Déclaration parue dans le Soir d’Algérie le 31 octobre 2012
A la veille de la célébration du 58e anniversaire du 1er Novembre 1954, l’Algérie, Etat et société, est en danger. Le pays entier est hypothéqué par une situation politique explosive. Le terrorisme islamiste continue de semer la mort au sein des forces de sécurité et parmi les citoyens, il a aujourd’hui franchi un nouveau seuil : son organisation militaire a fusionné avec le banditisme et les narcotrafiquants.
Les frontières colossales du pays, près de 6 500 kilomètres au total (!), se sont embrasées de façon spectaculaire ces derniers mois et sont de plus en plus permissives à un trafic d’armes important, et ce, depuis l’effondrement de la Libye, la sécession islamiste du Mali et la poussée salafiste en Tunisie, sans oublier que le Maroc est dirigé lui aussi par un gouvernement islamiste. Aux portes du pays, l’islamisme politique relève la tête et se renforce grâce au soutien multiforme des USA, de l’Europe et de leurs valets, le Qatar, l’Arabie saoudite et la Turquie. Ce qui met en péril la stabilité et la sécurité de l’Algérie et risque d’ouvrir la voie à son éclatement. C’est pourquoi, il est devenu urgent à toutes les forces démocratiques et patriotiques de se concerter pour trouver ensemble des solutions de sortie de crise afin d’éviter que l’Algérie ne sombre dans le chaos. Au plan national, la grogne de la population ne cesse de grandir. Elle n’a d’égale que l’arrogance de gouvernants qui se croient «élus» ad vitam aeternam, fût-il au prix de la déchéance du peuple, la désolation du pays et la déliquescence de l’Etat. Face à la gabegie et la corruption généralisée, l’Algérie d’aujourd’hui a basculé dans une turbulence endémique et n’est plus que jacqueries et émeutes récurrentes. Au plan économique, la situation est catastrophique : selon les chiffres de l’Office national des statistiques (ONS), l’inflation a atteint 8,7% et l’augmentation générale des prix des produits agricoles est de… 24,35% !!! Cinquante ans après l’indépendance, le rendez-vous avec le développement est toujours reporté aux calendes grecques et le système politique tourne à vide. Le pouvoir croit pouvoir se refaire une virginité à coups d’artifices pseudo-démocratiques. Mais il est impossible de gagner la confiance d’un peuple en lui imposant un tutorat à vie par des élections truquées.
C’est pourquoi nous refusons de nous inscrire dans une démarche électoraliste pour ne pas servir de caution à un Etat-voyou et appelons de toutes nos forces les forces démocratiques à boycotter les élections communales du 29 novembre prochain. L’Algérie a cruellement besoin d’une classe politique véritable habitée par une volonté inébranlable d’en découdre avec l’islamisme politique, le système rentier et son avatar, le tentaculaire marché informel, et prête à prendre le taureau par les cornes pour mettre en ordre de bataille le pays et construire un véritable projet national moderne. Un tel projet ne saurait aboutir s’il ne vise pas la concrétisation d’objectifs prioritaires et s’il ne mobilise pas le rassemblement le plus large possible de patriotes et de démocrates soudés par le respect des principes suivants :
1. La séparation du politique et du religieux,
2. La séparation des pouvoirs,
3. La disqualification de tous les partis islamistes,
4. L’abrogation du code de la famille et la promotion de lois égalitaires entre les hommes et les femmes,
5. La promotion d’un système économique en rupture avec la culture de la rente, où secteurs public et privé sont productifs et tournés vers la création de richesses.