L’année électorale qui s’annonce risque de nous imposer non pas un débat républicain ordinaire mais une fracture ouverte au sein du peuple qu’il nous sera difficile de guérir. Tout semble en effet réuni pour que deux blocs s’affrontent face à face en mai et juin prochains. Qui donc aura contribué à nous diviser de la sorte ? Une droite conservatrice qui ne propose ni plus, ni moins qu’une société qui fera fi de la solidarité et qui ne promet que le chacun pour soi où seuls les plus forts survivront au détriment de ceux qu’ils auront oppressé et un parti socialiste, qui n’a plus de socialiste que le nom, et qui, sous ses trahisons vis à vis de celles et ceux qu’il est censé défendre, n’aura fait depuis 20 ans que pousser un peu plus les classes populaires vers l’impasse du fascisme Le Peniste. Social-libéralisme et conservatisme capitaliste auront, les uns trahi, les autres exclu, les uns désenchanté, les autres cultivé la peur et le repli. Ils ont pendant leurs méfaits été à la solde de médias avides de sensationnel pour qui la mission de pédagogue est totalement devenue étrangère. Ces trois complices, qui se complaisent les uns les autres dans une vérité qu’ils pensent universelle tant ils se flattent toujours les uns les autres d’être les seuls à savoir comment le monde tourne, auront non seulement déçu, c’est un euphémisme, mais ils auront de plus participé à faire que la résignation soit devenue le mot de ralliement d’une norme de la pensée, d’un seul mode de pensée crédible qui exclurait toute résistance et toute insoumission en reléguant celles-ci à des adjectifs marginalisant. Résistez et vous serez nostalgiques, rêveurs, gauchistes. Soyez insoumis et vous serez anarchistes, utopiques, idéalistes. En résumé, ne soyez pas comme eux et vous ne serez pas crédibles. Soyez singuliers, pensez différemment et vous serez disparates et illégitimes.
Mais comment osent-ils encore aujourd’hui nous parler de chômage et de pouvoir d’achat et nous promettre de « vivre ensemble » dans une société apaisée tant ils auront poussé aux divisions et à la haine. Oui, ces trois mercenaires du capitalisme nous auront poussés à la haine et à la suspicion. En acceptant depuis des années le fascisme à leurs côtés sur les bancs de la République, puis en opposant ceux du privé à ceux du public, en trahissant leurs promesses ou en imposant ce qu’ils n’avaient pas promis, en ordonnant la peur de l’autre, de l’étranger, du pauvre jusqu’en dans nos plus profondes campagnes, en faisant du capitalisme un dogme inamovible au milieu d’un système tentaculaire entièrement dédié à son service. Touchez en un morceau et leur système tremble. Effleurez le par un sondage et les banques s’affolent.
Alors qu’ont fait de leur mandat ces élus au service du peuple ? Eh bien ils en ont fait, depuis des années, une néo-féodalité de l’entre soi où le peuple est devenu au service des élus !
Le « Je suis donc je sais » est venu supplanter le « cogito ergo sum » !
Mais voilà qu’aujourd’hui ils ont peur de la « bête » qu’ils ont créée, ils ont peur de ces neuf millions de pauvres, peur de ces classes moyennes qui craignent de ne plus faire face, peur que le peuple veuille à nouveau croire en un autre monde que celui qu’ils nous ont imposé. Ils ont peur, tels des gosses surpris en train de commettre leurs méfaits, de se faire fâcher par ceux dont dépend l’autorité, c’est à dire par le peuple !
Ils ont toujours eu peur que la Lumière se diffuse alors ils se sont employés à déshabiller toujours un peu plus l’Education Nationale, ils ont ruiné l’Education Populaire, ils ont créé nombre de diversions pour nous hypnotiser, nous endormir et ainsi engendré des prophètes tels Hanouna ou autres pantins nous faisant oublier quelques minutes par jour l’oppression qu’ils nous assènent. Ils nous ont lavé le cerveau et tenté de détruire tout esprit critique. Penser comme eux c’est être intelligent et raisonnable. Penser autrement et vous serez responsable de la catastrophe économique.
