Au lendemain de la Première Guerre mondiale
Faute de pouvoir reconquérir les positions qui étaient les siennes en Europe, la France opère un certain repli sur son Empire colonial. « C’est en partie grâce à son Empire que la France a pu sortir victorieuse de la Grande Guerre… » répète inlassablement la propagande pro-colonialiste, en intégrant le personnage du soldat noir et du soldat nord-africain à l’ensemble « ancien combattant »(1)R. Girardet, spécialiste des sociétés militaires et nationalistes.. Le plan Sarraut, en 1921, établit un plan d’aménagement des voies de communication, d’outillage des ports et de mise en valeur des régions encore inexploitées. A la différence du Royaume-Uni, les capitaux français négligent la mise en valeur agricole et industrielle, pour se concentrer dans le domaine commercial et les placements spéculatifs. Le commerce colonial, qui ne représentait que 13 % du commerce général, atteint 27 % en 1933, les colonies absorbent 33% des exportations de la métropole contre 12,5 % avant-guerre, et fournissent 23 % de ses importations contre 10,9 % avant 1914.
La suffisance et le mépris à l’égard des indigènes apparaît dans le journal l’Intransigeant, à propos du Maroc : «… Cette forme de guerre ultra-moderne (aviation de combat, mitrailleuse…) est naturellement propre à faire sentir aux montagnards zoniers tout ce qui leur manque pour arriver à notre niveau supérieur de civilisation. » A l’exclusion des communistes et de certains intellectuels comme Malraux ou Gide, de l’extrême-droite à la SFIO, tous adhèrent au crédo de la « mission civilisatrice » de la colonisation(2)Catalogue de l’Exposition coloniale de 1931 : « Notre … protection… a délivré [l’Afrique NDLR] du cauchemar de l’esclavage… des millions d’hommes, de femmes et d’enfants… Avant nous, le plus fort dominait le plus faible, la femme n’était qu’un bétail, l’enfant peu de choses… La justice était vénale, l’état de guerre endémique… ».
Dans les colonies, la France intensifie l’exploitation des populations en ayant recours au travail forcé pour la construction du chemin de fer (Congo-Océan).
L’intransigeance des colons et la brutalité de la répression favorisent l’émergence d’une opposition locale à la colonisation, avec des revendications d’indépendance à Madagascar, avec l’Etoile du Nord de Messali Hadj dès 1926 (3)Messali Hadj né à Tlemcen le 16 mai 1898 et mort à Gouvieux, dans l’Oise, le 3 juin 1974, est un homme politique algérien ayant joué un rôle pionnier dans le processus menant à l’indépendance algérienne. Il réclame dès 1927 l’indépendance de l’Algérie. Il est le fondateur du Parti du peuple algérien (PPA), du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) et du Mouvement national algérien (MNA). Messali Hadj crée le MNA dans un contexte de lutte fratricide engagée contre le Front de libération nationale (FLN) pour la direction de la lutte armée. Dès 1957, le MNA est décapité par le FLN et Messali Hadj privé de tout rôle politique au sein des instances dirigeantes de la lutte armée pour l’indépendance de l’Algérie., avec le Parti national vietnamien.
La crise mondiale de 1930 est précédée d’une crise coloniale en tant qu’économie indigène :
- crise commerciale : baisse des cours mondiaux des matières premières et contraction des marchés frappent de plein fouet des populations qui trouvaient dans l’exportation de quoi consommer et payer l’impôt,
- crise structurelle : hors du jeu de la concurrence internationale, cette chasse gardée maintient les secteurs les plus archaïques de l’économie métropolitaine (textile) ou coloniale (commerce de traite).
Des mutations structurelles s’engagent pour intégrer au système mondial de production et de circulation des biens l’Empire français. La rentabilisation et la complémentarité commandées depuis la métropole avancent avec les cultures spéculatives d’exportation comme le coton, le café, l’hévéa… L’économie de marché favorise la naissance d’une bourgeoisie indigène constituée de propriétaires fonciers ou de commerçants et bénéficient surtout aux milieux d’affaires métropolitains, surtout les banques, qui rapatrient en France le gros des profits réalisés. Cela s’accompagne d’un bouleversement économique et social avec la paupérisation des paysans indigènes et leur exode massif vers les villes. Le terme de « bidonville » apparaît en Tunisie en 1932. Ce sont les prémisses d’un phénomène spécifique, celui du sous-développement caractéristique du tiers monde contemporain ou des pays en voie de développement.
Ces changements sont le terreau de mouvements anticolonialistes et indépendantistes, de la montée en puissance des luttes. Habib Bourguiba fonde en 1934 le « Néo-Destour », dont le programme est l’indépendance de la Tunisie et qui aboutit à un traité d’amitié et d’union avec la France. Un « Comité d’action marocaine », animé par Alla el-Fassi, sans remettre en cause le protectorat, élabore un plan de réformes économiques, sociales, administratives et juridiques. En Algérie éclatent, en août 1934, les émeutes de Constantine suite à la profanation d’une mosquée par un militaire. Tout cela se déroule sur un fond de remise en cause du système capitaliste où l’on meurt de faim parce qu’il a trop produit, où « l’excès des biens aboutit à l’excès des malheurs »(4)Henry Petiot, dit Daniel-Rops, est un écrivain et historien français..
