Auteur, réalisateur et scénariste (notamment d’Entre les murs qui a obtenu la palme d’or en 2008), François Bégaudeau vient de publier l’essai Notre joie aux éditions Pauvert(1)324 pages, 19 euros. dans lequel il poursuit la partie politique de son œuvre.
« Non, en politique, les extrêmes ne se rejoignent pas. »
Le point de départ de Notre joie est la rencontre entre François Bégaudeau et l’un de ses lecteurs appelé M, un « fan », qui l’a accosté après une rencontre à Lyon. Problème : M et ses amis ne sont pas du tout du même camp politique que François Bégaudeau qui s’étonne de l’intérêt qu’il suscite auprès de ces jeunes identitaires.
Dans la première partie de son essai intitulée « Confusion », l’auteur rejoue sa joute verbale avec M et ses amis, ce qui donne lieu à de formidables passages d’argumentation contre la droite et l’extrême-droite. Alors que dans le paysage politique actuel, des jonctions existent entre souverainistes de gauche et de droite, François Bégaudeau s’attache à démontrer en quoi ces passerelles sont une impasse. Son livre contient notamment d’excellentes pages contre les discours tenus par Zemmour et consorts, dans lesquelles il démolit leur utilisation de l’histoire et leur obsession au sujet de l’identité et montre que leurs idées sont des constructions rhétoriques qui ne tiennent pas compte du réel : « Sur tous les plateaux, Finkielkraut dispense une analyse sociale sans société, une analyse historique sans histoire, en somme une analyse sans analyse ». Face aux dérives du « mondialisme » et de la « technique » dénoncées par une partie de la droite, Bégaudeau remet au centre la question du capital.
Pour s’orienter
Dans la seconde partie de l’essai, « Boussole », François Bégaudeau délaisse le dialogue avec M pour s’adresser à son camp politique. Cette partie, également très riche, contient de très bonnes réflexions sur la stratégie politique et les combats prioritaires à mener, même si l’on peut être en désaccord avec certaines de ses positions, par exemple sur la question de la laïcité. Son essai se termine par une note optimiste : comment cultiver la joie au milieu d’un paysage politique guère réjouissant ? En se souvenant de ce que nous, le camp de l’émancipation, avons déjà pu : la Constitution de 1793, le programme de la Commune, Aleksandra Kollontaï, ou plus proche de nous le Chiapas, etc.
Si la prose de François Bégaudeau est parfois un peu ardue, son analyse est souvent remarquable et cet essai rassemble des pages tout à fait éclairantes sur les questions politiques qui agitent le débat aujourd’hui.
Notes de bas de page
↑1 | 324 pages, 19 euros. |
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