Quatre propositions de lecture

Une vieillesse digne et solidaire, d’Alain Gaba

Ce livre d’une centaine de pages (14 euros, Editions Libre Label) a été écrit par un pédagogue qui a travaillé au sein des CEMEA, de la Ligue de l’enseignement, de l’Unesco et d’une association de soutien à domicile de la Mutualité française.

L’intérêt de ce livre provient de la volonté de l’auteur de se battre contre le tout « économique » visant à l’augmentation du taux de profit dans le secteur des 3e et 4e âges. L’idée centrale de l’auteur est que la dignité et la solidarité exige que la société fasse tous les efforts nécessaires pour recréer du lien social avec les personnes âgées alors que la tendance actuelle est plutôt de les isoler. Avec l’auteur, nous pensons que sans l’utilisation de ce paradigme, on sera impuissant devant la montée exponentielles des injustices sociales dans les 3e et 4e âges.

Des petites histoires vécues en France et au Québec viennent convaincre les citoyens éclairés de son propos. Puis viennent des propositions concrètes pour recréer le lien social manquant.

Nous pouvons cependant regretter qu’il n’y ait pas un chapitre sur les propositions institutionnelles, stratégiques et économiques pour y parvenir. Non pour faire « des économies » mais pour montrer le « gain social » important pour l’humanité qui peut être obtenu même avec des soutiens financiers publics plus ou moins importants.

Néanmoins, ce secteur de la vie mériterait une militance plus importante car sans cela, tout humanisme n’est que parole.

Partenariats public-privé : pillage et gaspillage, par Mathilde Moracchini et Hadrien Toucel

Ce livre publié dans la collection « Politique à gauche » chez Bruno Leprince (80 pages, 5 euros) a été écrit par deux jeunes responsables du PG.

L’idée générale du livre est que les partenariats public -privé (PPP) ne sont pas crées pour aider les pouvoirs publics à financer des projets mais le sont pour maximiser les taux de profits dans la dynamique de privatisation des profits et de socialisation des pertes (page 64).

Ce livre qui effectue un tour d’horizon de cette logique, donnera à tout citoyen éclairé des arguments pour combattre ce fléau. Il montre que c’est un outil au service du mouvement réformateur néolibéral. On comprendra à la lecture de ce petit livre que toute alternative sociale et humaniste au système actuel devra mettre fin à ce type d’opérations.

Le coût du capital, par un collectif dirigé par Guillaume Etievant et Nolwenn Neveu

Ce livre publié dans la collection « Politique à gauche » chez Bruno Leprince (117 pages, 6 euros) a été écrit sous la direction deux responsables de la commission économie du PG.

L’idée de ce livre est de prendre à contre-pied le bruit médiatique sur le « coût du travail » en affirmant que seul le capital à un coût qui se trouve dans la plus-value extorquée aux travailleurs selon Guillaume Etievant. Dans ce livre apparaît la ligne politique  suivie par le commission économie du PG ainsi que ses propositions. Par exemple, les auteurs préconisent le soutien à l’investissement des entre prises via une caisse de sécurité économique  financée par des cotisations payées par toutes les entre prises et modulée selon leur niveau de chiffre d’affaires et de profitabilité (pages 13 et 14). L’intérêt de ce livre est de donner des arguments chiffrés dans la bataille culturelle contre le mouvement réformateur néolibéral qui centre son argumentation sur le « coût du travail » toujours trop important !

Ce livre est en fait une suite d’articles écrits ,en plus des deux auteurs déjà précités, par Laurent Cordonnier, Benjamin Coriat, Paul Jorion, Michel Husson, Hadrien Toucel et Jean-Luc Mélenchon. Il est à noter des divergences entre les différents auteurs y compris sur la définition du coût du capital (par exemple page 9 pour Guillaume Etievant, et page 18 pour Laurent Cordonnier).

L’introduction de Guillaume Etievant prônant la nécessité de lutter contre le capital en tant que rapport social et la conclusion de Jean-Luc Mélenchon sur l’importance de la bataille contre le coût du capital et la logique d’accumulation dans l’affrontement général fixe le cadre politique de la bataille vu par la direction du PG.