L’avènement du gouvernement de Front populaire en 1936 suscite l’espoir
L’avènement du gouvernement de Front populaire en 1936 suscite l’espoir des milieux coloniaux partisans d’un réformisme et d’une assimilation progressive : ils sont déçus des projets d’extension très modérés de l’accès à la citoyenneté. En Algérie, le projet Blum-Violette prévoit de l’attribuer aux anciens combattants, aux élus des chambres de commerce et d’agriculture, aux conseillers généraux et municipaux, à quelques notables et à des ouvriers indigènes décorés de la médaille du travail. Ce projet limité à environ 20 000 personnes et ressemblant fort à un système censitaire se heurte à un refus farouche des milieux coloniaux et avorte. Un programme économique à la fois moderniste, en ce sens qu’il affirme la primauté à l’intérêt général et s’oppose aux seules initiatives de la libre concurrence, et réformiste, en ce sens qu’il vise la rationalisation de la mise en valeur de l’Empire colonial et la complémentarité des économies coloniales et métropolitaines, est mis en œuvre par Marius Moutet. Ce dernier paraphrasant Léon Blum déclare : « Il s’agit d’extraire du fait colonial le maximum de justice sociale et de possibilité humaine », de relever le niveau matériel des masses. Le problème social est pour la première fois conçu, comme en métropole, comme un élément essentiel de la politique impériale et du programme économique.
Des mesures destinées aux mieux-être des populations colonisées sont prises : lutte contre l’usure, élaboration d’un code du travail indigène avec l’interdiction du travail gratuit, l’extension des conventions collectives, le développement de l’inspection du travail, l’instauration d’un salaire minimum, l’interdiction de certains travaux aux femmes et aux enfants, l’extension aux colonies des lois relatives à la journée de huit heures et aux congés payés, de la législation relative aux accidents de travail, la mise en œuvre d’une véritable politique de santé, une politique scolaire visant moins à constituer une « élite politique » qui risquerait de devenir « un prolétariat intellectuel » qu’à préparer les jeunes à leur « fonction sociale »(5)C. Coquery-Vidrovitch, « Colonisation ou Impérialisme ».… La volonté du Front populaire repose principalement sur une volonté de réaménager l’économie coloniale en fonction des grands intérêts métropolitains et de tenter de mener à bien une tardive mutation de la politique coloniale française.
La période de l’occupation, le régime pétainiste de Vichy, la Résistance et la Libération, la IVe République
Après la capitulation de Pétain et l’instauration de la collaboration, le Général de Gaulle appelle à la résistance en rappelant que « La France n’est pas seule…Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l’Empire britannique qui tient la mer et continue le combat. » Des actes individuels, isolés, plus ou moins spontanés, qui ne pèsent pas lourds fraient le chemin vers ce qu’on appellera plus tard la « Résistance » autour de deux champs magnétiques principaux : de Gaulle et le Parti communiste français, ce dernier avec des débuts difficiles quant à la stratégie, coincé ou balloté entre le pacte germano-soviétique et sa tradition antifasciste, et affaibli par les mesures anticommunistes. Le PCF s’appuie sur une ligne de lutte des classes : « Ne pas revendiquer, c’est renforcer soi-même les chaînes de l’esclavage ; revendiquer, c’est au contraire, limer ces chaînes ; c’est affaiblir l’ennemi. »(6)Programme du PCF, extrait, Pour le salut du Peuple de France..
L’Empire français demeure dans la mouvance vichyste. Seule l’Afrique équatoriale française rallie le mouvement gaulliste. Bien qu’alliés de la France libre, les Britanniques lorgnent, tout comme les USA, sur les dépouilles de l’impérialisme français affaibli. Le 8 novembre 1942, les forces alliées débarquent au Maroc et en Algérie sans coordination avec la France combattante pour écarter de Gaulle. L’occupation américaine en Afrique du Nord repose sur les autorités en place donc vichystes, la mise à l’écart de toute responsabilité de la Résistance intérieure et extérieure prélude au projet de mise sous tutelle de la France à la Libération(7)Roosevelt, le 8 mai 1943 : « Lorsque nous arriverons en France, nous devrons la considérer comme un pays occupé nécessairement administré par les gouvernements britannique et américain. Dans ce cas, nous pourrons utiliser 90 % des maires et la plupart des fonctionnaires subalternes des villes et des départements. Mais le sommet de l’administration nationale devra être entre les mains des commandants en chef britanniques et américains. ». Se déploie également une subtile propagande anticolonialiste qui incite Ferhat Abbas, le leader le plus connu du mouvement national algérien, à présenter aux autorités américaines, en décembre 1942, son projet de réformes, embryon du Manifeste de février 1943. Les manœuvres américaines sont stoppées par la naissance du CNR (Conseil national de la Résistance) qui exprime « l’opinion du peuple qui lutte sur le sol de la métropole » et réclame la création à Alger « d’un véritable gouvernement provisoire ».
Les tirailleurs algériens dans la 1ere Armée
Sur les 267 000 hommes que comptait la 1re armée lors du Débarquement de Provence en août 1944, les Maghrébins, majoritairement tirailleurs algériens et tunisiens, représentaient environ 50 % des effectifs soit plus de 130 000 hommes. Le nombre de Maghrébins tués d’août 1944 à mai 1945, essentiellement des tirailleurs, s’élève à 3 716 (dont 96 à la 2e DB).
