Agriculteur en Dordogne au début de la guerre et résistant, André Fortané a connu la déportation. Ce militant infatigable a d’abord été syndicaliste paysan à la CGA, proche du PCF. Installé en Ariège, il se tourne vers l’économie sociale et crée des coopératives. Au début des années 60, vivant à Epinay-sur-Seine (93), il milite à la Ligue de l’Enseignement.
André Fortané a des intuitions remarquables. Alors que la gauche française ne pouvait pas entendre le mot famille sans penser à la triade « Travail, Famille, Patrie » de Vichy, André Fortané avait compris que la famille était un enjeu politique majeur contre l’obscurantisme et pour l’émancipation, notamment des femmes. Il fallait donc une association familiale de gauche, laïque et républicaine. Après avoir rencontré les laïques de l’époque (Ligue de l’enseignement, Fédération de l’éducation nationale, et FCPE dont la majorité refuse de devenir la principale composante de gauche de l’UNAF), André Fortané décide en 1967 de créer le Cnafal (Conseil national des associations familiales laïques).
Vingt ans plus tard, au congrès de Hourtin, en Gironde, l’aile droite du mouvement – soutenue par des organisations extérieures – fait grossir de manière « étonnante » les effectifs et prend le pouvoir contre André Fortané. Qui décide immédiatement de créer l’UFAL avec Mathilde Frémion, militante laïque exceptionnelle, et Roger Labrusse, ancien responsable de l’Union progressiste. A la différence du Cnafal dont les adhérents proviennent principalement du bloc FEN UID, André Fortané a voulu en faire une organisation de gauche laïque qui soit indépendante de toutes les autres.
Partisan d’un « socialisme laïque… en opposition au système capitaliste », André Fortané voyait le rôle que l’UFAL devait jouer dans la recomposition sociale du peuple de gauche contre ses adversaires. Depuis son départ de la présidence en 1996, l’Union des Familles Laïques a poursuivi fermement cette ligne, se déployant sur le territoire grâce à son action d’éducation populaire tournée vers l’action.
par Monique Vézinet
Présidente de l’UFAL