Les électeurs français sont appelés, en même temps que leurs homologues estoniens, portugais, irlandais et Grecs, à élire pour cinq ans leurs députés au Parlement européen. Dans notre pays, 160 listes, dont les 7 du Front de gauche, se disputent les 72 sièges, auxquels elles ont droit, sur les 736 sièges que comptera la prochaine législature.
De crainte d’un remake du 29 mai 2005, date à laquelle les Français avaient rejeté majoritairement le Traité constitutionnel européen, la droite et les médias aux ordres ont imposé le silence sur ces élections ou ne les évoquent que pour insister sur l’abstention massive attendue des électeurs, en vue d’encourager cette tendance. En sachant que cette abstention touchera paradoxalement et dans une large mesure, ceux qui ont le plus besoin d’une autre Europe, que celle des sociétés transnationales et des marchés financiers en vigueur actuellement.
La droite veut par ce silence cacher sa responsabilité pleine et entière dans les crises économique et financière actuelles, ainsi que le lien existant entre ces dernières et la possibilité pour les électeurs de la sanctionner pour cette raison, lors du vote le 7 juin prochain.
De plus, les Français sont confrontés, à l’instar des autres peuples européens, à la montée dans les sondages des listes d’extrême droite, tant en Europe, notamment celle du Parti pour la liberté, du député musulmanophobe néerlandais, Geert Wilders, qu’en France de celles du Front national et de Libertas (alliance du MPF (1)Mouvement Pour la France de Philippe de Villiers et du CPNT (2)Chasse Pêche Nature et Traditions de Frédéric Nihous), ainsi que l’existence de la liste soi-disant antisioniste de Dieudonné, qui comprend des candidats d’extrême droite et des intégristes musulmans.
La droite sait pouvoir compter également sur un allié traditionnel de poids : le Parti socialiste français, qui a voté la main dans la main avec elle la quasi-totalité des lois néolibérales néfastes à l’Europe et aux Européens. Ce Parti a adopté deux mots d’ordre durant la présente campagne électorale, afin de détourner frauduleusement en sa faveur le plus grands nombre possible de voix de gauche : l’instauration d’une Europe sociale, alors qu’il est l’un de ses principaux fossoyeurs, et « voter utile », c’est-à- dire voter pour ses listes, en vue de barrer la route, conjointement avec la droite, à une authentique politique européenne alternative de gauche.
Pour faire face à ces partisans du néolibéralisme, un Front de gauche s’est constitué à l’Appel, fin octobre 2008, du Parti communiste français. Il regroupe ce parti, le Parti de gauche, la Gauche unitaire, une aile dissidente du Nouveau parti anticapitaliste (N.P.A), et République et socialisme, une aile dissidente également du Mouvement républicain et citoyen (M.R.C). Des syndicalistes, des intellectuels et tout récemment pas moins de 36 économistes, marxistes, keynésiens, régulateurs, ont appelé à voter pour ses candidats.
Ce Front aurait pesé bien davantage, si les calculs étroitement partisans des dirigeants du N.P.A, du M.R.C, des Alternatif et du Parti des travailleurs n’avaient pas pris le pas sur la stratégie unitaire, telle que incarnée par le Front de gauche, face à l’offensive réactionnaire, menée par la droite, les sociaux-démocrates, les socialistes et les Verts européens contre les acquis des peuples de ce continent et au service des grandes entreprises capitalistes et de la haute fiance auxquels ils sont inféodés.
Pourtant l’enjeu des élections de cet échelon institutionnel est de taille : 75 à 80 % des lois et règlements nationaux des 27 Etats-membres (politiques économique et monétaire, politique agricole, environnement, lois sociales, etc. ) sont la transposition du droit communautaire ?
Les candidats du Front de gauche sont également les seuls porteurs d’un programme progressiste crédible, dans la perspective d’une Europe démocratique et sociale.
C’est ainsi qu’ils proposent d’élargir les prérogatives des Parlements des pays-membres et du Parlement européen. Il faut savoir que c’est la Commission européenne qui dispose du monopole de l’initiative de dépôt des projets de lois. Le Parlement européen a cependant le pouvoir de les voter, de les rejeter ou de les amender. Cette prérogative est néanmoins limitée à certains domaines. En effet, ce Parlement ne peut émettre qu’un avis sur les politiques étrangère et sécuritaire, ainsi que sur les coopérations policière et judiciaire ; avis que le Conseil de l’Europe, qui regroupe les chefs d’Etats et de gouvernements, peut ne pas prendre en considération.
Précisons encore que l’indépendance des membres, désignés par les gouvernements, de la Commission européenne, comme celle du président de la Banque centrale européenne, n’a d’égale que la servilité de la plupart d’entre eux à l’égard du patronat, auxquels ils doivent d’ailleurs cette place, par gouvernements de droite ou de « gauche » à la dévotion de ces derniers.
Les candidats du Front de gauche proposent aussi l’abrogation du Traité de Lisbonne, copie conforme du Traité constitutionnel européen, qui stipule la liberté totale de circulation des capitaux, la « concurrence libre et non faussée », et bien d’autres mesures de dérèglementation et de dérégulation en faveur des plus riches et au détriment de larges pans des populations françaises et européennes.
Ces candidats proposent également d’arracher la Banque centrale européenne à l’emprise (sous couvert d’indépendance) des entreprises transnationales les capitaux européennes et des marchés financiers, et de la soumettre à la souveraineté politique des peuples européens. Ils proposent de mettre fin à la politique de l’euro fort. Cette politique vise à attirer, par des taux de rémunération élevés, pour des placements spéculatifs.
Pour contrecarrer le dumping social, ils envisagent de faire de la proposition du PCF de relèvement immédiat en France du SMIC à 1600 € brut, un prélude à un SMIG européen, et à l’harmonisation vers le haut des législations sociales européennes. Ils proposent aussi la mise en œuvre d’une protection sociale communautaire, l’extension des services publics nationaux et communautaires, etc.