiteraient, au nom de la « paix sociale », qu’on aille de compromis en compromissions, pour accepter la burqa, la non-mixité, les menus hallalisés, et, pourquoi pas, la polygamie et la déscolarisation des enfants, en somme, vers tous les « accommodements » qui, le croient-ils, mettraient définitivement la France à l’abri des opérations terroristes.
Chacun doit pouvoir s’engager dans cette lutte, à son niveau. Chacun d’entre nous a le devoir de repérer les signaux faibles, de comprendre leur portée réelle, de les condamner, de les combattre, et de ne pas permettre à son entourage de valider, d’encourager, de banaliser et donc, de laisser passer ou dire, des discours qui iraient à l’encontre du droit et des valeurs de la République et qui légitimeraient, via des processus de dénigrement de la France et de rationalisation d’une haine viscérale contre les démocraties et ce qu’elles symbolisent, des logiques de diabolisation dont l’ultime but, ne soyons-pas dupes, est d’encourager, de justifier et de légitimer les attaques qui les ciblent.
La France n’a pas à rougir de ce qu’elle est. Bien au contraire ! Elle n’est ni raciste ni, pour reprendre l’escroquerie sémantique consacrée, « islamophobe ». Sauf à nous montrer dans quel pays musulman, un musulman -considéré ici d’abord comme citoyen – a autant de droits qu’en France ? Dans quel pays musulman, un intégriste, appartenant à tel ou à tel courant, qu’il soit sunnite ou chiite, a-t-il autant de droits et peut-il jouir, dans le cadre de la loi, d’une aussi grande liberté d’expression ? En Iran, on opprime les sunnites et à Bahreïn, on opprime les chiites. En France, les uns et les autres, mêmes les plus rigoristes d’entre eux, vivent librement. Dans quel pays musulman, même le terroriste est aussi bien traité ? Disposant d’un total droit à la défense, payé parfois par le contribuable, pour faire entendre, dans des procès équitables, les justifications, y compris les plus indécentes. N’est-ce pas? En Arabie Saoudite, chantre du wahhabisme, le terroriste islamiste quand il s’attaque à la monarchie est condamné à la peine de mort. En France, il trouvera associations et acteurs de la société civile qui veilleront à son bien-être. Répéter de telles réalités, souvent éludées, ne suffira pas à faire entendre raison à ceux, y compris non musulmans, qui au nom d’une idéologie islamo-gauchiste, sont plus prompts à mettre la France sur le banc des accusés sans jamais formuler la moindre réserve quant à la réalité de l’islam politique et de ses promoteurs.
En premier lieu, balayons cette fausse idée qui laisse certains croire que ce serait les interventions militaires françaises au Mali, en Irak et en Syrie qui seraient la cause des actions terroristes.
Affirmer une telle ineptie montre une méconnaissance totale de l’idéologie islamiste et il suffit de parcourir le dernier numéro de Dar El Islam, le magazine francophone de Daesh, pour s’en convaincre. Les adeptes d’Al Baghdadi ne fustigent pas la France pour son déploiement militaire, mais pour sa laïcité et promettent de s’en prendre aussi bien aux enseignants qu’aux écoles de la République. Que faut-il de plus pour convaincre que la guerre est idéologique? Et une guerre idéologique, si nous assumons de la mener, nous engage.
Réaffirmer ce que nous sommes et voulons être
Elle nous engage d’abord à réaffirmer ce que nous sommes et ce que nous voulons être : une République laïque, une et indivisible, une société, d’un point de vue ethno-religieux, riche de sa diversité, riche des idées et des avis qui la traversent, riche des aspirations de son peuple, fier de son histoire, ayant banni le racisme et l’antisémitisme, ainsi que les inégalités de ses discours, faisant de chaque personne, un être responsable et adulte, un citoyen à part entière, lui conférant des droits et exigeant de lui des devoirs, confiante en son avenir, et rythmée par les seules valeurs résumées par la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Identifier notre ennemi clairement
Elle nous engage ensuite, à identifier notre ennemi, en l’occurrence l’islamisme qui se décline tantôt à travers la pensée wahhabite saoudienne tantôt à travers celle des Frères musulmans et ses alliés, conscients ou idiots utiles qui, au nom d’une haine farouche de la France ou de complexes historiques, lui trouvent des justifications, légitiment ou minimisent ses actions, y compris les plus meurtrières. Cet ennemi qui brandit le chantage à « l’islamophobie » pour atrophier le débat et anesthésier la légitime et nécessaire condamnation du terrorisme et des idéologies qui le nourrissent; use de relativisme culturel pour imposer des codes vestimentaires ou des comportements inacceptables; s’approprie un territoire abandonné par la République pour y faire sa loi, souvent avec la complicité de petits notables locaux plus attentifs à leurs petits privilèges et leur petite carrière politique qu’au devenir de la Nation.
Une stratégie et des moyens pour y parvenir
Elle nous engage enfin, et particulièrement nos dirigeants, à mettre en place une stratégie et donc des moyens. En d’autres termes, la lutte contre l’islam politique ne se mène pas à coups de campagnes de communication seulement, elle ne mobilise pas que l’émotion, mais davantage les forces les plus républicaines, les plus attachées à la laïcité, les acteurs les plus sincères et les plus engagées tant sur les plans national que local pour refuser catégoriquement les logiques qui visent à faire de pratiques islamistes des référentiels islamiques. L’école doit être le fer de lance de cette guerre afin de préserver la jeunesse et la rendre imperméables aux discours totalitaires et aux théories complotistes qui visent à délégitimer et à diaboliser les démocraties, engager une politique culturelle pour ré-enchanter les grands principes de la République et principalement la Liberté et l’Égalité. Détruire les ghettos ethno-religieux pour favoriser des villes et des quartiers qui mettent en exergue le métissage et la diversité, car c’est dans les ghettos que se développent non seulement les fléaux mais surtout les sentiments d’exclusion et l’intégrisme. Il ne doit plus exister un territoire abandonné par la République.
C’est un vrai programme qu’il convient d’initier en lieu et place de toutes les mesures populistes et inefficaces qui divisent la société sans assurer de surcroît une quelconque efficacité.
Évidemment, dire Merci pour toutes ces commémorations. Mais maintenant au travail ! Le contexte exige rigueur, sérieux et une politique de guerre contre l’idéologie islamiste.