Le programme du CNR (Conseil national de la Résistance), reflet de la force du mouvement populaire, s’articule sur de véritables avancées sociales, démocratiques, économiques embryon une véritable démocratie économique et sociale(8) Sécurité sociale, droits syndicaux, retraite des vieux convenables, indépendance de la presse à l’égard de l’État, des puissances d’argent, des influences étrangères, nationalisations dans les domaines des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurance, des grandes banques, participation des travailleurs à la gestion des entreprises, aide aux coopératives…. Bien que le problème colonial y soit évoqué de façon positive, il exclut toute évolution des colonies vers l’autonomie.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale
Les clivages entre les forces politiques apparaissent, dès 1947, sur la question coloniale et l’avenir de l’Union française. Les réformes promises dans le discours de Constantine de de Gaulle qui reprend en l’élargissant le projet Blum-Violette d’avant-guerre se heurtent à une double opposition :
- celle des partis dits musulmans, notamment du Part populaire algérien de Messali Hadj, leur reprochant de se situer sur une ligne assimilatrice et non de développement de la nation algérienne,
- celle des grands colons qui ne supportent pas la moindre remise en cause de leur domination sur la société algérienne.
De dramatiques événements en découlent. A Sétif, le 8 mai 1945, des milliers de manifestants réclament l’indépendance et affrontent la police. Une minorité se répand dans la ville et abat une trentaine d’Européens. Il est difficile d’établir la chaîne des causes : volonté des messalistes et provocation des grands colons… La répression est féroce avec l’intervention de la Légion, de la milice des colons qui organisent des expéditions punitives, des massacres, des bombardements, pratiquent la torture. Dans tout l’Empire, la reprise de la politique de la canonnière condamne l’expérience de l’Union française.
Le RPF (rassemblement du peuple français de De Gaulle) a dans son programme en 1947 le maintien de la présence française en Indochine et en Afrique du Nord.
Le guêpier colonial apparaît au grand jour, notamment en Afrique du Nord. Au Maroc, le sultan Mohamed V ose demander un aménagement du statut de protectorat. Il est victime d’une conjuration sous l’égide de l’administration française locale et est déporté en Corse du 24 octobre 1953 au 5 février 1954. La défaite française au Vietnam se solde par près de 100 000 morts pour rien dont 30 000 Africains, Maghrébins et noirs(9)Voir Éric Vuillard Une sortie honorable. L’Afrique du Nord frémit. Des accrochages ont lieu en Algérie avec des « fellagha » dans les Aurès. Le terrorisme des colons se développe en Tunisie aboutissant à une véritable bataille rangée entre Tunisiens et armée française. Mendès France promet l’autonomie qui calme les esprits et permet l’ouverture de pourparlers qui se concluent en 1956 à l’indépendance tunisienne.
En Algérie, le Mouvement national réunit toutes ses forces en 1951
En Algérie, le Mouvement national réunit toutes ses forces en 1951 dans un Front national divisé malgré tout. Le 1er novembre 1954 débute l’insurrection algérienne fomentée par quelques centaines d’hommes mal équipés en armes(10)Des jeunes membres du M.T.L.D., Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), un parti nationaliste algérien fondé en 1946 à la suite de la dissolution du Parti du peuple algérien (PPA), avec Messali Hadj comme président. et provoque simultanément une trentaine d’incidents sur tout le territoire sous forme de coups de main et d’attentats. Les députés des Français d’Algérie reprochent les faiblesses du gouvernement au Vietnam et en Inde(11)Dont les comptoirs français rejoignent la République indépendante depuis 1947., faiblesses qui suscitent la contagion insurrectionnelle. François Mitterrand, ministre de l’Intérieur, le 12 novembre 1954 en séance à l’Assemblée nationale, Journal officiel p. 4967-4968) condamne la sédition et déclare : « L’Algérie, c’est la France ! (…) Ceux qui veulent l’en dissocier seront partout combattus et châtiés. »
Le gouvernement de Pierre Mendès France dont fait partie F. Mitterrand, mis en place pour mettre fin au conflit en Indochine, met tout en œuvre, en Algérie, sur le plan militaire. L’unanimité se réalise de la S.F.I.O. à la droite pour « la défense de l’intégrité du territoire national ». Le PCF se démarque, condamnant à la fois le terrorisme individuel et la répression, en demandant que soit reconnu « le bien fondé des revendications à la liberté du peuple algérien ». Les actes, tel l’assassinat de l’instituteur Monnerot, les meurtres de civils sont condamnés y compris par le C.R.U.A.(12)Le Comité révolutionnaire d’unité et d’action (CRUA) est le nom que prend le mouvement algérien fondé le 23 mars 1954 par le comité composé de quatre membres, deux anciens de l’Organisation Spéciale (Mostefa Ben Boulaïd et Mohamed Boudiaf) et deux centralistes (Mohamed Dekhli et Ramdhane Bouchbouba alias Ould Amri) qui enjoint de ne viser que les militaires, gendarmes et policiers. Les partisans de l’Algérie française sont catégoriques : perdre l’Algérie, c’est perdre toute l’Afrique, l’Union française et tomber pour la France au rang de puissance secondaire (13)Journal officiel des 11-12 décembre 1954 page 6096, Edmond Naegelen, Palais Bourbon.
La guerre, même si ce mot n’est pas prononcé, s’installe, dès1955 dans les Aurès et le Constantinois. Le 1er avril est déclaré « l’état d’urgence en Algérie ». Les pleins pouvoirs accordés en 1956 au gouvernement socialiste avec une majorité de gauche dans le cadre de l’effondrement du système colonial servent également à promouvoir une détaxation des investissements privés et une fiscalité de classe. La fameuse « bataille d’Alger » menée par les forces du général Massu depuis le printemps 1957 creuse le fossé entre les musulmans et les européens dans la capitale et la Casbah. Des rencontres sont organisées entre Soustelle et Debré d’un côté pour sonder de Gaulle et, de l’autre, des représentants des activistes algérois. En avril 1958 est organisée une manifestation imposante pour la poursuite de la Guerre et un changement de régime en France. Un « Comité de salut public » est constitué sous la présidence du général Massu qui exige la création d’un gouvernement « capable de conserver l’Algérie partie intégrante de la métropole ».