Cela aurait peut-être pu fonctionner encore quelques années s’ils n’avaient pas été aussi pressés de tout détruire. Mais voilà, si avides de posséder pouvoir et argent tout de suite et pour toujours, leur précipitation nous oblige aujourd’hui à résister. Heureuse soit donc la faute de ces bonimenteurs et de ces camelots de la pensée unique.
Bloc contre bloc disais-je ? En 2017 il y aura bloc de ceux qui n’ont plus rien à perdre contre bloc de ceux qui ont tout pris. Bloc des généreux contre blocs des individualistes. Bloc de ceux qui n’ont pas peur contre bloc des haineux, bloc de ceux qui veulent construire un monde plus juste contre bloc de ceux qui veulent encore jouir de leur richesse en imposant aux autres l’austérité qu’ils ne se sont jamais imposée pour eux mêmes. Cet affrontement causera une faille sur laquelle il nous sera difficile de bâtir.
Ils en auront été responsables mais ils sont incapables et seront incapables de le reconnaître.
Pourquoi ? Parce qu’ils osent par exemple encore nous dire que la France est en faillite. Que cette cinquième puissance mondiale, qui n’a jamais été aussi riche, qui a vu son PIB croître tout au long de ses 30 dernières années, ne peut plus se permettre de redistribuer un peu de sa fortune à d’autres qu’aux actionnaires et qu’aux fonds de pension. Et comble du mépris, c’est toujours celui même qui nous ment sur cette prétendue faillite, celui qui en serait un des responsables qui nous promet, avec le sourire qui plus est, de résoudre le problème. Car Fillon promet le Tartare grec aux manants et les paradis terrestres aux prédateurs.
Et le socialisme, non l’idéologie, non tous ses militants, mais le parti, qui est mort sous les coups de boutoir de ses cadres ? Ses idolâtres nous jurent, comme à chaque scrutin qui s’annonce, que la défaite qui leur est annoncée sera de notre faute, à nous, derniers hommes et femmes de gauche. Que nous avons divisé, que nous avons mis la droite au pouvoir en ne nous rangeant pas – plus – derrière leur politique du moindre mal.
Elles et eux, tels des seigneurs d’un autre temps, qui auront abîmé notre démocratie en cumulant les mandats et en ne voulant même plus terminer ceux pour lesquels ils ont été élus pour en briguer déjà de nouveaux. Maire ne leur suffit plus, vice-président d’un conseil départemental ne leur suffit plus, maire adjoint d’une grande ville ne leur suffit plus. Ils veulent commettre leurs forfaits encore plus haut et qu’importe donc si leur mandat, celui du peuple, n’est pas fini. Ils en veulent plus, toujours plus ! Et ils se placarderont bientôt sur les affiches de France pour nous supplier de leur octroyer – encore – ce privilège.
Mais cette fois-ci, nous leur dirons « non » ! Nous exigerons à leur place l’honnêteté, nous exigerons à leur place la sincérité, nous exigerons à leur place la probité et nous leur dirons non parce qu’il en va tout simplement du sens même de notre démocratie. Qu’importe le candidat, nous leur dirons non à ces responsables, souhaitant rester anonymes quand cela les arrange, solidaires et coupables, par ces actes précisément, de déni de démocratie.
Il ne nous reste qu’une seule alternative. Il nous faut désormais éduquer et plus largement encore éduquer et toujours éduquer. Il nous faut gagner et éduquer pour que plus jamais, grâce à notre esprit critique, nous ne subissions demain le fanatisme de ce capitalisme qui humilie, qui exclut et qui tue partout à travers le monde, de toutes façons et avec toutes armes qui soient.
Si la seule gauche qui reste ne nous propose pas demain l’entre soi et le dogmatisme alors elle sera, j’en suis convaincu, en mesure de faire de la France un exemple, encore une fois dans l’Histoire, d’insoumission.