Dans la première partie, on lira avec intérêt les chiffrages du « coût du capital » de Laurent Cordonnier et la comparaison France – Allemagne de Benjamin Coriat. Bien sûr, ces deux auteurs sont des altercapitalistes mais leurs chiffrages sont précieux pour l’argumentation des citoyens éclairés. Mais quand on lit leurs textes, on a l’impression qu’il est possible de revenir en arrière avec un capitalisme sans la domination de la finance. C’est malheureusement une illusion. On lira aussi l’analyse sur les coûts écologiques du capital par Nolwenn Neveu (obsolescence programmée, étude des conséquences écologiques du néolibéralisme, critique radicale du capitalisme vert, etc.).

Dans la deuxième partie, on pourra lire un article de l’anthropologue Paul Jorion qui donne sa version de la rémunération du capital et du travail chez les marxistes, chez les « socialistes-anarchistes » ou chez Keynes. Cet autre altercapitaliste nous propose de revenir à la loi de 1885 interdisant la spéculation et propose de mieux répartir les gains de productivité dans l’entreprise. Il nous propose donc tout naturellement l’allocation universelle qui déconnecte la rémunération du travail. Michel Husson nous montre, quant à lui, qu’il n’est pas possible d’avoir le plein emploi ni d’inverser la courbe du chômage sans toucher à la répartition des revenus qui ne peut être obtenu selon lui que par la revalorisation des bas salaires, la création d’emplois par la baisse du temps de travail, par de nouvelles ressources en cotisations sociales allouées au financement de la protection sociale, et par une nouvelle fiscalité visant à « euthanasier les rentiers » selon le mot de Keynes. Il déclare que la compétitivité des entreprises ne souffrirait pas d’un transfert de richesse des dividendes vers les salaires (page 71) et que la nécessité de socialiser l’investissement est une priorité. Hadrien Toucel vise à nous convaincre d’aller vers la socialisation des entreprises pour à terme que les salariés deviennent des travailleurs associés. Il montre les tentatives précédentes de socialiser par les profits, par les salaires et par les fonds de pension avant de préciser la position du PG à ce sujet. La contribution de la commission économie du PG replace cette socialisation des entreprises dans un projet général de définanciarisation et de socialisation du capital.

Ce livre est utile pour les débats nécessaires à la période. Il fixe bien certains éléments du bout du chemin mais il ne présente pas le chemin pour arriver à son bout. Il y manque l’articulation de la lutte des classes dans la vie réelle. Dire comme Laurent Cordonnier que le coût du capital dépasse toute raison économique fait l’impasse sur le fait que cela dépend de « celui qui tient le manche ». Ce dernier trouve aujourd’hui tout à fait raisonnable le « coût du capital ».  Ceux qui pensent que le rassemblement de tous les économistes hétérodoxes (marxistes, keynésiens, post-keynésiens, régulationnistes, etc.) peut conduire à l’alternative liront ce livre avec plaisir. Ceux qui pensent que le capital est d’abord un rapport social de production avant d’être un coût attendront d’autres développements tant théoriques que concrets.

Panorama sur l’histoire de l’extrême droite et du fascisme, d’Allain Graux

Ce livre publié chez « les points sur les i  »  (306 pages, 18 euros) mérite la lecture. On ne peut pas combattre l’extrême droite et le fascisme aujourd’hui sans connaître son histoire. L’auteur par du début du XXe siècle à nos jours. Le lecteur verra alors les différences et les permanences de la période des années 30 avec la période actuelle. Tout y passe : les ligues, les rapports avec les mouvements nationalistes et monarchistes,le pétainisme, le rapport au nazisme, l’émergence des partis fascistes à partir de l’extrême droite, le poujadisme, l’OAS et bien sûr une analyse fouillée du FN et de son organisation.

L’auteur ne nous en voudra pas de ne pas trouver les dernières pages sur l’alternative à la hauteur du reste du livre car il ne pointe pas les principales causes qui font que l’Autre gauche ne bénéficie pas des conséquences des politiques austéritaires néolibérales. Nous préférons sur ce point en rester aux analyses de Respublica. Reste que plus de 290 pages méritent d’être lues et connues par tout militant et citoyen éclairé.