Les factieux sont isolés. La fidélité au gouvernement réaffirmé par le général Ely, chef d’état-major le confirme. Le 14 mai 1958, la conférence de presse du général Massu marque le repli de l’armée et l’abandon des activistes. Salan conclut son discours flou, le 15 mai, par un « Vive de Gaulle ». De Gaulle rompt le silence dans un communiqué se déclarant « prêt à assumer les pouvoirs de la République » sans pour autant mentionner l’Algérie. Aux yeux des hommes du grand capital, de Gaulle apparaît comme bien plus apte que Robert Lecourt et Pierre Pflimlin à mener correctement la tâche de mieux adapter les institutions au capitalisme moderne et de trouver une solution au conflit algérien. Le 16 mai, l’état d’urgence est proclamé. L’armée vacille et commence l’opération « Résurrection » mobilisant les parachutistes du Sud-Ouest et les blindés de Rambouillet. Mis au courant, de Gaulle donne même le 28 mai un avis « technique » qui s’avère superflu, son fidèle Soustelle ayant gagné Alger. De Gaulle multiplie les rencontres à Colombey. Ses partisans proclament en Corse, le 24 mai 1958, la création d’un Comité de salut public, issu d’une alliance entre l’armée et les réseaux gaullistes, véritable insurrection. D’aucuns parlent de coup d’Etat(14)L’opération Corse se déroule le 24 mai 1958, soit le lendemain d’une réelle cimentation de l’alliance entre l’armée et les réseaux gaullistes. La veille, des Comités de salut public ont été fondés à Ajaccio et Bastia. Dans ces deux villes, le 24, les 800 « paras » du premier bataillon du onzième choc occupent les principaux bâtiments administratifs, Calvi et Corte suivent rapidement. Seule la mairie de Bastia résista pendant quelque temps à l’occupation (avec le premier adjoint PCF au maire de Bastia chantant symboliquement la Marseillaise), aux côtés de la mairie et de la sous-préfecture de Sartène. Le chef des « paras » était le Corse Ignace Mantei, alors que le député corse Pascal Arrighi joua ici un rôle moteur pour les appuyer, permettant un appui populaire à l’initiative qui surprit beaucoup alors..
Des Comités antifascistes s’organisent dans les entreprises et quartiers, des Comités de vigilance se créent dans 28 départements et une union large se construit entre communistes, socialistes, républicains, syndicalistes (C.G.T, C.G.T. F.O., C.F.T.C., F.E.N.).
Le 27 mai, suite à une rencontre avec Pierre Pflimlin, de Gaulle fait paraître un communiqué dans lequel il déclare : « J’ai entamé hier le processus régulier nécessaire à l’établissement d’un gouvernement républicain, capable d’assurer l’unité et l’indépendance du pays. » Le 28 mai, malgré la confiance renouvelée de l’Assemblée, Pflimlin s’efface. A Paris, de la Nation à République, avec le concours des « Comités d’action et de défense républicaine, entre 200 000 et 500 000 personnes manifestent pour dire « Non à De Gaulle ».
Les Européens d’Alger retrouvent la sérénité en organisant d’étonnantes manifestations de fraternisation franco-musulmanes et de Gaulle obtient l’investiture du Palais-Bourbon le 1er juin 1958 par 329 voix contre 250. Dès le 28 septembre 1958, une constitution est approuvée par 80 % des votants donnant un caractère présidentiel à la République et corsetant les assemblées élues dans d’étroites limites d’intervention. Auparavant, le 4 juin 1958, de Gaulle se rend en Algérie où il reçoit un accueil enthousiaste, fruit d’un malentendu qui se révèle plus tard. Il lance son célèbre « Je vous ai compris. La France considère que, dans toute l’Algérie, il n’y a qu’une seule catégorie d’habitants : il n’y a que des Français à part entière. » Il ne prononcera, pourtant, qu’une fois, le 6 juin 1958, à Mostaganem « Vive l’Algérie française. » A Constantine, il dira : « Vive l’Algérie et la France. ».
Parvenant au constat de l’impossibilité de toute solution négociée sur la base de l’indépendance, le F.L.N. demande à l’A.L.N. d’intensifier la lutte et crée, le 19 septembre, au Caire, le Gouvernement provisoire de la République Algérienne (G.P.R.A) présidé par Fehrat Abbas et Ahmed Ben Bella, prisonnier à la Santé depuis l’opération aérienne pirate ayant permis de le capturer, en tant que vice-président. Le G.P.R.A. est reconnu immédiatement par tous les pays arabes. Le G.P.R.A. s’oppose au référendum en Algérie et lance des consignes d’abstention, mises en échec par l’organisation musclée du scrutin par l’armée. Le succès au référendum laissant supposer que les Algériens sont favorables à l’intégration permet à De Gaulle d’offrir « la paix des braves » afin que « ceux qui ont ouvert le feu le cessent et qu’ils retournent, sans humiliation, à leur famille et à leur travail ».
Le G.P.R.A. rejette cette « paix des braves » et l’heure est toujours à la pacification, tâche essentielle de l’armée qui est rappelée le 23 octobre. Le général Challe élabore un plan de nettoyage pour en finir avec les rebelles. Les opérations les plus meurtrières se déroulent dans l’Ouarsenis et en Oranie à partir de mars 1959. L’utilisation de supplétifs musulmans, les harkis, facilite le travail de l’armée et permet d’occasionner des pertes importantes à l’A.L.N., sans doute plusieurs dizaines de milliers de morts. En grande Kabylie, 20 000 hommes sont mobilisés pour réduire 5 à 6 000 soldats de l’A.L.N. Le général Challe croit pouvoir se vanter : « Il peut y avoir une solution militaire en Algérie ».
