Les cadres du Parti communiste ont choisi le 5 novembre dernier à une courte majorité une voie étroite qui privilégie de choisir un candidat communiste à l’élection présidentielle de 2017, candidat qui pourrait se retirer à la fin du mois de janvier 2017 dans le cas où Montebourg serait le vainqueur de la primaire socialiste. Cette stratégie alambiquée du PCF, qui doit encore être soumis aux adhérents du PCF dans trois semaines, est le fruit d’un accord tactique contre-nature entre les courants identitaires du PCF et la fraction dirigeante de l’Association nationale des élus communistes et républicains (ANECR). Les deux courants identitaires du PCF voient dans cette tactique le moyen de donner une chance à leur croyance que la transformation sociale et politique ne peut se faire que par une croissance endogène de leur parti. La fraction dirigeante de l’ANECR voit dans cette tactique le moyen de « sauver » les municipalités communistes actuelles en 2020 par un accord avec les néolibéraux du parti solférinien. Curieux attelage dans la mesure où ces deux contractants sont en désaccord profond sur la ligne politique à conduire. Ajoutons à ce constat que le secrétaire national, Pierre Laurent, pris à contre-pied dans cette controverse, a de plus en plus de mal de tenir son rôle d’équilibriste.
D’autres contradictions minent l’actuel PCF
Si on ajoute à ce premier jeu de contradictions que le PCF est traversé également par d’autres contradictions qui vont devenir antagoniques en son sein, son avenir est sombre.
Il s’agit d’abord de la contradiction entre ceux qui restent les héritiers de Jean Jaurès, premier directeur du journal L’Humanité, qui aujourd’hui prônent la liaison des combats démocratiques, laïques, sociaux, écologiques et féministes et une coalition regroupant les adeptes du communautarisme de type « Indigènes de la république » et des partisans de l’achat de la paix sociale en s’alliant avec le communautarisme de l’islamisme politique.
L’autre contradiction procède d’une vue majoritaire dans le PCF que le changement des traités européens peut s’effectuer au sein de l’actuelle Union européenne (UE) et de l’actuelle zone euro sans tirer aucune leçon des conséquences de la signature du troisième mémorandum en juillet 2015 alors que se développe en son sein la thèse contraire, à savoir que la construction concrète de cette UE et de cette zone euro a été effectuée justement pour interdire définitivement toute politique progressiste dans l’UE et dans la zone euro.
Tout cela renvoie aussi au fait que la majorité des communistes dans tous les différents courants protagonistes internes aujourd’hui ne s’appuie plus sur le matérialisme dialectique et historique et pas plus sur le projet de République sociale chère au premier directeur du journal L’Humanité et encore moins sur la nécessité d’œuvrer pour une nouvelle hégémonie culturelle. Ainsi, ils emploient à leur place les bases théoriques de leurs adversaires.
Les conséquences de la dictature de la tactique employée pour la survie du PCF
Cerise sur le gâteau de la décomposition, chacun de ces quatre ensembles de contradictions clivent le PCF de façon différente ce qui empêche toute mise en cohérence de ce parti dans un futur immédiat par des alliances tactiques changeantes et improbables.
Les conséquences sont multiples. Le PCF est vieillissant. Son appareil est animé de plus en plus par les cadres de la fonction publique territoriale présente dans les actuelles municipalités communistes. Les ouvriers et les employés (majoritaires dans le pays) n’existent plus dans le PCF hormis chez les retraités. La culture de l’entre-soi y devient prédominante.
Bien sûr, cela va rendre plus difficile la recherche de signatures pour Jean-Luc Mélenchon, recherche indispensable pour sa présentation à l’élection présidentielle alors qu’il reste le seul candidat de gauche à pouvoir être au premier tour devant le parti gouvernemental solférinien néolibéral avec un score à deux chiffres. On mesure là l’injustice de ne pas avoir de parrainages de citoyens dans la loi et la responsabilité que prendraient ceux qui, à gauche, porteraient la décision d’empêcher l’expression du suffrage pour l’un des candidats les plus populaires à gauche.
Mais comme « on ne peut pas faire bouillir les marmites du futur » (Engels), l’histoire reste à écrire et sera tributaire des actions qui seront entreprises ici et là et de la logique des différentes lois tendancielles de la formation sociale capitaliste dans laquelle nous sommes. Pour notre part, nous continuerons à creuser le sillon du soutien aux luttes sociales et populaires, d’une éducation populaire refondée pour pouvoir s’engager in fine dans un processus de transformation sociale et politique.
Hasta la victoria siempre !