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Lire  » Le Mexique des insoumis » et « Karl Marx penseur de l’écologie »

Le Mexique des insoumis d’Alexandre Fernandez

Ce livre de 250 pages, sous-titré « La grande révolution de 1910 » édité par Vendémiaire, relate l’épisode révolutionnaire du Mexique de 1910 à 1920.
Pour qui s’intéresse à l’Amérique latine et aux politiques qui s’y établissent, aux relations avec les États-Unis en particulier et les grands pays européens en général, ce livre est indispensable car c’est la première grande révolution latino-américaine.
Après un demi-siècle d’affrontements armés, le dictateur Porfirio Diaz tombe dans une crise paroxystique. Première figure de la révolution Francisco Madero. L’armée de libération sud d’Emiliano Zapata et de Genevevo de la O entre en scène. Le Morelos, sous influence d’Emiliano Zapata devient une utopie concrète d’un socialisme agraire.
La contre-révolution appuyée par l’église catholique reprend le pouvoir avec la dictature du général Victoriano Huerta.
Pancho Villa entre en scène avec sa division del Norte. Il fut rejoint par Felipe Angeles en 1914.
La jonction du sud et du Nord permet la prise de Mexico par Pancho Villa et Emiliano Zapata. Les intellectuels zapatistes Antonio Diaz Soto Y Gama et Manuel Palafox jouent un rôle important. Venustiano Carranza et Alvaro Obregon (membre de la convention d’Aguascalientes, avec Pancho Villa et Emiliano Zapata) se retirent à Veracruz. Victoriano Carranza devient le nouveau président du Mexique. La constitution de 1917 est une nouvelle avancée pour le Mexique. Aux élections suivantes, Alvaro Obregon, soutenu par le mouvement ouvrier prend le pouvoir contre Carranza après avoir défait à quatre reprises Pancho Villa. Fort déclin des forces villistes et zapatistes.
Les assassinats et les retournements d’alliances sont légions comme c’est souvent le cas avec des forces militaires prenant le pas sur les forces politico-militaires. Par ailleurs, l’opposition entre le mouvement ouvrier en développement et les forces révolutionnaires paysannes majoritaires est un des grands points faibles de la révolution mexicaine.

Karl Marx, penseur de l’écologie par Henri Pena-Ruiz

Ce livre de 288 pages, publié par les éditions du Seuil, est en fait un agrégat de 3 livres en un. Comme Umberto Eco dans « Le nom de la rose » qui produit un agrégat de trois romans philosophique, historique et policier, Henri Pena-Ruiz écrit en fait 3 livres en un.
D’abord, ce livre correspond tout à fait à son titre et prend à contre-pied tous ceux qui parlent de Marx et d’Engels sans les avoir lu. Une fois lu ce livre, le lecteur aura toutes les preuves que le productivisme est contraire à la pensée de Marx et que ce dernier lie le productivisme au capitalisme qu’il soit concurrentiel ou monopoliste d’État comme dans le stalinisme. Il propose d’ailleurs dans son livre un chapitre 6 intitulé « Bilans du capitalisme et du stalinisme » où il présente 4 exemples de chacun des deux systèmes productivistes pour montrer que ces deux systèmes sont également à combattre.
Il sera clair que Marx et Engels mettent en place des dialectiques de l’émancipation, dialectique dans les rapports de classe entre les hommes mais dialectique aussi dans le rapport des hommes avec la nature. Il met d’ailleurs en exergue une pensée de Marx dans les Manuscrits de 1844 : « le communisme, en tant que naturalisme achevé, est un humanisme, en tant qu’humanisme achevé un naturalisme ; il est la vraie solution de l’antagonisme entre l’homme et la nature, entre l’homme et l’homme. ». Bref, pour Henri Pena-Ruiz, Marx « doit être délivré de ses caricatures, et son œuvre étudiée pour elle-même » (page 32). Il rend d’ailleurs un hommage à ceux qui ont déjà montré la place de l’écologie dans la pensée de Marx à commencer par Walter Benjamin mais aussi l’américain John Bellamy Foster dans son livre « Marx écologiste ».
Quand il précise clairement sa pensée écologique dans « Le Capital » page 182 (présenté dans le livre d’Henri Pena-Ruiz en page 158 et 159) : «  Chaque progrès de l’agriculture capitaliste est un progrès non seulement dans l’art d’exploiter le travailleur, mais encore dans l’art de dépouiller le sol ; chaque progrès dans l’art d’accroître sa fertilité pour un temps, un progrès dans la ruine des sources durables de fertilité…la production capitaliste ne développe donc la technique et la combinaison du procès de production sociale qu’en épuisant en même temps les deux sources d’où jaillit toute richesse : la terre et le travailleur ». Ou encore «  Le capital ne s’inquiète point de la durée de la force de travail. Ce qui l’intéresse uniquement, c’est le maximum qui peut en être dépensé dans une journée. Et il atteint son but en abrégeant la vie du travailleur, de même qu’un agriculteur avide obtient de son sol un plus fort rendement en épuisant sa fertilité »(Le Capital page 260 noté dans le livre d’ Henri Pena-Ruiz page 166 et 167). On ne peut pas être plus clair.
Mais ce livre est aussi un manuel qui montre le lien chez Marx et Engels entre leur pensée écologique et leur pensée économique et sociale. Ce livre est une bonne entrée dans la clarification du complexe de la pensée des deux auteurs. La nécessité de la globalisation des combats est bien montrée dans ce livre. Le lien entre l’humanisme social et le naturalisme est partout dans ce livre.
Mais ce livre est aussi un manuel de philosophie où il montre que Marx, dès sa thèse de doctorat de philosophie jusqu’à son chef d’œuvre « Le Capital », s’appuie sur une lignée de penseurs qui de Démocrite et d’Épicure aux penseurs du 19ème siècle, ce qui fait de lui un philosophe avéré du lien entre le laïque, le social et l’écologie.
Henri Pena-Ruiz réhabilite Descartes et la figure légendaire de Prométhée aux yeux de ceux qui s’intéressent à la dialectique des hommes et de la nature. Du cousu main !
En conclusion, alors que la nécessaire globalisation des combats n’est pas encore suffisamment développée en ce début de 21ème siècle, ce livre permet d’entrer facilement dans une théorie de l’émancipation humaine qui pose d’emblée les bases philosophiques et économiques d’une écologie refondée. Lire ce livre ne donnera pas un supplément d’âme mais permettra à chaque lecteur, qu’il soit un citoyen éclairé ou un militant, des clés de compréhension qui manquent cruellement aujourd’hui.

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