La politique de clémence du gouvernement Debré avec la libération de 7 000 internés administratifs, la grâce accordée aux condamnés à mort, le transfert de Ben Belle et de ses compagnons à l’île d’Aix, la suppression de la résidence surveillée imposée à Messali Hadj (M.N.A.) provoque l’agitation des organisations ultras qui réclament en février l’extermination totale ou la reddition sans conditions des « hors-la-loi ».
La pacification, cependant, marque le pas malgré la construction de villages, l’entreprise de scolarisation, l’attribution de 8 000 ha de terre aux agriculteurs musulmans. Le F.L.N. multiplie les opérations, ne cesse de réapparaître dans les lieux mêmes où il semblait liquidé : « la paix de braves » a échoué.
De Gaulle ouvre la voie à l’indépendance
De Gaulle ouvre la voie à l’indépendance, en déclarant, le 16 septembre 1959, qu’il « …considère comme nécessaire le recours à l’autodétermination, dès aujourd’hui… » Ce discours provoque des remous au sein de l’armée, le tollé de tous les partisans de l’Algérie française et conduit Duchet et Bidault à créer un Rassemblement pour l’Algérie française. La position de De Gaulle est approuvée par l’Union démocratique du travail (gaullistes de gauche), le M.R.P., la S.F.I.O. et enfin par le P.C.F.. Le G.P.R.A. prend acte de la reconnaissance du droit des Algériens à l’autodétermination, mais précise que leur libre choix ne peut s’exercer en présence d’une armée d’occupation. Face aux opérations militaires qui se poursuivent, le F.L.N. multiplie les attentats. D’octobre 1959 à début janvier 1960, le commandement français en dénombre 3 240. De Gaulle et son gouvernement bloquent le processus politique. Cela encourage les ultras de l’Algérie française.
Massu, auréolé de la victoire de la Bataille d’Alger, condamne la politique algérienne de De Gaulle. Il est destitué le 22 janvier 1960. Le 24 janvier, à l’appel des organisations ultras, 20 000 manifestants descendent dans la rue. Les unités parachutistes qui doivent participer à la dispersion des manifestants ne bougent pas. Barricades, camp retranché, le quartier des Facultés est aux mains des insurgés et l’état de siège est proclamé à Alger. Dans l’ensemble, l’armée demeure fidèle : le contingent et de nombreux officiers hésitent à franchir le pas pour rejoindre les insurgés. Ferhat Abbas rappelle que le G.P.R.A. est prêt à négocier, mais n’acceptera jamais la reddition et poursuivra la guerre de libération nationale jusqu’à l’indépendance. Le plan Challe contraint les fellaghas à se disperser. La dureté de la répression élargit l’audience du F.L.N. dans les masses algériennes. En parallèle, l’audience internationale du G.P.R.A. augmente et contraint le gouvernement français à aller vers une solution politique. Le 14 juin 1960, de Gaulle lance un appel : « Je leur [dirigeants de l’insurrection] déclare que nous les attendons ici pour trouver une fin honorable aux combats. »
La lutte en métropole pour une paix négociée se développe même si le gouvernement fait tout pour empêcher l’expression de la volonté de paix et fait voter par le parlement des pouvoirs spéciaux le 21 février 1960 qui permettent l’arrestation de l’écrivain Georges Arnaud rendant compte d’une conférence de presse clandestine à Paris soutenant les « porteurs de valises » et encourageant la désertion et l’insoumission, contraignant à l’exil des avocats…
En Algérie, l’impasse demeure. La question algérienne passe par le pétrole saharien qui représente un pactole de 8 millions de tonnes en 1960, par la commercialisation du gaz. Le 5 septembre 1960, de Gaulle évoque pour la première fois « la République algérienne qui aura son gouvernement, sa constitution ses lois » tout en appelant de « ses vœux une Algérie « unie à la France pour l’économie, la technique, les écoles, la défense ». Le 11 novembre, des manifestations hostiles au chef de l’état se tiennent à Alger. Malgré la répression conjuguée de l’armée et des Européens, dès le 9 novembre, des musulmans manifestent à Alger, Oran, Bône rassemblant des dizaines de milliers d’Algériens aux cris de « Algérie algérienne », « Algérie musulmane », « Algérie libre » montrant que les masses algériennes sont toujours derrière le F.L.N..
Le gouvernement français se résigne peu à peu à négocier. Des contacts secrets sont pris fin février et en mars 1961 entre des émissaires du général de Gaulle et des envoyés du F.L.N. Ils achoppent sur la question de la souveraineté algérienne sur le Sahara. Un accord intervient pour l’ouverture de négociations le 7 avril à Evian.
En 1961 se concrétise l’agonie meurtrière de l’Algérie française.
En 1961 se concrétise l’agonie meurtrière de l’Algérie française. Des tracts signés de l’Organisation armée secrète (OAS) circulent. L’OAS multiplie les attentats en Algérie d’abord puis en France pour susciter la terreur. Le général Challe, passé du commandement en Algérie au quartier général des forces atlantiques demande à être relevé de ses fonctions et devient l’animateur principal du putsch qu’il fomente avec les généraux Jouhaud, Zeller, Salan et le soutien de colonels dont Argoud, Godart, Lacheroy… Le putsch ne fait pas tache d’huile et se limite essentiellement à Alger et la Mitidja. L’échec est consommé en quelques jours et le putsch s’achève le 23 avril. Dès la fin du putsch, les attentats de l’OAS reprennent en Algérie principalement, mais aussi en France avec un attentat contre De Gaulle et des explosions à Paris aux domiciles du grand rabbin Kaplan et du secrétaire général de l’Elysée.
