Le Musée des Arts Décoratifs expose en ce moment et jusqu’au 2 février 2020 trois cent affiches produites par des artistes cubains. Longtemps méconnue, la production d’affiches de l’île commence tout juste à être dévoilée et vaut assurément le coup d’œil pour ses audaces graphiques.
Arrivée à Cuba à la fin du XIXe siècle, l’affiche cubaine prend son essor pendant la période révolutionnaire en raison de l’interdiction de la publicité : l’affiche devient alors politique et culturelle. Ce medium est en effet considéré par Fidel Castro comme une « manifestation visuelle de grand format mise à la portée du peuple qui ne fréquente ni musée ni galerie » et – contrairement à d’autres pays communistes – il laisse aux artistes une liberté totale au niveau du style. L’affiche est utilisée comme moyen de propagande par le pouvoir et ses institutions, notamment le DOR (Direction Orientation Révolutionnaire) et l’OSPAAL (Organisation de Solidarité avec les peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine) ; c’est ainsi qu’on retrouve des productions ayant pour sujet Che Guevera ou d’autres figures cubaines, tout comme d’autres les leaders des mouvements révolutionnaires (dont Ho Chi Minh, Patricio Lumumba, Nelson Mandela). La majeure partie de l’exposition est cependant consacrée aux affiches de cinéma, un art promu avec beaucoup de moyens par le gouvernement cubain. On peut y retrouver avec beaucoup de plaisir des affiches de films (cubains, mais aussi français, japonais, russes….) imaginées par des artistes cubains (René Azcuy Cardenas, Niko, Eduardo Munoz Bachs ou encore Antonio Reboiro) avec chacun un style bien identifié (il faut cependant jouer aux devinettes car le texte espagnol n’est pas traduit !). Ces affiches ne se contentent pas de promouvoir les films : elles sont bien des œuvres d’art elles-mêmes et permettent de découvrir toute l’inventivité d’une génération d’affichistes qui, avec des inspirations européennes, a créé à l’écart du monde un âge d’or de l’affiche.
« Affiches cubaines. Révolution et Cinéma » (commissariat : Amélie Gastaut) au Musée des Arts Décoratifs (107 rue de Rivoli, 75001 Paris), jusqu’au 2 février 2020, billet d’entrée à partir de 11 €.