En Algérie, en parallèle avec la poursuite de l’activité militaire du FLN, le fait dominant est l’irruption des masses algériennes dans la rue. Le FLN déclenche des attentats contre les commissariats de police en France, organise des rassemblements pacifiques à Paris rassemblant le 17 octobre 30 000 manifestants réprimés violemment avec 11 000 arrestations, deux morts et 64 blessés officiellement, sans doute beaucoup plus.
Le 20 juin, à Evian, les pourparlers reprennent à un niveau officiel plus élevé. Les difficultés résultent de la position française qui veut exclure le Sahara de l’aire d’autodétermination, qui exige la double nationalité pour la minorité européenne et refuse que le cessez-le-feu soit lié à un accord préalable. Un compromis semble possible avec le FLN qui pourrait accepter de distinguer la souveraineté du futur État algérien et l’exploitation des richesses. La menace d’une partition de l’Algérie par le regroupement de la minorité européenne autour d’Alger et d’Oran est avancée.
L’hiver 1961-1962, l’OAS se déchaîne en France et en Algérie dont les actions ne sont que modérément condamnées par l’UNR gaulliste et les Indépendants. L’émotion issue de l’attentat contre André Malraux qui aveugle une petite fille de quatre ans incite à organiser, le 8 juin 1961, une manifestation unitaire des syndicats CGT, UNEF, CFTC, FEN et des partis politiques PCF, PSU, Jeunesses communistes, Jeunesses socialistes unifiées. Les charges de police violentes au métro Charonne, le 17 octobre 1961, provoquent une répression terrible notamment parmi les Algériens qui manifestent pacifiquement contre le couvre-feu qui les concernait(15)Le comptage précis est encore impossible de par le défaut de volonté politique. Extrait du tract historique des policiers républicains dont le rédacteur était Emile Portzer, aujourd’hui décédé, bien connu d’un des membres du Comité de rédaction, Philippe H. : « Ce qui s’est passé le 17 octobre 1961 et les jours suivants contre les manifestants pacifistes, sur lesquels aucune arme n’a été trouvée, nous fait un devoir d’apporter notre témoignage et d’alerter l’opinion publique. Nous ne pouvons taire plus longtemps notre réprobation devant les actes odieux… qui risquent de rejaillir sur l’honneur du corps de police tout entier… Quelques faits [non exhaustifs NDLR] : Parmi les milliers d’Algériens… des dizaines de tués à coups de crosse et manche de pioche par enfoncement du crâne, éclatement du foie, brisure des membres… leurs corps piétinés sous le regard bienveillant du contrôleur général… des doigts arrachés par les membres du service d’ordre… A l’une des extrémités du pont de Neuilly…, pris dans une nasse policière, des Algériens étaient assommés et précipités dans la Seine. Il y en eut une bonne centaine… La petite cour, dite d’isolement, de l’hôtel préfectoral était transformée en charnier… Cette déchéance est-elle l’objectif de certains responsables ? Veulent-ils transformer la police en instrument docile, capable d’être demain le fer de lance d’une agression contre les libertés, contre les institutions républicaines ? » …
Cela a rendu encore plus difficile l’intégration en métropole des pieds-noirs obligés de quitter l’Algérie.
Les négociations reprennent le 7 mars à Evian et le 18 mars 1962 les accords sont signés. Le 19 mars, l’armée française reçoit l’ordre de cesser le feu. Les accords reposent sur la libération des prisonniers et internés, le maintien de la souveraineté française jusqu’au scrutin d’autodétermination qui donnera à choisir entre le statut de département français, l’indépendance par rupture totale avec la France ou l’indépendance dans la coopération(16)En fait seul le troisième volet sera proposé. Les accords d’Evian sont massivement ratifiés par le peuple français le 8 avril 1962 par 90,70 % des suffrages exprimés.
La « guerre totale » est lancée par l’OAS (organisation de l’armée secrète). Après la signature des accords d’Evian de mars 1962 scellant l’indépendance, l’OAS lance son mot d’ordre de « guerre totale » avec l’objectif de réveiller l’opinion publique. La multiplication des attentats contre les présidents de la République par deux fois, contre le ministre de la culture André Malraux blessant grièvement par erreur une petite fille de 4 ans, son visage défiguré faisant la une des journaux retourne l’opinion. L’OAS tente par un déferlement de terrorisme, de saccages de provoquer la cassure entre les communautés et d’empêcher le fonctionnement de l’exécutif provisoire. Elle réussira par ses débordements de haine aveugle et criminelle à approfondir le fossé déjà existant entre les communautés.
Les appelés mobilisés en Algérie tombent de haut.
Les appelés mobilisés en Algérie tombent de haut. De la vision idyllique diffusée à la télévision montrant des soldats en train de participer à la moisson et de protéger les populations, ils passent brutalement à la réalité de la misère de la population algérienne « fantomatique, des gosses allant pieds nus, en haillons, des Algériens [surexploités] travaillant dans les grandes propriétés coloniales. Beaucoup ont compris que dans la même situation, eux aussi auraient été du côté des combattants algériens. L’usage de clapier pour enfermer des prisonniers algériens et, pour s’amuser, et, pour s’amuser, de lâcher les chiens sur eux. Le plus terrible était de, à force de côtoyer des saloperies, s’habituer »(17)Témoignage de Michel BERTHELEMY, publié dans ça m’intéresse Histoire n°71, membre de l’Association des « Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis contre la Guerre ou 4AGG.. Le conditionnement psychologique des appelés est puissant. « On nous apprenait le maniement des armes et le langage militaire [ce qui semble normal], mais aussi « c’est un bougnoule, un raton, un crouille. Le poids du silence est commun à tous les appelés ainsi que l’incompréhension voire l’indifférence des proches. Ma mère m’a dit « T’étais pas mal en Algérie, y avait du soleil »(18)Témoignage de Serge DROUOT publié dans « Ça m’intéresse Histoire n°71 ».
Le bilan en chiffres est accablant et montre que ce fut une guerre asymétrique(19)Sources : « L’engagement des harkis» de Maurice FAIVRE dans Vingtième siècle, Revue Histoire/ ministère algérien des Anciens combattants/ Rapport publié au Journal officiel le 4 août 1986/ Histoire de la Guerre d’Algérie de Bernard DROZ et Evelyne LEVER/ Fédération nationale des anciens combattants/Les combattants musulmans de la Guerre d’Algérie, des soldats sacrifiés de Maurice FAIVRE. :
- Les forces en présence : d’un côté,132 290 combattants algériens au sein de l’ALN (armée de libération nationale), de l’autre,160 000 harkis et supplétifs, 1 419 125 soldats français mobilisés (tous les deux mois de nouveaux appelés sont envoyés en Algérie),
- Le bilan humain, des chiffres controversés qui varient fortement selon les sources : d’un côté, 500 000 morts algériens, de l’autre, 28 000 soldats français tués, 65 000 soldats français blessés, 62 000 harkis tués, 3 600 civils européens tués ou disparus,
- Les rapatriés et leurs descendants : pour 90 000 harkis 600 000 descendants, pour 800 000 rapatriés 3 000 000 de descendants.
Les soutiens français du FLN, contrairement aux idées reçues, ne sont pas tous communistes comme l’affirmaient les opposants à l’indépendance pour accréditer l’idée d’un complot guidé par Moscou. De nombreux Français sont choqués par toutes les inégalités qui existent entre Algériens et Européens et ont commis des actes de solidarités pro-indépendantistes et ont milité pour la fin de la Guerre(20)Comité d’action contre la poursuite de la Guerre en Afrique du Nord créé en 1955, Manifeste des 121 signés par des intellectuels dont Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre et intitulé « Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie ».. Leur origine « européenne » ne les préserve pas des tortures et des condamnations à mort dans les cas graves comme poser une bombe en cas d’arrestation. Il est symptomatique de l’amnésie officielle et du récit national algérien qui passent à la trappe de l’histoire ces « martyrs » de la Révolution qui battent en brèche le partage juridique du pays selon des critères raciaux et religieux et l’image de l’opposition sans nuances entre musulmans et Européennes. Ces actions aboutissent à une évolution de l’opinion publique en faveur de l’indépendance. En 1957, les Français de métropole ne sont que 37 % à se déclarer favorables à l’indépendance, en 1962, 82 %.
Dépasser la tragédie mortifère du colonialisme pour ouvrir d’autres horizons communs et émancipateurs des deux côtés de la Méditerranée
La lutte du peuple algérien a été pour beaucoup dans la rapidité de la décolonisation du reste de l’Empire français. Aujourd’hui, par un travail d’historien, il doit être possible et nécessaire, sans rien oublier, de dépasser la tragédie de cette histoire coloniale, de ne pas s’y enfermer pour ouvrir d’autres horizons émancipateurs. Ainsi que l’affirmait et le voulait Frantz Fanon, dans Peau noire, masques blancs : « Je ne suis pas esclave de l’esclavage qui déshumanisa mes pères. Je dois me rappeler à tout instant que le véritable saut consiste à introduire l’invention dans l’existence ». Pour Fanon, un homme libre est un homme qui n’est pas déterminé par un héritage, qui n’est pas assigné à résidence spirituelle. Il développe une forte réticence à toute idée d’identité comme forme de servitude. L’identité ne doit pas enfermer, mais permettre l’ouverture aux autres.
Dans la veine de la pensée de Frantz Fanon, le colonialisme qui déshumanisa nos parents ne doit pas nous empêcher d’imaginer un avenir radieux, ensemble, Algériens et Français pour construire et dans chacune de nos nations et entre nos deux nations une société, un système de relations reposant sur l’émancipation individuelle et collective, sur une économie au service des êtres humains à la fois divers et singuliers et dans le même temps semblables, sur des cultures à la fois diverses, multiples et dans le même temps universelles.
Notes de bas de page
↑1 | R. Girardet, spécialiste des sociétés militaires et nationalistes. |
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↑2 | Catalogue de l’Exposition coloniale de 1931 : « Notre … protection… a délivré [l’Afrique NDLR] du cauchemar de l’esclavage… des millions d’hommes, de femmes et d’enfants… Avant nous, le plus fort dominait le plus faible, la femme n’était qu’un bétail, l’enfant peu de choses… La justice était vénale, l’état de guerre endémique… » |
↑3 | Messali Hadj né à Tlemcen le 16 mai 1898 et mort à Gouvieux, dans l’Oise, le 3 juin 1974, est un homme politique algérien ayant joué un rôle pionnier dans le processus menant à l’indépendance algérienne. Il réclame dès 1927 l’indépendance de l’Algérie. Il est le fondateur du Parti du peuple algérien (PPA), du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) et du Mouvement national algérien (MNA). Messali Hadj crée le MNA dans un contexte de lutte fratricide engagée contre le Front de libération nationale (FLN) pour la direction de la lutte armée. Dès 1957, le MNA est décapité par le FLN et Messali Hadj privé de tout rôle politique au sein des instances dirigeantes de la lutte armée pour l’indépendance de l’Algérie. |
↑4 | Henry Petiot, dit Daniel-Rops, est un écrivain et historien français. |
↑5 | C. Coquery-Vidrovitch, « Colonisation ou Impérialisme ». |
↑6 | Programme du PCF, extrait, Pour le salut du Peuple de France. |
↑7 | Roosevelt, le 8 mai 1943 : « Lorsque nous arriverons en France, nous devrons la considérer comme un pays occupé nécessairement administré par les gouvernements britannique et américain. Dans ce cas, nous pourrons utiliser 90 % des maires et la plupart des fonctionnaires subalternes des villes et des départements. Mais le sommet de l’administration nationale devra être entre les mains des commandants en chef britanniques et américains. » |
↑8 | Sécurité sociale, droits syndicaux, retraite des vieux convenables, indépendance de la presse à l’égard de l’État, des puissances d’argent, des influences étrangères, nationalisations dans les domaines des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurance, des grandes banques, participation des travailleurs à la gestion des entreprises, aide aux coopératives… |
↑9 | Voir Éric Vuillard Une sortie honorable |
↑10 | Des jeunes membres du M.T.L.D., Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), un parti nationaliste algérien fondé en 1946 à la suite de la dissolution du Parti du peuple algérien (PPA), avec Messali Hadj comme président. |
↑11 | Dont les comptoirs français rejoignent la République indépendante depuis 1947. |
↑12 | Le Comité révolutionnaire d’unité et d’action (CRUA) est le nom que prend le mouvement algérien fondé le 23 mars 1954 par le comité composé de quatre membres, deux anciens de l’Organisation Spéciale (Mostefa Ben Boulaïd et Mohamed Boudiaf) et deux centralistes (Mohamed Dekhli et Ramdhane Bouchbouba alias Ould Amri |
↑13 | Journal officiel des 11-12 décembre 1954 page 6096, Edmond Naegelen, Palais Bourbon |
↑14 | L’opération Corse se déroule le 24 mai 1958, soit le lendemain d’une réelle cimentation de l’alliance entre l’armée et les réseaux gaullistes. La veille, des Comités de salut public ont été fondés à Ajaccio et Bastia. Dans ces deux villes, le 24, les 800 « paras » du premier bataillon du onzième choc occupent les principaux bâtiments administratifs, Calvi et Corte suivent rapidement. Seule la mairie de Bastia résista pendant quelque temps à l’occupation (avec le premier adjoint PCF au maire de Bastia chantant symboliquement la Marseillaise), aux côtés de la mairie et de la sous-préfecture de Sartène. Le chef des « paras » était le Corse Ignace Mantei, alors que le député corse Pascal Arrighi joua ici un rôle moteur pour les appuyer, permettant un appui populaire à l’initiative qui surprit beaucoup alors. |
↑15 | Le comptage précis est encore impossible de par le défaut de volonté politique. Extrait du tract historique des policiers républicains dont le rédacteur était Emile Portzer, aujourd’hui décédé, bien connu d’un des membres du Comité de rédaction, Philippe H. : « Ce qui s’est passé le 17 octobre 1961 et les jours suivants contre les manifestants pacifistes, sur lesquels aucune arme n’a été trouvée, nous fait un devoir d’apporter notre témoignage et d’alerter l’opinion publique. Nous ne pouvons taire plus longtemps notre réprobation devant les actes odieux… qui risquent de rejaillir sur l’honneur du corps de police tout entier… Quelques faits [non exhaustifs NDLR] : Parmi les milliers d’Algériens… des dizaines de tués à coups de crosse et manche de pioche par enfoncement du crâne, éclatement du foie, brisure des membres… leurs corps piétinés sous le regard bienveillant du contrôleur général… des doigts arrachés par les membres du service d’ordre… A l’une des extrémités du pont de Neuilly…, pris dans une nasse policière, des Algériens étaient assommés et précipités dans la Seine. Il y en eut une bonne centaine… La petite cour, dite d’isolement, de l’hôtel préfectoral était transformée en charnier… Cette déchéance est-elle l’objectif de certains responsables ? Veulent-ils transformer la police en instrument docile, capable d’être demain le fer de lance d’une agression contre les libertés, contre les institutions républicaines ? » … |
↑16 | En fait seul le troisième volet sera proposé. |
↑17 | Témoignage de Michel BERTHELEMY, publié dans ça m’intéresse Histoire n°71, membre de l’Association des « Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis contre la Guerre ou 4AGG. |
↑18 | Témoignage de Serge DROUOT publié dans « Ça m’intéresse Histoire n°71 » |
↑19 | Sources : « L’engagement des harkis» de Maurice FAIVRE dans Vingtième siècle, Revue Histoire/ ministère algérien des Anciens combattants/ Rapport publié au Journal officiel le 4 août 1986/ Histoire de la Guerre d’Algérie de Bernard DROZ et Evelyne LEVER/ Fédération nationale des anciens combattants/Les combattants musulmans de la Guerre d’Algérie, des soldats sacrifiés de Maurice FAIVRE. |
↑20 | Comité d’action contre la poursuite de la Guerre en Afrique du Nord créé en 1955, Manifeste des 121 signés par des intellectuels dont Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre et intitulé « Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie ». |